L'HISTOIRE DE LA FERME V
1965 - 1974
Maison des Jeunes de Woluwe-Saint-Lambert
La ferme Hof Ter Musschen située le long du boulevard de la Woluwe, à côté
de l'UCL et du moulin à vent, a souvent été confondue avec la future ferme V.
C’est en 1965 que la Maison des Jeunes de Woluwe-Saint-Lambert trouve refuge dans une vieille ferme abandonnée, située
213 chaussée de Roodebeek, en face de l'actuel clos Albert Marinus sur le site du "bassin d'orage du Roodebeek").
Ses activités se diversifient rapidement et développent deux types d’action. Une action culturelle qui vise à promouvoir ce qu’on a appelé la « contre-culture », et une action sociopolitique à caractère idéologique.
En 1968, selon une version romantique, la Maison des Jeunes aurait pris le nom de Ferme V en référence au symbole des deux doigts brandis en signe de victoire ; en hommage sans doute aux étudiants contestataires de mai ’68 ou au mouvement hippie.
Mais la réalité est toute différente.
Pour simplifier le nom de Ferme Verheyleweghen à l'orthographe difficile, celle-ci est devenue Ferme V.
Les SHAKES inaugurent la Ferme V en mai 1968
Le premier groupe à avoir inauguré le podium de la grange aménagée de la Ferme furent les Shakes. Un groupe psychédélique constitué de Dany Lademacher, d'Alain Verdier, de Guy Delange et de Dirk De Vries.
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Durant deux ans, d'autres bands dont notamment les Mockingbirds, viendront animer cet espace déjanté.
La Ferme V va connaître son apogée à la fin de l’année 1970, lorsque Philippe Grombeer et Marcel De Munnynck, les deux animateurs du lieu, vont croiser la route de Piero Kenroll, chroniqueur musical, qui va leur proposer d’y organiser des concerts.
Piero contacte Paul André et Jean Jième, qui viennent de créer l’agence pop Century, spécialisée en booking de groupes étrangers, mais surtout anglais. Ceux-ci entrent en contact avec Terry King Associated, l'agence de Genesis.
Le premier concert organisé par le trio Piero, Marcel et Philippe, le 7 mars 1971, fera date dans l’histoire de la Ferme, puisqu’il s’agit ni plus ni moins, de la première venue sur le continent du groupe Genesis.
Se succéderont par la suite Van Der Graaf Generator, le 4 avril, Black Widow, le 30 avril et Stud, le 15 mai.
Le cinéma n’est pas en reste. Pour cinquante francs, les organisateurs proposent régulièrement d’assister à la projection d’un film.
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LES SHAKES INAUGURENT LA FERME V
MAI 1968
Guy Delange (batterie), Alain Verdier (basse), Dany Lademacher (Guitare solo) et Dirk De Vries (chant) inaugurent la grange de la Ferme V.
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Alain Verdier et Dany Lademacher à la Ferme V - mai 1968
La Ferme V, 213 chaussée de Roodebeek- 1970-1971 (photo Jamin)
Le public rock sous les voûtes de la Ferme V.
Équipe de la ferme V.
ARRIVÉE DES GROUPES ANGLAIS
GENESIS - 7 MARS 1971
VAN DER GRAAF GENERATOR
4 AVRIL 1971.
BLACK WIDOW
30 AVRIL 1971
STUD
15 mai 1971
PAT WOODS AND KATHY LOWE
samedi 7 OCTOBRE
1972
BIRTHA
jeudi 2 NOVEMBRE
1972
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SHAKIN' STEVENS AND THE SUNSET
1973
Shakin' Stevens (Ferme V) 1973
Avec un saxophoniste s'accrochant au plafond, un pianiste boxant son clavier, un bassiste sautillant et des déhanchement à la Elvis, Shakin' Stevens déchaîne le public de la Ferme V. Ce n'est pas plein : ce qui permet aux spectateurs de faire des bonds, de danser, de secouer leurs tignasses frénétiquement et d'agiter les bras dans tous les sens au risque de s'assommer mutuellement. (Extrait de Gravé dans le Rock Chapitre 13)
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A la ferme V - Télé-Moustique N°2467
MENACE DE FERMETURE
Indépendamment de leurs activités artistiques, Marcel et Philippe doivent faire face à leurs missions habituelles qui consistent à gérer des crises familiales ainsi que certains problèmes liés au logement, à la drogue etc.
La manière un peu trop « indépendante » avec laquelle ceux-ci gèrent leurs activités et surtout leurs opinions politiques, un peu trop à gauche, finissent par déplaire aux édiles communaux.
Les deux compères se rendent compte qu’ils dérangent et lorsqu’ils requièrent des subsides afin de rénover la toiture délabrée de la ferme, on les leur refuse. Finalement gagnés par le découragement, les deux garçons décident communément de donner leur démission.
Leur successeur, Philippe De Coene, qui hérite du dossier, se retrouve bien vite confronté aux mêmes complications administratives. Le dialogue s’envenime.
Alors, le Bourgmestre Donald Fallon, décide de frapper un grand coup. Durant l’été, il établit un avis d’expulsion et annonce la fermeture prochaine du lieu pour cause d’insalubrité publique.
Alerté, Piero Kenroll décide à son tour de réagir. Il bat le rappel de tout le petit monde du rock belge. Il publie un article dans le numéro 2379 de Télé Moustique intitulé « La Ferme V en péril ».
Et dans le numéro suivant, il ouvre les hostilités ... de manière pacifique.
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MANIF MUSICALE EN FAVEUR DE LA FERME V
Télé Moustique N° 2380
GROUPES BELGES EN PAGAILLE
Toutes les photos en rapport avec cet événement ont été réalisées par Daniel Borremans,
jeune étudiant de rhéto à l'époque.
Le 11 septembre 1971 la plupart des groupes du pays se produisent gratuitement dans le parc de Roodebeek
devant la Maison Devos et la Villa Montald à deux pas de la Ferme. Tous ne sont pas au complet, mais ils délèguent des membres pour participer à l’une ou l’autre jam session. C’est une pagaille énorme. [...] |
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Le nouveau Kleptomania avec Paolo Radoni
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Jenghiz Khan
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Irish Coffee
Friswa et le Kleptomania font la jam
Roger Wollaert - Paolo Radoni et Dany Lademacher
Musicalement l’événement n’a rien de mémorable, mais il a au moins le mérite de démontrer à quel point la Ferme V. est devenu un lieu privilégié pour le rock en Belgique. Elle va pouvoir continuer.
Mais pour l’équipe que met sur pied Philippe De Coene, l’engagement politique devient manifestement prioritaire par rapport aux activités musicales.
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Après cette action d'éclat, la Ferme V reçoit une aide de cinq cent mille francs qui permet de procéder à plusieurs travaux de sécurisation. Elle peut donc poursuivre ses activités. Philippe De Coene se constitue une nouvelle équipe, dont l’engagement politique devient manifestement prioritaire par rapport aux activités musicales. (extraits du Chapitre 9 de Gravé dans le Rock de Piero K.)
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LA FERME ABANDONNÉE
La fin d'une époque. La ferme a disparu laissant la place à un bassin d'orage.
213 ,Chaussée de Roodebeek
En 1974, rebelote. Le bourgmestre réitère ses menaces d’expulsion à l’encontre des animateurs de la Ferme. Cette fois, il invoque une autre raison : il prétend vouloir y installer une école artistique, qui ne verra évidemment jamais le jour. Malgré leur résistance, les jeunes sont expulsés par les forces de l’ordre le 1er août 1974.
Privé de leur lieu de travail, les animateurs poursuivent néanmoins leurs activités dans un premier temps dans la Maison Médicale de l’UCL, Le Gué, puis dans des salles de location.
Près d’un an plus tard, ils sont accueillis dans un deux-pièces situé au 1er étage du N°40 de la rue de la Station. En octobre 1976, la Commune les déménage au N°44 de la même rue, une ancienne boucherie de quartier.
Mal logés, les animateurs se font moins militants, à l’image d’ailleurs de la jeunesse de la deuxième moitié des années 70.
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C’est la fin définitive d’une époque. Les animateurs responsables décident de rompre avec l’image contestataire qui leur colle à la peau, depuis si longtemps.
La Maison des Jeunes renoue le dialogue avec les autorités locales et s’ouvre davantage à tous.
Le nouveau bourgmestre, Georges Désir, inaugure le 13 octobre 1981, une nouvelle Maison des Jeunes baptisée : l’Antichambre.
En 1990, Marcel De Munnynck et Daniel Frankignoul, échevin des Travaux publics de la commune fondent l'Association des Centres Culturels de la Communauté française. Grâce au soutien communal des travaux seront entrepris pour rénover L'Antichambre. |
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