ROCK BELGE /ALBUM SOUVENIRS
KOSMOSE (1973-1978)
Kosmose est né au cœur des paysages carolorégiens aux fumées rougeâtres et aux odeurs de soufre des usines et des terrils. Cet univers gris et triste a inspiré les musiciens dans leurs improvisations. Kosmose se revendique d'un "rock sidérurgique" (sans références particulières avec les groupes de musique industrielle des années 80). Le blues est né sur des terres d'esclavage, leur musique est née au pied des hauts-fourneaux. |
Alain Neffe, Daniel Malempré, Francis Pourcel
LE TRIO : NEFFE - MALEMPRÉ - POURCEL
En 1971, à Marchienne-au-Pont, un groupe de quatre musiciens constitué de, Alain Neffe (flûte), Daniel Malempré (guitare), Francis Pourcel (basse),et Armand Bruaux (guitare) se réunissent pour accompagner les textes poético- surréalistes d’André Gauditiaubois (parolier et récitant).
Après quelques mois d’improvisations, Armand et André s’en vont laissant au trio Neffe, Malempré, Pourcel le soin de créer des compositions originales influencées par les univers de Genesis, Pink Floyd, Soft Machine.
Daniel Malempré : Influencé par la richesse musicale de l’époque, j’ai essayé d’importer dans Kosmose les sons de guitares et le doigté des guitaristes que j’aimais. Mais limité par le matériel (j’étais étudiant) j’ai du exploiter au maximum les possibilités de ma guitare et de ma pédale wha-wha ! J’utilisais un vieux briquet comme slide pour glisser sur mes cordes. Une véritable complicité entre nous permettait des improvisations interminables !
En 1973, Alain Neffe part pour la Suisse où il s’achète un synthé Roland SH100 ce qui permet au trio de tester de nouvelles sonorités et de développer un style de musique des plus planantes. Kosmose est né.
Alain Neffe
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Daniel Malempré
Après avoir essayé différents batteurs, sans grands résultats, Alain finit par résoudre le problème en acquérant une des premières boîtes à rythme vendue sur le marché.
Au moment d'aborder les prestations en public, le trio est rejoint par Freddy Pourcel, le frère de Francis, qui met à sa disposition un light show des plus performants.
« Freddy avait inventé une machinerie couplée avec deux projecteurs qui lui permettait de moduler et composer des images abstraites (projetées sur le groupe et sur un écran géant) à partir de diapositives, de négatifs photos, de pellicules de films grattées ou traitées à l’acide, de vitres colorées.
Il synchronisait le rythme des images avec le tempo du groupe passant de la sorte à des séquences très lentes puis beaucoup plus rapides ou saccadées. On se serait cru plongé dans un film underground."
Les interventions techniques de Freddy s'avèrent à ce point efficaces que le groupe lui propose de faire partie intégrante de Kosmose, au même titre que les musiciens.
Francis Pourcel
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En 1975, le groupe trouve enfin le batteur qu’il recherchait en la personne de Guy Marc Hinant et incorpore Paul Kutzner, un nouveau guitariste, qui vient renforcer l’équipe.
Dès lors, Kosmose vire carrément psychédélique en interprétant des morceaux qui font songer à Hawkwind, King Crimson, Can ou Amon Duul 2.
Guy-Marc Hinant : Sans aucune prétention, je travaillais sur une batterie d’occasion, sans songer à rejoindre un groupe pour autant. J’étais copain avec Pierre Kutzner, le frère de Paul qui, lui, jouait avec les musiciens de Kosmose. Ce qui fait qu’un jour je me suis retrouvé dans leur local de répétition. Comme il leur manquait un batteur, j’ai sauté sur l’occasion et me suis retrouvé avec mes caisses et mes cymbales pour passer une audition. J’ai été accepté.
Les répétitions se déroulaient dans le grenier des frères Pourcel. Il y faisait sombre, l’ambiance était recueillie. On commençait en douceur pour ensuite progressivement virer vers le bruit et la fureur. Nous nous sentions unis comme les doigts de la main ce qui fait que nous n’avions pas besoin de nous concerter pour savoir où nous allions.
Paul et moi étions encore des ados, tandis qu'Alain et Francis jouaient ensemble depuis longtemps, et nous faisaient découvrir des groupes qui nous étaient inconnus. Ils nous laissaient une totale liberté d’action. Nous vivions l’alchimie du moment avec une bande magnétique comme témoin.
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GMH
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Alain Neffe, GMH, Freddy et Francis Pourcel
BLACK COUNTRY & COSMIC NOISE
Au bout d’un an, Paul Krutzner se retire. Si ce départ laisse un grand vide, il oblige les autres à travailler d’arrache-pied afin d’affirmer leur véritable personnalité. Alain Neffe, une fois de plus, apporte sa pierre à l’édifice en utilisant un strings organ qui lui confère un son plus dense. Quant à Francis, il gagne en assurance en jouant sur une basse Rickenbaker, flambant neuve.
Alain Neffe : : On ne se situait pas du tout dans l'esprit rock de l’époque, encore moins dans le jazz , ni dans la musique concrète ou « électronique contemporaine. Nous pratiquions une musique basée sur l'improvisation, un rien sophistiquée grâce à des effets stéréo et à des transformations du son (violence dans le rythme) que nous nommions rock sidérurgique ou industriel.
Le son et l’image étaient inextricablement liés, de façon à ne former qu’un tout.
Francis Pourcel : : Loin des lignes de basse conventionnelles, je jouais surtout sur la sonorité et les ambiances particulières qui se dégageaient de nos improvisations. Notre complicité permettait des espaces d'expérimentation au cours desquels nous nous « relancions» les uns les autres.
A la basse, je pouvais utiliser des baguettes de batterie en les frappant sur les cordes ou utiliser un archet de violon, enregistrer des phrasés sur une chambre d'écho transformée par mon frère Freddy et utiliser une pédale de distorsion de sa fabrication également. A la guitare, j'aimais explorer les dissonances pour des ambiances particulières avec ces mêmes effets. Nous avions entre nous une totale liberté de création avec des moyens complètement artisanaux.
Peu à peu, le groupe trouve son style tout en gardant des influences Krautrock. Leur musique se fait plus expérimentale, plus fluide, plus bruitiste parfois.
En parallèle, le groupe continue sporadiquement à collaborer avec André Gauditiaubois et à son opéra (en latin de cuisine) , Master Universorum, sous le nom de A.V.N.I. (Abjects Violents Non Identifiables).
Il y eut aussi quelques essais heureux (world music avant la lettre ?) avec trois musiciens turcs – Mustapha Dagli, son fils Kadri Dagli et Sutekin.
Le groupe se dissout dans le courant de l’année 1978.
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Francis Pourcel, GMH, Freddy Pourcel, Alain Neffe |
DISCOGRAPHIE
Alain Neffe a restauré plusieurs bandes magnétiques,certaines en piètre état de conservation, et leur a redonné vie. Le résultat : du rock électronique expérimental et spontané, des morceaux improvisés, sans véritable titre. Les écouter aujourd’hui c’est comme percer une bulle de temps à jamais révolu.
LPs et CDs: Kosmic Music From The Black Country/Subrosa SR394
Enregistré sur bandes 2 pistes Sony et TDK, enregistreur Sony TC630.
Cassette: "Insane music for insane people vol. 26: The first untitled track 22'17
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Double CD
disc 1
01 The Second Untitled Track 6'40
02 The Third Untitled Track 9'30
03 The Fourth Untitled Track 4'20
04 The Fifth Untitled Track 5'45
05 The Ninetieth Untitled Track 9.00
06 The Tenth Untitled Track 9.10
07 The Eleventh Untitled Track 8.40
08 The Sixth Untitled Track 13'30
disc 2
01 The Seventh Untitled Track 22'40
02 The Twelfth Untitled Track 28.00
03 The Eighth Untitled Track 18'56
Double LP
side A
01 The Second Untitled Track 6'40
02 The Third Untitled Track 9'30
03 The Fourth Untitled Track 4'20
side B
01 The Fifth Untitled Track 5'45
02 The Sixth Untitled Track 13'30
side C
01 The Seventh Untitled Track 22'40
side D
01 The Eighth Untitled Track 18'5 |
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