FREE SHOW N°2 - WOLUWE SHOPPING CENTER
DIMANCHE 31 OCTOBRE 1971
WHISBONE ASH POUR LA PREMIÈRE FOIS À BRUXELLES
Dossier réalisé par Jean Jième
Whisbone Ash : Steve Upton, Andy Powell, Ted Turner
et Martin Turner
Jean Jième : Après l'indéniable succès du Free Show de juin 1971, l'organisateur Bernard Ker a eu l'envie de remettre le couvert. D'autant plus que les responsables de la galerie marchande du Wolu Shopping se montraient enchantés de la répercution sur le plan publicitaire. Ils ont donc marqué leur accord pour qu'un second spectacle gratuit puisse avoir lieu dans les mêmes conditions. |
T.REX : SECOND FAUX BOND
WHISBONE ASH
Aussitôt l'agence Century relance la piste de T. Rex. D'autant plus qu'une lettre émanant de Kenny Bell (Chrysalis) à Londres et datant du 23 juin 1971 propose le duo Bolan pour les 10, 11 ou 12 octobre prochain dans le cadre d'une tournée qui devrait passer par Paris.
Century conclut un accord tacite et prend option sur la base de quatre cent livres plus les frais.
Bernard Ker reprend son bâton de pèlerin et recommence à se démener comme un beau diable pour réunir les budgets du plateau et de l'organisation.
Mais en septembre, T. Rex sort l'album Electric Warrior qui connaît un succès aussi inattendu que fulgurant. Numéro un en Angleterre, il atteindra la 38° place dans le US Top 200 aux Etats-Unis et restera huit mois dans les charts. Aussitôt l'agence londonienne Chrysalis organise une tournée de vingt dates en Angleterre, en moins de quatre semaines.
Chaque concert se retrouve sold out, dès l'ouverture des guichets. La demande est telle que deux dates supplémentaires sont rajoutées au Liverpool Stadium.
L'album Electric Warrior |
Le duo Bolan déclenche l'hystérie partout où il se produit. Les journalistes sont à leurs trousses pour une interview et chaque chaine de télévision les réclame pour figurer dans leurs shows.
Très vite, Paul André et J.Jième doivent se rendre à l'évidence. T. Rex ne viendra pas le 10 octobre. Tandis que Bernard Ker revoit le cachet à la hausse, Century tente de trouver une date qui se situe à la fin de leur tournée anglaise. Un moment, le 31 est envisagé.
Après quelques pourparlers, les responsables du Shopping acceptent de reporter la date de la manifestation. En vain, c'est trop tard. En quelques semaines, le groupe Bolan est devenu un mythe. Les States leur font un pont d'or.
Le second Free Show de Woluwe devra se faire sans eux. Reste à trouver autre groupe tout aussi prestigieux. Ker est furieux et déçu. Il a annoncé T. Rex à ses sponsors et il se retrouve sans tête d'affiche. Plus question de reculer. La date du 31 est désormais scellée.
Le concert doit avoir lieu. Century multiplie les contacts avec les principales agences de Londres dans l'espoir de dégoter la perle rare. Après deux semaines de recherches infructueuses, un nom finit par émerger : Whisbone Ash.
Le groupe est surtout connu grâce au duo formé par les deux guitaristes Andy Powell et Ted Turner qui ensemble, se livrent à de véritables duels de virtuosité technique. Le résultat est à couper le souffle.
Au moment où Whisbone Ash nous est proposé, le groupe en est à son deuxième album et voit sa popularité monter en flèche en Grande-Bretagne (premier espoir au Poll du Melody Maker).
En Amérique, où il est passé en vedette au Carnegie Hall, il y a reçu un accueil chaleureux. Il lui reste plus qu'à conquérir notre vieux continent. Leur album Pilgrimage, est immédiatement apprécié, dès sa sortie. |
PETE BROWN AND PIBLOKTO
Au centre Pete Brown entouré de ses musiciens
Paul André est très copain avec Pete. Lors de ses concerts en Belgique, il l'héberge dans sa vieille maison familiale à Suxy, près de la frontière française où le poète du rock se ressource entre deux tournées.
Pete n'est pas un homme d'affaires. Il travaille avec une petite agence Londonienne qui le représente avec plus ou moins de résultats.
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Pete, personnage éminemment gentil, amusant et sympathique porte, non sans fierté, l'attribut de poète. C'est que The Cream lui doit ses plus beaux textes.
Le groupe actuel, baptisé Pete Brown and Piblokto est constitué des guitaristes Jim Mullen et Steve Glover, de Dave Thompson au mellotron et de Robert Tait à la batterie.
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Pete Brown entouré de Jacques Braipson et de Paul André
WARHORSE
Ashley Holt, Mac Poole, Ged Peck, Frank Wilson, Nick Simper
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Au lendemain du Festival à l'île de Whight (4.7.1969), où il se produit pour la dernière fois avec Deep Purple, Nick Simper rejoint le groupe des musiciens de Marsha Hunt.
Lorsque celle-ci tombe enceinte des œuvres de Mick Jagger, Nick décide de former son propre groupe : Warhorse. Il est aussitôt suivi par les anciens musiciens de Marsha : Ged Peck à la guitare solo, Mac Poole à la batterie, Ashley Holt au chant et Rick Wakeman au clavier.
En 1970, le groupe est produit par Vertigo et réalise son premier album Warhorse. Rick Wakeman est remplacé par Frank Wilson. Le groupe connaît des fortunes diverses et ne parvient pas à s'imposer dans les charts.
C'est la qualité exceptionnelle des musiciens et leurs fortes personnalités qui décident l'équipe des organisateurs du Free Show à les engager et à leur donner leur chance de jouer en Belgique. |
LAGGER BLUES MACHINE
Restait à se déterminer pour un groupe bien de chez nous. En fonction du plateau, le choix finit par échoir au Lagger blues machine. Le quatuor est bien connu du public belge et apprécié, malgré une musique souvent planante, diront les uns, trop hermétique diront les autres.
Voici ce que Piero Kenroll écrivait à leur sujet :
La chance du Lagger Blues Machine, c'est d'avoir une manager formidable. Grâce à elle, le groupe ne manque pas de contrats et peut ainsi subsister. Son problème, c'est de jouer une musique compliquée et d'être belge.
Si le Lagger était originaire de France, de Hollande, ou d'Allemagne, il y aurait déjà longtemps qu'une firme de disques lui aurait proposé un contrat. Malheureusement, chez nous, le L.B.M. est dans le même cas que son copain Arkham. On n'ose pas mettre de l'argent dans la réalisation d'un disque.
Pourtant les groupes belges, ça se vend, non? Voyez les Pebbles, Wallace Collection, Irish Coffee, Burnin' Plague, Jenghiz Khan... Leurs L.P.'s se sont bien vendus. Or la majorité de ces groupes sont avant tout des groupes de scène qui savent tenir un public en émoi.
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José Cuisset, Michel Maes, Jean-Luc et Christian Duponcheel
Le L.B.M., lui, de par sa musique, semble au contraire être un groupe fait essentiellement pour le disque. Il ne communique pas avec le public sur scène, il joue une musique très belle qu'il faut écouter dans le recueillement, comme celle du Soft Machine ou du Pink Floyd.
Ceux-là aussi, leurs disques se vendent bien en Belgique. Alors quoi? Si on est un peu logique, un 33 tours du Lagger devrait avoir du succès. Encore une fois, il semble que le manque de producteurs valables se fasse sentir chez nous. Malgré cela, Christian Duponcheel (organiste), Jean-Luc Duponcheel (batteur), José Cuisset (guitare) et Michel Maes (basse) ne renoncent pas et continuent à avoir beaucoup de volonté et méritent vos encouragements.
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QUE LE SPECTACLE COMMENCE ...
Pour ce second grand spectacle gratuit tout avait été réglé pile poil. L'énorme galerie marchande du complexe avait été vidée de ses échoppes, de ses bancs, de ses bacs à fleurs.
L'imposant podium qui avait accueilli les Golden Earring en juin est ressorti des réserves pour être redéployé de la même manière et dans le même axe.
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Cette fois, le succès allait dépasser en nombre de spectateurs le concert de juin.
On vit arriver douze mille personnes. Bien que certains bruits aient couru d'un grabuge possible, on n'a pas davantage fait appel aux flics de la commune, nous contentant d'un service d'ordre minimum, discret et efficace.
Il faut savoir en effet que certains microcosmes, issus notamment de la commune de Woluwe St Lambert, ne voyaient pas d'un très bon œil le principe des free shows.
Pour eux, les jeunes qui venaient assister gratuitement à ce genre de spectacle étaient récupérés par la pub et la grande distribution. Ce qui était vrai en partie, puisque c'est bien l'argent des sponsors qui payait le plateau et toute l'organisation.
Mais en 1971, la pop music n'avait pas pour vocation de véhiculer des idées politiques dans un sens ou dans un autre.
Aujourd'hui, comme hier, les musiciens s'en foutent. |
PREMIER INCIDENT : ÉJECTION DU PODIUM
Dès le début de l'après-midi, Pete Brown a débarqué dans les premiers, bientôt suivi par les roadies de Whisbone Ash et de Warhorse, à la fois surpris et heureux de faire connaissance.
Cette fois, Bernard Ker a convié l'animateur néerlandophone Bart Van de Laer à présenter le concert avec lui. Dès dix-huit heures, ils sont tous les deux sur le podium pour saluer le public qui continue d'arriver en masse.
Coiffé de son éternelle casquette de marin, Ker annonce la présence du premier groupe, aussitôt relayé dans ses propos par Bart. Les quatre musiciens du Lagger Blues Machine sont accueillis avec enthousiasme.
Au cours des quarante minutes de sa prestation, grâce à ses adaptations classiques, le groupe parvient à créer une atmosphère de paix, de sérénité et même de recueillement. A certains moments, il nous rappelle Soft Machine ou Pink Floyd. C'est ce que l'équipe organisatrice souhaitait : un concert cool plutôt qu'un déferlement trop passionnel. Le L.B.M n'a pas été choisi pour chauffer la salle.
Bernard Ker
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Dès la sortie de scène du Lagger et avant que Warhorse ne monte à son tour sur le podium, éclate le premier incident. Un type demande à Bernard Ker de pouvoir s'adresser au public. Il dit qu'il a un message à transmettre. Ker lui accorde deux minutes. L'interpelant se lance alors dans une diatribe véhémente contre la société de consommation et les firmes commerciales.
Il éructe : "Vous ne vous rendez pas compte, mais vous êtes tous achetés. C'est un festival de vendus". Le public le conspue et hurle sa désapprobation. Mais le type ne se laisse pas démonter et continue ses harangues.
Ker s'énerve et fait un signe discret à un membre de son service d'ordre. Mais c'est Christian Mertens qui choisit de monter sur scène. Christian c'est une armoire un glace, un peu comme feu Big Friswa. Il a fait partie de la bande du Club des Aigles. C'est un dur, un pur, un vrai rocker, il se sent investi d'une mission : faire cesser le sacrilège qui se déroule sous ses yeux. Manu militari, il empoigne le bonhomme qui se met à se débattre et à s'accrocher désespérément au micro. Mais Christian a une force herculéenne.
En un tour de main il le projette à deux mètres de lui, jusqu'au bord du podium. En se redressant, le gars part en marche arrière, perd l'équilibre, chute de plus de deux mètres et atterrit dans une fontaine. Ce gars a été à deux doigts de se fracasser le crâne. Seuls une centaine de jeunes agglutinés autour du podium ont vu la scène du type groggy, se relever, trempé de la tête aux pieds. Pour le reste du public, l'incident est clos, il est temps de passer à la suite du programme.
Il est 19 Hr lorsque Warhorse monte sur scène. Musique heavy, punch incroyable du batteur Mac Poole, le groupe remporte un franc succès.
Le rescapé trempé à peine sorti de la fontaine. A ses côtés
B.Hennebert qui se vengera par une alerte à la bombe. |
PETE BROWN ET L'ALERTE A LA BOMBE !
Pete Brown and the Piblokto © Erik Machielsen
IL FAUT FAIRE ÉVACUER LE SHOPPING
Pete Brown, à l'arrière du podium, assiste tranquillement à la prestation de Warhorse. C'est un être calme, pondéré, à la sensibilité à fleur de peau. Paul André, qui le connaît bien, a reçu ses confidences. Pete lui a confié qu'il était tout excité à l'idée de participer à un événement qui réunisse douze mille personnes. Il a hâte de grimper sur la scène, de partir en voyage et d'emmener le public dans le monde magique de Piblokto. Il est un peu plus de vingt heures.
Tandis que les musiciens s'installent, Pete dispose autour de lui ses instruments : trompette, maracas, tambour et tambourins. Et l'envoûtant spectacle commence. Le public est galvanisé. Le recueillement est total. La musique est à la fois douce et vibrante. Pete, le poète, la muse de Jack Bruce, fait planer son vaste auditoire.
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Jean Jième : J'étais à l'arrière du podium, en train de veiller au grain après l'esclandre du type tombé dans la fontaine, lorsque je vois arriver deux pandores en képi.
Je m'approche d'eux et ils me disent : On a reçu un coup de fil anonyme.
Une bombe aurait été placée dans la galerie du Shopping. Il faut faire évacuer la salle. C'est une blague ? Non, pas du tout ! (*)
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Jean Jième - Agence Century.
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Je cours chercher Bernard Ker. Qui tout comme moi encaisse plutôt mal la nouvelle. Il explique aux gendarmes qu'il s'agit d'un acte malveillant destiné à saboter le spectacle. De plus, il ne lui parait pas possible de faire évacuer autant de monde sans créer de graves désordres.
Mais les forces de l'ordre nous expliquent qu'ils n'ont pas le choix. Ils nous somment de réagir et vite Où vous demandez au public de sortir de la galerie marchande ou nous appelons nos collègues et faisons évacuer le complexe.
Consternés, Bernard Ker et Bart Van de Laer se concertent et proposent d'attendre que Pete Brown ait terminé sa prestation dans une bonne vingtaine de minutes. Mais les ordres sont les ordres et les pandores exigent l'évacuation immédiate.
Pete Brown, qui ne se doute de rien, est au paradis. Il n'a jamais autant communié avec le public du continent. Il est sur son petit nuage. Soudain, brutalement, c'est la douche froide !
Ker monte sur scène, fait de grands moulinets avec les bras pour indiquer que le show doit s'arrêter. Il tente de s'emparer du micro pour lancer son annonce. Steve Glover, le bassiste de Pete qui ne connaît pas Bernard, croit à un perturbateur de plus, se saisit de sa casquette et l'envoie valser dans le décor.
Pete, furax, roule des yeux terribles. Tandis que Ker essaie de récupérer son couvre-chef, à la console, le son est soudainement coupé. C'est la stupeur sur scène et dans le public.
(*) Mais comme l'écrivit le journaliste français Jean-Noël Coghe dans les colonnes de Pop Music (N°83 18 nov 1971 ), l'atterrissage fut brutal. |
Steve Glover vient d'envoyer valser la casquette de Bernard Ker.
Ce dernier la cherche . © Erik Machielsen
DIX MILLE PERSONNES SORTENT DANS
LE CALME ET LA DIGNITÉ
Ker essaie de parler, mais l'alimentation du micro est coupée. Bientôt rétablie, le présentateur annonce l'invraisemblable nouvelle. B.Van de Laer répète la même chose en néerlandais. Décontenancé, le public ne sait pas trop comment réagir. Mais très vite, les milliers de jeunes comprennent que quelqu'un cherche à gâcher leur grand Messe.
J.Jième et Jean-Noël Coghe © Erik Machielsen
Alors on assiste à un mouvement de solidarité magnifique, à un élan de discipline peu imaginable aujourd'hui, qui les pousse à sortir dans le calme, sans le moindre heurt. Seule manifestation de leur dépit : des cris, des huées et des sifflements à l'égard des flics.
Pendant que les gendarmes explorent la galerie vidée de ses occupants et ne trouvent évidemment rien, une conférence de presse est improvisée, le journaliste Jean-Noel Coghe, le nagra à l'épaule, recueille le témoignage de J.Jième, une flute de champagne à la main.
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Conférence de presse improvisée avec Bernard Ker, Piero Kenroll, André Drossart, Tom Goldschmidt et Bernard Hennebert
On n'a jamais cherché à identifier l'auteur (ou les auteurs) de ce coup fourré. Plusieurs versions ont circulé. Certaines ont évoqué la piste de membres de la ferme V qui n'auraient pas apprécié que Ker vienne les narguer avec du rock à deux pas de chez eux.
On a songé évidemment au gars qui s'était fait jeter à bas du podium sans ménagement ou à ses copains qui faisaient visiblement partie d'un collectif anti-pub.
Et puis comme la politique n'est jamais bien loin du moindre événement, un journaliste du JOUR nous délivre la déclaration suivante : Le gestionnaire du Woluwe Shoping Center où se déroulait le concert écarte toute motivation politique de cette alerte à la bombe. Différents partis politiques avaient dans le cadre de la campagne électorale demandé de pouvoir patronner le concert, mais les organisateurs avaient crû devoir refuser cet appui.
Pourquoi ne pas retenir tout simplement que partout et de tout temps il existera des emmerdeurs qui choisiront de gâcher les plus belles fêtes au nom de leur vues personnelles ou de leur souci de préserver la sauvegarde de la vertu ou des "intérêts" de leurs concitoyens ?
Au bout d'à peine vingt minutes, les flics repartent bredouilles, sous les quolibets des jeunes qui, par milliers, ont réinvesti le hall du Shopping. Sur ces entrefaites, Pete Brown a eu le temps de se faire expliquer ce qui s'est réellement passé. Il ne parvient pas à cacher sa colère contre cet asshole qui a saboté sa prestation.
Paul André, Bernard Ker et J.Jième le consolent avec une coupe de champagne, tout en l'assurant qu'il peut reprendre le show là, où il a été interrompu. C'est ce qui lui importe le plus.
Reprenant leurs micros respectifs, Ker et Van de Laer félicitent la foule pour son comportement impeccable et digne. Ensuite, ils proposent au public d'accueillir Pete Brown et Piblokto, méchamment piégé dans leur élan et de leur réserver une immense ovation. Devant les cris, sifflets et les tonnerres d'applaudissements, Pete remontesur scène les larmes aux yeux et donne un concert inoubliable.
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WHISHBONE ASH : LE DUO D'ENFER
Whisbone Ash © Erik Machielsen
Vers 21h30, ce fut au tour de Whisbone Ash de monter sur l'imposante scène de l'auditorium mail.
EXTRAITS DE PRESSE
Piero Kenroll - Télé Moustique - octobre 1971
Une des principales raisons du succès de Wishbone Ash, c'est que ses membres sont jeunes. Une partie du public a toujours eu besoin de pouvoir s'identifier avec ceux qui sont sur scène, et pour les moins de vingt ans, le Wishbone est une réponse à leur aspiration. Quel âge avaient-ils en 1963, quand les Beatles, les Stones et d'autres, qui sont maintenant proches de la trentaine, en étaient à leurs premiers balbutiements? Ils étaient en tout cas trop jeunes pour s'intéresser à la musique.
Les musiciens du Wishbone Ash appartiennent à cette génération. Ils ont débuté en jouant du folk, et c'est ainsi qu'ils ont appris... Puis les guitares sont devenues électriques, la musique plus entraînante, le jeu de scène plus dynamique. Le destin du groupe repose dans les doigts de ses deux solistes Andy Powell et Ted Turner. Ils jouent des riffs assez simples, mais qui se complètent et se répondent si parfaitement qu'on croit entendre un seul guitariste... à quatre mains.
Jean-Noël Coghe-Pop Music- N°83 - 18 nov 1971
Le matériel de Wishbone Ash est conséquent. Une fois en scène, on comprend pourquoi les lecteurs du Melody Maker voient eux le groupe espoir de 1972.
Une certaine virginité mêlée de puissance et d'originalité, semble émaner de la musique de Whisbone Ash. Deux solistes, qui se soutiennent, sa dédoublent ; un bassiste et un batteur d'une force terrifiante. Un sang neuf, une autre manière de vivre le rock. J'espère que la France découvrira bientôt ce groupe plein d'espoir.
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A vingt-deux heures trente, après une heure éblouissante de nouveau rock, de dextérité et de coordination technique étonnantes, Whisbone Ash atteint la perfection et stupéfie son public.
Les milliers de jeunes repartent dans le calme, les yeux pleins de rêves et les oreilles encore toutes bourdonnantes des flots des décibels encaissés lors de ce jour mémorable.
A cet égard, ce second free show fut un succès total et demeure un souvenir inoubliable.
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