ROCK BELGE / ALBUM SOUVENIRS
THE CHAPMANS (1963-1969)
D'après les souvenirs de Biquet, ex-bassiste des Chapmans
J'avais 15 ans, lorsque j'ai rencontré les frères Mertens.
Je suivais des cours de guitare et c'est le prof qui m'a suggéré d'aller les trouver car il avait entendu qu'ils avaient formé un petit orchestre.
Après quelques répétitions le bassiste (dont je ne me rappelle plus le nom) nous dégotte un engagement aux Cousins (Grand Place). A l'époque, l'orchestre du même nom, avait déjà sorti ses premiers tubes comme Kiliwatch et Buddah. Quelle différence de style ! Nous on jouait plutôt jazzy et bluesy, ce qui n'avait pas l'air d'enthousiasmer ce public.
Après avoir dû arrêter quelque temps la musique pour cause de résultats scolaires désastreux, je suis entré dans les Clandestins, dont le soliste était une fille. On oscillait entre le répertoire des Shadows, et pour ma part, avec quelques solides morceaux de Buddy Holly, Gene Vincent, Trini Lopez et même les Beatles.
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Je me rappellerai toujours de notre premier concert dans la salle des fêtes de la Maison Communale. Il se déroulait à Wavre un certain 22 novembre de l'année 1963.
Tout d'un coup, vers 21 Hr, un mec se met à crier : « On a tué Kennedy". Il devait être entre 20h30 et 21h30.
Avec les Clandestins, on a assuré toutes les kermesses et tous les bals populaires possibles. C'était l'abattage. Il nous arrivait de jouer de dix-neuf heures jusqu'à quatre heures du mat. Comme je commençais à rouspéter, je me suis fait virer du jour au lendemain, en même temps qu'André, le batteur. J'en ai profité pour rejoindre Michel Mertens et les Chapmans.
Le chanteur du groupe s'appelait Eddy Vincent. Son vrai nom était Alain Warnotte. Il avait piqué le prénom d'Eddy à Cochran et le nom de Vincent à Gene.
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Les Chapmans (Grenier 1966)
Alain Warnotte alias Eddy Vincent, au chant
Michel Mertens, à la guitare solo
Pierre Ruebens, dit Biquet, à la guitare rythmique
Philippe Daelemans, à la basse
Christian Mertens, à la batterie
Ensemble, ils ont fait trembler les murs du Golf du Loup, du Brasseur,
du Grenier, du Cheetah Club
Le groupe a connu pas mal de succès surtout dans les boites de Bruxelles comme le Golf du Loup, le Brasseur, le Grenier et ensuite le Cheetah.
Michel Mertens à la guitare solo (il était super doué), était capable de jouer de tous les instruments. Un jour, je l'ai entendu exécuter à l'orgue la Toccata en ré-mineur de Jean Sébastien Bach.
Eddy Vincent, était très tourné vers le blues. Il nous approvisionnait en morceaux inédits qu'il enregistrait sur Radio Caroline. Parmi eux, Chuck Berry, Howling Wolf, Who, Rolling Stones, Yardbirds, John Lee Hooker, Muddy Waters, Animals.
Autant Philippe, le bassiste, était du genre pince-sans-rire, autant Christian Mertens, le batteur, se révélait être mon complice pour les « mauvais coups ».
Notre « manager »Georges Clement, était plus âgé que nous. Je me rappelle qu'on lui en faisait voir de toutes les couleurs. C'est lui qui illustrait le journal du Club des aigles par ses drôles de caricatures.
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Puis il y a eu l'épisode du service militaire. On est tous parti servir sous les drapeaux à peu près tous ensemble à la même époque.
Lorsqu'on est rentré, le Cheetah Club était sur le point d'ouvrir. Comme je n'avais pas encore de boulot, j'ai aidé le patron, Georges Cornelis, à agrafer des centaines de feuilles d'aluminium sur tous les murs et sur le plafond (pas terrible au niveau acoustique).
Il m'arrivait d'aller promener son gros chat, ou plutôt son jeune guépard, que je tenais à la laisse dans le quartier de la Bourse. A notre passage, les chiens pissaient de trouille. Aujourd'hui, on me passerait la camisole de force.
Un jour les flics m'ont embarqué devant le Cheetah et m'ont enfermé a l'Amigo jusqu'au soir sans me donner la moindre explication. Après réflexions, je me demande si ce n'est pas parce que je suis entré dans le commissariat avec les mains en l'air. Ça n'a pas dû leur plaire!
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Chapmans
Biquet et Philippe en bonne compagnie
AUJOURD'HUI
La fermeture du Cheetah a coïncidé avec la dissolution des Chapmans. On devenait des adultes, il fallait commencer à travailler. Philippe et moi nous sommes fiancés, Eddy s'est marié, et tout s'est désintégré.
En décembre 2010, grâce à Jieme et ensuite à Piero, j'ai pu renouer des contacts avec les survivants des Chapmans et des principaux protagonistes des aigles : Henry, Zorbec, George , Eddy, Philippe, Stroff.
On a mangé chez un vieux pote a moi, le propriétaire du Santasu, le resto japonais de la chaussée d'Ixelles. C'était super de les revoir après plus de quarante ans. On a eu une petite pensée pour les disparus : les deux frères Mertens et le lendemain j'ai pris un thé avec Sylvain (Wallace Collection) qui m'a gentiment offert un 45 tours dedicacé pour une de mes amies… mon weekend belge était parfait. J'espère les revoir mais au chaud, chez moi près de Marbella, où j'habite aujourd'hui.
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Près de chez moi en Espagne j'ai comme voisin John Povey des Pretty Things. C'est lui qui m'a initié au golf ; il y a aussi John Mac Laughlin qui vient régulièrement voir ses enfants. Il y a peu, Garry Moore est venu mourir à quelques encablures de chez moi… la mort est peut-être plus douce au soleil…
La musique et les mœurs ont bien changé. Les jeunes aiment ce que nous aimons et les vieux rockers ont du succès Mon fils cadet est allé voir AC-DC à Sevilla, il y avait 55.000 personnes a 70 € pour une place assise.
Biquet
The Chapmans
Mars 2011
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