ROCK BELGE / ALBUM SOUVENIRS
N E S S I E
1976-1979
NESSIE : DEUX ANS DANS UNE CAVE ET PUIS ...
(article de P.K. - Télémoustique N° 2752)
VERVIERS doit avoir quelque chose qui pousse les gens au rock. Les mauvaises langues disent que c'est la bière, mais peut- être est-ce simplement un certain esprit frondeur teinté d'humour qui fait que les Verviétois aiment ce qui chatouille l'ordre établi.
Les TENDERFOOT KIDS furent un des premiers groupes belges à se faire remarquer sur le plan national, ils étaient de Verviers. Il y eut LAURELIE, d'où sortit PETER RAPSAT, qui fit du très bon rock avant de devenir Pierre Rapsat. Il est de Verviers.
Et maintenant, il y a ce groupe étonnant, dont l'exemple pourrait servir à pas mal de formations de chez nous : NESSIE. Celui qui a tout fait tout seul, ou presque.
Non seulement Nessie compose ses propres morceaux et les interprète, mais il a enregistré son premier album à ses frais et s'est occupé lui-même de la distribution. Et c'est un succès! Déjà plus de mille exemplaires vendus. Un chiffre qui n'a l'air de rien, mais qui dépasse les ventes habituelles en Belgique de noms plus connus, comme Marshall Tucker Band, Suicide, Gong, Radio Stars, Link Wray, Earthquake, Taper Zukie, Buzzcocks, Be Bop De Luxe, 999, Sham 69, Russ Ballard, Pirates, Jean-Luc Ponty, Dictators, Rick Derringer et Frankie Valli, par exemple, qui, eux, bénéficient de l'appui des grosses firmes de disques.
Au niveau régional, une excellente opération : « Il nous fallait vendre entre 250 et 300 disques pour amortir nos frais », expliquent les membres de Nessie.
Maintenant, ils font du bénéfice. Ce n'est pas la fortune : tout au plus, le groupe peut-il espérer toucher quelque 40 francs par disque, mais c'est très encourageant. |
Joseph Pons
Daniel Sarlat
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Jean-Marie Blanche
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C'est d'ailleurs le courage du groupe qui est à la base de tout cela, Ils ont tous dépassé la trentaine, les gars de Nessie. Ce sont des musiciens chevronnés qui comme beaucoup dans notre pays ont fait « du bal » pendant plusieurs lustres.
Puis, il y a deux ans, fatigués de chanter les autres, ils ont décidé d'être plus créatifs et se sont enfermés dans une cave... pour travailler, répéter. « Travailler aussi longtemps sans contact avec le public n'est possible que lorsque, comme chez nous, il y a un véritable esprit de groupe, précisent-ils. Nous nous entendons très bien et nous ne sommes pas le genre à viser le fric avant tout. » |
Pourtant de l'argent, il en faut pour réaliser un disque à ses propres frais. Combien exactement ? « Cela nous est revenu à quelque chose comme 100.000 francs, le pressage des 250 premiers exemplaires compris. » Donc pas tellement plus cher que certains instruments, ou une bonne sono. Il est vrai que, dans ce cas, il est possible d'avoir un crédit.
Nous avons tout simplement emprunté l'argent nécessaire auprès d'une société de prêts. Le fait que nous ayons tous un boulot régulier en dehors de la musique nous a servi de garantie.
Oh ! nous avons eu nos difficultés. Nous n'étions pas du tout habitués à travailler en studio et nous devons beaucoup au magnifique travail de notre producteur Michel Dickenscheid sans lequel le disque ne serait pas là. En effet, au début, nous voulions simplement enregistrer une bande de démonstration, un « demo », pour la proposer à des firmes de disques.
Henri Leruth
Photos : P. Coerten
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Nous avons fait dans ce sens quelques essais infructueux, et Dickenscheid nous a persuadés que c'était assez bon pour sortir tel quel. Nous avons alors cherché quelqu'un qui ait des points communs avec nous pour réaliser la pochette, et nous sommes tombés sur un jeune gars de dix-sept ans qui nous a fait quelques projets, dont nous avons retenu le meilleur.
Le fait d'avoir une belle pochette est assez onéreux, ça va chercher dans les 20.000 balles pour le cliché. Mais les résultats sont là. Nous avons d'ailleurs été les premiers surpris par le succès. Nous ne nous faisions pas trop d'illusions, nous savions que nous étions limités, on ne se monte pas le cou. »
Serait-ce donc là une solution aux problèmes des groupes de chez nous ? « Nous voudrions, bien sûr, aller plus loin, mais ce que nous aimerions surtout, c'est que notre expérience donne envie à d'autres musi ciens d'essayer la même chose. C'est fou le nombre de groupes valables qu'il y a dans notre région, de bons musiciens. Mais ils n'OSENT pas. »
A propos de région, quel est, diable, le rapport entre le nom de Nessie, surnom du monstre du loch Ness, et Verviers ? « Cela provient tout simplement de ce que nous croyons qu'une musique doit être authentique, correspondre aux goûts et aux aspirations de ceux qui la pratiquent. Un vrai punk, par exemple, est un type qui est dans la merde et qui le crie au monde, pas quelqu'un qui suit une mode.
Nous, nous sommes passionnés d'une certaine littérature répandue en Ecosse, en Irlande et en Angleterre, qui traite de sujets entre la réalité et la légende. C'est quelque chose qui correspond à nos tempéraments et à notre musique, et le nom Nessie, c'est un peu ça le côté fabuleux, légendaire, tout en gardant une base dans la réalité. Notre façon à nous d'être authentiques. »
P. K. |
THE TREE
1977
1. Gold digger ghost
2. Tree
3. Love dreamer
4. The weapon
5. Vivid memories
6. The world of the tree
7. Rumble of drums
Durée : 29:08
- JM James Blanche / drums, vocals
- Bill Pons / bass, vocals
- Henri Leruth / piano, mellotron, keyboards, vocals
1979
HEAD IN THE SAND
1. Too much money
2. Looking in your eyes
3. A song of war
4. Lightning stars
5. Spanish singer
6. Unreal Boy
7. It's a new day dawning
8. Head in the sand
Durée : 39:45
- JM James Blanche / drums, vocals
- Bill Pons / bass, vocals
- Henri Leruth / piano, mellotron, keyboards, vocals
- Daniel Sarlet / synthesizers, guitars, vocals
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