R O C K B E L G E / A L B U M S O U V E N I R S
THE BLUE NOTES ( 1966 - 1967 )
Biographie officielle racontée par François Van Eeckhaute
Bruno Libert, Christian Janssen, Freddy Kielbaey, alias Duckx, et François Van Eeckhaute.
UN QUATUOR BIEN SOUDÉ
Après la dissolution des King Bees, je cherche à monter un nouveau groupe. Je fais très vite la connaissance d'un jeune bassiste de dix-sept ans comme moi. Il s'appelle Christian Janssen et il a déjà joué avec l'orchestre Les Memphis. Je lui parle de Freddy Kielbaey, plus familièrement appelé Duckx. Il joue de la guitare et a des notions de piano. Notre but : nous différencier des autres groupes de rock en faisant aussi du jazz.
Après quelques répétitions en trio dans une mini-cave plus ou moins insonorisée d'Anderlecht, Christian nous présente Bruno Libert. Il devient notre organiste.
Entente parfaite entre les quatre partenaires qui s'amusent à mélanger les styles. Duckx s'éclate avec le jazz-boogie, Bruno avec Jimmy Smith et Ray Charles. Christian étire les cordes de sa basse à l'extrême ; tout cela donne une dynamique d'enfer. Le répertoire est des plus éclectiques : Spencer Davis Group, Lovin Spoonfull, Small Faces, Trogs et même de la Country.
A tour de rôle Christian et Bruno poussent de la voix. Il arrive même que Christian chante les derniers succès de Jacques Dutronc, très tendance à l'époque.
Un dimanche après-midi, nous nous jettons à l'eau avec enthousiasme en donnant une prestation à l'athénée de Koekelbergh. Nous profitons ensuite de la soirée du réveillon de la Saint-Sylvestre pour apparaître devant le public de La Louvière.
QUE DE BONS SOUVENIRS ...
Christian, Bruno, Freddy et François au Blue Notes
Nous reprenons contact avec Al Goyens, à la fois trompettiste et gérant du club de jazz The Blue Notes, dans la Galerie des Princes. Il nous propose de venir jouer dans son Club. C'est dans son établissement qu'on a réalisé notre premier reportage photos.
Il nous convie à participer à un festival de jazz quelque part en Flandres. Nous n'étions pas à l'aise de passer au même programme que ces grands pros de la trompette et du sax. Il y avait également le grand orchestre de Francis Bay. Finalement, tout s'est bien passé car on a pu apporter des sons et un répertoire totalement différents (piano électrique, guitare et basse électrique)
par rapport aux autres formations. Grâce à notre originalité, les Blue Notes ont été retransmis par la BRT (radio télévision flamande).
Puis, il nous a amené pour un concert privé à Knokke-le-Zoute dans une villa appartenant à Ado Blaton, un vrai mélomane qui possédait son propre orgue Hammond, avec son gros son incomparable , le top du top. Bruno était aux anges.
Paul André, qui s'est un peu occupé de nous du temps des King Bees, présente plusieurs groupes lors d'une soirée inaugurale d'une toute nouvelle boite qui s'appelle Les Gémeaux. Il nous invite à se joindre à la fête.
Il est convenu que chaque groupe (une dizaine) présentera trois morceaux. Toutefois, conscient qu'il leur faudra chauffer la salle, personne ne se bouscule pour passer les premiers. Finalement, nous passeront les derniers à condition de pouvoir jouer cinq morceaux.
Le public des Gémeaux n'est guère le plus facile. C'est pour cela qu'outre notre répertoire rock, nous ajoutons deux morceaux, un standard du jazz Bye bye blues et un traditionel de country Midnight Special. Et c'est gagné, car le public s'arrête de parler et de danser pour nous écouter.
Lors de cette soirée, nous faisons la connaissance de deux chouettes formations : les Dollars et les Eagles. Nous apprécions tout particulièrement John Lauwers, leader des Dollars et Claude Demol, pianiste des Eagles. Après notre prestation, Jean-Paul, le boss des Gémeaux nous engage immédiatement pour un autre dimanche soir.
Par la suite, nous travaillerons grâce aux frères Ambach, diamantaires à Anvers. Paul, également chanteur de Rythm & Blues et pianiste du futur Ambach Circus deviendra dans les années 70 l'un des plus grands organisateurs de concerts en Belgique (Forest National et Arena à Anvers).
Je me rappelle d'une agréable soirée où nous passions en attraction dans la salle Arlequin située dans les Galeries Louise et où la vedette n'était qu'autre que Marie Laforêt.
Si l'entente avait été parfaite jusqu'ici entre nous, les choses ne tardent pas à se gâter lorsqu'un sponsor nous propose un contrat de trois ans en exclusivité. Le père de Christian s'y oppose formellement et refuse de signer. Il est bon de rappeler qu'en 1967, nous sommes encore tous mineurs d'âge.
Comme cette proposition intéresse les autres membres de l'orchestre, ceux-ci décident de se chercher rapidement un nouveau bassiste. Dur, dur, car Christian était un crac ! Finalement, nous recrutons Daniel Zanello, qui avait joué auparavant avec Les Relatifs. Et nous voilà partis vers de nouvelles aventures avec les Samoreds.
Un très grand merci à tous ce public d'autrefois, aux musiciens que nous avons côtoyés; à nos parents qui nous ont permis d'acheter des instruments et de nous promouvoir; à nos petites amies, voire nos jeunes épouses pour leurs encouragements et leur patience; ainsi qu'à tous ces gens du spectacles et tenanciers d'établissements sans qui nous n'aurions pas pu nous épanouir en jouant notre chère musique.
François Van Eeckhaute
Lire : Biographie des King Bees
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