ALBUM ROCK BELGE

 

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ROCK BELGE / ALBUM SOUVENIRS

L E E (1973 - 1974)

DEUXIÈME PARTIE : LEE À L'INTERNATIONAL

 

Biographie officielle réalisée par Jean Jième

 

Revenir à la première partie : LEE période belge 1972 - 1973

 

Kleptomania devient Lee

Lee dans les loges de Forest-National © E.Machielsen

 

 

FIN DE L'AGENCE CENTURY - PAUL ANDRÉ PART EN FRANCE

 

paul andré agence century

Au printemps 73, l'agence Century a fermé ses portes. J. Jième a démarré sa collaboration avec Bernard Ker.

 

Paul André, comme il l'avait annoncé, gagne l'Hexagone où il retrouve Crespin, agent de de Bongos, Martin Circus, Variation, Joël Daydé.

 

Il s'occupe essentiellement des contacts avec l'étranger. Mais Crespin privilégie le placement des groupes français au détriment des anglais. Les affaires stagnent.

 

Dans le bureau d'à côté, Paul se lie d'amitié avec Frank Eisenberg, le manager personnel des Bongos, qui connaît actuellement un énorme succès en France.

 

 

Les deux hommes décident d'unir leurs efforts pour placer les Bongos pour toute la durée de l'été dans les grandes discothèques, notamment du Sud de la France.

 

Au lieu de négocier les contrats derrière leur téléphone, ils multiplient les rendez-vous afin de rencontrer personnellement chaque directeur d'établissement dans sa région.

 

Et les voilà partis sur les routes de France. Les contrats se signent par dizaines. Leur périple les amène en Espagne à Benidorm et plus précisément dans une boite gigantesque de plus de trois mille places assises : le Cap 3000.

 

Le patron se montre sensible au fait de pouvoir engager les artistes sans devoir passer par Paris. Il le leur prouve en leur confiant la programmation complète du plateau pour toute la saison d'été. Paul et Franck place une quinzaine de groupes et de vedettes comme Ulysse, Eddy Mitchell, Jo Dassin.

 

Lee fait partie de la distribution.

 

CAP 3000 - BENIDORM – GALÈRES–

REVANCHE ET SUCCÈS.

 

 

 

 

Charlie Maker

 

Charlie Maker : Début juillet, après quatre jours de voyage harassant en bagnole, précédé de nos deux roadies, qui eux conduisait un van Mercedes, on a donc tous débarqué à Benidorm. C'était un endroit incroyable. Ce méga dancing avait été dessiné et construit à l'échelle d'une gigantesque soucoupe volante. A l'intérieur on pouvait caser sept mille personnes debout. Il y avait une piscine énorme.

 

A la nuit tombée, le dôme de la soucoupe s'entrouvrait sur un ciel constellé d'étoiles. C'était féérique. Pourtant notre arrivée au Cap 3000 n'a rien eu de féérique. Ca a plutôt été la douche froide. Car malgré les accords signés, le patron de la boite a bien failli nous remballer. Au bord de l'épuisement, nous étions assommés de stupeur. Quelle était cette mauvaise blague ?

 

Mick Fowler et moi, avec beaucoup de diplomatie, avons demandé au boss de nous entretenir quelques minutes avec lui dans son bureau. Pour parer au plus pressé nous lui avons expliqué que nous avions roulé deux mille bornes pour arriver jusqu'à Benidorm et qu'il fallait qu'il nous héberge.

 

Ensuite Mick, en bon british, a plaidé comme un chef pour que nous puissions dès le lendemain lui donner un aperçu de nos qualités de musiciens. Le patron a accepté le deal.

 

On nous a parqués dans une sorte de buanderie avec des matelas par terre. On était tellement crevé qu'on est tombé comme des mouches. Après une bonne nuit d'un sommeil réparateur, nous avons cherché à contacter Paul par téléphone. Sans résultat. Pendant ce temps les roadies installaient notre matériel sur une scène gigantesque.

 

Cap 3000 à Bénidorm

 

 

A notre profond soulagement, notre style de musique a semblé plaire au patron espagnol qui nous a « réengagés » sur le champ. Mais à une condition : assortir notre répertoire de quelques covers supplémentaires. Après tout, il fallait s'y attendre. On s'est concerté tous les quatre et on a rajouté quelques gros tubes du moment. Au second soir, le patron, ravi, décidait de nous garder tout le mois.

 

Dès le lendemain, on a pu s'installer en ville dans de petits studios qui donnaient face à un cinéma en plein air. De notre fenêtre, on pouvait donc assister gratuitement au déroulement du film… à la condition de comprendre l'espagnol.

 

C'était la belle vie. On ne jouait qu'un soir sur deux. Le reste du temps on était libre de faire ce qu'on voulait. Baignade, bitures, rencontres et dragues à gogo. On avait vraiment l'embarras du choix.

 

Etre musicien en 1973, en vacances, en été, en Espagne…. le pied ! Une grande surprise, c'est quand on est tombé sur Wim Hombergen. Il passait ses vacances pas très loin du Cap 3000. Qu'est ce qu'on a été content de se revoir ! Sur ces entrefaites, Paul André est arrivé sur place.

 

 

SAINT-RAPHAEL – TARBES - BIARRITZ

 

Le mois de juillet écoulé, Lee quitte l'Espagne pour la France et plus précisément Saint-Raphaël. Cette fois, la transition est nette. Plus de dancing gigantesque, mais plutôt un petit club, sympathique baptisé La Réserve. Le groupe va y rester une quinzaine de jours.

 

Charlie Maker : On déconnait énormément à l'époque. Et surtout je buvais beaucoup trop. Une nuit, après notre dernier passage sur scène, à la Réserve je suis prêt à regagner mon hôtel. Je suis sur les rotules. Je souffre d'un mal de dos indescriptible. Plus question de bouger. J'essaie de m'endormir. Vers quatre heures du matin, je n'en peux vraiment plus. Je demande à ma copine d'aller me chercher un toubib. Il est quatre heures du matin. Marie-Pierre part toute seule dans les rues plus ou moins mal fréquentées de Saint-Raphaël. Elle s'adresse au commissariat de police qui lui indique l'adresse d'un médecin. Vers cinq heures du matin, il arrive. Sans se poser beaucoup de questions sur la gravité de mon état, il m'administre deux injections pour me soulager.

 

Quelques minutes plus tard, bercé par les accords mélodieux de la guitare de Dany, je m'endors enfin. En retournant chez le généraliste, j'ai appris que j'avais eu un blocage des reins, dû à une absorbation massive d'alcool. J'étais prévenu, je savais maintenant à quoi m'en tenir. Restait à tirer moi-même la leçon de mon aventure et à agir en conséquence. Le soir même, malgré mon état chancelant et des douleurs toujours lancinantes, je me suis tout de même retrouvé sur scène pour ne pas laisser tomber les copains. Mais je dois bien avouer que je n'en menais pas large. Encore aujourd'hui je garde le souvenir de la nuit la plus angoissante de ma vie. J'ai vraiment cru que j'allais y rester.

 

 

TARBES, LOURDES

 

À la mi-août, la tournée se poursuit. Christian Garcia, correspondant de Paul André et de Frank Eisenberg pour le Sud-ouest les a placé dans un club de Tarbes. L'endroit est charmant. Une piscine édifiée sur le toit les accueille à bras ouverts. Paul André se souvient des longues heures d'aubades aquatiques avec les musiciens du groupe. Celles-ci demeurent à jamais pour lui des moments inoubliables de détente, de flirt et de dolce farniente.

 

TOURNÉE D'ÉTÉ : DERNIÈRE ÉTAPE   BIARRITZ .

 

Avant de rentrer au pays, Lee a un dernier contrat à honorer : un week-end dans un club de Biarritz. Mais cette fois les choses ne se passent pas trop bien. Dès le début de leur prestation, le patron de l'établissement se plaint. Il estime que le groupe joue trop fort. Paul André se rend auprès des musiciens et leur demande de baisser le volume de leurs amplis. Ceux-ci s'exécutent tant bien que mal. Mais ce n'est pas suffisant. Le patron continue à rechigner. Paul tente de lui expliquer qu'il aurait mieux fait d'engager un groupe de guitares acoustiques. Piqué au vif, le type le prend au mot et lui rétorque : « Vous avez sans doute raison, foutez-moi le camp tout de suite ». Et voilà Lee débarqué, sans être payé bien sûr. Heureusement Paul avait déjà perçu cinquante pour cent d'avance.

 

 

 

Lee à Benidorm

Lee à Benidorm

 

 

Et voilà les musiciens sur le trottoir en train de râler de devoir remballer leur matériel.

 

En face du club, il y avait un très grand bistrot. Roger prend ses baguettes et une cymbale, Dany et les autres leurs guitares sèches. Ils entrent dans le bistrot et proposent au patron de les laisser jouer pour le fun. Lee se retrouve en train de jouer son répertoire sans le moindre matériel d'amplification.

 

Au bout d'un quart d'heures, le public du club se met progressivement à remplir l'établissement. Si bien qu'une heure plus tard, la quasi-totalité des clients d'en face se retrouve agglutiné dans le vieux bistrot populaire en train de taper dans les mains et de faire la fête aux musiciens.

 

Le patron du club déboule furieux et parle de concurrence déloyale. Paul ne tarde pas à lui faire cracher le morceau : en fait ce patron déteste le rock. « Mais alors pourquoi toute votre clientèle se retrouve-t-elle ici répond Paul », au bord de la crise de fou rire ? 

 

 

 

Studio Morgan : enregistrement des choeurs de Back to the USA.

Dany Lademacher, Victor, Charlie Maker, le producteur,

Geoff Swettenham, Claudia Offer et Erik Machielsen.

 

DE RETOUR EN BELGIQUE, LEE ENREGISTRE DEUX 45 TOURS

 

A la fin de l'été, les musiciens de Lee, bronzés et fatigués sont heureux de regagner Bruxelles.

 

Quelques jours plus tard, ils investissent le studio DES où ils entament l'enregistrement de Come on back to me et From L.A. to Chicago.

 

Ensuite, ils réalisent un second 45 tours cette fois au Studio Morgan, sous le label Barclay. Ce sera Back to the U.S.A. et Agada .

 

Cover Lee cover Lee

 

LEE EN AVANT-PREMIÈRE DE SLADE À

FOREST NATIONAL - NOVEMBRE 1973

 

Lee Forest National

Roger Wollaert, Dany Lademacher, Charlie Maker, Mick Fowler

 

 

Jean-Noel Coghe

 

Jean-Noël Coghe, journaliste à Nord-Eclair, correspondant de Formule J, replace dans son contexte le concert de Lee à Forest ( Autant en emporte le rock - éditions Le Castor Astral).

 

« 28 octobre 1973, Zaventem... 13 h 30. On attend Slade. Après une tournée américaine de six semaines, ils entament un périple européen. L'avion atterrit. Slade n'est pas là. Au moment de quitter Wolverhampton, Noddy Holder a été transporté d'urgence à l'hôpital, les reins bloqués. Tout le clan est au chevet de Noddy.

 

Quelques mois auparavant, ils étaient autour de Don Powell, victime d'un grave accident de voiture. Chas Chandler, leur producteur et manager, quitte précipitamment Londres pour Wolverhampton. Les médecins ne se prononcent pas encore.

 

À Bruxelles, Rod, le responsable des roadies, est inquiet. Pour cette virée européenne, ils sont huit. Les deux camions ont déjà déversé sur la scène du Forest les quelques tonnes de matériel. Londres confirme la nouvelle. Le concert de Bruxelles est annulé.

 

 

Ordre est donné de rembarquer le matériel et de partir pour Courtrai, lieu du second concert. Car on espère que Noddy sera rétabli... La nuit se passe dans l'attente. Le lendemain, par téléphone, Dave Hill indique que Noddy quitte l'hôpital mais qu'il lui faut deux jours de repos. Le concert de Bruxelles est reculé de quelques jours, et le concert de Courtrai reporté d'un mois".

 

 

"Re-Zaventem. Les mêmes. Lieve de Polydor, Hans Custers, l'éditeur moustachu, et Louis Devries le promoteur. Il est 18 heures et ils sont là tous les quatre.

 

 

 

 

 

 

 

 

Slade Coerten

Slade ©Paul Coerten

 

 

Dave Hill porte un fameux manteau multicolore à col de fourrure. Don, en chemise, a oublié le sien. Jimmy ne quittera pas son pull jaune de la tournée. Et Noddy, vaillant, est souriant sous son chapeau. Départ, légère collation à l'hôtel, et retrouvailles avec le National où 8.000 spectateurs les ovationnent. En première Lee, un excellent groupe anglo-belge, et Colonel Bagshot, qui fait la tournée".

 

 

Charlie Maker : En tant que musicien la seule fois de ma carrière où j'ai pu monter sur la scène de Forest National c'est avec Lee. Il y avait huit mille personnes. On était en supporting act de Slade.

 

C'était la première fois que ma mère venait assister à un concert de son fiston. Elle était très fière de l'événement. Même si, perchée au pigeonnier, elle a éprouvé quelques difficultés à me reconnaître d'aussi loin. Ce souvenir reste bien sûr inoubliable. Ceci dit il me laisse un léger goût d'amertume. J'aurais tellement aimé joué à Forest avec le répertoire de Kleptomania devant « notre » public.

 

 

 

 

 

 

Charlie Maker : Entretemps, Victor Tedeschi, un saxophoniste Suisse, ami de Mick Fowler était descendu sur Bruxelles à sa demande. Ils avaient joué un moment ensemble dans Fynn Mc Cool.

 

Son arrivée a coïncidé avec nos problèmes avec le manager. On s'est donc retrouvé à loger à sept dans notre appartement de la rue Artan à Schaerbeek, constitué de deux pièces-cuisine. Victor n'a donc pas eu l'occasion de jouer souvent à nos côtés. L'ambiance n'était pas vraiment à la rigolade. Certains jours on n'avait qu'un bol de riz à se partager. Pourtant on a joué ensemble à Forest National et puis ensuite aux Halles de Courtrai, en avant-première de Slade.

 

AVEC LES NEW-YORK DOLLS

 

Charlie Maker : Après Forest, on est resté dans la catégorie des salles de spectacle de prestige, puisqu'on a joué aux Halles de Courtrai, dans l'auditorium de l'Université de Louvain et enfin au Théâtre 140. Cette fois-ci en avant-première des New-York Dolls, un groupe américain, déguisé en gonzesses, avec talons hauts. Le style glitter. On nageait en pleine décadence. On s'est taillé une belle part de succès.

 

new-york dolls photo CoertenNew-York Dolls © Paul Coerten

LEE , UNE NOUVELLE FOIS, SANS MANAGER.

 

Les tournées d'été de Lee n'avaient guère rapporté lourd à leur sponsor d'opérette. Les factures s'amoncelaient : van, affiches, promo, traites pour le matériel, Serge S. se retrouvait aux abois.

 

Criblé de dettes pour avoir tout investi à crédit, il n'avait établi aucune démarche significative pour trouver des contrats rentables pour faire vivre le groupe et leur permettre de rembourser leur part d'investissement.

 

La situation est rapidement devenue intenable si bien que du jour au lendemain, l'ensemble a été revendu en catastrophe.

 

 

LEE JOUE DANS LA DISCOTHÈQUE DE KEITH RICHARDS

 

Charlie Maker : C'est alors qu'intervient Claudia Offer, l'ex-conjointe de John Valcke. En un minimum de temps, elle arrive à nous envoyer à Tarbes, puis à Saint-Raphaël à la Réserve, où nous avions joué au cours de l'été dernier.

 

Puis c'est au tour de notre vieux copain et ancien roadie du Kleptomania, Serge Nagels de nous contacter pour nous proposer de venir jouer à Genève dans la boite de nuit dans laquelle il travaille.

 

HIVER 1974 - GENÈVE et CHAMONIX

Charlie et Victor - Hiver 1974 ( photo J.N. Coghe)

 

 

Serge Nagels : En 74, je vivais à Genève depuis deux ans. Je travaillais comme D.J. dans la discothèque le Midnight Rambler, qui appartenait à Keith Richards. Il faut savoir qu'à l'époque, les Stones vivaient tous ensemble dans une grande villa située à Villard, sur les hauteurs de Lausanne. J'avais entendu parler des problèmes de Lee et comme le gérant suisse de la boite engageait fréquemment des groupes je lui ai fait écouter Come on back to me et je lui montré leurs superbes affiches. Tout s'est réglé très vite. Ils ont été engagés pour trois jours.

 

Charlie Maker : Nous sommes partis, en plein hiver, avec le matériel de feu Wallace Collection. C'est Freddy Nieuland qui l'ayant racheté a eu la gentillesse de nous le prêter. Merci Freddy, car sans toi on n'aurait jamais pu partir là-bas et se faire quelques tunes. Quand on est arrivé en Suisse, le camion peinait dans les montées. Il neigeait, les routes étaient verglacées. A un moment, il a calé dans une côte et s'est mis à reculer. Rien à faire pour le stopper. Quel flip !

 

 

On est tous descendu du van en catastrophe. On a essayé de freiner sa progression. A force de le pousser sur son flanc, il a opéré une rotation et s'est mis carrément en travers de la route. On en a profité pour pousser encore et encore, tant qu'on pouvait. Si bien que l'arrière du bahut s'est retrouvé devant. Le van est parvenu à franchir la côte en marche-arrière. A notre grand soulagement, on a pu poursuivre notre voyage.

 

Serge Nagels : Lorsqu'ils ont débarqué, ils se sont tout de suite mis à répéter. Il se fait que cet après-midi là, ils se sont retrouvés en face du patron de la boite, Mister Keith Richards, himself.

 

Celui-ci était assis dans la salle, un verre de whisky dans une main et avec deux superbes nanas sur les genoux. A la fin de la répétition, très cool, Charlie a été échanger quelques mots avec lui.

 

 

Les musiciens n'étaient pas au bout de leur surprise. C'était la faune. Un jour, ils voyaient David Bowie qui venait de se séparer de sa femme et qui éclusait au bar. Le lendemain c'était la famille au grand complet de l'Aga Khan. Des pilotes de Formule 1, des hommes politiques, des sportifs.

 

 

Tout le gratin de Montreux, Lausanne, Genève. Et bien sûr les Stones. Sans oublier des nanas de rêves, des tops modèles autant que des putes de très haut standing. Patrick Juvet était un habitué du lieu. Il en était à ses tout débuts, il sortait énormément et essayait se lancer dans le métier.

 

J.Jième : Comment LEE a-t-il été accueilli au Midnight Rambler ?

 

Serge Nagels : Ils ont joué trois jours. Le premier soir il n'y avait pas un monde fou. Normal, personne ne les connaissait ! Mais après leur prestation, le bouche à oreille s'est tout de suite mis à fonctionner. Dès le lendemain, ça a été la grosse foule et même la cohue. Je peux dire sans forfanterie qu'ils ont connu un vrai triomphe.

 

Sur scène c'était vraiment un très bon groupe de rock. Très impressionnant. Mick Fowler avait une voix envoûtante et le savoir-faire de Dany bluffait tout le monde. Bien sûr une partie de leur succès était dû au fait qu'ils jouaient pas mal de covers que les gens adoraient. Tu te rends compte qu'ils ont chanté Jumpin' Jack Flash devant les Stones ! Dingue non ?

 

Mais n'oublions pas non plus que Mick Fowler, ex-guitariste des Grapefruit (produit par George Harrison), leur a amené ses propres compositions. http://www.buzznet.com/tags/grapefruit

 

Notamment quelques morceaux qui avaient été des tubes à l'époque comme Deep Water. Sur scène, les quatre musiciens se donnaient à fond. Ils avaient un look d'enfer. Ca ma fait plaisir de voir mes vieux potes du Kleptomania connaître un tel accueil.

 

Puis, grâce à leur réputation, j'ai pu les faire engager immédiatement durant trois autres soirs dans une boite de Chamonix. J'en ai profité pour demander un congé de manière à pouvoir les accompagner.

 

Le patron du Club avait retenu un chambre d'hôtel par musicien. On occupait tout un étage. De vraies stars. A l'issue des concerts, je me rappelle que le patron de l'établissement était prêt à leur signer un contrat pour qu'ils reviennent en février. Mais la vie en a décidé autrement.

 

Arrière plan : Victor, Charlie, Claudia. Avant-plan : Roger, Mick Fowler et Dany ( J. N. Coghe)

 

 

Charlie Maker : Le retour en Belgique a été pénible. J'ai failli m'endormir au volant et la bagnole a failli perdre une roue. On l'a échappé belle. Et comme bouquet final, un contrôle des douaniers belges qui n'avaient pas d'autre intention que celle de nous faire ch…

 

Mick, jamais à court de ressources a fait venir son copain Geoff Swettenham, ex batteur des Grapefruit.

 

Une fois de retour, rue Artan, on a tous eu le sentiment que les choses ne pouvaient plus continuer comme ça. Roger a quitté le bateau. Mick a invité Geoff pour le remplacer. Après un concert et une télé mémorable, la formule avait fait son temps. Les Anglais sont repartis à Londres.

 

Pour la petite histoire, nous avons intenté un procès à notre ex-manager. Nous l'avons gagné en recevant le franc symbolique.

 

 

Lee rock band

Les derniers jours : Charlie Maker, Geoff Swettenham, Victor, Dany et Mick

 

Dany, Charlie, Geoff Swettenham, Victor Tedeschi et Mick Fowler © E.Machielsen

Émission de la RTB : Quoi de neuf ? enregistrée aux studios Mathonet. 

 

Après l'aventure avec Lee, les quatre du Klepto vont se reformer

 

LIRE LA SUITE : KLEPTOMANIA - 1974-1975

 

 

Ce dossier a pu être réalisé grâce : aux souvenirs personnels de J.Jième, aux écrits de Charlie Maker : Pour l'amour de l'Art, aux interviews avec Charlie Maker, Paul André et Serge Nagels. Remerciements à Jean Noël Coghe, Paul Coerten et Erik Machielsen.

 

 

 

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