ALBUM ROCK BELGE

 

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Wallace Collection 69-71 Discographie complète
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***
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ROCK BELGE / ALBUM SOUVENIRS

WALLACE COLLECTION (1969-1971)

2. L'ENVOLÉE VERS LA GLOIRE (DEUXIÈME PARTIE)

(Biographie officielle)

 

Textes et photos sous copyright de leurs auteurs. Reproduction interdite sans autorisation

 

Wallace Collection © Jean Jième

RÊVERIE(S) CLOCLO - WALLACE

RÊVERIE (Vincent/Van Holmen/Mackay/J. Plante/J.Martin)

LE MONDE EST FOU (Van Holmen/Mackay)
réf. française: Odéon 2C 006-04904 (mono)
Publié en mai 1969
Produit par David Mackay

 

Rêverie (Wallace Collection) : http://www.youtube.com/watch?v=TzTWNohvCBg
Rêveries (Claude François) : http://www.youtube.com/watch?v=QwnR8JM0Vqs

 

 

 

Daydream entame à peine sa carrière sur les différentes stations de radio qu'aussitôt Claude François se précipite. Aux dires d'Alain de Ricou, le représentant des éditions françaises d'EMI, Cloclo est enthousiasmé par le titre au point de vouloir en sortir une « version personnelle », et ce dans les plus brefs délais.

 

Jean Martin est d'autant moins intéressé par ce projet qu'il a lui-même l'intention de sortir une version française de Daydream, destinée au marché de l'hexagone. Il a d'ailleurs déjà écrit un texte qui porte le nom de Ev'lyn.

 

 

Avec Daydream et Ev'lyn, il compte bien imposer le Wallace Collection en France, riche en perspectives de tournées et de galas. Martin fait à ce point traîner les choses que de Ricou se sent obligé de le convoquer à Paris pour en discuter.

 

Dans son bureau, de Ricou lui fait comprendre que la reprise de Daydream par Claude François risque de rapporter gros aux éditions françaises.

Que Martin se montre compréhensif et accède au désir du chanteur et le petit monde restreint du show-business parisien saura se montrer reconnaissant. Et puis après tout, conclut de Ricou, le succès de Cloclo ne pourra être que bénéfique pour le Wallace (!)

 

Il s'agit bel et bien d'une forme de chantage. Martin est dubitatif d'autant plus qu'il sait fort bien que s'il ne cède pas à la pression, on lui fichera des bâtons dans les roues. Rendez-vous est pris avec Claude François dans un studio où celui-ci enregistre d'autres chansons. Martin se lance alors dans un marathon verbal doublé d'un long marchandage.

 

Il voudrait que le chanteur reprenne les paroles de son texte. Droits d'auteurs obligent ! Mais, Cloclo rétorque que son public est constitué de très jeunes filles et qu'il ne peut donc mettre en avant le prénom d' Ev'lyn sans chagriner les autres. Il évoque aussi ses difficultés de chanteur à bâtir sa carrière sur des bases qui restent encore fragiles .

 

Jean Martin s'en va, furieux car il n'a rien obtenu de concret. Dans la réalité, ni de Ricou, ni Claude François n'ont osé lui avouer que le 45 tours est déjà enregistré et qu'il est même déjà pressé et prêt à être distribué dans les bacs.

 

Le disque sort sous le titre de Rêveries. Il se vendra à trois cent soixante mille exemplaires. A titre de consolation, le nom de Jean Martin est ajouté comme co-auteur d'un texte dont il n'a jamais eu connaissance.

 

Reverie Wallace Collection

 

Deux mois après la sortie et vu le succès obtenu par Claude François, Alain de Ricou insistera pour que Wallace sorte sa propre version. Le groupe utilisera la piste instrumentale de Daydream , réalisée à Abbey Road pour plaquer les voix françaises. La chanson sortira sous le titre de Rêverie (au singulier), et aura des paroles différentes de Ev'lyn, la version initialement enregistrée.

 

Cette première version, longtemps restée inédite, ne sera publiée pour la première fois qu'en 1998, lorsque le label Magic Records publiera en CD l'album "Laughing Cavalier". Rêverie réalisera malgré tout cent-quatre vingt mille ventes.

 

CARNET DE ROUTE POUR MAI-JUIN

(liste incomplète)

1er mai : télé - émission Tienerklanken (BRT).

3 et 10 mai : télé - émission Promotion (RTB.)

 

18 mai : au Nova à Hermée (Province de Liège). La Lanterne publie le communiqué suivant : Les mille membres des « Vrais Amis » et du club « Serpents Noirs » de Hermée donnent une fameuse leçon de métier à la plupart de nos organisateurs de spectacles. Les premiers, dans la province de Liège, ils ont eu la finesse de PREVOIR LE SUCCÈS des Wallace Collection, la révélation de l'année avec Barry Ryan ET DE LES FAIRE VENIR CHEZ NOUS AVANT QU'ILS NE DEVIENNENT INABORDABLES.

 

21 mai : Club les Cousins - Grand Place de Bruxelles.

23 mai : Sport Halle, en avant-première de Steppenwolf (Mechelen).

31 mai : Zaal Rubens (Zuun).

7 juin : Maison du Peuple à Alleur.

21 juin : Zaal Arena ( Deurne).

22 juin : Casino de Blankenberge.

PHIL, LE ROADIE

Phil

 

Jean Martin n'a évidemment plus le temps d'accompagner les musiciens dans tous leurs déplacements. Il décide alors de déléguer une partie de ses responsabilités à Daniel Lempereur, mieux connu dans le milieu, sous le pseudo de Phil.

Ancien roadie du Sweet Feeling et accessoirement des Shakespeares, Phil a bonne réputation.

 

Il est dévoué, ne craint ni le chaud, ni le froid, ni la fatigue, ni le stress. De plus, il est fort comme un ours, toujours de bonne humeur et éternel blagueur. Un sacré personnage !

 

Un soir, Jean Martin accompagné de Sylvain et de Freddy s'en vont le trouver au café Les Artisans et l'invitent à venir bosser avec eux.

 

Jean Martin : Phil traîne, déplace, remue, ébranle, bouscule, agite, piaffe, gueule. Mais plutôt mourir que demander de l'aide. Ce qui arrange bien les musiciens qui ne doivent ainsi jamais mettre la main à la pâte. Il monte et démonte seul le matériel, qui à ce rythme, se cabosse et se dégénère à vue d'œil.

 

Durant les mois qui vont suivre, les musiciens, qui planent sur leur succès, vont s'habituer à ce que Phil et moi nous occupions des moindres détails, comme ramasser leurs costumes chiffonnés qui traînent par terre, nettoyer leur désordre cyclonique dans la loge à l'issue de chaque gala.

 

Le 27 juin, le Wallace Collection s’envole pour Athènes où deux galas les attendent.

 

 

 

 

 

ATHÈNES (1969)

 

Wallace Athènes 1969Raymond Vincent et Sylvain Vanholme dans l'amphithéâtre grec

 


 
Marc Hérouet : On jouait dans un immense stade, bourré à craquer. A peine monté sur scène, un officiel du régime monte sur scène et tente de nous faire comprendre que le volume de nos amplis doit être réduit ! Manifestement, on devait casser les oreilles à l’un des colonels ! Sylvain lui a fait barrage avec sa guitare, l’empêchant d’aller plus loin. Léger moment de pagaille, qui ne nous a pas empêchés de poursuivre le show.

 

Sylvain ne se souvient plus si cet incident a eu lieu pour une affaire de volume d’ampli. Par contre, il n’a pas oublié le comportement particulièrement étonnant du présentateur du show. Au troisième morceau, celui-ci déboule sur scène, se saisit du micro de Sylvain et harangue la foule en lui demandant de taper dans ses mains.

 

Déconcertés, les musiciens continuent à jouer. Au bout d’un moment, le type redépose le micro sur son pied et quitte le podium en dansotant.

Le spectacle se poursuit. Estimant sans doute que le public ne réagit pas avec suffisamment d’enthousiasme, voilà notre homme qui revient et qui entend remettre ça.

 

Il n’a pas eu le temps, le pauvre, il a reçu un sacré coup de guitare dans les côtes qui l’a plié net. Ensuite, on ne l’a plus revu jusqu’à la fin de concert. .

 

 

 

 

 

 

 

SINGING EUROPE '69

(4 - 9 juillet 1969)

 

A l'initiative de Louis Van Rymenant, représentant d'Eurovox Music pour la Belgique, le Wallace Collection participe au grand festival Singing Europe '69 qui se tient au Kurhaus de Scheveningen aux Pays-Bas. Daydream se classe à la quatrième place et reçoit le prix de la presse. Les retombées : quarante mille singles vendus en Hollande dans les jours qui suivent.

 

Ce jour là, le road manager Phil, dispose comme d'habitude le matériel d'amplification sur scène, procède aux derniers réglages et veille à installer la chaise de Jacques Namotte et son violoncelle en avant-plan. Tout est prêt.

 

Au moment de monter sur le podium, les musiciens s'aperçoivent que Jacques est introuvable. En attendant de le trouver, un autre groupe est appelé à prendre la relève. On se met à courir dans tous les sens. Il faut lui mettre la main dessus. Le suspense dure une bonne demi-heure. Finalement, Jacques est découvert, assoupi au beau milieu de la pelouse d'un petit parc, situé non loin de l'événement. Réveillé en sursaut, il ouvre les yeux, se lève, avale l'eau d'une bouteille qu'on lui tend et se déclare en forme pour jouer.

 

Au bout du quart d'heure indispensable pour réinstaller le matériel, opérer de nouveaux réglages et disposer le violoncelle, voilà que Jacques arrive. Sans attendre les autres musiciens, il monte sur la scène, s'assied sur son siège et sort une cigarette de sa poche. Comme il ne trouve pas de feu, il interpelle un spectateur qui s'approche et lui tend son briquet.

 

Jacques allume posément sa St Michel. Il s'empare alors de son instrument et tout en soufflant des volutes de fumée, commence à exécuter quelques mesures en solitaire. Le public qui croit à un gag, rigole et applaudit.

 

Lorsque les autres musiciens viennent le rejoindre, ils paraissent pour le moins interloqués. Dans le futur, Jacques refera son cinéma, dans d'autres salles.

 

Ce sera sa manière à lui d'affirmer son style, sa personnalité et son humour. Quoiqu'il en soit, l'ambiance à Scheveningen fut délirante et le public hollandais leur réserva un chaleureux accueil.

 

Jacques Namotte

 

 
NOUVEAU PLANNING POUR L'ANGLETERRE

Juillet 1969. Avec les efforts conjugués de Martin et de Mackay,  EMI décide de relancer la promotion du Wallace à Londres. Certes il ne s’agira plus d’organiser un concert au Wigmore Hall, mais plutôt de les faire tourner dans les petits clubs branchés, tels le Marquee, le Speakeasy, le Revolution. Une tournée d’une semaine est planifiée. 

 

Au Royaume-Uni, c’est bien connu, les musiciens anglais sont très mal payés. Ils se rattrapent lorsqu’ils débarquent chez nous, sur le continent. En jouant dans les clubs londoniens, les musiciens belges toucheront donc un aussi maigre cachet que leurs confrères. Pour établir une comparaison, un groupe comme le Wallace se monnayait à deux mille cinq cent euros en France et en Belgique. En  Angleterre, on leur en offrait royalement cinq cent par jour, plus les frais d’hôtel.

 

Au nom du sempiternel principe qu’il faut d’abord investir pour toucher ensuite les dividendes, Martin accepte de bon gré de s’investir personnellement sur le plan financier dans la campagne de promotion. Il fait l’acquisition d’un minibus Volkswagen, de micros spécialement conçus pour les cordes et d’une installation de sonorisation flambant neuve. Il s’agit d’un matériel de marque Semprini, la même que celle utilisée par Charles Aznavour sur scène.

 

Il engage ainsi tous ses avoirs personnels, sans faire appel au crédit. Au total, la facture s’élèvera à près de vingt-cinq mille euros. Désormais, il n’a plus un sou. Mais qu’à cela ne tienne, les perspectives d’avenir s’annoncent rayonnantes.

 

Wallace Collection

 

 

Wallace Ciney 1969

En av.plan Sylvain Vanholme et Raymond Vincent.

A l'arr.plan au centre : Phil Lempereur, le roadie.

Wallace Ciney 1969Wallace Collection backstage © Erik Machielsen

 

 

FESTIVAL DE LA GUITARE D'OR

CINEY 1969

 

La huitième édition du Festival de la Guitare d'Or à Ciney se déroule les samedi et dimanche 12 et 13 juillet. Les journées sont consacrées à des concours de groupes amateurs, les soirées sont animées par des vedettes.

 

Comme chaque année, c'est Jean Martin qui s'occupe de la programmation du festival. Pour ne pas connaitre les tristes mésaventures de son « concurrent » Raymond Wanyn de Châtelet, il a eu la « sagesse » de faire appel à Piero Kenroll (Club des Aigles) afin de lui demander conseil pour ses têtes d'affiche anglaises. En contrepartie, la bande à Piero lui fichera la paix avec les vedettes françaises. Il s'agit de trouver un nom pas trop « underground   » qui puisse plaire à un vaste public. Après quelques recherches, c'est Barry Ryan qui sort du lot.

 

Le Wallace Collection fait bien entendu partie du plateau aux côtés de David Alexander Winter, des australiens Virgil Brothers, et du Barclay James Harvest .

 

Réceptionné la veille du show, le matériel Semprini, dernier cri, est installé pour la première fois sur le podium le 13 juillet dans l'après-midi.

 

Le Wallace remporte un gros succès, égal   à celui des frères Ryan. Il faut préciser que la qualité du son est incomparable. Enfin cordes et piano ressortent avec la plus grande pureté et se marient avec bonheur au milieu du fracas des guitares et de la batterie. Les musiciens planent sur leur petit nuage.

FREDDY NIEULAND SE MARIE

Mariage Freddy Nieuland

De g. à droite : Sylvain Vanholme, Claudette et Freddy Nieuland,

Raymond Vincent, Marc Hérouet et Christian Janssens

 

 

Cela fait un bon bout de temps que Freddy Nieuland a envie de régler une situation pour la moins baroque et qui s'éternise.

 

Depuis deux ans, il rencontre en cachette une jeune fille du nom de Claudette. Celle-ci vit dans une énorme maison de la chaussée de Malines à Vilvorde. Ses parents dorment au premier étage. Elle occupe une chambre au second. Non seulement les amoureux se voient à l'insu des parents, mais en plus, Claudette l'héberge toutes les nuits. Chaque soir, vers vingt-deux heures, Freddy se glisse dans la rue, attend patiemment derrière la porte qui s'entrebâille en silence. Elle fait passer Freddy devant elle, se glisse dans son ombre et gravit les marches de l'escalier au même rythme que lui de manière à ce que les parents ne perçoivent pas deux types de pas différents.

 

Si tout le monde dans l'entourage de Freddy, de Claudette ou des amis communs sont dans la confidence, seuls les braves parents semblent être restés dans l'ignorance jusqu'au mariage.

 

Depuis que le succès inopiné du Wallace Collection est venu bouleverser le paisible train train des amoureux, ceux-ci se doivent de trouver une solution.

 

Les horaires de Freddy sont à ce point chahutés qu'il ne lui est plus possible de se glisser à vingt-deux heures précise dans le lit de Claudette. Finalement le bon sens l'emporte. Pourquoi ne pas se marier ?

 

Le lendemain Freddy lance l'info à la cantonade. Reste désormais à déterminer une date qui convienne à la fois aux futurs époux et qui réponde aux exigences du planning de Jean Martin.

 

La date du lundi 14 juillet est finalement retenue. Martin a, en effet, pu déterminer avec certitude, que le groupe serait à Ciney le 13 et en tournée de promotion en Angleterre, à partir du 16.

 

C'est dire, si c'est sur les chapeaux de roue, que fut célébrée la cérémonie de mariage. Une rapide visite à la mairie, une bague passée au doigt et Mademoiselle Claudette André devient alors Madame Claudette Nieuland.

 

Tous les musiciens sont là. Il faut faire bloc. Le voyage de noces se résume à une bonne journée de repos, avant de repartir sur le front.

 

MÉCHANT COUP DU SORT À LONDRES - TOURNÉE DE PROMOTION AU ROYAUME-UNI -LE VOL DU MATÉRIEL

 

Le mardi, Phil part le premier pour Ostende dans un van de marque Fiat Cargo 234 de couleur rouge, avec le matériel. Au moment d’embarquer sur le ferry, Jean Martin décide de passer la nuit à Ostende pour des raisons qui lui sont personnelles. Ce sera la nuit d’amour la plus chère de ma vie, confie-t-il aujourd’hui.


Il lui recommande formellement de louer, à n’importe quel prix, un lieu sécurisé afin d’abriter le matériel et la camionnette, tout en y laissant ce qui est difficilement transportable. Je lui faisais totale confiance dans la mesure où il savait que je n’avais pas pu obtenir, avant leur départ, une assurance couvrant le matériel en transit.

 

Les musiciens, eux, voyagent dans leur nouveau combi VW blanc. Pour Phil, le voyage en camionette aurait dû se dérouler sans encombre. Mais, de mauvais plaisantins ont versé du sucre dans le réservoir du van. Qui a fait ça ? Quand ? Des questions que Phil n'a pas le temps de se poser mais qui augurent de la suite. Il faut faire vite, vidanger, parer au plus pressé.

 

Heureusement, il est bon mécanicien. A l'époque, le moteur des Fiat n'est pas encore à injection et est accessible de l'habitacle. Il adapte un jerricane d'essence sur le siège passager, c'est à dire plus haut que le moteur, et relie un tuyau sur le carburateur à la place de celui qui provient du réservoir. Et ça marche !

 

Après une traversée nocturne de plusieurs heures, l'équipe débarque épuisée à Douvres.

Ce n'est que vers quatre heures du matin qu'ils arrivent devant leur hôtel dans Old Brompton Road. Il y a juste une place de parking devant l'hôtel.

 

Les musiciens emportent leurs guitares, Raymond  prend son violon.

Phil se gratte la tête et se demande comment il va faire pour trouver un garage à cette heure ? Pas une âme en vue ! Il est mort de fatigue comme les autres. C’est alors que le brave Freddy propose la seule solution possible.

 

Phil : Je me rappellerai toute ma vie la phrase de Freddy  : «T’inquiète, je vais dormir dans le camion». Et moi, qui lui répond : « Tu es fou, il est 5 heures, et nous sommes devant l'hôtel !!! »

 

Phil se gare entre deux voitures, pare-choc contre pare-choc. Il monte dans sa chambre, ouvre toute grande la fenêtre de manière à se réveiller au cas où il entendrait des bruits suspects et s'affale sur le lit.

 

 


Neuf heures du matin. Phil se réveille le premier, descend dans la rue et manque s’évanouir. Plus de camion ! Envolé avec le matos. Incrédule, il découvre sur le trottoir,  la poignée tordue de la portière du van. Moment de panique !

Comment annoncer cette catastrophe au groupe ? J’étais tellement mal que j’ai balbutié : le matos et le camion ont disparu dans le violoncelle. Heureusement, le violon, le violoncelle et les guitares avaient été emportées la nuit dans l’hôtel !

 

Presqu'au même moment, Jean appelle la réception de leur hôtel à Londres. Quand Phil lui apprend la nouvelle, il croit tout d'abord à une plaisanterie. Quelques secondes plus tard, il croit s'évanouir. L'impensable est arrivé.

 

Au commissariat de l'arrondissement, la police se borne à constater que ce n'est pas la première fois que des vols ont lieu dans le coin.

 

Aucun élément, ni indice matériel ne permettront jamais d'apporter une explication sur ce vol. Aucune piste ne sera suivie. La police n'ouvrira aucune enquête. La camionnette, vide, sera retrouvée quelques semaines plus tard, tout près des studios d'Abbey Road. Signature ou coïncidence ?

 

Les répercussions de ce vol vont engendrer des conséquences incalculables, durables et désastreuses pour la suite de la carrière professionnelle du groupe.

Désormais, celui-ci est redevable d’une première ardoise de vingt-cinq mille euros correspondant au matériel dérobé, mais doit à nouveau emprunter pour le remplacer.

 

Bref, comment assurer une tournée de huit jours de promotion à Londres, sans matériel ? EMI va jouer de son influence et demander à des musiciens de prêter leur sono au Wallace. Le groupe Chicken Shack acceptera également de leur venir en aide. Ils se contenteront de deux ou trois prestations dans de petits clubs. Ce vol est une catastrophe.

 

Bref, le groupe regagne la Belgique, bredouille, avec par dessus le marché tous les frais de déplacements à sa charge.

 

   

 

 

LOVE/FLY ME TO THE EARTH

(par Philippe Colinge)

 

 

Le 18 juillet 1969, EMI sort le second single international du Wallace Collection, un nouveau produit Mackay. Parmi les morceaux choisis, on retrouve Fly me To The Earth, qui figure déjà sur l’album Laughing Cavalier et en face B,  Love, à ce jour inédit et enregistré pendant les sessions de janvier. A noter l'utilisation d'un nouvel instrument : la guimbarde.

 

Discographie Wallace Collection

 

Fly Me To The Earth (Vincent/Van Holmen/Mackay)

Love (Vincent/Van Holmen/Mackay)
France: Odéon 2C 006-04141 M (mono)
Angleterre : Parlophone R 5793 (mono)

 

Morceau très lent et atypique, Love, chanté par Freddy et

Sylvain (leur voix étant mixées, à l'instar de Get Back sur les 2 canaux du mix stéréo qui n'apparaîtra que sur le second album du groupe, l'année suivante) s'ouvre de manière impressionnante, avant de laisser place à une mélodie dépouillée qui gagne réellement en intensité dans sa dernière partie. Ce titre sera sélectionné pour devenir la face A du 45 T français, Fly Me To The Earth était relégué au rang de face B.

 

GALAS ET GALÈRES

Lorsque le groupe rentre en Belgique, privé de son van et de son contenu, les mines sont graves. Martin leur dresse un topo réaliste de la situation. Les comptes sont dans le rouge. Alors, il n'y a pas trente-six solutions : si le groupe veut continuer à exister, il va devoir consentir des sacrifices. Sur chaque gala, Martin percevra sa commission habituelle d'agent et prélèvera, à chaque fois que le cachet le permettra, un montant destiné à rembourser une partie des dettes. C'est à prendre ou à laisser ! Sinon, ce sera la fin du groupe.

 

Jean Martin : Il a bien fallu racheter un nouvel équipement. Je remercie encore les commerçants qui à l'époque, m'ont fait crédit sur ma bonne réputation. Les banques, elles, m'ont ri au nez.

Nous avons alors connu une période très, très dure. J'étais obligé pour en sortir financièrement, d'accepter toutes les possibilités de galas en France, Hollande et Belgique, traînant en dépit du bon sens toute cette équipe de plus en plus épuisée dans des plans inimaginables.

 

Je me suis retrouvé devant une situation inextricable que je n'avais absolument pas prévue. La William Morris ne nous fournissant aucune tournée, malgré leurs promesses, il me fallait résoudre trois questions épineuses : tout d'abord, faire vivre les six musiciens, ensuite tenter de récupérer les fonds perdus en multipliant les dates de galas et enfin réemprunter de l'argent pour pouvoir s'acheter un nouveau matériel. J'étais coincé, car je ne pouvais pas espérer prélever un pourcentage plus important sur les artistes. Je devais donc trouver de gros contrats, qui nous permettraient d'éponger rapidement les dettes.

 

Jean se tourne vers EMI à qui il demande une avance sur royalties. Mais celle-ci s'avère dérisoire face aux problèmes du jour. Il est évident que le Wallace et son manager ne vont devoir ne compter que sur eux-mêmes. Durant les deux mois qui vont suivre, le groupe repart sur les routes pour honorer toute une série de contrats-galères dans des villages ou dans des lieux précaires.

 

Jean Martin : La grande majorité des organisateurs de spectacles en Belgique faisaient partie de comités de fêtes provinciales. Ils ne disposaient pas des infrastructures nécessaires pour accueillir les grands groupes de pop music. Les moyens techniques faisaient cruellement défaut.

Freddy et Christian

 

Il était rare de pouvoir compter sur des éclairages de scène, encore moins sur des jeux de lumières. Il nous est donc arrivé de tomber dans des traquenards qui tournaient à la limite du cauchemar : des chapiteaux minables avec assemblage de bacs de bière, sensé représenter le podium ; des alimentations électriques à peine suffisantes pour brancher un frigo ; des vestiaires dans les toilettes d'un bistro à cent mètres du podium.

 

Il est de notoriété publique que c'est à partir de ces temps difficiles que les musiciens, font valoir leur ras-le-bol. Certains entrent même carrément en conflit larvé avec Martin.

 

Ce dernier avoue avoir beaucoup souffert de ce qu'il considère comme une injustice : Les musiciens m'en ont beaucoup voulu. Il me fallait encaisser leurs sarcasmes et subir leurs récriminations en permanence. Que pouvais-je leur répondre ? Est-ce que nous pouvions nous permettre de refuser ces contrats ? Nous étions tous tellement fauchés ! Ce sont ces contrats-galères qui nous ont permis de tenir le coup.

 

 

 

CHANSONS ET CHAMPIONS
WALLACE CONTRE SHEILA ET DALIDA

 

Sheila

 

Durant l'été, le Wallace participe à Paris à Chansons et Champions, l'émission de Guy Lux produite par l'ORTF. Cette émission, considérée comme l'évènement phare du moment, repose sur un concept très simple : une série de vedettes s'affrontent dans un concours permettant aux téléspectateurs, par leur vote, de classer un artiste en tête, ce qui lui permettra de concourir à nouveau la semaine suivante. Si le public vote contre, un autre le remplace.

 

La première émission se déroule le 23 août. Les musiciens belges se retrouvent en compétition avec Sheila, déjà plébiscitée la semaine précédente. Sans grandes difficultés, le Wallace décroche aisément les votes du public. Ils reviendront donc dans huit jours. Evincée, Sheila ne prend pas la chose du mauvais côté. Après tout, déclare-t-elle, j'ai besoin de vacances.

 

Lors de leur retour dans l'émission, le groupe se retrouve face à un duel singulier avec ... Dalida. Que vont décider les spectateurs ? Soit, ceux-ci plébiscitent Dalida, afin qu'elle détrône le Wallace, soit ils votent à nouveau pour les créateurs de Daydream. À la stupeur générale de la chaîne, de Guy Lux et des agents de la star, celle-ci se retrouve en ballotage.

 

Cloclo, qui fait partie du programme, explose. L'émission de Guy Lux n'a jamais vécu pareille humiliation. Dalida, l'une des plus grosses vedettes de l'hexagone, sur le point d'être battue à plate couture par des Belges !

 

Wallace Collection

 

Phil, qui a l'habitude de fourrer son nez partout, se ballade dans les corridors de l'ORTF, tend l'oreille du côté du local qui tient lieu de standard. De-ci, de-là, lui parviennent des rumeurs qui le confortent dans le fait que le Wallace … a encore gagné !

 

De son côté Martin surprend une discussion plutôt orageuse entre Cloclo et le présentateur. Il s'en souvient comme si c'était hier. Le chanteur s'adressant à Guy Lux lui dit: « Tu vas encore nous faire chier combien de temps avec ce groupe, on dirait que ton émission leur est consacrée ! Qu'est ce qu'ils te rapportent, ces petits cons ? » 

 

« C'est le public qui décide », répond Guy Lux ! Et Martin de préciser : Toutes les turpitudes du show-biz à la française se résument à quelques noms d'oiseaux très exotiques. Je préfère ne pas divulguer le reste de l'engueulade.

 

Phil, rapporte qu'après l'émission, Guy Lux est venu trouver le groupe et leur a dit : «  Désolé, les gars, je ne pouvais pas faire autrement, trop de pressions » !

 

Résultat ? La semaine suivante, malgré le plébiscite du public, Guy Lux annonce en direct la victoire de ... Dalida.

 

Dalida

 

L'AVION SANS PILOTE

Le 30 août, sur un paquebot échoué volontairement sur la plage et transformé en boite de nuit, le Wallace participe à l'émission Barcarolle à Barcarès dans l'agréable localité de Port Barcarès. Tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes si les musiciens pouvaient profiter du charme de l'endroit, du joyeux soleil et des jolies estivantes. Mais, travail oblige, ils sont attendus, le lendemain, à la base aérienne de Coxyde. Martin, qui compte le Ministère de la Défense Nationale dans sa clientèle, leur a, en effet, dégotté un engagement à l'occasion de la Fête de l'Armée de l'Air.

 

Le lendemain, vers midi, les musiciens quittent leur chambre d'hôtel et gagnent en taxi l'aéroport de Nîmes, distant d'à peine quelques kilomètres . Pour revenir au pays et gagner la côte belge, Martin a trouvé une astuce qui va leur permettre d'économiser le prix des billets. Il a négocié un deal avec les militaires.

Lorsqu'ils arrivent sur place, les musiciens sont pris en charge par un sergent qui les dirige vers un DC4, vieux coucou à deux hélices, qui les attend en bout de piste. Quatre hommes aident Phil à transporter le matériel d'amplification et les instruments dans les soutes.

 

Pendant ce temps, les artistes pénètrent à l'intérieur de la carlingue. Ce qu'ils y découvrent ne contribue pas à les rassurer. À droite comme à gauche sont disposées des rangées de « fauteuils » à doubles sièges. Au sol, quatre casiers de Stella Artois semblent les attendre. Sur une table basse, un jeu de cartes épars trahit la récente occupation de l'équipage.

 

Au bout de quelques minutes, le zinc décolle dans un bruit de moteur assourdissant. Les passagers, ballottés dans tous les sens, se dévisagent légèrement inquiets.

 

Un quart d'heure plus tard, après s'être quelque peu habitués aux turbulences de l'appareil, voilà qu'arrivent le commandant de bord, son copilote suivis des mécanos. Stupeur ! Y a-t-il encore un pilote dans l'avion ?

 

Les quatre hommes rejoignent leurs passagers, leur demandent nonchalamment si tout va bien, leur proposent une bière, tout en se servant eux-mêmes. Et les voilà partis dans une nouvelle partie de cartes.

 

Phil : Nous étions livides. Notre angoisse était si perceptible qu'un des hommes, en riant, nous a « rassurés » en nous expliquant que le pilote automatique se chargeait du bon déroulement du vol ! Malgré son ton confiant, nous avons été plus que soulagés d'arriver entier sur la base militaire de Coxyde.

 

A leur arrivée, Jean Martin les accueille avec son flegme habituel et fait les présentations. L'autre groupe qui jouera ce soir, ce sont les Hollies.

 

Marc Hérouet

 

UNE TÉLÉ QUI COÛTE CHER

Jean Martin attend depuis des semaines la réponse aux offres qu'il a adressée à diverses chaînes de télés outre-Rhin. La pop music en Allemagne est, en effet, considérée comme l'un des marchés les plus lucratifs sur le plan européen.

 

Un matin, la représentante d'EMI à Berlin, téléphone au Secrétariat des Artistes et confirme qu'une chaîne allemande a émis le souhait d'engager le Wallace pour un show télévisé en live. Si le public, invité pour l'occasion, les plébiscite, la chaîne est prête à financer un court-métrage.

 

Le groupe part pour l'Allemagne. La captation se déroule dans les meilleures conditions du monde. Le public les ovationne comme il se doit, si bien que, comme convenu, le producteur de l'émission signe avec Martin un contrat de production pour un film d'une durée de trente minutes.

 

Le cachet proposé est de trois cent mille francs, (sept mille cinq cents euros). A l'annonce de ce montant faramineux, Jean Martin se met presqu'à genoux pour remercier le ciel. Voilà qui va lui permettre d'apurer un tiers des dettes du groupe !

 

Il a été convenu que le tournage s'effectuera à Hilversum, en Hollande,, durant quatre jours. Le metteur en scène compte utiliser la technique du blue key. Cette innovation sur le plan télévisuel (qui coûtait une fortune à l'époque), permet des trucages exceptionnels. Ainsi, tout type de vêtement ou d'accessoire de couleur bleue n'apparait pas à l'image.

 

Durant trois jours, les musiciens mettent un maximum de bonne volonté à répondre aux sollicitations du réalisateur et de son équipe technique. Mais, au fur et à mesure qu'avance le tournage, il semble que ce dernier ne sache pas toujours ce qu'il veut. Il se perd dans des idées souvent farfelues, voire carrément débiles, aux dires de certains. Bref, le groupe ne se sent plus vraiment considéré et perd confiance en son metteur en scène.

 

Martin, présent le dernier jour du tournage, sent monter la tension. Mais que peut-il faire ? Il y a une telle somme à la clé. Mais voilà que le réalisateur revient à la charge et va, lui-même, faire déborder la coupe. Il explique, qu'en Allemagne, de plus en plus de garçons s'amusent à sortir en boite, habillés en filles.

 

- Oui, et alors ?

- Vous pourriez demander à vos garçons s'ils accepteraient de porter des robes dans une des séquences ?

 

À contrecœur, Martin rapporte les desideratas du metteur en scène aux musiciens qui, bien entendu, l'envoie sur les roses. Leurs réactions sont unanimes. « ll est dingue, ce type ; on va nous prendre pour des pédés ! » 

 

Leur refus contrarie le réalisateur. Mais, soudain, revirement de situation. Marc vient annoncer, qu'après réflexion, les musiciens sont malgré tout d'accord de jouer le jeu. Le réalisateur, ravi, les remercie… un peu trop vite. Sylvain, Raymond, Christian, Freddy, Marc et Jacques enfilent leurs robes, en se marrant comme des petits fous.

 

Ils arrivent sur le plateau, prennent leur place et lorsque retentit «  Moteur, on tourne  », ils se retournent, comme un seul homme, soulèvent leurs robes et dévoilent leur cul à la caméra !

 

Le réalisateur l'a tellement mal pris qu'il a interrompu le tournage et a renvoyé tout le monde. Catastrophe. Impossible de se faire payer ! On l'a eu dans le baba.

 

Marc Hérouet : J'ai dérapé, je plaide coupable. Si j'ai entraîné le groupe dans cette mascarade, c'est parce que nous étions excédés par le réalisateur dont les idées et les méthodes de travail nous paraissaient ridicules. Il nous faisait patienter un temps fou pour un résultat décevant. Il faut ajouter à cela, une immense fatigue morale et physique, après autant de mois d'efforts continus et de mésaventures.

OCTOBRE

DEAR BELOVED SECRETARY/HELLO SUZANNAH

 

 

Dear Beloved Secretary (Vincent/Van Holmen/Mackay)

Hello Suzannah (Vincent/Van Holmen/Mackay)
France : Odéon 2C006-04252 (mono)
Allemagne : Odéon 1C 006-04252 (stéréo)
produit par David Mackay

 

Dear Beloved Secretary

Le Wallace avec la chanteuse Cricha

En octobre, deux nouveaux titres sont publiés juste à temps pour la série de concerts que le groupe va donner à l'Olympia, où il assure la première partie de Joe Dassin.

 

Dear Beloved Secretary, enregistré au printemps précédent, est une chanson pop chantée par Sylvain qui nous conte l'histoire d'un patron épris de sa secrétaire.

 

Ce titre sera intégré au 2e album du groupe au printemps suivant, où il sera précédé d'une ouverture instrumentale classique de 45 secondes.

 

La face B est un titre tout à fait particulier, en ce sens qu'il s'agit d'un nouvel enregistrement, nettement plus nerveux, de ce qui avait constitué la face A de l'ultime 45 tours du Sylvester's Team, en 1967, et dont David Mackay appréciait particulièrement l'exquise mélodie.

 

CHRISTIAN JANSSENS CONVOLE À SON TOUR

 

Wallace Collection Mariage

Christian Janssens se marie avec Michèle (photo Jean Jième)

 

Hérouet Mariage de Janssens

Marc Hérouet et la jeune mariée (photo Jean Jième)

 

Le 10 octobre, Christian Janssens, à son tour passe devant Monsieur le Maire. Ensuite le couple se rend à l'office religieux. Tous les musiciens du Wallace sont présents à l'exception de Jacques Namotte. Sur la photo, on reconnait ( de gauche à droite) : le photographe Erik Machielsen, le manager Jean Martin, Raymond Vincent, Sylvain Vanholme, la jeune mariée et son époux Christian Janssens, Marc Hérouet et Freddy Nieuland.

 

Éternel blagueur, Marc Hérouet demande aux photographes de l'immortaliser aux côtés de la jeune mariée. Il saisit Michèle par le bras. Moment de stupeur... qui finit par déclencher l'hilarité parmi tous les artistes présents. Sans doute les membres de la famille apprécient-ils un peu moins. Après tout l'époque n'est-elle pas rock'n roll ?

 

 

 
SIX MILLES JEUNES POUR UN FREE SHOW

En 1969, garer sa voiture dans un parking payant n'était pas du tout en vogue. C'est pour faire découvrir cet édifice construit sur six étages que les organisateurs décident de créer l'événement en organisant un spectacle gratuit tout en rémunérant les artistes.

 

Sylvain Vanholme

Le 3 octobre, six mille jeunes, agglutinés au cinquième sous-sol du vaste Parking des Deux Portes à Bruxelles, vivent pour la première fois l'expérience d'un spectacle totalement gratuit, offert par la société des Parkings de Bruxelles. Le Wallace participe à la fête aux côtés des Pebbles et des Jess and James.

 

Le 9, les musiciens donnent un concert au Forum, rue Pont d'Avroy, à Liège au même programme que The Carnaby's. Ils assurent la première partie du spectacle avec Jacques Dutronc en vedette.

 

Achille, un des jeunes spectateurs présents lors de cette soirée, se rappelle que le groupe n'a joué qu'une demi-heure et qu'il a entonné Daydream à deux reprises, dans une folle ambiance.

La qualité musicale et sonore des interprétations du groupe a terriblement impressionné la salle, bourrée à craquer. Rien à voir avec le groupe qui accompagnait Jacques Dutronc et qui, lui, était beaucoup trop assourdissant !

 

La saison suivante, le même Jacques Dutronc est revenu au Forum. Avec Stephane Steeman en première partie. Ils n'ont rempli qu'une demi-salle.

 

LE WALLACE À L'OLYMPIA

(22 octobre - 2 novembre)

 

 

Charley et Eddy, du clan Marouani, sont deux impresarii de renom, sur la place de Paris. Jean connait surtout Charley. Cela fait des années qu’il passe par lui pour engager les vedettes françaises qui se produisent en Belgique.
Quelques exemples : une tournée avec Jacques Brel de onze jours pour quinze prestations. Trente-deux galas avec les Surfs. Cinquante-quatre avec Les Parisiennes.

 

En outre, Martin travaille régulièrement avec Maurice Tézé, le manager de Sacha Distel. C’est grâce à son concours qu’il a pu décrocher un engagement pour le Wallace en avant-première de  Joe Dassin à l’Olympia.

 

Olympia et rock belge

 

Le 20 octobre, soit quarante-huit heures avant leur premier jour de gala à Paris, Marc Hérouet est appelé d'urgence à l'hôpital. Sa mère, plongée depuis des mois dans un coma profond vient de décéder. Les membres du groupe assistent avec tristesse à la douleur de leur pianiste, qui encaisse le coup avec courage.

 

J'ai heureusement pu compter sur de grands soutiens amicaux et moraux : tels Véronique, ma compagne, tous les membres du Wallace, David Mackay, les road managers et également Jean Martin dont je n'oublierai pas la sollicitude. Durant cette pénible période, il a assuré toute la logistique pour que je puisse, le gala à peine terminé, regagner Bruxelles dans la nuit. Ce qui m'a permis d'assister aux funérailles de ma mère.

Mais la vie continue. Le soir, sur scène, le Wallace s'en sort plutôt bien avec le public de l'Olympia venu écouter Joe Dassin. Il gagne surtout les faveurs de la presse. Les radios et les télés les accueillent chaleureusement.

 

Pourtant, leur passage à l'Olympia ne laisse pas un grand souvenir à Sylvain. Le public parisien qui s'est surtout déplacé pour Dassin, n'est pas vraiment réceptif à la musique pop anglaise. Et après tout Daydream est le seul morceau qui puisse les « réveiller » d'une certaine torpeur ou leur permettre d'acclamer avec la politesse d'usage.

 

 

Wallace Olympia

 

Extrait d’un courrier datant du 30 octobre, écrit par Marc Hérouet à son père :

... Ici, nous travaillons beaucoup: hier, tout l’après-midi à RTL, avec Charles Aznavour. Il nous aime bien ! Il va même nous aider fortement à nous faire connaître un peu partout. Tout à coup, Gilbert Bécaud s’est amené et ces deux grands du music-hall ont entonné en duo une chanson à demi oubliée. Ce n’était pas du bluff, c’était vraiment extraordinaire!


A l’Olympia cela marche toujours très bien. Aujourd’hui: Salut les Copains, autographes Galeries Lafayette, Olympia, puis Pop Club de
José Artur à 24 heures avec tout le matériel!

À L'ANCIENNE BELGIQUE

( 12 - 22 novembre )

 

Raymond Vincent

Raymond Vincent

Marc Herouet

Marc Hérouet

Memoire60 Vanholme

Sylvain Vanholme

 

 

Dix jours après l'Olympia, le Wallace est programmé dans la salle de l'Ancienne Belgique en avant-première de Sacha Distel. Avec ce groupe classico-pop, d'un genre nouveau, les problèmes techniques vont provoquer anicroches, discussions et sérieux coups de gueule.

 

Dès les premières répétitions, il s'avère que l'acoustique de la salle requiert des aménagements particuliers. Le propriétaire, Georges Mathonet, s'en étonne et estime que les musiciens font un peu trop de chichi.

Malgré les explications de Phil, il n'arrive pas à comprendre qu'il faille autant de temps pour régler une installation. Jamais Aznavour, ni Bécaud, ni Nana Mouscouri ou tant d'autres ne lui ont causé de tels soucis sur le plan de la logistique !

 

Branle-bas de combat dans la cabine et dans les cintres où régisseur et sonorisateurs ne savent plus que faire. Devenus exigeants depuis leur expérience professionnelle à Abbey Road, les musiciens exigent un son parfait pour les voix et les instruments ainsi qu'un éclairage de qualité.

 

Tout pourrait s'arranger si le Wallace pouvait laisser son matériel finement réglé sur la scène. Mais il n'en est rien. Mathonet a programmé plusieurs attractions avec des visuels avant leur passage. Ce qui suppose un podium entièrement dégagé de tout matériel.

 

Après de longues discussions, une solution de compromis apparait. Une loge va être spécialement aménagée pour qu'y soit installée la sono du Wallace. Grâce à de longs câbles, savamment dissimulés dans les colonnes de son, et aux amplis montés sur des plateaux roulants, il ne suffira plus qu'à tirer le tout sur la scène, le moment venu.

 

Le matin de la première, Hubert, l'ingénieur du son habilité à couvrir les concerts de prestige en salle, place Jean Martin devant un fait accompli.

Ou il double son cachet pour toute la durée de la semaine à l'Ancienne Belgique, ou il lui fait faux bond. Ce chantage met Jean Martin hors de lui. Bien que néophyte en matière de console de mixage et peu habitué à s'y retrouver dans les nombreuses rangées de boutons, il décide d'assumer.

 

Il appelle l'ingénieur de la firme Davoli à la rescousse, et lui demande de le driller. Au cours de l'après-midi, j'ai observé, noté et posé bien des questions et malgré la panique des musiciens, j'ai assumé la balance durant les six jours de prestation à l'Ancienne Belgique.

 

Suite au chantage de son technicien son, avec lequel tous les ponts sont désormais rompus, Martin demandera à Phil de reprendre le flambeau.

 

Sacha Distel

 

RETOUR À ABBEY ROAD

Après l'Ancienne Belgique, le Wallace repart pour Londres pour de nouvelles sessions d’enregistrement. Il s’agit cette fois de mettre la dernière main aux divers morceaux qui constitueront leur prochain album.

 

Un journaliste de Het Laatste Nieuws, venu les interviewer à Abbey Road, soulignera « qu’il a eu l’occasion, lors de sa visite,  d'entendre les titres suivants : Serenade, Walk On Out, Hocus Pocus, Let Me Love Her, See The Man, Since You're Gone For Ever More, Where, Brussels (qui deviendra Bruxelles), Adagio (qui sera utilisé plus tard pour La Maison), Something New (qui deviendra We Gotta Do Something New), Reflections (qui sera utilisé pour La Maison), The Puzzle (titre resté inédit), Tic Toc, We Are Machines ainsi que Love et Dear Beloved Secretary, déjà publiés en 45 T.

Christian Janssens Abbey Road

 

 

BILAN 1969

En cette fin de décennie qui restera extraordinairement marquante sur le plan musical, et qui préfigure la fin de ce qu’on appellera plus tard golden sixties, l’Histoire retiendra le mouvement hippie, la contre-culture psychédélique, le festival de Woodstock, point d’orgue de la montée en puissance d’un changement radical de société, et la tragédie d’Altamont qui marqua la fin d’un rêve et d’une utopie de bien-être, de paix et de liberté.


Plus modestement, chez nous, entre la victoire d’Eddy Merckx et la marche sur la Lune, on retiendra le festival de rock à Bilzen au plateau prestigieux puisqu’il parvint à réunir Deep Purple, Ainsley Dunbar, Moody Blues, Humble Pie, Blossom Toes, Soft Machine,  Rory Gallagher et Taste. Et Daydream, le premier tube magistral d’un groupe belge inconnu quelques mois plus tôt : le Wallace Collection.

 

Dans la rubrique hebdomadaire de Télé Moustique , Piero Kenroll tire le bilan de l'année 1969 et consacre une pleine page à notre groupe national.

 

Comment va notre Wallace Collection ? Mais très bien, je vous remercie. Depuis le début de l'année, époque à laquelle le Wallace commença à faire non seulement du bruit, mais aussi une musique excellente, il a coulé pas mal de flotte sous les ponts. En Belgique, la situation a fortement changé. Je veux dire : point de vue réceptivité du public, tout est totalement différent d'il y a à peine six mois.

 

Pour la partie francophone du pays, j'aime croire que le Wallace porte une grande partie de la responsabilité de l'éveil soudain du public à la bonne musique pop. Il a en quelque sorte donné le coup de pouce salutaire, et tout s'est enchaîné. Beaucoup se sont aperçus qu'il y avait quelque chose à faire dans cette voie. Les festivals se sont succédés tout l'été, sans se ressembler, sauf en un point : la victoire d'une musique plus recherchée.

 

Le Wallace a été le premier à oser avoir un style propre parmi tous nos groupes. Quand vous entendez les Pebbles, vous pouvez croire que ce sont les Hollies ou un groupe dans le style, Jess and James pouvaient se confondre avec n'importe quel groupe soul (maintenant ils ont changé), mais quand vous entendez le Wallace, ce ne peut être que lui : il a une personnalité.

 

 

 

 

Il y a peut-être un petit problème quand même. Il ne faudrait pas que le Wallace se laisse dépasser par les événements. Le public semble en effet évoluer à une vitesse incroyable. Des noms comme Colosseum, Nice, Yes, Blossom Toes que vous auriez demandé de définir en vain à un jeune pris au hasard début '69, déplacent des milliers de personnes à la fin de cette même année. Et, chose plus remarquable encore, parmi ce public qui vient voir et écouter ces artistes, il y a un pourcentage de gars et de filles vraiment très avertis. Je veux dire qu'ils savent la différence entre Clapton et le soliste des Equals.

 

A l'aéroport

 

Alors quoi ? Le Wallace semble opter pour une politique sage. Il ne renie pas encore le simple 100 % commercial, qui plaît à bobonne, au papa et à la maman et qui arrive même à faire ronronner le chat, tout en étant acceptable pour quelqu'un qui aime « écouter » au lieu d'entendre. Mais ses nouvelles compositions sont beaucoup plus « rentre dedans », et ici je cite les paroles de Raymond Vincent lui-même.

 

Beaucoup de connaisseurs aimeraient aussi que Sylvain, qui est un excellent guitariste, nous balance de temps en temps un petit solo dans le conduit auditif. Nous serions vraiment très heureux, nous, les Belges.

 

Car il ne faut pas perdre de vue non plus que nos six gaillards sont des vedettes internationales. En France, par exemple, ils ont vendu environ plus de quatre cent mille disques ; c'est joli ! En Angleterre, leur premier L.P. n'a pas mal marché, et ils ont fait une très bonne impression, ce qui est rare, là-bas, pour des étrangers. Partout ailleurs, on commence à connaître leur nom ; tout est donc pour le mieux.

 

Comme je vous le dis, ça va bien pour le Wallace Collection, et nous espérons tous que ça va encore durer longtemps.

 

TROISIÈME PARTIE DE LA BIO DU WALLACE COLLECTION :

LA RANÇON DE LA GLOIRE / 1970

Wallace collection on stage

 

Wallace Collection on stage - 1969

*

 

PASSAGES TÉLÉS


"Daydream" live au Gala du Midem, le 25 janvier 1970 :

http://www.youtube.com/watch?v=_nNL_Nz8U14


"Daydream" en playback dans l'émission "1970 numéro un" le 31 décembre 1969 :

http://www.youtube.com/watch?v=u0P_aVayZcE

 

Baby I Don't Mind live dans l'émission "Tous en scène, le 5 septembre 1969 :

http://www.youtube.com/watch?v=AllgZZK3qbM

 

DISCOGRAPHIE "COMPLÈTE" - 1969

Format PDF (12 pages)


Recherche et commentaires de Philippe Colinge

 

CLIQUEZ SUR LES POCHETTES

 

Discographie Wallace Collection

 

 

Lire : L'envolée vers la gloire (1/1)

La suite : La rançon de la gloire (2)

 

 

 

Biographie officielle rédigée par Jean Jième, extraite de

 

One-Hit Wonder - Wallace Collection.

Avec la collaboration de Philippe Colinge pour ses

recherches, corrections et commentaires.

 

Remerciements tout particuliers à Marc Hérouet pour sa précieuse collaboration

et pour la mise à disposition de ses carnets de notes.

 

Sur Facebook : A collection of Wallace Collection

https://www.facebook.com/groups/524779044262107

 

Remerciements à Sylvain Vanholme, Christian Janssens, Jacques Namotte,

David Mackay, Jean Martin, Jean-Marc Destrebecq, Daniel Lempereur dit Phil, Claudette André.

 

Textes et photos sous copyright de leurs auteurs. Reproduction interdite sans autorisation

 

*

 

DOSSIERS COMPLÉMENTAIRES

 

Biographie officielle des Seabirds

Biographie officielle du Sylvesters's Team

Jean Martin, impresario

L'audition du Wallace Collection aux Gémeaux - octobre 1968