JAZZ-BILZEN FESTIVAL
20-21-22 AOÛT 1971
SEPTIÈME ÉDITION
La prairie du Diepestraat, convertie en amphithéâtre naturel
photo Marcel Uytdenhouwen
UN FESTIVAL HAUTEMENT CONTROVERSÉ
Texte repris de l'ouvrage Jazz Bilzen de Koenraad Nijssen
traduit du neerlandais par Emeric Rezsöhazy
Rewrité par Jean Jième
Dans ses éditions des 22 et 23 août 1970, Het Belang van Limburg, avait relayé les propos du commissaire de police André Bodvin : « Si au moins le festival se déroulait en dehors de l'agglomération ! Dans une vaste prairie en dehors de l'agglomération. Je ne vois rien de répréhensible à ce que les jeunes s'adonnent au naturisme. Mais ici, dans le centre du village, ça ne va pas. La population locale a aussi son mot à dire. ll faut trouver une solution, sinon la situation deviendra impossible à gérer convenablement. »
À lire ces propos, on peut imaginer que le contexte dans lequel se déroulèrent les préparatifs de la septième édition du festival - cuvée 1971- , ne démarra guère sous les meilleures auspices.
DIEPESTRAAT
Toutefois, lors du conseil communal du 16 octobre, conscients des problèmes, les édiles de Bilzen décidèrent de mettre à la disposition de l'organisateur Fons Coch une prairie de quatre hectares, au lieu-dit Diepestraat, cernée par de hauts arbres et largement à l'écart du village.
Photo Jazz Bilzen
La situation était idéale. En effet aucune habitation à proximité et un camping à un jet de pierre. De la sorte, la police pouvait mieux procéder à la canalisation des festivaliers, et en cas d'urgence intervenir avec un maximum d'efficacité. Les épineuses questions relatives à l'ordre public se trouvaient enfin résolues.
UNE PERTE SÈCHE
Lors de ce même conseil communal, l'organisateur Fons Coch, répondit point par point aux insinuations et attaques insidieuses qui tentaient de le discréditer en l'accusant d'enrichissement personnel. Il présenta le bilan financier du dernier festival qui faisait état d'une perte de trois cent cinquante mille francs belges.
Il expliqua que si l'édition 71 allait malgré tout se dérouler ce serait grâce aux bénéfices engrangés lors des années précédentes. Mais ceux-ci ne suffiraient pas. Restait à reconquérir la confiance écornée de Humo et de la BRT.
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LA DÉBLACLE DES SPONSORS
Le 5 novembre, Paul Vandenbussche, patron de la chaîne nationale flamande, qui, jusqu'ici avait apporté son soutien financier à l'événement, annonça qu'il se retirait. Motif invoqué : « le festival reflète une image peu flatteuse de la jeunesse et crée de fâcheux débordements. »
Selon ses dires, la faute principale revenait à la venue de groupes pop considérés comme générateurs de facteurs de troubles.
Dans une longue lettre, Coch essaya de l'amadouer en lui faisant remarquer que « ses » journalistes avaient un peu trop tendance à verser dans le sensationnalisme. Il expliqua que Jazz Bilzen ne pouvait plus se cantonner à n'offrir que du jazz. Il devait s'ouvrir au formidable mouvement pop réclamé par la jeunesse en général.
Puis il tenta une autre approche en essayant de faire intervenir le monde politique en déclarant : « Laisser la jeunesse à son sort me parait immoral. En tant que catholique engagé, je constate que les jeunes ne sont plus aussi pratiquants que leurs parents ; si nous les rejetons, la fracture sera définitive et ce que nous considérons encore aujourd'hui comme beau ou sacré sera définitivement perdu ».
En vain !
UN FESTIVAL SOUS HAUTE SURVEILLANCE
Le véritable défi de l'asbl Jazz Bilzen consistait à redorer son blason au plus vite. La déplorable « affaire Theesen », du nom de ce gendarme qui avait perquisitionné la camionnette du groupe belge Doctor Down Trip, continuait à jeter le discrédit sur la future opération. Pour apaiser les esprits, les organisateurs s'engagèrent donc à renforcer les contrôles à l'entrée et à interdire l'accès aux moins de seize ans. Les bouteilles en verre furent interdites de vente et la consommation d'alcool sévèrement réglementée.
En finale, le comité de l'asbl accepta qu'à chaque étape du processus d'organisation du festival, chacune de ses initiatives soit soumise au conseil communal, seul habilité à les approuver ou non.
Au mois d'avril, nouvelle tuile. Le magazine Humo retira également son soutien financier tout en continuant à couvrir l'événement. Et pour couronner le tout, une bonne moitié des membres de l'asbl Jazz Bilzen décida vers la même période de se retirer de l'organisation « pour permettre de rajeunir le comité ». |
UN CAUCHEMAR POUR LA LOGISTIQUE
Deux mois avant l'ouverture du festival, les modalités pratiques d'organisation n'étaient toujours pas définies. C'est donc dans une certaine précipitation que certaines options furent prises telles que la reconduction du partenariat avec Davoli pour la sonorisation, (à condition cependant que les groupes qui le souhaitent puissent utiliser leur propre matériel) et le maintien du tarif du ticket d'entrée (malgré une TVA instaurée depuis le 1er janvier).
Un corridor de barbelés.
Photo Jazz Bilzen |
Si l'amphithéâtre naturel mis à la disposition des organisateurs présentait un indéniable charme bucolique, il n'en constituait pas moins un véritable cauchemar pour la logistique. En un mois il fallut concevoir un podium avec arrière-scène, une régie lumière, des loges, des espaces d'accueil, des échoppes, mais aussi agencer les postes de contrôle, les caisses, le camping, le parking, les sanitaires... le branchement de l'électricité, de la téléphonie.
Un dernier problème de taille se posa. Afin d'éviter de connaître les bousculades de l'an dernier, dues aux tentatives de certains d'entrer gratuitement, les organisateurs évoquèrent le problème particulièrement délicat des clôtures.
Pour des raisons de temps et de prix de revient, les organisateurs décidèrent de ceinturer la prairie d'un corridor constitué de deux rangées de fil de fer barbelés entre lesquelles allaient patrouiller des volontaires engagés à la dernières minute à vingt-cinq francs de l'heure.
Durant les jours qui précédèrent l'événement, une vaste campagne d'affichage fut organisée dans toute la région pour attirer les jeunes. Une caravane itinérante, ventant les qualités du nouveau site et ses facilités d'accès, sillonna le plat pays.
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MUSIQUE ET MESQUINERIES
(Extrait de Télé Moustique N° 2379)
Les grands festivals sont finis ! Combien de fois faudra-t-il le répéter ? Jusqu'à 5.000 personnes, ça va... Au-dessus, c'est la pagaille. Bilzen, le seul « grand machin » international, fut une grosse déception sur plusieurs plans. 12.000 personnes le vendredi, 14.000 le samedi, c'est trop pour des organisateurs dont la bonne volonté n'a d'égal que la maladresse.
Photo Jazz Bilzen
LES MESQUINERIES
Vous arrivez à Bilzen le vendredi après-midi. Vous mettez à peine un pied hors de votre voiture qu'un type se rue sur vous pour vous réclamer quinze francs de « parking », alors que vous stationnez au milieu d'un champ qui n'a même pas été aménagé à cet effet.
Vous avez beau lui expliquer que vous cherchez le bureau de presse et que vous ne resterez pas là... Rien à faire : « J'appelle les gendarmes si vous ne payez pas ».
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Vous payez et vous vous dirigez vers le camping » avec vos copains... Enfin, vers le terrain où il est permis de planter sa tente, car il n'y a aucune installation sanitaire. Ce qui n'empêche pas ce truc d'être payant. Bref, résigné, vous vous présentez au bureau...
- Voilà, nous sommes cinq avec deux tentes...
Est-ce qu'il y a des filles parmi vous ?
Oui, deux.
Vous êtes mariés ?
Hein ?.., Non.
Dans ce cas, vous ne pouvez pas camper ici.
M'enfin, nous sommes tous majeurs, nous avons vingt et un ans ou plus.
Je regrette, il faut être marié.
Vous commencez à la trouver mauvaise. Vous arrivez au bureau de presse. Le réceptionnaire tire une figure jusque par terre :
Télé Moustique ? Dites, vous êtes combien pour faire un reportage ici ?
Deux, plus un photographe...
Faut tout de même pas exagérer, hein !...
Vous expliquez au gars qu'un festival comme ça, c'est grand et que vous ne savez pas être partout à la fois. Finalement, du bout des doigts, il vous remet trois laissez-passer. Vous apprenez un peu plus tard qu'un confrère de la presse quotidienne (l'un des journaux les plus importants) s'est presque vu refuser l'entrée parce qu'il avait courtisé une hôtesse l'année passée.
Vous arrivez dans « l'enceinte réservée », et ça commence comme ça :
Tu sais, il paraît que les Faces ne viennent pas.
Et Incredible String-band ?
Ça, il paraît que les organisateurs avaient annoncé, qu'il ne venait pas il y a déjà plusieurs jours...
Ah ! Pourtant Jean- Luc leur a téléphoné plusieurs fois, et ils n'ont jamais rien dit.
Tu sais, le Pentangle n'est pas là, et Mirni Farina non plus.
Mais il ne va plus rien nous rester…
Si, le Colosseum vient en remplacement...
Enfin, quelque chose de positif ! Mais il reste encore deux jours...
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LE FESTIVAL DES ABSENTS
Photo Jazz Bilzen
Le samedi, il y a une conférence de presse : Elton John ne vient pas, Jack Bruce ne vient pas... Le premier avait bien signé son contrat, mais les organisateurs ont envoyé la provision trop tard. Le second est malade.
Vous demandez : Les gens qui sont venus spécialement pour Elton John ou Jack Bruce seront-ils remboursés ? L'annoncerez-vous sur scène ?
Tout le monde s'en irait...
Je ne crois pas. Vous pourriez par exemple donner un délai d'une demi-heure à partir du moment où vous l'annoncez. Ceux qui sont venus pour ça pourraient partir et les autres regarder la suite du programme. Ça me paraît juste...
Nous allons étudier la question...
Installez au moins un panneau à l'entrée annonçant que ces vedettes ne viennent pas.
Sur un bout de papier d'environ 30 cm sur 40, on barra donc les noms d'Elton John et de Jack Bruce et on écrivit ceux d'Al Stewart et de Jean-Luc Ponty, qui venaient en remplacement.
On afficha ça à la caisse, derrière une décalcomanie « Jazz Bilzen », de façon à ce que tous ceux qui n'étaient pas déjà au courant n'y comprennent rien.
La conférence de presse s'acheva par une discussion sur l'utilité des barbelés dans ce genre de manifestation. Il faut dire qu'il y en avait partout. Consolation : les Faces sont annoncés pour dimanche.
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PROGRAMME DU FESTIVAL
(Extrait de Télé Moustique N° 2379)
Compte-rendu de Piero Kenroll
VENDREDI 20 AOÛT
11Hr : concours d'orchestres amateurs : pop & beat
Victoire de Banzaï (B)
Le festival débuta le 20/8 par le traditionnel concours amateur, cette-fois-ci sur un terrain en jachère situé près du Marché au Bétail, rassemblant deux cents spectateurs venus applaudir pas moins de treize groupes. Ce sont les Anversois de Banzaï qui emportèrent le prix de cinq mille francs et le droit de se produire le lendemain sur la scène principale. |
17Hr : International show: pop & beat
Spoon (B)
Arkham (B)
Tomahawk Blues Band (B)
Supersister (Hol)
Dave Kelly (GB)
Colosseum (GB)
Family (GB)
SPOON
Groupe originaire de Diest.
De gauche à droite: Leon Roden (saxo) - Felix Fraters (chant et guitare basse) - Guy Degens (batterie)
Chris Peeters (chant et guitare) |
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ARKHAM
Arkham
Côté belge, ce jour-là, Arkham fut égal à lui-même, c'est-à-dire très bon et il obtint un gros succès. Le Tomahawk, groupe qui se dissout et se reconstitue tous les quinze jours depuis trois ans, semblait en bonne forme et ses deux solistes savent certainement se servir d'une guitare. Le malheur est que la musique qu'il joue n'a aucune originalité, fait très dépassé et comprend d'innombrables solos improvisés et trop longs. |
TOMAHAWK BLUES BAND
Michel Clement et Michel Mertens (guitares) - Robert Chabre dit " l'éclair" (batterie) - Bob Valtin (basse).
Il v eut un chanteur anglais, Dave Kelly (le frère de la chanteuse Jo-Ann Kelly), qui mit une certaine ambiance en s'accompagnant à la guitare, mais dont on ne peut pas dire qu'il casse la baraque.
Supersister, groupe hollandais, fut une découverte intéressante. Leur musique est pleine d'humour, mais les musiciens sont un peu trop sérieux sur scène. Ils ne « collent » pas avec ce qu'ils font. Ils ne semblaient pas satisfaits de l'amplification Davoli; peut- être est-ce là la raison. J'aimerais les revoir avec leur matériel.
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COLOSSEUM
Jon Hiseman, le batteur de Colosseum © Coerten
Colosseum, qui venait en remplacement des Faces été prévenu à minuit la veille. Il venait sans aucun matériel et fut obligé de tout emprunter sur place. Malgré cela, il donna une prestation dynamique ; jouant la majorité des morceaux de son double album. Les prouesses vocales de Chris Farlowe et l'habileté de chaque musicien leur valurent une ovation et un rappel. |
Colosseum : Clem Clempson - Dick Heckstall-Smith
(photo Jazz Bilzen)
FAMILY
A cause des problèmes de matériel, on était déjà fort en retard sur l'horaire quand le Family monta sur scène. Chapman semblait en forme, mais rapidement on s'aperçut que la cohésion ne régnait pas dans le groupe. Il jouait pour la première fois depuis deux mois, et John « Ken » Wetton, le nouveau bassiste, faisait ses débuts sur scène avec le groupe. Il n'était que depuis une semaine dans la famille ». Chapman expliqua tout ça aux journalistes par la suite. Il reconnaissait que « ça n'avait pas été » et disait même qu'il aurait mieux fait de ne pas venir. Vous vous rendez compte ? Que serait-il resté du programme annoncé ? Le Family est parti répéter en promettant de faire mieux la prochaine fois ».
Chapman, le chanteur de Family©Coerten |
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SAMEDI 21 AOÛT
(Extrait de Télé Moustique N° 2379)
Compte-rendu de Piero Kenroll
11Hr : concours d'orchestres amateurs : folk et blues
Victoire de : Blues Before Sunshine (B)
15 Hr : International show: pop & beat
Victoire de : Splash (Suède)
Placebo (B)
Walter De Buck en De Kadullen (B)
Reverend Gary Davis (USA)
Roland en Dave Kelly (B)
Jean-Luc Ponty, Stu Martin, Joachim Kuhn, Peter Warren (FR-GB)
Al Stewart ( GB)
Rory Gallagher and Friends ( GB)
Larry Coryell, Roy Papington, John Marshall (GB/USA)
PLACEBO
Deux groupes folkloriques flamands : les Kadullen et Walter De Buck ouvrirent le show. Ils sont amusants, mais pour les Wallons, les Allemands, les Anglais et les Français présents, c'était assez difficile à digérer.
Les autres Belges de la journée furent le Placebo de Marc Moulin et Roland. Le Placebo est étonnant. Composé en majorité de vieux jazzmen professionnels, il propose une musique intelligente sur une basse rythmique irrésistible. Il pourrait concurrencer le Philharpopic Orchestra sans problèmes et il est à espérer qu'on le verra encore souvent.
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Placebo (photo Hans Keleman)
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ROLAND
photo©Jazz Bilzen
Roland fut le courageux qui passa après qu'on eut annoncé qu'Elton John et Jack Bruce ne venaient pas. Pendant vingt bonnes minutes la scène fut bombardée de boîtes de Coca et de projectiles divers. Grâce à une jam, Roland réussit à calmer un peu les esprits. Ensuite, il donna son récital. Écoutez son disque, il en vaut la peine.
REVEREND GARY DAVIS
photo©Jazz Bilzen
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Un moment sinistre : la prestation d'un vieux bluesman inconnu, Gary Davis. Aveugle, la voix usée. Dans son costume bien propre et avec son petit chapeau, il faisait pitié. Il chantait comme 250.000 bluesmen avant lui, mais comme il était vieux, Noir, Américain du Sud et aveugle pardessus le marché, il devait faire « un malheur ». Ce fut chose faite, le public lui fit un triomphe. Le pauvre vieux n'en revenait pas.
AL STEWART
photo©Jazz Bilzen
Al Stewart, lui, est super-gonflé. Il s'est produit devant quatorze mille personnes comme on le ferait devant cinquante. Très intimiste. Ses chansons sont jolies et bien écrites. Il est à classer dans la même catégorie que Cat Stevens et Donovan.
Un très bon moment. |
JEAN-LUC PONTY
photo©Jazz Bilzen
Jean-Luc Ponty et son groupe sont plus jazz que rock. Leur musique est assez froide et truffée d'effets spéciaux. A part l'évidente habileté de ce violoniste et de Joachim Kühn au piano électrique, il n'y avait pas de quoi déchaîner l'enthousiasme. Ces gars jouent manifestement plus pour eux que pour le public.
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photo©Jazz Bilzen
Rory Gallagher n'a pas beaucoup changé depuis le Taste. Il joue un morceau avec une mandoline et un autre avec une guitare sèche. Voilà pour les nouveautés, les gars. A part ça, c'est toujours méchant et heavy et rentre dedans et sauvage et tout. Le plus gros succès de la journée. Ouais... Bof...
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LARRY CORRYELL
Larry Corryel est fort différent sur scène de ce qu'il est sur disque. En studio, il a l'air assez calme et même quand on le voit avec ses cheveux courts, son pull à col roulé et son pantalon soigneusement repassé, il a l'air d'un grand garçon bien sage.
Mais une fois qu'il a une guitare en main... Pfft ! Un ouragan, ce gars. Il relègue Alvin Lee au rang des escargots.
Son répertoire est varié et il me semble qu'il a été vachement sous-estimé jusqu'à présent. Il ne faut pas croire qu'il est complexé pour le plaisir.
Sa version de « Johnny B. Good », un bon vieux rock, est la meilleure que j'aie entendue.
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photo©Jazz Bilzen
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DIMANCHE 22 AOÛT
(Extrait de Télé Moustique N° 2379)
Compte-rendu de Piero Kenroll
11Hr : concours international d'orchestres amateurs : jazz
Richard Boone and Trio Roger Vanhaverbeke (B/USA)
Albert Mangelsdorf, Peter Brôtzmann, Fred Van Hove
en Han Bennink ( D/B/Hol)
Jimmy Heath (USA)
John and Eve McLaughlin (USA)
Rod Stewart and The Faces (GB)
Jacki Byard Trio (USA)
Larry Coryell and Friends ( USA)
Gato Barbier Quintet (ARG)
LE FESTIVAL DE LA FLICAILLE
ORAGE - GADOUE...
Dimanche, c'est l'enfer. D'abord un orage, une pluie diluvienne (il avait fait beau jusqu'alors). La boue partout. Et puis ce furent les bagarres. Il y en eu pour deux raisons. D'abord quelques Français, qui ne voulaient pas payer, prirent les barbelés d'assaut et furent chargés par la gendarmerie. Ensuite des gendarmes en civil voulurent emmener des gens dont les cigarettes avaient une odeur suspecte à leurs grands nez.
Comme ils n'y allaient pas de main morte, les voisins des « fumeurs » réagirent et un nouvel échange de projec tiles et de coups s'en suivit entre une partie du public et la gendarmerie. J'ai vu emmener plusieurs types, certains furent traînés dans les barbelés arrachés et reçurent des coups des gendarmes alors qu'ils avaient cessé de résister.
photo Hardy
Après cela quelques excités vinrent sur scène pour crier : « Ce n'est qu'un début, continuons le combat » sur l'air du « Let's Go » mais ils furent hués par le public qui réclamait : « Musique, musique » !
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ET BAGARRES
Un des incidents marquants de cette journée, fut l'intervention musclée d'une quinzaine de pompiers, venus éteindre un feu de camp alimenté par … des chaises pliantes et qui se termina par l'arrestation d'une dizaine de spectateurs et par l'évacuation d'un blessé ; à savoir Dave Kelly, qui s'était produit sur scène la veille et qui, depuis, s'était mêlé au public. Ce dernier réclama des dommages et intérêts aux organisateurs, qui s'empressèrent de refuser sous prétexte qu'il aurait dû rester dans l'enceinte des artistes où il était assuré.
photo Jazz Bilzen
Pour la petite histoire, Dave Kelly fit la demande, l'année suivante, de revenir se produire à Bilzen. Ce qui lui fut évidemment refusé.
Quant aux quatre meneurs « incendiaires », ils furent appelés à comparaître devant le tribunal correctionnel de Tongres et écopèrent de deux mois de prison avec sursis assortis d'une lourde amende pour destruction de clôture, allumage de bûcher à l'aide de chaises, agressions de représentants de l'ordre à l'aide de divers projectiles, destruction volontaire d'une lance à incendie, coups et blessures envers des pompiers, menace et rébellion.
La presse locale ne manqua pas de mentionner que les fauteurs de troubles venaient tous du Sud du pays.
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JOHN Mc LAUGHLIN
photo Jazz Bilzen
Quand des amateurs de jazz traditionnel rencontrent des amateurs de free-jazz et qu'au milieu de tout ça il y a encore des fans du rock... Qu'est-ce qui se passe ? Les gens huent ce qu'ils n'aiment pas, et ça enquiquine les autres. Qui huent à leur tour le groupe que les premiers aiment, pour se venger. C'est gai !
C'est ainsi que John Mc Laughlin et sa femme, ainsi que les Faces, eurent droit à un public on ne peut plus divisé. Certains applaudissaient à tout casser et rappelaient, les autres chahut aient allégrement. Pourtant les artistes « faisaient de leur mieux », comme devait le dire Rod Stewart, et il n'y avait rien à leur reprocher au point de vue qualité.
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EVE Mc LAUGHLIN
photo Jazz Bilzen
Les Mc Laughlin furent brillants. Très folk. Ils interprétèrent de belles chansons à deux voix et le guitariste mérite sa réputation.
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photo Jazz Bilzen
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ROD STEWART AND THE FACES
Les Faces arrivèrent sur scène très détendus, à l'aise, très sympathiques, souriant et plaisantant.
Une partie du public ne pouvait malheureusement pas comprendre que des artistes soient heureux sur scène et commença à chahuter. Cela n'empêcha pas Rod Stewart et ses copains de donner une belle démonstration de ce qu'est un vrai «groupe», qui joue ensemble, où chacun soutient l'autre et dont le récital n'est pas encombré de solos laborieux destinés à prouver qu'ils savent jouer.
Cette preuve, les Faces n'ont pas à la faire après huit, ans de métier et de succès partout dans le monde. On comprend facilement pourquoi les Anglais en sont dingues actuellement. Voilà des gens qui ne se prennent pas au sérieux et qui sont excellents.
Je ne vous dirai rien sur les groupes de jazz. On ne parle pas de ce qu'on ne connaît pas, comme ça on ne dit pas de bêtises. Et des bêtises à Bilzen cette année, on en a eu sa ration.
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Réalisation et mise en page : Jean Jième
avec la collaboration de Jazz Bilzen et Bilisium
Extraits du livre Jazz Bilzen traduits par
Emeric Rezsöhazy
1965- 1981 (420 bladzijden)
Het boek over Jazz Bilzen is momenteel nog te koop bij de dienst Toerisme van de stad Bilzen in Alden Biesen, in het Stadhuis op de Markt in Bilzen en in cultuurcentrum de kimpel, eikenlaan 25 in Bilzen. De verkoopprijs is 39.50 euros. Het boek kan ook verstuurd worden.
Rekeningnummer 001-4574210-57
IBAN: BE 09 00145742 1057
T. 089 51 95 33 - 0478 57 21 10 - jeanpierre.poesen@bilzen.be |
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