ROCK BELGE / ALBUM SOUVENIRS
K L E P T O M A N I A (1969-1974)
Interview et article de Jean Jième
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Mardi 25 mars 2008. J'ai rendez-vous avec Charlie De Raedemaeker, alias Charlie Maker, le bassiste de Kleptomania. On se connait de longue date. On a travaillé ensemble dans le cadre de l'agence Century.
Le groupe a participé à deux de nos Pop Hot Shows. Plus tard, ce fut l'aventure avec le groupe LEE. J'ai également connu Charlie comédien. Dans Jail, une pièce originale dont il a écrit la musique. C'est donc avec grand plaisir que nous nous retrouvons après bien des années pour cet interview.
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LA RENCONTRE DES MUSICIENS
Kleptomania : quatre bêtes de scène (Bilzen 1970)
LES DÉBUTS
J.M. On connaît assez mal les débuts de la conception de Kleptomania. Comment les choses ont-elles réellement commencé ?
Charlie Maker : Début 1969, à l'initiative de Wilfried Britts, patron d'un club de Notre Dame au bois, je quitte les Eagles pour rejoindre Lou Deprijck, Francis Goya et leur batteur qui sont en train de former ensemble un groupe de rock. Le but de Wilfried est de pouvoir compter sur un band qui se produirait régulièrement dans son établissement. Mais au bout de plusieurs semaines de répétition, Francis renonce au projet.
Dany Lademacher débute dans The Shakes
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Contact est pris avec Wim Hombergen qui joue déjà dans Four of a kind. Ce dernier est séduit par la formation et la rejoint. Le groupe se constitue donc de Wim, de Lou, du batteur et de moi. Par la suite, Lou a préféré suivre une autre voie musicale. Rebelote. Il nous fallait un nouveau guitariste. Je ne sais plus comment ça s'est passé, mais Wilfrid qui avait entendu parler de Dany Lademacher qui jouait dans les Shakes a été le rencontrer au petit château, tandis qu'il y effectuait ses trois jours.
Dany, qui a tout fait pour se faire réformer, n'a guère hésité longtemps. On s'est à nouveau retrouvé à quatre. Mais le batteur n'y retrouvait plus ses billes. Il se sentait perdu avec toutes ces nouvelles têtes. Il a préféré quitter le groupe à son tour et c'est ainsi que Wim a fait appel à son copain Roger Wollaert, qui jouait comme batteur dans son ancienne formation des Four of a kind. Roger a écourté ses vacances en Espagne pour venir nous rejoindre. Il nous fallait un nom. Lors d'un trip à Londres, après une journée de ballade dans les quartiers branchés, on a découvert une boutique qui s'appelait Kleptomania. On a aimé. Et voilà !
Enfin on était au complet. Au début, on a bâti notre répertoire sur les covers de tas de groupes comme Led Zeppelin, Kinks, Taste. On jouait également du blues.
Ensemble, on a répété plusieurs mois, souvent du matin au soir. En août 1969, on s'est senti prêt et on a démarré dans le club de Wilfried à Notre-Dame-au-bois.
Notre premier vrai concert a eu lieu à Gand, en plein hiver. On était tout excité à l'idée de se retrouver devant un public qui ne nous connaissait pas. Misère, on est tombé en panne de camionnette sur le bord de la route. On a dû téléphoner au patron de la boite pour qu'il vienne nous chercher. Le gars est arrivé avec sa Mercédès et nous a tractés avec un gros câble. On avait l'air malin. Tu te rends compte : le premier concert officiel de Kleptomania ! Avec du retard on a monté le matériel dans un froid de canard. Les problèmes techniques ne nous ont pas épargnés. Heureusement, malgré l'accumulation de toutes ces galères on s'est en bien tiré.
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J.M. Début 1970, après quelques mois d'existence, Kleptomania est déjà qualifié de groupe « le plus scénique de Belgique ». On peut lire dans certains articles « Charlie De Raedemaeker, Roger Wollaert, Dany Lademacher et Wim Hombergen évoluent sur scène avec une aisance qui les classe d'emblée dans la catégorie des bêtes de scène ». Comment avez-vous réagi à ces louanges ? Vous y attendiez-vous ?
Charlie Maker : Oui et non. On s'est bien entendu très vite rendu compte que nous produisions un joyeux effet sur le public lors de nos prestations. Evidemment, ça nous a tous galvanisés. Mais on n'a jamais cherché l'esbroufe, le gros jeu de scène calculé. Pas du tout. Je pense que ce qui a crée l'émulation c'est notre plaisir de jouer ensemble. Il y avait un esprit de corps entre nous qui n'a jamais faibli. Encore aujourd'hui ça reste magique.
J.M. Côté discographique, comment les choses se sont-elles mises en place ? Votre succès sur scène a dû précipiter les événements pour que vous sortiez un disque ?
Charlie Maker : On s'est mis à travailler sur nos compositions. Dès le départ, Dany entendait se différencier des autres groupes belges qu'il jugeait trop commerciaux. On a signé un contrat d'un an chez RCA Belgique qui nous a sorti deux 45 tours dans un laps de temps assez court. C'est l'époque de I've got my woman by my side. Mais la distribution a été une catastrophe. Parfois, on trouvait notre disque chez un disquaire, parfois chez un autre, mais jamais chez les deux à la fois. Nous n'avons reçu aucune aide en provenance de la RTB. Résultat : le disque s'est mal vendu. Quand on a sorti le second, on a assisté à nouveau à la même pagaille.
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1970 - LA GRANDE ANNÉE POUR KLEPTOMANIA
J.M. Au cours de l'année 70, vous allez voguer de succès en succès, en participant notamment à plusieurs Pop Hot Show ainsi qu'au Festival de Jazz-Bilzen. On peut parler de lune de miel avec votre public. J'ai retrouvé un article dithyrambique sur vous. Je te le lis :
Kleptomania est en passe de devenir le groupe le plus célèbre, si pas le meilleur, de Belgique. Cela fait à peine un an qu'il existe et il n'a jamais cessé de s'améliorer. On a eu l'occasion de s'en rendre compte lors des divers Pop Hot Shows.
Chaque fois qu'il se produit, il obtient un succès triomphal. Sa plus belle réussite est sans doute d'avoir constitué l'un des meilleurs moments du dernier festival de Bilzen, et cela malgré les difficultés techniques qui intervinrent pendant sa prestation.
Le Kleptomania a réussi à rassembler en son sein les éléments qui forcent le succès, quatre garçons sympathiques et dynamiques qui ont énormément de présence sur scène.
Pop Hot Show/Salle Newton/Bruxelles /Décembre 1969
Charlie Maker : C'est toi et Paul André qui nous avez permis de passer dans deux de vos Pop Hot Shows. Je me rappelle de notre passage à la salle Newton avec les Fynn Mc Cool et Blossom Toes à Bruxelles. Et puis le Pop Hot Show de Moustier-sur-Sambre avec East of Eden et Man, Carriage Company et Burning Plague. De vrais moments de bonheur. Un public en or.
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Roger, Charlie et Wim
Et puis évidemment il y a le mémorable Festival de Jazz-Bilzen, au plateau prestigieux. On s'est retrouvé dans les mêmes coulisses que Black Sabbath, les Kinks, Wild Angels, Arthur Conley, Cat Stevens
Et puis jouer face à un public de huit mille personnes c'était à la fois grisant et impressionnant. Les réactions du public nous ont confortés dans l'idée qu'il nous considérait comme un groupe de live rock.
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Dany et Roger
J.M. : Cette même année, Piero organise un grand référendum dans l'hebdomadaire Télé Moustique : le Pop Poll 70. Kleptomania occupe la première place et recueille 44% des suffrages. Votre disque est classé en tête. Plébiscite également pour Dany Lademacher sacré meilleur guitariste, Roger Wollaert, meilleur batteur, et toi meilleur bassiste en ex-æquo avec John Valcke. Ca ne vous a pas donné la grosse tête ? |
Charlie Maker : On n'a pas eu le temps d'attraper la grosse tête. Car on s'est retrouvé victime d'une arnaque qui nous a empoisonné la vie durant de longs mois. Après notre passage à Bilzen, deux producteurs nous ont approchés pour nous proposer de venir enregistrer un album en Hollande.
Comme on n'était plus tenu par un contrat avec RCA, notre manager a signé une nouvelle convention avec eux. Quand on est arrivé à Groningen, on a été très bien reçu. La qualité des studios et des techniciens était irréprochable. Les producteurs nous ont même montré la future pochette du disque qui devait sortir.
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Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu'au jour où nous avons appris que les lascars nageaient dans les dettes et que les séances de studios pour l'enregistrement de l'album demeuraient impayées.
Alors les bandes que nous avions fignolées là-bas sont restées bloquées durant des mois. J'imagine qu'elles y sont toujours aujourd'hui. On a perdu un temps fou dans cette histoire, on s'est usé les nerfs pour rien.
Ca nous a donné un sacré coup de blues. En contre partie on a noué de nouveaux contacts avec des clubs d'Amsterdam. Ce qui nous a permis de nous produire plus tard au prestigieux Paradisio et dans plusieurs Melkweg ainsi que dans des maisons de la culture style provos ou hippies si tu préfères).
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De g.à d: Charly Maker, Dany Lademacher, Roger Wollaert, Wim Hombergen. Serge Nagels (road-manager et ex-tenancier du Klepto) et Pierre Meyer, producteur à la RTBF de l'émission Pop Shop.
En octobre, on a participé à la toute première émission télévisée de la RTB, cent pour cent destinée aux jeunes et réalisée par Pierre Meyer : Pop Shop. Et le 15 novembre, Jo Dekmine, le patron du 140 nous a accueilli dans son Théâtre de l'avenue Plasky avec également le Burning Plague.
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KLEPTOMANIA AU PAYS DE MOBUTU.
PREMIER FESTIVAL POP ROCK À KINSHASA
J.M. : A la fin de l'année 1970, Kleptomania est parti en tournée au Congo. Comment tout ça a démarré ? Racontes-moi toute l'histoire.
Charlie Maker : A l'époque Jo Dekmine et Roland Mahauden, respectivement directeurs du Théâtre 140 et du Théâtre de Poche, entretenaient divers contacts avec des attachés du Ministère de la culture congolais. Ils faisaient venir régulièrement des artistes africains. A titre de réciprocité, ceux-ci accueillaient à leur tour des artistes de théâtre ou de musique de chez nous.
Sans doute pour être dans le vent, le président Mobutu a décidé d'organiser le premier Festival Pop au Congo, à Kinshasa. Comme on avait le vent en poupe en ce moment-là, on a songé à nous. Quoiqu'il en soit, un soir de juillet, notre manager Wilfried nous apprend qu'il a été approché par Jo et Roland et qu'ils nous proposent de faire partie du staff d'artistes prévus pour partir en tournée dans nos anciennes colonies. La date pour le départ a été fixée pour la fin novembre. C'est ainsi qu'on est parti pour le Congo-Zaïre avec entre autres les Burning Plague et le folk-singer Tucker Zimmerman. Sans oublier deux bands anglais, qui via Londres, ont embarqué à Zaventem sur le même vol que nous.
Le contrat signé stipulait une tournée de trois semaines à Kinshasa même et dans sa périphérie. Le cachet qui nous était alloué était coquet. Et le budget global qui comprenait les places d'avion pour tout le monde, les frais de transport sur place, les nuitées à l'hôtel avoisinait les sept à neuf millions de francs belges.
Mais très vite on a dû déchanter. Aussi incroyable que ça puisse paraître et là je ne te parle pas de bruit de corridor, le big boss Mobutu ou ses sbires se sont largement sucrés au passage. Si bien que le budget initial a été rogné voire même coupé en deux. Au lieu de donner nos concerts durant les trois semaines prévues, on est resté à peine dix jours. On a donc du renoncer à nous produire dans deux ou trois endroits où on nous avait programmés.
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Arrivée à Lanselé - Camp militaire – Résidence de Mobutu
Roger Wollaert tout fraîchement débarqué.
Quand on a débarqué de l'avion, on a tout de suite était dirigé vers une localité ou plutôt un bled, du nom de Lanselé à septante-cinq kilomètres de Kinshasa, en face du fleuve Congo dans une des innombrables résidences de Mobutu. Mais à côté de sa résidence pharaonique, il y avait un camp militaire avec ses bâtiments et ses hommes en armes.
Or ce n'était pas du tout ce qui avait été conclu. On nous avait promis des chambres d'hôtel en ville et nous nous retrouvions confinés comme des prisonniers dans ce triste endroit. Ceci dit la résidence du président que nous apercevions de nos fenêtres frisait la mégalomanie la plus complète.
Avait-il gardé une forte impression d'un voyage en Chine ? Le fait est qu'il avait fait construire un palais oriental à l'identique de ce qui avait dû le séduire. On se serait cru dans un décor de film tourné en Extrême-Orient. Pagodes, portes massives en bois d'ébène ornées de dragons. Sculptures asiates aux motifs savamment ouvragés, fines dorures, peintures aux tons écarlates.
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Le summum, des rizières tout autour du Palais. Tu imagines la scène : des blacks, à mi-cuisse dans l'eau, en train de cultiver du riz comme au Vietnam ! On avait mis à notre disposition plusieurs flats avec terrasses. C'était d'un ennui mortel. Pas de filles, pas de bistrots, pas de contact avec la population. Et comble de tout pas de restau. Pour manger, une cantine, genre self. Tu parles d'un traitement de pop star !
Pour rester objectif, je me dois de préciser qu'à notre descente d'avion, nous avions reçu chacun une grosse enveloppe…. Non pas bourrée de dollars, de francs ou même de francs congolais … mais de boulettes de bangui fraîchement cueillies.
Charlie et Dany
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Dany et Wim
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C'est dans deux bus Mercédès qui nous amenaient vers notre lieu de destination que nous avons fait la découverte. Comme nous n'avions rien d'autre à faire qu'à fumer et à attendre qu'on vienne nous chercher pour démarrer la tournée, tu imagines les incroyables crises de fous rires le soir.
Le second jour, on se lève. On se rend à la cantine militaire. Les soldats nous regardent de travers ou se marrent de nos cheveux longs, de nos accoutrements de hippies. On tourne en rond mais la révolte gronde.
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C'est Tucker Zimmerman, l'américain du groupe, qui lance la grande offensive de la contestation. Les six groupes présents revendiquent haut et fort le droit d'être logés en ville et de pouvoir manger dans des restaurants dignes des « vedettes » que nous sommes sensés être.
A l'extrême gauche de la photo : Tucker Zimmerman, l'homme
par qui la contestation est arrivée. Dany détend l'athmosphère.
Comme les officiels ne savent que faire, nous faisons monter la pression en menaçant de ne pas jouer.
Pour créer diversion, ils nous emmènent en ballade au zoo de Kinshasa, nous donnent des tickets pour pouvoir manger dans un restaurant italien.
Comme la révolte gronde toujours, ils finissent par nous emmener enfin à Kinshasa ; à quelques pas de l'endroit où nous jouerons plus tard ( Fikin). Ce n'était pas le grand luxe, mais au moins on logeait par groupe de deux dans un appart confortable.
Ca faisait trois jours qu'on était là et on n'avait toujours pas touché un instrument ni joué une note.
Mais on était enfin en contact avec la population locale.
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LES DEUX PREMIERS CONCERTS
Le quatrième jour a eu lieu le big concert inaugural du "Premier Grand Festival Pop du Zaïre". Il s'est tenu dans l'Amphithéâtre Kin2, c'est à dire au centre du quartier résidentiel du Président qui y disposait d'une gigantesque propriété privée.
Nous nous sommes retrouvés devant un parterre d'huiles drapées de robes longues pour les femmes et de smokings et nœuds paps pour les hommes. Pas un jeune à l'horizon. Tu imagines Kleptomania devant un tel auditoire ! Surréaliste ! Tous les pontes du régime étaient présents, blancs comme noirs. Les places pour le concert revenaient à 350 macutas. Quand on sait qu'un habitant moyen touchait 800 par mois…
Bref, les groupes se sont succédés les uns derrière les autres dans une sorte de consensus de retenue et de politesse. C'étaient des applaudissements dignes d'un concert de musique classique. Assez mortel pour des groupes de rock !
Je dois aussi te dire qu'au début de ce qu'il faut bien appeler une cérémonie guindée, l'assemblée des notables avait dû se farcir l'arrivée tonitruante du Léopard de Kinshasa. Arrivé tout fringant dans son hélicoptère privé... qu'il avait fait se poser à quelques dizaines de mètres de la scène.
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Le Président-Maréchal avait assisté au spectacle durant une bonne demi-heure. J'ignore si c'est notre style de musique underground qui en est la cause, mais le fait est que lorsque nous sommes montés sur scène, nous n'avons pas eu le temps d'entamer le troisième morceau que déjà l'hélico présidentiel reprenait son envol. Tu imagines le remue-ménage général, l'ambiance ? Il était prévu que nous jouions le lendemain dans le même amphi. Mais cette fois notre public était différent. Il était constitué des enfants de tous les notables qui nous avaient vus la veille. La moyenne d'âge devait varier entre seize et vingt ans. Il y avait plus de véritables snobinards, de fils de nantis que de Kinois des rues. Autant la veille, nous n'avions pratiquement parlé avec aucun spectateur, autant cette fois, les jeunes nous approchaient ; certains nous demandaient des autographes. Pour finir on s'est fait quelques copains pour le bref séjour qu'on a passé. |
On a ensuite donné deux concerts dans une salle de cinéma qui s'appelait le Barnum et qui était située sur un énorme boulevard. Si le prix des places était plus accessible à ces gosses, ça restait cher pour la plupart d'entre eux, tous issus des milieux les plus modestes.
Ceci dit la presse locale n'a pas été dithyrambique avec ce premier Festival Pop. Je me demande d'ailleurs si l'expérience a jamais été renouvelée par la suite ? Dans un article paru dans toute l'Afrique Centrale, voilà comment le journaliste accrédité par le pouvoir nous a défini :
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"Excellent ensemble : Les Kleptomania, authentiques Bruxellois aux cheveux longs et décolorés qui donnaient à certains des airs de vieilles filles. Mais les goûts et les couleurs ne se discutent pas et il est vrai que leur musique est très belle : brutale, agressive, admirablement soutenue par un drummer qui sait utiliser sa batterie.
Dany envoûté par la chaleur et son solo de guitare.
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NUITS CHAUDES À KINSHASA
Kinshasa avant la tombée du jour
Je ne pouvais rester enfermé dans ma chambre d'hôtel. J'avais besoin de sortir, de voir du monde, d'aller boire un godet. Pour circuler à Kinshasa, c'est pas difficile. Tu te mets sur le bord de la chaussée, tu tends ton pouce, tu lèves la main et la première bagnole s'arrête. Tous les kinois jouent au taximan. Tu leur donnes deux tunes, ils sont contents et ils te dropent où tu veux.
Je te raconte une de mes mésaventures le septième ou huitième jour de notre séjour. Je m'étais fait copain avec un jeune noir qui s'appelait Jean-Marie ; il me servait un peu de guide ; il me pilotait en ville, me faisait visiter les marchés. Ce qu'il faut savoir c'est qu'il y a une différence de taille entre se balader en ville le jour et s'y aventurer la nuit.
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A partir de huit heures du soir, il n'y a plus un blanc qui ose se promener dans la cité. Mais moi ça ne me faisait pas vraiment peur. Avec Jean-Marie, je me sentais en confiance. Je lui ai donc demandé de m'emmener pour une randonnée nocturne.
Charlie et Dany - moments de détente
Kinshasa la nuit c'est dingue. Chaque bui-bui, chaque bistrot a ses haut-parleurs qui diffusent de la musique locale. Ca boit, ça crie, ça chante, ça se bagarre, mais ça rit beaucoup aussi et on danse partout. Jean-Marie me conduit jusqu'à une sorte de bar-discothèque. Je rentre le premier dans l'établissement bourré à craquer. Je commande deux bières au bar. Le patron me tend deux bouteilles. Le temps de les saisir, je me retourne pour en tendre une à mon copain… qui n'est plus là.
Est-ce que le patron a cru que j'allais filer sans payer ? Bref, je me sens happé par une paluche de fer qui me saisit la nuque et me tire en arrière. Au bord de l'asphyxie, je vois tous les regards braqués sur moi. La musique s'arrête. Silence aussi glacial qu'inquiétant. Le temps de retrouver mes esprits, je cherche à expliquer que je ne suis pas tout seul. J'appelle Jean-Marie qui ne se montre toujours pas.
En fait, l'idiot était en train de manigancer un rencard avec deux jolies filles sans se rendre compte de la tension qui régnait à l'intérieur de la boite. Heureusement, en réapparaissant, tout s'est arrangé comme par enchantement. Et un quart d'heure plus tard, Charlie et Jean-Marie se démenaient sur la piste de danse au grand bonheur de l'assistance qui gueulait, tapait dans ses mains en se bidonnant de voir un blanc avec des cheveux de gonzesses se contorsionner de la sorte. J'avais quatre filles antour de moi qui ondulaient de la croupe dans des mouvements de bassin frénétiques. « Allez, Charli, le blanc, allez Charli, danse l'ami". |
LE CONCERT D'ADIEU
A cet égard, je voudrais te raconter une anecdote à propos du dernier concert de la tournée. Ce souvenir reste encore aujourd'hui, quarante ans plus tard, ancré dans ma mémoire. C'était à la Fikin, autrement dit sur le parking de la Foire Internationale de Kinshasa qui avait eu lieu en juillet 1969. Ce parking était situé sur le territoire de la commune de Limete, faubourg proche de la ville. Et là, on a enfin eu la possibilité de jouer pour le peuple. L'entrée n'était que de cinq macutas, ce qui devenait plus raisonnable.
On a débarqué notre matériel, pris position sur l'énorme podium mis à notre disposition. Seul bémol, sa hauteur nettement insuffisante. Il ne devait pas dépasser les cinquante à soixante centimètres. Ce qui n'est pas évident pour être vu de partout par les spectateurs. Sur l'esplanade, il devait déjà y avoir deux à trois cent personnes, déjà installées aux places de choix c'est-à-dire sur les quatre ou cinq premiers rangs. On s'est demandé avec inquiétude, si ce stade qui pouvait contenir plusieurs milliers de spectateurs, allait se remplir. On n'allait pas être déçu.
Entre la scène et l'accès à l'entrée, il n'y avait que cent à deux cents mètres. Je me rappelle de la dimension phénoménale de cette porte. Le régime devait vraiment avoir la folie des grandeurs que pour avoir décidé de construire un portail aussi gigantesque. Elles devaient assurément mesurer sept à huit mètres de haut.
Au-delà de l'enceinte, on percevait les clameurs de la foule qui s'agglutinait. Les clameurs étaient de plus en plus intenses et impressionnante. On n'était pas vraiment rassurés d'autant plus qu'aucun dispositif de protection n'avait été mis en place pour nous protéger d'éventuelles dérives.
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Mais lorsqu'on a aperçu les préposés au guichet, sensés faire payer les gens, tenter de contenir les battants des portes qui gondolaient sous la pression, on s'est mis à pâlir d'inquiétude. On a compris que la foule excitée allait finir par entrer. Craquements de la porte, rugissements, le « petit peuple » de Kinshasa n'entendait pas verser les cinq macutas d'entrée.
Lorsque la pression de la foule est devenue incontrôlable, les organisateurs ont renoncé à faire payer les spectateurs. Ils ont ouvert toutes grandes les portes. On a vu débouler vers nous une marée humaine de plusieurs milliers d'individus qui couraient comme des fous vers le podium. Un véritable tsunami !
Nous n'étions protégés par aucune barrière, aucun service de sécurité. On a tous cru que notre dernière heure était arrivée. On se voyait déjà étouffé, écrabouillé par cette foule hurlante. Heureusement que les quelques rangs des spectateurs arrivés avant eux ont arrêté le flux. Sans eux, je crois que nous aurions passé un sale quart d'heure.
Ceci dit tout s'est bien terminé. L'hystérie s'est calmée et on a pu commencer à jouer. Le sentiment que je garde des jeunes et des moins jeunes de ce pays c'est qu'ils sont tous fabuleux, généreux, gentils. Dommage qu'ils soient aussi mal traités sur leur propre sol. Ils ne méritent pas ça. Je te parle des années 70. Mais je ne crois pas que les choses aient jamais changé.
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1971 - LE TEMPS DES EXPÉRIENCES
Formule à cinq avec le claviériste Patrick Gysen
J.M. : Nous sommes début 71. Malgré sa cohésion et son succès populaire, Kleptomania va subir un lifting de choc, puisque tu vas être remercié et que d'autres musiciens vont entrer en piste ?
Charlie Maker : Lorsque nous sommes rentrés du Congo, nous devions en principe repartir pour une tournée de plusieurs mois au Brésil. Mais les choses ne se sont jamais concrétisées.
Est-ce pour nous consoler ? Le fait est que notre manager Wilfried est parvenu à nous trouver un engagement au Paradisio , à Amsterdam, endroit mythique par excellence qui a toujours fait fantasmer les groupes rock. Dany était aux anges. Il y rêvait depuis longtemps. On nous a mis en supporting act de Mike Patto, un chanteur à la voix d'or, croisement entre Roger Chapman et Joe Cocker, une grosse pointure. Je garde un super souvenir de ce concert et particulièrement du light show d'enfer qui nous a mis remarquablement mis en valeur.
En février, mars 71, coup de tonnerre. Wilfrid me fixe un rendez-vous dans un bistrot et m'annonce, la mine grave, que suite à mon comportement (je picolais un peu trop) et à mon tempérament (un peu trop colérique), je n'avais plus vraiment ma place au sein du groupe. D'ailleurs les autres musiciens s'étaient plaints à mon sujet sans pour autant me charger exagérément.
Wim, Patrick, Dany, Roger, Charlie
Ils pensaient sincèrement que je les empêchais d'évoluer sur le plan musical et que je n'en avais plus rien à foutre. Bref le sentiment général du groupe était que j'étais devenu un élément incontrôlable, un électron libre.
Voilà que l'affaire de la picole revenait sur le tapis.
out avait commencé à Kinshasa, lors de la fameuse tournée de Kleptomania au Zaïre. A peine arrivé sur place, je m'étais mis à boire un peu trop. Mais il faisait si chaud ! Wilfried m'avait pris à part et m'avait dit : "Ecoute Charlie, je dois te dire un truc". Comme je m'attendais plutôt à des remontrances qu'à des félicitations, je lui réponds calmement : "Buvons d'abord une bière et ensuite tu me raconteras". Je ne me sentais pas vraiment à l'aise. Lorsqu'il a vidé son verre, il m'a annoncé que si je continuais à déconner, il n'hésiterait pas à se séparer de moi dès notre retour en Belgique. Je sentais qu'il ne plaisantait pas.
Lorsqu'on est rentré à Bruxelles, les choses ne se sont pas améliorées. On étaient tous vachement déçus d'avoir vu la tournée au Brésil avorter. On aurait dû faire un break ou au moins se retrouver tous ensemble autour d'une table et discuter de l'avenir. Comme personne n'a véritablement vidé son sac, j'ai continué à répéter cahin-caha avec le groupe, mais sans grand entrain. Il y a avait comme un malaise dans l'air.
J.M. : C'est alors que Patrick Gysen entre en scène ?
Charlie Maker : Je pense que Wilfried estimait depuis un certain temps que Kleptomania souffrait d'une carence sur le plan vocal. En se lançant dans une formule nouvelle, il espérait pallier aux critiques. Pour ma part, j'ai toujours estimé que Wim et Dany faisaient le poids. La suite m'a donné raison. |
Patrick Gyssens avait été l'organiste de Mother's Murphy , un groupe progressiste anversois. Ensuite il était parti en Angleterre pour un bon bout de temps. Il venait juste de revenir lorsque Wilfried l'a harponné. Son avantage c'est qu'il était également chanteur.
La rumeur selon laquelle Kleptomania avait changé de peau s'était répandue un peu partout. Lorsque nous avons donné, ce qu'il faut bien appeler un « concert expérimental », au Centre Culturel d'Auderghem, le public était en attente.
Au Jill's Club à Kampenhout (début 1970) - Photo : Alain Cornet
Au Jill's Club à Kampenhout (début 1970) - Photo : Alain Cornet
Mais dans la réalité, nous n'avions pas changé grand-chose à notre style musical. La formule à cinq n'a pas fourni les résultats escomptés, ce qui explique qu'elle n'ait pas survécu au de-là de quelques concerts. Je me rappelle notamment d'une prestation que nous avons donnée à Kampenhout, au Jill's Club. Plus tard, lors d'une banale dispute, je ne sais plus à quel propos, j'ai poussé une gueulante. Conséquence : j'ai été viré aussi sec. J'ai pris ma basse, sans rien dire, et je me suis cassé.
Je me suis retrouvé gros-jean comme devant, complètement déboussolé de me retrouver hors circuit. J'ai été approché par les musiciens du groupe Waterloo qui m'ont invité à les rejoindre. Mais j'avais été tellement déçu de ce qui m'arrivait que j'avais déjà revendu mon matériel sur un coup de tête. Comme je devais continuer à vivre, j'ai été trouver Jean-Paul des Gémeaux qui m'a engagé comme barman et homme de confiance pour m'occuper de la salle et des spectacles qui s'y déroulaient.
J.M. : Après ton éviction de Kleptomania, le groupe a encore essayé plusieurs formules ?
Charlie Maker : Exact. Wilfrid a fait appel à Paolo Radoni comme second guitariste et Wim a pris la basse. Paolo avait joué dans Here and Now , un groupe de jazz-rock avec Marc Hollander. Ensuite, il était passé chez Arkham. C'était un musicien de premier ordre.
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Paolo Radoni, Wim, Dany et Roger
Kleptomania à la Turbine à Soignies le 22 octobre 1971.
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Puis, je ne sais plus dans quel ordre les événements se sont déroulés, mais Patrick s'est tiré sur la pointe des pieds, sans faire de vagues. Pendant ce temps, ma traversée du désert ne s'est pas trop mal passée : grâce à ce job aux Gémeaux que j'aimais bien, mais surtout parce que ça m'a permis de prendre du recul sur moi-même et sur la vie en général.
Le groupe a continué à quatre avec Paolo jusqu'en septembre. Et une bonne poignée de concerts plus tard, j'ai été recontacté par Wilfried Britts, délégué par les autres musiciens. Il m'a proposé de réintégrer Kleptomania. J'ai dit oui toute de suite.
On est tous retombé dans les bras les uns des autres. J'ai racheté du matériel et repris ma quatre cordes. Paolo a préféré nous laisser entre nous et a poursuivi sa route de son côté.
J.M. : Tous ces changements de musiciens, ces revirements entre vous ont pas mal écorné votre image. Finalement 1971 aura été l'année de tous les dangers et de toutes les expériences malheureuses. Puisque, malgré vos retrouvailles, le groupe va tout de même finir va éclater ?
Charlie Maker : Plusieurs raisons expliquent la séparation inéluctable de Kleptomania. Tout d'abord le manque récurrent d'argent.
Quelques mois avant le split, à l'occasion d'une interview avec Piero Kenroll, Dany s'est expliqué sur le sujet. A la question : « Combien de prestations donnez- vous en moyenne, par mois ? Quel est votre prix officiel actuellement ? Quels sont vos frais ? » Dany répondait :
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L'INTERVIEW
DANY LADEMACHER
Dany Lademacher : « Nous jouons en moyenne huit fois par mois. Notre prix officiel est de douze mille francs. De cela, il y a 15 % qui vont à notre manager, qui est chargé de nous trouver des contrats et de payer notre publicité. Nos road-managers reçoivent en tout quatorze cent francs. Etant donné que nous n'avons pas encore de camionnette, il faut payer sa location, qui revient à trois francs le kilomètre plus trois cent francs par jour. Maintenant, à cela viennent s'ajouter 18% de TVA. Parfois un déplacement peut nous coûter plus de deux mille francs ».
« A part ça, nous avons les indemnités de notre matériel à payer. L'installation de chant, nous la payons ensemble ; il faut compter que cela revient à environ à sept-cent vingt francs par mois et par musicien. Personnellement, chacun d'entre nous paie encore : soit son orgue, soit sa guitare, soit son ampli. En moyenne, cela fait deux mille francs, chacun, par mois ».
Charlie Maker : D'autres raisons expliquent le split de Kleptomania : la mentalité d'une grande partie du public belge peu réceptif à notre genre de musique et puis enfin le manque de considération des organisateurs et des patrons de salle, en général, notamment en province. Et là, Dany n'y allait pas de main morte.
Dany Lademacher : « On ne peut pas s'imaginer le succès qu'ont encore les « boerenbals » dans certaines parties du pays. L'autre jour, nous avons été à Schelle. Nous avons joué trois morceaux, après quoi nous avons dû partir sur la pointe des pieds, sinon on se serait fait tuer. C'était comme au Moyen Age. Les gens ouvraient de grands yeux, les mères serraient leurs enfants, l'air de dire : « Ne les approchez pas ». Manifestement ils avaient peur.
« Quant à ceux qui aiment vraiment la musique » pop », les organisateurs leur servent n'importe quoi parce qu'ils ne sont pas capables de juger de ce qui est bon ou mauvais. Les concours de groupes, par exemple. C'est complètement ridicule. D'abord la musique, ce n'est pas un match de boxe; ensuite, il y a trop de mauvais groupes. Le comble, c'est quand ces formations vont jouer pour quasiment rien et empêchent les bons groupes d'avoir des contrats parce qu'un patron de salle ne sait pas faire la différence entre un groupe dégueulasse et un groupe valable. Il y a aussi 70 % du public qui se laisse abuser par le tape-à-l'œil. Il suffit qu'on se mette à gesticuler sur scène pour qu'on trouve ça formidable.
Pourtant je trouve qu'à la radio, on entend tout de même de bonnes choses dans des émissions comme « Cap de Nuit » et « Generation » qui sont un peu plus poussées. Cela devrait apprendre aux gens à faire la différence. Bien sûr, à la radio, on ne peut pas dire avant de passer un disque : « Attention, écoutez bien : ceci ce n'est pas bon ».
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Charlie Maker : Dany avait évidemment raison. Il ne faisait simplement qu'exprimer l'immense malaise qui régnait dans le milieu des musiciens de ce pays. Combien de groupes ne se sont-ils pas séparés entre 1971 et 1972 ? Ca a été la grande hécatombe.
J.M. J'ai retrouvé une autre interview de Dany, toujours dans Télé Moustique, dans laquelle il se plaignait de la manière dont les musiciens belges étaient traités. Il expliquait :
Dany Lademacher : " Pour ma part, je ne sais pas me promener trois minutes dans la rue sans me faire arrêter par la police. En Hollande, ça n'existe pas les jeunes sont vraiment très libres. Ici, c'est un peu fasciste. Il est impossible d'entreprendre quelque chose. L'esprit est tout différent en Hollande.
En Belgique, il y a toujours une pression sur les jeunes. On essaie de les étouffer. En Hollande, il y a des partis politiques jeunes, et on mise beaucoup sur eux. Chez nous, on ne mise sur rien du tout ; au contraire, on essaie de freiner toutes les initiatives. C'est finalement de la répression pure et simple".
Charlie Maker : C'est vrai, cet ostracisme envers les jeunes, Dany ne pouvait plus le supporter. C'est pourquoi il s'est depuis longtemps expatrié en Hollande où il réside toujours actuellement. Roger a fait de même.
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J.M : Comme de nombreux articles ont été publiés lors de la dissolution du groupe emblématique de l'année 1970, retenons le coup de gueule de Dany (encore lui) dans l'hebdomadaire Télé Moustique sous le titre : DANY LADEMACHER S'EXPLIQUE. A ses côtés, Roger Wollaert persiste et signe.
Dany Lademacher : « Ça fait longtemps que les choses ne tournaient plus rond au sein du Kleptomania. On a toujours cru que nous gagnions fort bien notre vie, ce qui est complètement faux.
En fait, il est impossible de vivre de sa musique en Belgique. Ce n'est pas tout. Quand on est musicien, et que l'on a conscience que l'on apporte quelque chose de neuf au public, on aimerait que ce public nous écoute et nous donne la satisfaction toute simple de nous comprendre. C'est si peu souvent le cas qu'on finit par jouer pour soi-même.
Il y a un mois, nous avons eu l'occasion de nous produire dons un festival en France, à Seloncourt plus exactement. Le public là-bas fut exceptionnel, l'accueil chaleureux. Le contact fut meilleur que n'importe où en Belgique.
Finalement j'en ai assez de toute cette comédie. Ou bien je fais une musique qui me plaît, et je finirai d'ici un an ou deux par me reclasser dans une firme de disques quelconque comme gratte-papier, ou bien je monte un groupe trié sur le volet en jouant un style plus commercial afin de faire une carrière qui ressemble à celle de musicien professionnel, Je ne veux surtout pas dire que je vais me mettre à « faire de la soupe », mais je veux être plus accessible à tous et définitivement sortir de Belgique.
Si je rate ? Ou bien je recommencerai encore une autre formule, ou je partirai me joindre à un groupe anglais ; j'ai d'ailleurs déjà reçu plusieurs propositions en ce sens.
Ce qui est certain, c'est que Roger et moi restons ensemble, quel que soient les bruits qui auraient pu courir en ce sens. Quant à Wim, je crois qu'il va se reposer quelque temps, car il est très déprimé. Paolo (Radoni) va, je crois, se joindre à Arkham.
Nous avons pas mal de projets. Il n'est pas exclu que nous reformions un groupe prochainement. Nous ne voulons rien précipiter. Il est de toute façon certain que nous ne jouerons plus la musique que nous faisions avant.
Actuellement nous terminons les engagements qui nous restent. Il est certain que nous ne remonterons pas sur scène avant que les idées que nous avons maintenant soient mieux établies ».
(Communiqué de Dany Lademacher et de Roger Wollaert paru dans Télé Moustique).
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AU POL' S JAZZ CLUB - SOUVENIRS
Charlie et Dany au Pol's Jazz Club
Charlie, John Valcke, Armand Massaux, Frank Wuyts
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J.M. : Ensuite, qu'êtes-vous devenu tous les quatre ?
Charlie Maker : Wim en a tellement eu marre qu'il est parti avec sa guitare en Allemagne où il est bien resté un an, un an et demi. Il s'est produit dans tous les bistrots ou endroits branchés de Berlin en donnant de petits concerts avec sa guitare acoustique. Quant à moi, j'ai continué mon service aux Gémeaux.
Dany et Roger ont été conviés à démarrer un groupe avec Raymond Vincent (ex-Wallace Collection) et Dirk Bogaert (ex-Waterloo), mais ils n'ont pas accroché. Puis des membres de Waterloo et du Carriage Company leur ont proposé une collaboration dans New Inspiration ; mais ça n'a pas eu plus de succès.
En attendant, les musiciens jouent à gauche et à droite, chacun de leur côté. Ils se cherchent.Il faudra attendre 1972 avec l'aventure de LEE pour Dany, Roger et Charlie rempilent tous les trois, hormis Wim.
LIRE CHAPITRE 2 : LE NOUVEAU KLEPTO
EPISODE AVEC LE GROUPE : LEE
LIRE CHAPITRE 3 : CLAP DE FIN
Textes et Photos sous copyright des auteurs
le site perso de Roger : http://www.myspace.com/rogerwollaert
http://www.belgianmetalhistory.be/html/bands/klepto/klepto.html
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