ROCK BELGE / ALBUM SOUVENIRS
WALLACE COLLECTION
JUILLET 1970 - FÉVRIER 1971
4. LE CRÉPUSCULE
(Biographie officielle)
Textes et photos sous copyright de leurs auteurs. Reproduction interdite sans autorisation
ABBEY ROAD, LA FIN
WE GOTTA DO SOMETHING NEW / WHERE
JUILLET 1970
Dès leur retour à Bruxelles, le groupe se réunit et arrive à la conclusion que la formule à trois cordes n'est plus d'actualité. La force de frappe musicale du duo Vincent-Ghazarian est suffisante que pour ne plus nécessiter l'appui d'un violoncelle. Guido Everaert se retire donc.
Les dernières sessions d'enregistrement à Abbey Road avec Mackay vont se dérouler respectivement entre le 15 et le 18 juin et ensuite entre le 23 et le 28. Cette fois, avec l'assentiment des compositeurs habituels, John Valcke présente quelques unes de ses propres créations. Parmi elles, on retrouve Who Can Tell Me My Name et Single Man qui figureront ultérieurement sur l'album « La Maison ».
Ces séances à Abbey Road ne permettent pas à Marc de surmonter son sentiment de ras-le-bol et de fatigue généralisée. Aujourd'hui, il dit se souvenir de ces instants comme s'il était entré dans une zone d'épais brouillard. Il explique son état d'épuisement physique par les tournées et les déplacements incessants auxquels il doit consentir, mois après mois. Pour tenir le coup ou pour dormir, il prend des pilules et effectue des mélanges qui ne tiennent pas compte des contre-indications.
Par contre, sur le plan psychique, ce qui semble l'affecter au plus haut point, c'est son impossibilité à renouer avec la période bénie des débuts où les musiciens avaient le temps de répéter et de créer.
John, plus proche de Marc que les autres, rapporte combien ce dernier souffrait du manque de confort dans ses déplacements en Ford Transit, où il dormait à même les planches qui faisaient office de couchettes, tandis que Phil roulait vers la destination suivante. C'était terriblement dur !
Le plus souvent, les musiciens arrivaient sur les lieux du concert, à plat ou avec le moral à zéro. C'est durant cet été là, que j'ai vu Marc changer subitement et virer vers le mysticisme.
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Le stress fait désormais partie de leur quotidien. Un exemple ? Lorsqu'ils roulent durant un jour et une nuit pour arriver à Rome, le 7 juillet, pour une télé, ils arrivent en retard à leur rendez-vous. L'un de leurs deux véhicules s'est fait rentrer dedans par un Romain trop téméraire.
C'est in extremis et complètement épuisés qu'ils débarquent sur le plateau pour y interpréter Daydream dans l'émission de la RAI Speciale per voi.
We Gotta Do Something New (Van Holmen/Mackay)
Where (Van Holmen/Mackay)
Publié en juin 1970
France: Odéon 2C 006–04436 M (mono)
Produit par David Mackay
Le 9 juillet voit la sortie d'un 45 tours. We Gotta Do Something New et Where. Pour la première fois, il ne comporte aucun titre nouveau, seulement deux extraits de l'album « Serenade ». Ce single ne sera publié que dans un nombre limité de pays.
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ET VOGUENT LES GALÈRES...
JUILLET - AOÛT
On l'aura compris, le moral des troupes en cet été 1970, n'est pas au beau fixe. Cela va faire presque deux ans que les artistes se sont associés pour former un groupe différent des autres, qu'ils ont eu la chance de connaître le succès en devenant numéro un dans plusieurs pays du monde. Ils ont bourlingué dans des dizaines de villes et de pays, ont fréquenté tous les plateaux de télévision, ont largement dépassé les deux millions d'exemplaires de Daydream, ont sorti deux albums. Et au bout du compte, ils sont face à un terrible constat : ils ne gagnent pas d'argent. C'est à peine s'ils parviennent à nouer les deux bouts.
Sylvain et Raymond ne se plaignent pas. Ils touchent leurs droits d'auteurs-compositeurs. Mais les autres ne peuvent compter que sur ce que leur rapportent les galas ou les télés. Après déduction des dettes mensuelles qu'il faut bien rembourser, il ne reste pas toujours grand chose .
J'ai demandé à Marc quel avis il avait sur la question. Sa réponse a le mérite de la clarté :
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Marc Hérouet : Du point de vue des musiciens, les cachets n'étaient pas assez élevés pour le travail que nous accomplissions. La répartition des sommes qui transitaient par Jean Martin souffrait d'un manque de clarté et de traçabilité. Et puis, nos dettes (contractées suite au vol du matériel), ont donné lieu à des plannings |
infernaux qui ont largement contribué à désagréger le moral de l'équipe. D'autre part, concernant les droits d'auteurs, Raymond, Sylvain et David Mackay étaient les grands gagnants de l'histoire. Je ne remets bien sûr pas en cause leurs qualités d'auteurs compositeurs, mais cette situation n'était pas équitable dans la mesure où les morceaux étaient présentés à l'état d'ébauche.
Prenons le cas de Raymond. Il nous amenait ses arrangements, mais ceux-ci ne convenaient pas toujours et il fallait bien alors les détricoter pour les traduire ensuite en langage pop ou rock. Ce qui fait que nous fonctionnions alors plutôt sous la forme d'un atelier de création collective.
Chacun apportait sa pierre à l'édifice et parfois certaines idées fondamentales pour la suite de l'arrangement émanaient de membres qui ne se retrouvaient pas dans les ayants droit.
Pour des morceaux comme Serenade ou Daydream, la voix caractéristique de Freddy était déterminante et il aurait été normal que son apport fut rémunéré à sa juste valeur. C'est en partie pour remédier à cette lacune que j'ai fondé le groupe Daydream avec Freddy à la fin des années 70. Nous avons réalisé ensemble un album et fait quelques galas
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Le manager Jean Martin est coincé à son tour. Il a misé toutes ses ressources sur ce groupe, dans lequel il continue à croire, mais désormais, il n'a plus les moyens de sa politique. Même son pourcentage de manager s'envole pour faire face aux nouveaux emprunts. Pour sortir de cette situation, Martin lorgne |
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du côté d'autres groupes susceptibles de le sortir de l'impasse. Il commence à s'intéresser à Waterloo, un groupe belge qui a fière allure, qui dispose d'un son à lui et qui utilise aussi un violoniste. Ce flirt musical ne plait pas du tout au Wallace qui dénonce le fait par voie de presse. Cela dit, les musiciens n'ont pas vraiment les moyens de s'opposer aux décisions de leur manager. Si celui-ci devait les laisser tomber, que deviendraient-ils ? Leur aventure tournerait court et ils ne gagneraient plus rien du tout.
Alors, en attendant, chacun ronge son frein, temporise et espère que la situation s'améliorera d'elle-même.
Jean Martin est bien entendu conscient des problèmes et avant tout des horaires éprouvants et de l'incohérence du planning qu'il impose à ses musiciens. On nage en pleine improvisation.
Il raconte : Le vendredi 31 juillet 1970, le Wallace joue à Coxyde au Festival de l'Aviation. Le matériel à peine embarqué dans les deux camionnettes, nous partons pour Toulon, dans le Var, que nous atteignons le samedi
1er août, en fin d'après-midi. Files de voiture, routes engorgées. C'est la croisée entre les juillettistes qui rentrent et les aoûtiens qui partent.
Après le gala, nous arrivons à Lausanne vers 17 heures pour une captation en direct de deux titres pour le compte de la Télévision Suisse Romande. Ensuite, nous retraversons la France d'Est en Ouest pour honorer une prestation couverte par Europe N°1 à Arcachon.
L'attachée de presse d‘Europe N°1 nous invite dans un superbe restaurant gastronomique. Sur la table, des montagnes de fruits de mer, coquillages, langoustes, crustacés. Après quelques minutes, j'entends Sylvain qui s'adresse au maître d'hôtel : « Est ce que c'est possible d'avoir quelques frites ? »
Ce sont donc six zombies qui participent dans la foulée au Festival d'Aix-en-Provence, sorte de mini Woodstock à la française organisé par un général. Le show est retransmis en direct sur les ondes de la radio nationale. |
FLOWER POWER À AIX-EN-PROVENCE
AVEC JOHNNY WINTER - LEONARD COHEN - MUNGO JERRY 3 août 1970
Pour la petite histoire, à la dernière minute, la Municipalité des Bouches-du-Rhône retire son autorisation.
Depuis mai 1968, la France redoute d'avoir à faire face à de jeunes contestataires incontrôlables.
Mais devant l'importance du plateau, de grandes rock stars telles que Leonard Cohen et Johnny Winter accompagné par son fabuleux guitariste Rick Derringer, sont en effet présentes, les édiles reculent et finissent par trouver un modus vivendi. On ne parlera plus de Festival mais plutôt d'un concert qui durera vingt-quatre heures non-stop. Il faut croire que le mot concert fait moins peur que celui de festival.
Jean-Marc Destrebecq se rappelle que le plus gros succès de la soirée fut sans conteste l'apparition de Mungo Jerry, qui régnait alors sur les ondes avec son tube In the Summertime. La folie ! Cette nuit reste gravée dans sa mémoire - les bouteilles de bière et de limonade en verres étaient interdites. Les festivaliers se sont rabattus sur des flacons en plastiques. Vers minuit, lorsque Mungo Jerry est monté sur scène, les jeunes se sont mis à les propulser en l'air sur le rythme de leurs chansons.
Les techniciens qui géraient les éclairages braquaient leurs spots vers cette cascade de bouteilles qui semblaient tomber du ciel en une immense pluie colorée. C'était magnifique ! On aurait dit des effets spéciaux, sauf que ceux-ci n'étaient pas élaborés et ne coûtaient rien. C'était la foule qui créait la magie. J'ai rarement connu une telle communion entre un public et un groupe.
John Valcke |
Raymond Vincent et Serge Ghazarian
Johnny Winter, tête d'affiche du festival, est
resté planqué derrière un ampli, à nous observer ...
Freddy Nieuland
Ce n'est que vers quatre heures du matin que, devant un public en majorité assoupi, le Wallace entame sa prestation. Face à l'immense plaine endormie et l'heure tardive, ils se rendent compte que s'ils veulent gagner l'attention de ceux qui résistent encore au sommeil, il faudra sortir du répertoire classique habituel. Ils s'entendent donc pour jouer toute une série de standards de rock, empreints de music flower power.
John Valcke garde un autre souvenir : durant toute la prestation du Wallace, Johnny Winter, tête d'affiche du festival, est resté planqué derrière un ampli, à nous observer. On aurait vraiment dit qu'il aurait souhaité se joindre à nous. Mais je suppose que ne connaissant pas notre répertoire, il s'en est abstenu. Je regretterai toujours qu'on ne l'ait pas poussé à venir jouer.
Et Marc Hérouet de rajouter : Lorsque je suis monté sur scène, j'étais véritablement dans un état second. J'ai poussé les musiciens à improviser au grand dam de Raymond qui n'aimait pas ça du tout.
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UNE PRISE DE CONSCIENCE QUI N'A PAS EU LIEU
À l'aube, sans s'être reposés, hébétés, les musiciens s'affalent sur les deux niveaux de planches faisant office de couchettes du VW et du Ford Transit, et laissent à leurs roadies le soin de les mener à bon port en… Normandie. Encore une fameuse trotte ! Un concert au Tréport, un autre à Yport et finalement un troisième au Casino de Veules-les-Roses, charmant petit village à bord de côte.
Dans un article paru le lendemain dans le quotidien Paris-Normandie, on peut lire : Les Wallace Collection ont fait une rapide et décevante apparition au Casino. Le journaliste local leur reprochait de n'avoir joué que trois-quarts d'heure et de ne pas avoir répondu au rappel !
Si ce concert ne semble pas avoir laissé un impérissable souvenir au quotidien local, on peut en deviner les raisons : les héros sont à bout de force. Et Marc est entré en plein trip mystique.
John rapporte que durant le spectacle, il a soudainement arrêté les musiciens. Ensuite il a demandé au public de se rapprocher de la scène et… de s'assoir par terre, en position tailleur. Il a expliqué à l'assistance médusée qu'il ne pouvait plus supporter de la voir aussi éloignée et dispersée. Il voulait créer une intimité avec elle. |
Permettons-nous de rêver un instant et imaginons que le groupe ait pris conscience qu'il se trouvait entraîné dans une spirale infernale, une inexorable fuite en avant. Imaginons que les musiciens aient pris la décision de se reposer, ne fut-ce que quelques semaines. On peut penser qu'ils se seraient retrouvés, comme à leurs débuts, avec l'envie de répéter et de créer. Sans doute, le groupe aurait-il alors évité de se disloquer prématurément ?
Mais tant que le vin est tiré, il faut le boire. Les musiciens s'envolent une nouvelle fois pour le Portugal, pour deux galas. Le premier se déroule à Povoa de Varzim, principale station balnéaire du nord du Portugal, le second sur la côte d'Estoril, à moins de vingt kilomètres de la capitale.
Le groupe retrouve la liesse populaire ambiante de son voyage précédent. Par contre, le lendemain, une mauvaise surprise l'attend. Le concert a été annulé par les autorités sous le prétexte que les organisateurs n'ont pas demandé d'autorisation. L'histoire se répète. Les jeunes sont en colère, ils se déchaînent contre les forces de l'ordre. On frise l'émeute. Le Wallace ne jouera pas. Une fois de plus, il s'est déplacé pour pas grand-chose.
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PRÉLUDE D'UNE FIN ANNONCÉE
MARC HEROUET QUITTE LE WALLACE
SEPTEMBRE
À Châteauvallon, le 28 août 1970, dans le cadre d'une émission de l'ORTF présentée par Danièle Gilbert, les Wallace Collection interprètent Serenade, Let Me Love Her et Parlez-moi d'amour, une chanson extraite de leur (futur) troisième album, qui sera la bande originale d'un film intitulé « La Maison ».
Guy Béart, de son côté, chante Le pont de Nantes et L'eau Vive.
Le groupe vient lui prêter main forte sur ces prestations. Ce sera l'une des dernières apparitions de Marc Hérouet dans le groupe.
Marc Hérouet dans sa dernière apparition en photo
L'état psychologique de Marc empire. Il s'éloigne de plus en plus de la réalité. Il lui arrive de parler au moteur de sa voiture. Ses changements d'attitude sont brutaux ou se muent en délires.
Un jour, alors qu'il amène John dans son chalet de vacances à Rendeux-Haux, les amis décident de partir en promenade. Alors qu'ils sont sur le point d'emprunter un petit sentier de broussailles, Marc demande à John de l'attendre et fonce vers le chalet. Peu de temps après, il revient muni d'une hache avec laquelle il se met furieusement à déblayer le sentier à la manière d'un bucheron.
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Marc Hérouet : Dans les semaines qui ont précédé mon départ, j'avais accumulé une fatigue gigantesque Je m'étais laissé tenter par diverses substances hallucinogènes auxquelles se sont ajoutées des tentations tellement faciles lors de ces tournées incessantes. J'ai commencé à disjoncter. Ce sont mes proches qui m'ont fait prendre conscience de mon état. |
Il fallait mettre un terme à cette fuite en avant. J'en étais arrivé à un point tel que la musique était devenue la dernière de mes préoccupations. J'évoluais dans la x-ième dimension.
Tantôt je m'identifiais à des détritus sur la plage, tantôt je me prenais pour le Messie. J'entendais des voix, j'avais des visions ! Ce fut une expérience fantastique mais, que je ne conseillerais pourtant à personne : danger pour soi et cauchemar pour les confrères et les proches ! Ceci dit, je n'en garde pas de mauvais souvenirs.
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En cette fin d'été indien, le départ de Marc ne surprend pas vraiment les musiciens, mais il les plonge néanmoins dans la consternation. Personne n'a l'idée d'intervenir pour tenter de le faire revenir sur sa décision. Il va bien trop mal pour ça. L'important, c'est qu'il se soigne au plus vite.
Une question se pose désormais : le Wallace peut-il raisonnablement continuer sa route sans lui ? Marc n'était-il pas le penseur du groupe, un peu comme John Lennon (dixit Jean-Marc Destrebecq) ? Celui qui savait peser le pour et le contre et qui assumait à merveille le rôle de médiateur ? Sur le plan musical, cette perte prive le Wallace d'un excellent compositeur et d'un brillant arrangeur.
Pour John Valcke, c'est clair. Le départ de Marc marque le début de la fin pour le Wallace Collection. Le groupe était devenu un poulpe aux tentacules géants. L'âme même du groupe s'était effilochée au fur et à mesure des changements incessants de musiciens, au point de ne plus ressembler à rien.
Hormis ses problèmes de santé, Marc continue à vivre des moments douloureux sur le plan familial : même s'il ne se plaignait jamais, je sentais mon père en déroute, au bord du précipice. J'appréhendais, un peu plus chaque jour, une issue fatale. J'ai quitté le Wallace en septembre. Moins de trois mois plus tard, le 19 décembre, il s'est suicidé dans son chalet de Rendeux-Haut.
Avant de refermer la page sur Marc, cinquième membre sortant du groupe créé en 1969, je lui ai demandé de me donner son mot de la fin : malgré tous les problèmes évoqués, l'expérience avec le Wallace reste déterminante pour moi sur le plan professionnel. Grâce à lui, j'ai pu réaliser un vieux rêve, celui de créer des musiques de films. C'est même devenu ma spécialité jusqu'à aujourd'hui. N'oublions pas non plus que nous avons aussi bien rigolé ! L'humour bruxellois était une constante dans le groupe et nous permettait de prendre un certain recul indispensable...
D'après les souvenirs de Claudette André, l'ex-épouse de Freddy, celui-ci fut littéralement assommé par le départ de Marc qu'il considérait comme l'élément fédérateur du groupe. Il se lamentait et répétait : le Wallace est foutu.
Six mois plus tard, lorsque le groupe se disloquera complètement avec la double défection de Sylvain et de Raymond, il semblera nettement moins affecté que par le départ de Marc.
Guido Delo |
Finalement, c'est Guy Delo, ancien organiste-pianiste de Jess and James et du J.J. Band et, par ailleurs, excellent musicien de studio, qui hérite de la lourde tâche de remplacer Marc Hérouet.
John : avec le départ de Marc, c'est aussi une partie de la magie du groupe qui disparaissait, même si Guido s'est particulièrement investi pour assimiler le répertoire du groupe. |
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PARLEZ-MOI D'AMOUR / STOP TEASING ME
SEPTEMBRE
Parlez-moi d'Amour (Lenoir/ Mackay)
Stop Teasing Me (Nieuland/Van Holmen)
Publié en septembre 1970
France: Odéon 2C 006–04515 M (mono)
Produit par David Mackay
Alors que le groupe repart pour de nouvelles et laborieuses répétitions avec Guido, Parlez-moi d'amour et Stop Teasing Me, sortent en 45 tours. Ces deux chansons sont publiées en primeur de l'album « La Maison », (qui constitue la bande sonore du nouveau film de Gérard Brach ayant Michel Simon pour acteur-vedette). Le trente centimètres ne sera programmé qu'en novembre.
Parlez-moi d'amour avait été écrit en 1930 par Jean Lenoir et interprétée cette même année par Lucienne Boyer. La version du Wallace Collection constitue une réécriture assez radicale de la chanson. Seul le couplet de la version originale a été préservé. Et contrairement à ce que son titre laisse à penser, Parlez-moi d'amour est entièrement chantée en anglais par Sylvain.
En face B on découvre Stop Teasing Me, une composition (la première) cosignée Freddy Nieuland. C'est un morceau de facture pop relativement simple qui ne comporte pas de refrain (ou qui, selon les points de vue, ne comporte que trois refrains).
Pour Jean Martin et le groupe, l'accueil du nouveau single en Belgique est reçu comme une douche froide !
Dans la presse et sur les radios francophones, certains n'hésitent pas à évoquer le fait que sur le plan discographique, le Wallace n'en finit pas de se chercher ; que ses diverses variations de style le font osciller entre pop, variétés et musiques de films, au point de désorienter son public.
Appelé à s'exprimer dans les colonnes de l'hebdo Télé- Moustique, Jean Martin fulmine : les programmateurs radio ne font pas leur boulot. Ils boudent le disque. Ils estiment qu'il ne correspond plus au style du Wallace ! Ils n'ont rien compris.
En fait, ce que ceux-ci semblent ignorer c'est que le Wallace s'est lancé, depuis quelque temps, dans la composition de musiques de films et que Parlez-moi d'amour n'est que la partie immergée de toute une série d'autres morceaux qui figureront ultérieurement sur l'album « La Maison ». Piero Kenroll publie un article d'encouragement sous le titre « Ça tourne rond pour le Wallace ».
Par contre, chez nos voisins français, Parlez-moi d'amour est bien réceptionné et bénéficie de temps d'antenne conséquents.
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Poursuivant sur sa lancée, le groupe met en boîte deux autres titres qui constitueront la bande originale d'un autre film: « Un beau monstre » du réalisateur Sergio Gobi, qui sortira sur les écrans sur les écrans au printemps 1971).
Studios de la RAI à Rome
À peine libérés de leurs obligations de studio, les musiciens s'envolent le 22 septembre pour l'Italie afin de participer à l'émission Campioni a Campione. On les voit le lendemain au Festival du Cinéma de Venise, où ils effectuent une rapide apparition.
De retour à Bruxelles, ils sont attendus au Palais des Beaux-Arts pour un concert le 27 septembre. Le 30, Jean Martin organise une grande séance de dédicaces dans le magasin de disques La Voix de son Maître, dans les Galeries du Roi.
PASSAGE TÉLÉ
"Parlez-moi d'amour" à Châteauvallon, en la présence de son créateur Jean Lenoir (août 1970) : http://www.youtube.com/watch?v=-0uyIrqEnOc
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L'ITALIE ET LE DÉPART DE PHIL
OCTOBRE
La toute dernière configuration du groupe
Pour la campagne de presse, certains magazines italiens reprennent des
clichés pour les moins hétéroclites. Ici, Marc Hérouet figure à la place
de Guido Delo et J.M.Destrebecq, le roadie, "remplace" Freddy Nieuland.
Phil, le fidèle roadie du Wallace, annonce à Jean Martin qu'il jette l'éponge. Récemment marié et déjà père d'un petit garçon, il aspire à une vie plus tranquille. Mais de nouvelles dates sont prévues, du 2 au 4 octobre, en Suisse. Puis, en Italie encore, les 5, 6 et 7. Martin parvient à le persuader de les accompagner une dernière fois.
Rimini, Milan, ensuite Rome. Ils jouent au Piper Club, l'une des discothèques les plus immenses de la capitale, située au quatrième sous-sol. Pour accéder à la salle, il faut emprunter les ascenseurs, assaillis en permanence par près de quatre mille noctambules. Pour amener le matériel, il faut emprunter les escaliers. Un véritable cauchemar.
A ses dires, Phil boira beaucoup, dépensera tous ses sous en offrant tournée sur tournée à ses amis du Wallace qu'il s'apprête à quitter. Ce fût la véritable tournée d'adieu pour Sylvain, Raymond, John et moi. On sentait qu'on était arrivé à la fin de l'aventure. Pour Freddy c'était différent. Il ne se rendait compte de rien. Il planait.
Wallace Collection - Venise ( 1970)
Désormais, Jean Martin mise essentiellement sur les marchés français, italien, espagnol et bientôt brésilien.
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Une proposition apparemment intéressante se présente : le cinquième Festival International da Canção Popular. Un festival gigantesque organisé avec le concours de la télévision nationale brésilienne, TV Globo. Martin y voit l'opportunité de faire connaître ses artistes sur le marché sud américain. Comment refuser ?
Seul petit hic, les cachets ne seront pas très importants.
Wallace Collection - Italie (octobre 1970)
Il s'agit avant tout d'une opération de promotion. La tournée durera six semaines et tous les frais seront supportés par les sponsors de TV Globo.
Martin propose à Phil de partir avec le groupe. Ce sera un peu comme des vacances ! Mais ce dernier déclare : l'idée de partir aussi longtemps dans un pays aussi lointain, dans des conditions toujours aussi précaires, m'a fait renoncer. Je n'en pouvais plus des galères, du manque de créativité artistique, de l'ambiance délétère qui régnait au sein du groupe. Et puis, il faut ajouter que cette vie de fou ne me convenait plus du tout.
Davantage disponible, c'est Jean-Marc Destrebecq qui prendra la relève et qui partira à sa place.
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DEMOKRATIA
Mais avant de partir pour le Brésil, il reste au groupe deux séries d'enregistrements à réaliser pour le grand écran.
Avant même que ne soit publié l'album qui comportera la bande sonore du film « La Maison » (que le groupe a enregistrée au début de l'été), le Wallace met en boîte la bande-son d'un autre film français : il s'agit cette fois de « Un beau monstre », de Sergio Gobbi. À la différence de « La Maison », le groupe n'est ici invité à fournir que deux chansons, qui seront My Way Of Loving You et Stay, morceaux qui ne seront commercialisés qu'au printemps de l'année suivante.
Un autre projet cinématographique, très différent du précédent, occupe le groupe en ce début d'automne 1970 : composer et enregistrer la bande-son de « Demokratia », un court-métrage réalisé par Jean Coignon, l'un des pionniers du film d'animation en Belgique.
Composée par Raymond Vincent et de facture entièrement
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instrumentale, ces enregistrements sont le fruit de longues soirées de préparation passées par Raymond chez Jean Coignon. Ce dessin animé, dont la diffusion sera malheureusement confidentielle (sa bande-son ne fera l'objet d'aucune sortie discographique), restera néanmoins pour son auteur l'un des sommets de sa carrière artistique.
Néanmoins, même si la musique est techniquement enregistrée par le Wallace Collection, elle représente également les premières aspirations de Raymond vers ce qui deviendra bientôt une carrière hors-Wallace, tout d'abord avec les disques promotionnels que sont l'album « Metronomics » et le 45 T « Drugpost » en 1971, puis avec le groupe Esperanto à partir de 1973. L'un des thèmes de la bande-son de « Demokratia » sera par ailleurs intégré au premier album d'Esperanto.
Pour visionner Demokratia http://www.youtube.com/watch?v=aBii1jZ6Pvw
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WHO CAN TELL ME MY NAME / HEY BIRD
OCTOBRE
Who Can Tell Me My Name (Valcke/Van Holmen)
A Casa Da Santa Branca (Hey Bird)
(R. Maurity/J. Jorge/J. Minquinioty)
Publié en octobre 1970
Réf. brésilienne: Odéon 71-3276 (mono)
Produit par David Mackay
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En prévision de leur participation au Festival International de la Chanson à Rio, la branche brésilienne d'EMI décide de publier Who Can Tell Me My Name, une composition signée Vanholme-Valcke. Elle figurera plus tard sur l'album "La Maison". Pour l'occasion, elle paraît sous la forme d'un 45 T exclusivement destiné au marché brésilien.
Pour pouvoir participer au festival, le groupe a l'obligation d'adapter un titre édité par un compositeur brésilien. Sylvain choisit alors Ruy Maurity qui, auparavant avait sorti sur son premier album la chanson A Casa Da Santa Branca. Une fois adaptée en anglais par Sylvain, la chanson deviendra Hey Bird et figurera sur la face B du single
Il s'agit là du premier coup de cœur de Sylvain avec la musique brésilienne. Il s'en inspirera plus tard lorsqu'il formera le Two Man Sound avec Lou Deprijck. Son histoire d'amour avec la musique de ce pays deviendra alors effective.
Le 14 octobre, jour de leur départ pour Rio, le groupe fait une apparition sur les écrans de l'ORTF où, dans le cadre de l'émission Bienvenue chez Guy Béart, filmée quelques semaines plus tôt, comme en atteste la présence de Marc, il interprète une somptueuse version live de Bruxelles à laquelle il intègre une improvisation qui sera également utilisée pour la version live de Who Can Tell Me My Name que le groupe présentera au public brésilien. Chez Guy Béart toujours le groupe jamme sur le thème principal du dessin animé "Demokratia".
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BRÉSIL : LA DERNIÈRE TOURNÉE
Festival International da Canção Popular
OCTOBRE-NOVEMBRE
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Les musiciens embarquent donc le 14 à Zaventem sur un vol Lufthansa à destination du Brésil pour participer au Festival International de la Chanson de Rio.
En fait, il s'agit d'un vaste concours qui rassemble tous les groupes et chanteurs populaires ou vedettes du Brésil en vue de représenter leur pays. Cette compétition dure une semaine. Chaque spectacle est diffusé quotidiennement sur les petits écrans du pays.
Pour internationaliser l'événement, des artistes étrangers sont invités à se produire. Parmi ceux-ci : Richie Havens pour les USA, Michèle Torr pour la France, le Wallace Collection pour la Belgique. Sans compter un jury d'enfer constitué notamment de Paul Simon. |
LE GROUPE NE SAIT PAS ENCORE QUE CE SERA SA DERNIÈRE TOURNÉE
Les musiciens viennent de débarquer à Rio. Premiers clichés pour la presse.
Le groupe ne le sait pas encore, mais ce sera sa dernière tournée. Quel que soit l'état d'esprit dans lequel baignent les musiciens, l'expérience vaut la peine d'être vécue. Il y a le voyage, l'exotisme, la découverte d'un continent fabuleux, aux dires de tous ceux qui s'y sont déjà rendus.
Au moment où les musiciens débarquent à Rio, ils ont la surprise de se voir accueillis par une foule délirante de jeunes enthousiastes. C'est que, depuis des semaines, TV Globo diffuse des spots à répétition sur la future compétition et plus particulièrement sur la venue du Wallace Collection.
Une promo signée TV Globo
Le stade
Maracanã dans lequel les festivités se déroulent a une capacité d'accueil de cent mille personnes. Toutefois, les retransmissions télés s'effectuent, elles, à partir d'un espace couvert, servant d'habitude aux compétitions de basket.
Ce Little
Maracanã pourrait bien être comparé à notre Forest-National.
Les musiciens participent donc, jour après jour, à plusieurs émissions télévisées retransmises en direct, au cours desquelles ils présentent divers morceaux de leur répertoire.
Lorsqu'arrive le grand jour de la finale, le Wallace Collection choisit d'interpréter Who Can Tell Me My name de John Valcke, qu'il chantera d'ailleurs lui-même sur scène.
Il peut paraître surprenant que Sylvain et Raymond aient jeté leur dévolu sur ce titre pas vraiment en phase avec leur ligne musicale. Sans doute, se sont-ils amusés à revenir dans le giron d'un rock plus pur, plus dur.
Quoiqu'il en soit, à l'issue du concours, le Wallace décroche une cinquième place.
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John Valcke interprète Who Can Tell Me My Name
Un mot sur le jury. Celui-ci est constitué de toute une série de personnalités du show-business international, parmi lesquelles le chanteur américain Paul Simon. Celui-ci, impressionné par le style novateur du Wallace invite les musiciens à sa table. Et là, il leur adresse une proposition incroyable. Il leur propose de venir vivre aux Etats-Unis durant un an, accompagnés de leurs femmes et enfants, afin de leur assurer une guidance sur le plan artistique et du management.
Lorsque le groupe en fait part à Jean Martin, ce dernier refuse net.
Sur ce sujet, John Valcke n'en démord pas : c'était le coup de catapulte qu'il nous fallait. Je suis absolument persuadé que s'il avait été donné suite à cette proposition sans précédent, c'est nous qui aurions connu la carrière d'Electric Light Orchestra.
A l'automne 1970, ce groupe était précisément en train de se constituer en Angleterre sur les ruines du Move. Et quand on regarde les photos de Jeff Lynne à l'époque, on se rend compte qu'il n'a peut-être pas seulement "emprunté" son idée à Sylvain Vanholme mais aussi son look !
PASSAGE TÉLÉ
"Who Can Tell Me My Name" live au festival de Rio en octobre 1970 :
http://www.youtube.com/watch?v=Pw21wlvDgDk
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OFF FESTIVAL
Le contrat signé entre Martin et TV Globo prévoyait qu'après le Festival, la chaîne fasse travailler les musiciens dans toute une série d'établissements, de clubs et même de fêtes privées.
Jean-Marc Destrebecq : Les fameux galas sensés émaner de TV Globo, c'était un peu du n'importe quoi ! Je me souviens d'un complexe multi-sport à Belo Horizonte qui était loin de posséder le charme d'une salle de spectacle. Il y a eu aussi la tournée de toute une série de boites de strip-tease à Sao Polo qui se voulaient dans la ligne du Moulin Rouge à Paris… à la mode locale.
On s'est ensuite retrouvé à Porto Alegre, qui est la capitale de l'État du Rio Grande, pour quelques galas pour le moins aberrants. Ainsi, après avoir installé le matériel et effectué la balance son, le groupe jouait l'après-midi dans une salle de théâtre. A peine le show terminé, on devait tout démonter pour se retrouver juste en face, à quelques dizaines de mètres, dans un méga dancing pour une seconde prestation du soir. Ca n'était pas marrant du tout ! Ca nous cassait les reins mais aussi le moral.
Si la télé nationale se montre plutôt chiche sur le montant des cachets de ses artistes, en contrepartie, elle les loge dans des hôtels plutôt chics et leur assure une promotion d'enfer. Résultat : les salles où ils se produisent, sont archicombles.
Scandale ! Les musiciens finissent par découvrir que les organisateurs de ces concerts publics n'hésitent pas à demander des droits d'entrée prohibitifs. C'est d'autant plus honteux que le niveau de vie des habitants est extrêmement bas.
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Mais le séjour à Rio sert surtout de prétexte à de chouettes vacances, bien méritées. Séances de bronzage sur les plages au sable doré, invitations à gogo, chaque soir dans plusieurs lieux à la fois ; des groupies partout. Bref la fête, les rires et la bonne humeur en permanence ! A l'issue d'une représentation du spectacle Hair, Jean-Marc raconte qu'avec John et Sylvain, ils se sont retrouvés nus comme des vers avec les acteurs de la troupe.
Invités dans plusieurs ambassades, le Wallace se paye le luxe de ne pas répondre à l'invitation du Président de la République. « Ca ne nous intéressait pas ! » invoque encore aujourd'hui le trio.
Lors de ces visites mondaines, ils se retrouvent en face de Pelé, le footballeur le plus célèbre du monde. Pendant ce temps, Freddy, Raymond et les autres sortent chacun de leur côté. Durant toute la durée de leur séjour, et malgré le dépaysement, les membres du groupe ne se sont jamais vraiment fréquentés ailleurs que sur scène.
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Mais la presse à scandales s'intéresse à certains musiciens du Wallace.
Les paparazzis s'en prennent à Serge Ghazarian, dont la barbe épaisse semble les fasciner. Ainsi, n'hésitent ils pas à le fiancer à une mannequin du nom de Claudia.
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Quant à John Valcke, il est surpris sur la plage en compagnie d'une jeune et superbe comédienne brésilienne. |
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TANDIS QUE LE GROUPE EST À RIO, SORT
SON TROISIÈME ALBUM
NOVEMBRE
« LA MAISON »
LP Bande Originale du film "LA MAISON"
Réf. française: Odéon 2C 062-04582 (stéréo)
Publié en novembre 1970
Produit par David Mackay
Pendant leur périple brésilien, sort « La Maison », le troisième album du groupe. Il a été réalisé sur base d'une commande pour l'illustration musicale du film du même nom avec Michel Simon dans le rôle principal.
Marc Hérouet, qui avait collaboré à la réalisation du LP, quelques mois plus tôt, relève qu'au sein du groupe, les musiciens étaient quasiment tous de vrais cinéphiles.
Je suppose que c'est la présence des cordes dans le band qui a attiré plusieurs réalisateurs, persuadés qu'une bonne musique de film ne pouvait se passer de ces instruments. Avant « La Maison », nous avions participé à une première expérience dans le cadre d'un dessin animé qui s'appelait “Demokratia”. Nos producteurs nous ont par la suite encouragés à poursuivre dans cette voie.
J'ai participé à la conception de l'album qui fut enregistré en partie à Londres. À l'époque, j'avais insisté pour avoir en studio de nouveaux musiciens, des anglais (guitares, drums) avec lesquels nous avons fait un sacré bon boulot.
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Single Man de John Valcke s'est taillé la part du lion, puisque ce morceau a été repris plusieurs fois dans le film. Adagio est l'adaptation d'une d'un compositeur bruxellois du XVIIIème siècle dont j'ai fait l'arrangement. Si je n'apparais pas sur la photo de la pochette avec Michel Simon c'est que malheureusement je venais de quitter le groupe.
Pour la première fois, l'intégralité d'un album du Wallace Collection n'est pas entièrement enregistré aux studios Abbey Road. En effet, si certains titres ( Reflections et Adagio étaient terminés depuis fin 1969) et que d'autres y ont été ajoutés à la fin du printemps 1970, des sessions d'enregistrement ont également eu lieu aux studios Pathé Marconi de Boulogne-Billancourt, dans la proche banlieue parisienne au cours de l'été. Cela n'a finalement rien d'étonnant, lorsque l'on sait que le groupe, en pleine mutation, tente de réorienter sa carrière sur l'hexagone. Il s'agira par ailleurs des derniers enregistrements que le groupe fera avec David Mackay.
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LA MAISON
par Philippe Colinge
Face A
"PARLEZ-MOI D'AMOUR" (Jean Lenoir – Arrgt Mackay)
"WHO CAN TELL ME MY NAME" (John Valcke/Van Holmen)
"REFLECTIONS" (Hérouet/Mackay)
"STOP TEASING ME" (Nieuland/Van Holmen)
"HEY BIRD" (Ruy Maurity/J. Miquinioty – Adapted by S. Van Holmen)
"SINGLE MAN" (John Valcke/Van Holmen/ Mackay)
Le disque s'ouvre avec Parlez-moi d'amour, paru en 45 T deux mois plus tôt, et ce titre est immédiatement suivi de Who Can Tell Me My Name, la chanson que le groupe a présenté au festival de Rio de Janeiro en octobre.
Reflections, le troisième titre, fait partie de ceux qui avaient été présentés à un journaliste du quotidien Het Laatste Nieuws à la toute fin de 1969. Ce titre nostalgique (un vieil homme se penche sur sa vie passée) constitue un véritable moment de grâce pour Freddy, qui chante d'une voix haut perchée comme jamais il ne l'a fait durant toute sa carrière… Le résultat est absolument époustouflant.
Reflections est le trésor caché de cet album, et rarement Freddy aura chanté avec autant d'émotion et de maîtrise.
Stop Teasing Me était la face B de Parlez-moi d'amour, et Hey Bird celle du 45 T brésilien Who Can Tell Me My Name.
La face A se termine sur la première des 3 versions de Single Man que comporte le disque, chanté par John Valcke, ici sous la forme d'une très belle balade.
Affiche du film à sa sortie
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Face B
"GENERIQUE" (Vincent)
"SINGLE MAN" (John Valcke/Van Holmen/ Mackay)
"PHIL" (Vincent/Van Holmen/Hérouet/Mackay)
"TENSION" (Vincent/Ghazarian/Hérouet/Mackay)
"ADAGIO" (Trad. – Arrgt Hérouet/Mackay)
"SINGLE MAN (reprise)" (John Valcke/Van Holmen/Mackay)
"PARLEZ-MOI D'AMOUR" (Jean Lenoir – Arrgt Mackay)
La face B s'ouvre par Générique, un thème instrumental écrit par Raymond qui permet à un nouvel instrument de faire son entrée dans l'œuvre enregistrée du Wallace: le sitar, joué par Terry Britten (non crédité sur la pochette), un ami australien de David Mackay. On peut par ailleurs y entendre une voix de femme, également non créditée.
Suit une apaisante version instrumentale acoustique du Single Man de John Valcke… qui a la particularité de n'être jouée par aucun membre du groupe mais par des musiciens de studio anglais dont l'histoire n'a pas retenu le nom.
Phil, un morceau humoristique dédié au road manager du groupe, est chanté par Sylvain et avec solo de violon tzigane par Serge.
Tension est un petit intermède de musique abstraite qui précède Adagio, un autre moment magique du disque chanté à la perfection par Freddy.
La version originale de cet adagio a été composée par Joseph-Hector Fiocco, un musicien bruxellois de la première moitié du XVIIIe siècle.
Marc Hérouet : J'avais depuis longtemps la partition dans un recueil d'orgue baroque et j'en admirais la mélodie simple et majestueuse. Puisque le style du Wallace puisait volontiers dans la musique savante grâce à Raymond Vincent, j'ai eu l'envie d'adapter cette pièce pour notre band et contribuer ainsi à notre répertoire en l'arrangeant pour nos instruments et en trafiquant un peu les accords.
J'ai donc en un premier temps joué la partition devant les musiciens et, tout de suite, ils ont été conquis, surtout Freddy et David. Celui-ci a mis des paroles sur la mélodie en employant justement le mot Adagio. La partition écrite est en sol (alors que la version originale est d'un demi-ton plus bas selon le diapason de l'époque) et je me demandais si Freddy allait être capable de chanter à cette hauteur. Eh bien oui ! Comme d'habitude, il désira que le ton soit inchangé et s'appropria talentueusement cette mélodie vieille de plus de 2 siècles...
Single Man revient pour la troisième et dernière fois, dans une version vocale (mais sans paroles), interprétée à des rythmes différents. Enfin, c'est une reprise instrumentale de Parlez-moi d'amour qui clôture l'album sur une note teinté de mélancolie, joué au violon, à la guitare acoustique et au clavier.
En tant qu'album, « La Maison », est un disque assez inégal, une sorte de fourre-tout musical, ce qui n'est pas totalement étonnant lorsque l'on sait qu'il s'agit là d'une commande dans lequel le groupe a placé ses récentes compositions.
Cet album reste marquant malgré tout car c'est la dernière fois avant très longtemps que les membres "historiques" du Wallace Collection (Sylvain, Raymond, Marc et Freddy) collaboreront à une
œuvre qui naîtra sous leur nom.
PASSAGES TÉLÉS
La version originale de "Adagio", jouée au clavecin : http://www.youtube.com/watch?v=a0LuT-ECRlI
"Phil", mimé au printemps 1971 par une formation du Wallace différente dont Freddy sera l'unique membre original subsistant :
http://www.youtube.com/watch?v=XwAS8E8rR08
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RETOUR AU BERCAIL
UN WALLACE PAS CONTENT
DÉCEMBRE
Rio, le 30 novembre, les musiciens bouclent leurs valises. C'est l'heure du grand retour. Seuls Guido Delo et John Valcke ne seront pas du voyage. Pour des raisons différentes. Guido a été désigné par les autres membres du groupe pour rapatrier les sommes issues des différents cachets de la tournée. Payé en monnaie du pays, il doit encore passer par une filière (non légale) de change afin de transformer les cruzeiros en « bons » dollars américains. Soit une perte de 30 %.
Pour John, les jeux sont faits. Depuis qu'il estime que Martin lui a ôté toute perspective de connaître un jour les joies d'une carrière internationale, il se sent gagné par le découragement. Ce qui l'achève définitivement c'est de savoir que le prochain gala aura lieu dans la localité flamande de Erps-Kwerps. C'en est trop! En réalité, John se trompe; car le prochain gala devait se dérouler sur la scène de l'Ancienne Belgique et non pas en Flandres. John décide donc de prolonger son séjour de quelques jours.
D'autre part, dès le retour sur Bruxelles, Jean-Marc Destrebecq annonce qu'il reprend à nouveau ses anciennes activités. Il quitte ainsi ses fonctions de roadie et d'ingénieur du son.
Jean Martin reprend contact avec Phil qui accepte d'aller réceptionner le matériel à l'aéroport de Zaventem.
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LA DERNIÈRE INTERVIEW
Dans le N° 2343 de Télé-Moustique, Piero Kenroll relate l'entretien qu'il a eu avec Sylvain Vanholme, juste après son retour de Rio.
Il publie alors un article sous le titre Un Wallace pas content. En voici le contenu :
LE POINT DE VUE DE SYLVAIN VANHOLME
« C'est un Sylvain Vanholme tout bronzé qui a fait son entrée dans les bureaux de la rédaction l'autre jour. Tout bronzé, mais pas très heureux et apparemment assez fatigué : cette tournée du Wallace en Amérique du Sud n'aurait-elle pas été tout ce que le groupe en attendait ?
D'après Sylvain, il y a eu des jours heureux et des jours sombres et cela continue à présent. Le temps n'est plus aux cachotteries, ça ne tourne plus rond dans le Wallace.
Sylvain Vanholme : Notre moral connait des hauts et des bas, nous n'avons plus de temps pour envisager ce que nous faisons. Nous passons notre vie dans une camionnette tellement nos engagements sont nombreux, et ce n'est même pas rentable. Les gens s'imaginent que nous sommes très riches, mais c'est loin d'être vrai. […]
Le Wallace ne se rendait pas uniquement au Brésil pour gagner des sommes rondelettes. Il espérait pouvoir contacter sur place des promoteurs américains et être ainsi introduits aux Etats-Unis. D'après Sylvain, ces espoirs furent déçus. Il en impute la responsabilité à son manager Jean Martin.
Sylvain Vanholme : On ne peut pas dire que l'entente soit parfaite entre Martin et moi. Mais enfin, toutes les décisions sont toujours prises à la majorité des voix dans le groupe. Comme Freddy se laisse facilement convaincre et que les nouveaux sont tous dévoués à Martin, Raymond et moi, qui ne sommes pas souvent d'accord, sommes forcés de nous résigner.
Mais à Rio, il s'en est fallu de peu que nous nous séparions de Jean Martin. Il m'a donné l'impression de se préoccuper surtout de son autre groupe, Waterloo. Ce différend est réglé à présent. […]
D'après Sylvain, le producteur Mackay s'acharne depuis des mois à essayer de sortir un nouveau Daydream. […]
Refaire Daydream a causé pas mal de tort au Wallace en particulier en Belgique où le Kleptomania semble l'avoir dépassé en popularité. |
Jean Martin a beau déclarer : Je me fiche pas mal de ce que les participants au Pop Poll de Télé Moustique n'aient pas classé le groupe premier, du moment qu'ils vendent au moins vingt-cinq mille disques à la sortie de chaque simple, en Belgique. […]
Le passage du groupe à l'Ancienne Belgique pourrait il redresser la situation ?
Sylvain : Je ne le pense pas. On annonce du neuf, mais à vrai dire, nous n'avons que quelques morceaux entièrement nouveaux. Dont celui que nous avons joué pour le festival de Rio. Nous ne méritons pas de passer en vedette, alors que n'avons rien qui marche en Belgique, pour le moment. Pour Martin, c'est l'occasion de présenter le reste de son écurie, qui passe en première partie du programme.
LE POINT DE VUE DE JEAN MARTIN
La seconde partie de l'article donne la parole à Jean Martin et le confronte aux déclarations de Sylvain. D'emblée, Martin demande que soit précisée sa responsabilité vis-à-vis du groupe. A savoir qu'il ne s'occupe que des engagements et que la partie disque est entièrement entre les mains de David Mackay, habilité à prendre toutes les initiatives. À partir du 1er janvier, Jean déclare qu'il va enfin pouvoir assumer la direction de TOUT ce qui regarde le groupe.
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Jean Martin : Et si l'on a pu critiquer ce qu'a produit le Wallace, ces derniers temps, je voudrais qu'on me laisse simplement six mois pour me permettre de faire exactement ce que je veux. On en rediscutera après. En ce qui concerne nos mésententes, qui se sont arrangées pour le moment, il faut aussi remarquer que les membres du groupe ne sont pas des enfants de chœurs et parfois les disputes entre eux vont plutôt loin. |
Il arrive qu'ils s'engueulent pendant six semaines et puis qu'ils travaillent sérieusement pendant trois jours.
Durant ces trois jours, ils peuvent produire des choses vraiment géniales parce qu'ils sont tous bourrés de talent.
Quant à la question d'engagements aux Etats-Unis, j'ai eu à Rio des contacts avec Mister Mort, qui est le manager du Blood, Sweat and Tears et de Simon and Garfunkel (*).
Il va intervenir auprès de Capitol, qui est notre firme de disques pour les USA.
Mais si Sylvain s'imagine qu'au Brésil, on allait venir le chercher en hélicoptère pour le conduire triomphalement jusqu'à New-York, il se fait sur ce métier, des illusions dont j'ai depuis longtemps dépassé le stade.
(*) Voilà la réponse à John Valcke. Martin n'a pas rejeté l'offre de Paul Simon. Pourtant il n'y aura jamais aucune suite.
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L'ANCIENNE BELGIQUE
ARRIVÉEE DE NICK ROLAND
Le Wallace Collection est attendu à l'Ancienne Belgique du 15 au 20 décembre. En avant-première du spectacle, Jean Martin a placé Waterloo, nouveau son groupe fétiche (ce qui fâche le Wallace) et avec lequel il espère (pas pour longtemps) repartir vers de nouveaux horizons prometteurs.
Mais le gros problème du jour c'est que John Valcke n'a toujours donné aucune nouvelle et qu'il est donc probablement encore au Brésil. Il faut le remplacer d'urgence. Jean Martin va alors penser à un excellent guitariste de studio, Roland Ceuninck (alias Nick Roland). Il le contacte pratiquement la veille du concert.
Nick Roland
Nick Roland : A l'époque je tournais avec le chanteur Robert Cogoi. Jean Martin m'a demandé si je jouais de la basse ? Comme j'étais guitariste, j'ai répondu oui. Avais-je une basse ? Non !
Une fois le deal en mains, j'ai couru m'acheter l'instrument avec l'ampli qui va avec. On m'a fourgué un disque du Wallace et quelques partitions. J'ai eu droit à une ou deux répétions quelque part chaussée de Ninove et encore même pas avec le groupe au complet.
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Jusqu'à la dernière minute, on m'a laissé sous entendre que si John revenait in extremis avant le concert, il jouerait… à ma place. Alors que j'avais renoncé à un gala bien payé avec Robert Cogoi.
C'est là que Freddy est intervenu. Il s'est interposé pour qu'on ne me fasse pas ce coup-là ! Voilà pour mon « entrée en scène » dans le Wallace. Je remercierai toujours Freddy pour avoir aussi courageusement pris ma défense. Depuis, nous sommes devenus des amis. Je suis toujours resté en contact avec lui jusqu'à sa mort.
Je n'oublierai jamais la date du 15 décembre car, ce jour-là, durant le concert, est né mon fils. Par gratitude, pour service rendu en situation d'urgence, les musiciens ont décidé de me garder dans le groupe.
… UNE ÉPOQUE RÉVOLUE ?
Dans l'hebdo Télé-Moustique (N° 2344 ), de la semaine suivante, un nouvel article parait sous l'énoncé Le Wallace à l'ancienne ce qui en dit long sur ce que le chroniqueur pense de la salle.
L'Ancienne Belgique est décidément un endroit très triste. Quand on y entre, il y a un je ne sais quoi dans l'atmosphère qui gâche à l'avance une partie de votre soirée. Et puis ces tables où l'on sert des boissons, ça ne fait quand même pas sérieux pour une salle de spectacle. On comprend alors facilement que le public qui s'y rend soit assez disparate.Il appartient à une époque révolue qui n'a rien à voir avec la pop music.
Les Wallace et le Waterloo sont allés perdre leur temps à l'Ancienne ; le meilleur groupe y serait mal reçu.
Comme annoncé par Sylvain Vanholme, lui-même, le Wallace Collection n'apporta rien de neuf. Chaque musicien a eu droit à son petit solo, démontrant ainsi qu'il est un virtuose de son instrument. Mais ça on le savait déjà. |
LE WALLACE SANS JOHN.
Article paru dans Télé Moustique (janvier 1971)
LE REPLI STRATÉGIQUE DES LEADERS
Sylvain et Raymond ont trop de talent et de qualités que pour se laisser surprendre par ce qu'ils pressentent chacun : l'inéluctable déclin du Wallace Collection. Même si personne n'évoque le sujet le groupe est bel et bien à l'agonie.
Afin de lui éviter une lente et inutile descente aux enfers, les deux musiciens envisagent sérieusement de quitter le navire. Mais aucune date n'est pourtant fixée et tout continue comme si de rien n'était.
Grâce à Daydream et à leurs divers albums, Sylvain et Raymond se sont forgés une solide réputation de producteur et/ou de compositeur. Désormais, ils peuvent espérer voler chacun de leurs propres ailes et se passer du Wallace.
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Il y a Freddy et Jean Martin qui, eux ont tout intérêt à garder vivant le nom du Wallace Collection pour poursuivre galas, concerts ou tournées.
Sans oublier la possible sortie de nouveaux morceaux. Sans en parler à personne, Sylvain va préparer sa reconversion. Tout d'abord, il va sonder Freddy pour voir si ce dernier serait prêt à reprendre les rênes du groupe.
Ensuite, il va proposer à Martin de poursuivre sa collaboration avec lui en continuant à l'alimenter en nouvelles compositions. |
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Ensuite, il reprend contact avec « Pop » alias Lou Deprijck, un vieux copain. Personnage fantasque et truculent de la pop belge, véritable expert sur la manière de jouer sur son look, Lou donne l'illusion de ne rien prendre au sérieux. Mais ce n'est qu'une apparence. Car dans le business, il a un redoutable sens des affaires et dans le travail, il ne laisse rien passer.
Sylvain, après les deux années qu'il vient de vivre dans le rigide Wallace a besoin de rire, de s'amuser, de déconner et de créer dans la bonne humeur. Avec Lou il sait qu'il va être servi. Désormais, les jours du Wallace sont comptés.
De son côté, Raymond Vincent est prêt à se lancer dans une nouvelle aventure d'envergure, celle d'un album solo, qui sera le premier jalon de ce qui débouchera ensuite sur la formidable aventure du groupe Esperanto.
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LE WALLACE À SAN REMO
IL SORRISO, IL PARADISO (S. Menegale/G. D'Errico/S. Menegale)
JUST A LITTLE MATTER (Scott Bradford)
Arrangé par Vince Tempera (face A uniquement)
Publié en février 1971
Réf. italienne: Parlophone 3C 006–04748 (stéréo)
Début 1971, le groupe signe avec la branche française du groupe EMI, Pathé Marconi. Dorénavant, c'est depuis Paris que sera pilotée la carrière du groupe. La discographie du Wallace Collection sera à présent essentiellement française.
C'est néanmoins l'Italie qui aura la primeur de voir sortir chez elle leur premier single publié en vertu de ce nouveau contrat. Il est toutefois surprenant de constater que si, en apparence du moins.
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Sylvain Vanholme et Raymond Vincent font toujours partie du groupe, les signataires de ce nouveau contrat conclu le 1er février 1971 sont Freddy Nieuland, Freddy Deronde, Jan Jakub Szczepanski (alias Kuba), Roland Ceuninck (alias Nick Roland), Serge Ghazarian et Scott Bradford.
Après son succès à Rio, le groupe est à présent convié à un autre festival prestigieux, celui de San Remo, en Italie.
Comme il s'agit plus d'un concours de compositeurs plutôt qu'un concours d'interprètes, c'est la chanson d'un compositeur italien, Sergio Menegale, qui sera interprétée par le groupe, Freddy étant au chant. Il Sorriso, Il Paradiso se classera en 14ème position; ce qui permettra au groupe de connaître un nouveau tube transalpin.
Le titre repris sur la face B "Just A Little Matter", est dû à Scott Bradford, ancien organiste de Jess and James, qui ne restera que quelques semaines dans le Wallace Collection.
Il existe un clip tourné par la RTB au printemps 1971. On y repère de nouvelles têtes : Jan 'Kuba' Szczepanski (violon), Freddy Deronde (basse) et Nick Roland (guitare). http://www.youtube.com/watch?v=v54cbCqRGaw
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UNE NOUVELLE MUSIQUE DE FILM :
"UN BEAU MONSTRE"
My Way Of Loving You ( G. Garvarentz/S. Van Holmen)
Stay (G. Garvarentz/Ch. Aznavour – adapt. Bill Solly)
Réf. française: Pathé 2C 006–11431 M (mono)
Publié en mars 1971 (France)
Continuant sur la lancée des musiques de film, c'est celle d'Un beau monstre, le nouveau film de Sergio Gobbi mettant en scène Charles Aznavour, Virna Lisi et Helmut Berger que va enregistrer le groupe. Cette fois, sa participation se limitera aux deux chansons qui figurent sur ce 45 T.
Stay fera un carton en France, où la chanson sera le 2 ème tube le plus populaire du groupe après Daydream. Stay est basée sur une musique de Georges Garvarentz, le beau-frère et le compositeur attitré de Charles Aznavour, les paroles en anglais étant de Sylvain, et ce slow romantique chanté par Freddy sera un succès amplement mérité non seulement en France mais aussi en Italie et au Japon.
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My Way Of Loving You face B (que la pochette présente en fait comme étant la face A du disque), est une originale combinaison de raga-classico-rock taillée sur mesure pour les discothèques.
Ce sera, avant la brève réunion de 1991, la dernière chanson du Wallace Collection sur laquelle on pourra entendre la voix de Sylvain en lead (on l'entendra encore, plus discrètement, sur Baby Love ).
Il s'agit là par ailleurs des derniers enregistrements réalisés avec le bassiste John Valcke, en octobre 1970, juste avant le départ du Wallace Collection pour le Brésil, d'où John choisira de ne pas revenir, ce qui mettra de fait fin à sa carrière au sein du groupe.
PASSAGES TÉLÉS
Tournage clip RTB au printemps 1971, pour Stay http://www.youtube.com/watch?v=lhVPkDAriTI
Clip pour My Way Of Loving You http://www.youtube.com/watch?v=c8Dbu_ABPGA
Comme pour Phil, c'est Scott Bradford qui mime sur la partie vocale chantée par Sylvain. |
ÉPILOGUE
Sylvain et Raymond ont suffisamment de métier et de bon sens que pour se rendre compte chacun de l'inéluctable déclin du Wallace Collection. En effet, en ce début janvier 1971, le groupe n'est plus que l'ombre de lui-même. Même si personne ne se risque à évoquer ouvertement le sujet.
Afin de lui éviter une lente et inutile descente aux enfers, les deux musiciens envisagent sérieusement de quitter le navire … sans pour autant le saborder.
Car il y a Freddy et Jean Martin qui, eux ont tout intérêt à garder vivant le nom du Wallace Collection, pour poursuivre galas, concerts et tournées. Sans oublier la possible création de nouveaux morceaux et la sortie de nouveaux disques.
Même si chacun songe à sa reconversion, aucune date n'est pourtant fixée pour se retirer et tout continue comme si de rien n'était.
Quant à Freddy il ne se rend pas compte de la situation. Pour lui, il n'y a aucun problème ; le Wallace a suffisamment le vent en poupe que pour subsister de longues années encore. Il n'imagine pas que Sylvain et Raymond puissent s'en aller.
Sylvain va alors sérieusement envisager de laisser à Freddy le soin de reprendre les rênes du groupe. Dans son for intérieur, il n'exclut pas de poursuivre sa collaboration en intervenant ponctuellement dans les futures productions et compositions de certains titres du Wallace.
A ma question : - Freddy a-t-il souffert du départ de Sylvain et de Raymond, Claudette, l'ex-épouse de Freddy, répond sans ambigüité : non !
J'insiste : - à aucun moment Freddy n'a paniqué à l'idée de rester le dernier des membres historiques ?
Même réponse.
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Alors ? Inconscience délibérée ? Ou saisie de l'opportunité d'enfin être le seul maître à bord d'un groupe qui a connu la célébrité grâce à Daydream et à sa voix ? C'est très probable, car l'ego de Freddy était à la mesure de sa naïveté et de sa gentillesse.
Lors de mon dernier entretien avec Sylvain, je lui ai demandé s'il se rappelait le jour où il avait décroché de manière définitive du Wallace ?
Il a alors méticuleusement gratté les poils de sa barbe ; j'ai vu son regard se perdre dans le labyrinthe de ses souvenirs pour me dire enfin : c'était lors d'un concert quelque part dans un bled en Belgique dans le courant de février. Mais lequel et où ?
Ce jour-là, je me suis demandé ce que je fichais sur cette scène. La cohésion du groupe s'était réduite au niveau le plus bas jamais connu. La balance était épouvantable. Les musiciens qui remplaçaient John et Marc faisaient ce qu'ils pouvaient.
Mais lorsque l'un d'entre eux, visiblement fort arrangé, je ne dirai pas son nom, s'est mis à perdre la boule en accélérant le tempo et à piquer du nez au point que j'ai cru qu'il allait valser face contre terre, Raymond m'a regardé, incrédule.
Nous étions consternés. Je l'ai regardé à mon tour, hilare. On n'a pas éclaté de rire mais c'était tout comme.
En descendant du podium, j'ai rangé ma guitare dans son étui. Raymond a fait de même avec son violon. J'ai lancé un « au revoir » à la cantonade. C'était fini, j'étais libre.
C'est ainsi que l'aventure avec Two Man Sound a pu vraiment démarrer.
Et que Freddy Nieuland a poursuivi sa carrière dans le Wallace, seul avec Serge Gazarian, rejoints bientôt par une flopée de nouveaux venus.
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A: "YOU'RE GONE" (Ghazarian/Vanholmen/Penny Els)
B: "HITTING THE ROAD" (Nieuland/Penny Els)
réf. française: Pathé 2C 006–92639 M (mono)
publié en juillet 1971 (France)
Après le succès de Stay, un nouveau 45t est enregistré spécifiquement pour le marché français. Sylvain Vanholme en est le producteur pour le compte de la société Espera de Jean Martin.
You're Gone ressemble à une nouvelle – et inutile – tentative de refaire Daydream, avec les inévitables "la-la-la's" du long chorus final. Mais You're Gone, malgré ses qualités, n'a ni la prestance ni le caractère instantanément mémorable du hit de 1969. Il faut dire que depuis deux ans la roue a tourné et les sonorités qui marchent ont énormément évolué. Flop total.
La face B Hitting The Road" est une ballade aérienne agrémentée d'un joli riff de flûte vaut nettement mieux que la face A..
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JUIN 1970- MARS 1971
Format pdf
Recherche et commentaires de Philippe Colinge
CLIQUEZ SUR LES POCHETTES
Biographie officielle rédigée par Jean Jième, à partir d'interviews
des membres du Wallace Collection.
Avec la collaboration de Philippe Colinge pour ses
recherches, corrections et commentaires.
Sur Facebook : A collection of Wallace Collection
https://www.facebook.com/groups/524779044262107
Remerciements tout particuliers à Marc Hérouet pour sa précieuse collaboration
et pour la mise à disposition de ses carnets de notes.
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Remerciements à Sylvain Vanholme, Christian Janssens, Jacques Namotte, John Valcke,
David Mackay, Jean Martin, Jean-Marc Destrebecq, Daniel Lempereur dit Phil, Claudette André.
et à
Eve Goffoy
Textes et photos sous copyright de leurs auteurs. Reproduction interdite sans autorisation
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LA TÉLÉ HOLLANDAISE FILME LE WALLACE COLLECTION
DANS LE CADRE DE POP 2000 / À L'ARCHIDUC / 24/11/2009.
Reportage de Jean Jième
Le 17 novembre 2009, Sylvain Vanholme me fait savoir qu'à l'occasion des quarante ans de Daydream, la télévision nationale hollandaise débarquera bientôt à Bruxelles pour réaliser un reportage sur les Wallace Collection. Il s'agit de l'émission de variétés TOP 2000, l'une des plus regardée du pays.
Son but : diffuser durant une semaine deux cent titres sélectionnés parmi tous les hit-parades du monde. Le public vote pour les titres qu'il préfère. Pour l'occasion, seront présents Marc Hérouet, Christian Janssen, Sylvain et… Jacques Namotte, le violoncelliste du groupe, qu'on n'avait plus jamais eu l'occasion de revoir à leurs côtés.
Sylvain m'invite à me joindre à eux afin de prendre quelques clichés et ainsi effectuer un reportage sur le tournage de l'équipe hollandaise. Le rendez-vous est fixé au mardi 24 dans la Taverne L'Archiduc, 6 rue Antoine Dansaert, en face de la Bourse.
Sur place, je retrouve donc les quatre rescapés du Wallace, Jean Martin, leur ancien manager, et Momo Rusi, le demi-frère de Freddy, présent à toutes les occasions, pour le représenter. Seul Raymond Vincent brille par son absence.
Depuis longtemps, un malheureux conflit l'a déterminé à ne plus leur adresser la parole. Mais il y a également un invité de marque : Mr David MacKay, leur ancien producteur ; celui qui les a, grâce à Martin, auditionnés aux Gémeaux en décembre 68 et amenés à Londres un mois plus tard.
C'est dans une ambiance chaleureuse et bon enfant que les musiciens sont appelés à réagir devant une vidéo datant du début de leur carrière et enregistrée sur un plateau de télé. Ils rient de bon cœur devant les costumes de l'époque, leur look, leur dégaine. Jacques Namotte, lui, reste égal à lui-même, effacé et pensif.
À ma question : Pourquoi as-tu enfin accepté de te joindre aux autres membres du groupe, et de venir aujourd'hui ? Il répond : « Tu sais, l'expérience avec les Wallace Collection a été pour moi un événement extraordinaire dans ma vie ».
Que gardes-tu comme souvenirs de ton année et demie passée avec eux ?
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Jacques Namotte : Beaucoup de fatigue. Une vie de fou. Je n'étais pas préparé à ça. Lorsque je montais sur scène, la lumière des projecteurs était parfois tellement aveuglante, que je ne voyais même pas le public. Ca me donnait de terribles maux de tête.
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Et lorsque je lui demande ce qu'il pense de sa carrière de musicienclassique en général, sonregard s'éclaire. Il devient plus volubile, et cite volontiers les divers endroits où il a participé récemment à quelques concerts. Pour Jacques, le Wallace aura certes été une parenthèse dans sa carrière professionnelle, mais on sent bien aussi qu'il en a été marqué.
Chacun à leur tour, les vedettes de l'émission passent individuellement devant la caméra et répondent à diverses questions posées en français pour Christian et Jacques, en neerlandais pour Sylvain et Martin, en anglais pour les autres.
Christian Janssen, Sylvain Vanholme, Marc Hérouet visionnent
une cassette video d'un de leur concert datant de 1970.
C'est Momo, le demi-frère de Freddy, qui a fixé le lieu de rendez-vous au réalisateur-producteur hollandais. Il a choisi la taverne L'Archiduc parce qu'au rez-de-chaussée trône un superbe piano.
Certes, il n'a pas été prévu que les musiciens interprètent quel que morceau que ce soit ; ils n'ont d'ailleurs pas pris leurs instruments avec eux. Toutefois, il va leur falloir revenir encore pour la millième fois à l'incontournable Daydream, sujet phare de l'émission.
Chanter Daydream, sans Freddy, c'est impossible et d'ailleurs personne n'y pense. Alors Marc Hérouet, à l'invitation du réalisateur de l'émission, s'assied derrière le piano et plaque sur le clavier les célébrissimes accords qui les ont rendus célèbres.
C'est ainsi que tous en chœur, Christian, Sylvain, Jacques, Marc, Jean Martin, MacKay, Momo, moi, le patron et sa barmaid, Philippe, un fan acharné et les techniciens entonnent la lancinante mélodie : la la lala la lala laaaaaaa, la, la lala, la laaaaa………..
Les prises de vue se succèdent dans les rires et la bonne humeur entrecoupées de gags initiés par Marc qui entremêle subtilement les premiers accords de Hey Jude à ceux de Daydream. A ses côtés, Christian Janssen l'accompagne à la basse acoustique.
Marc profite de la présence du piano pour jouer quelques autres morceaux du répertoire du groupe tesl que Ragtime Lily, qui était son morceau de bravoure sur l'album Laughing Cavalier, Walk On Out, la face B de Serenade qui était sa première composition en solo et le moins connu Reflections, de la b.o. de La Maison. A la demande de Mackay, il a aussi essayé de jouer Dear Beloved Secretary mais ne s'est plus souvenu des accords !
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Après le lunch, David MacKay répond aimablement à plusieurs questions que j'ai toujours eu envie de lui poser. Ses propos me serviront à étoffer la bio du Wallace que j'ai prochainement l'intention de traiter.
Au moment du départ, rendez-vous est pris avec Christian et Marc pour que je puisse récolter leurs témoignages et souvenirs en vue d'écrire la future bio du groupe. Salut Sylvain. Merci de m'avoir invité. Ca m'a vachement boosté de vous revoir tous. |
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2012
Sylvain Vanholme devant le Wallace Collection Museum - 2012
Devant les anciens locaux d'EMI - aujourd'hui rénovés - 2012
https://www.youtube.com/watch?v=Nc5UNiDpf0c&ab_channel=PhiPhi
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