WOLU-CITY 1968
4° ÉDITION
10 - 11 - 12 MAI 1968
Heures d'ouverture
Vendredi 10 mai de 19 à 24 h. Samedi 11 mai : de 14 à 24 h. Dimanche 12 mai de 11 à 24 h
Prix des entrées
Enfants 10 F.
Adultes 25 F.
Grand spectacle 100 F.
Vendredi 10
Visite inaugurale du village en train d'époque avec attaque du train.
Orchestre : Jean-Lou et son Bastringue.
19 h 30 Dîner au restaurant : toutes les attractions sont ouvertes.
20 h 30 Grand spectacle au KENTUCKY PALACE avec «, The Sweet Fillings » (sic)
Les CHARLOTS
GUY BEART
Présentation par Robby (Europe n° 1).
22 h 30 Barbecue en plein air. Souper au restaurant. Attractions.
Samedi 11
14 h. Ouverture, la vie du village indien - jeux - corral - skooter - mât de cocagne -
À 15, 16, 17, 18 et 19 h. : spectacle de cirque (400 places) et spectacle de marionnettes (100 places).
19 h. Dîner au restaurant.
20h30 Grand spectacle au KENTUCKY PALACE avec
THE PEBBLES
BRIAN AUGER and the TRINITY
JULIE DRISCOLL
THE MOODY BLUES.
Présentation : Robby et Samy.
Après le spectacle : danse, attractions, saloon, bar.
Dimanche 12
11 h. Ouverture. - Rallye des manèges.
12 h 30 Apéritif au Bourbon Bar. Dîner au restaurant.
Après-midi familiale dans l'ambiance unique du village western aux bords de la Woluwe.
Cirque : toutes les heures.
Marionnettes.
15 h. Joutes sans barrière (stade Fallon) au profit des enfants handicapés
- chasse au trésor - baby-sitting.
Visite d'une grande vedette internationale surprise.
17 à 19 h. Jean-Lou et son Bastringue.
20 h. Grand spectacle au KENTUCKY PALACE avec
GROUPE FOLK SONG
LES TROUBADOURS,
JOE DASSIN.
Orchestre de danse « Dancing at the far-west Avec la collaboration de la R.T.B.
LES MOODY BLUES,UN GROUPE MYTHIQUE.
Jean Jième : Wolu-City 68 - nouvelle édition. Au programme le groupe Trinity constitué
de Brian Auger et de Julie Driscoll avec en toute grande vedette les Moody Blues.
Ceux-ci viennent de sortir un tube international Nights in white satin, un slow magnifique,
teinté d'accords plaqués au mellotron. Succès, cris d'enthousiasme et applaudissements nourris !
C'est le grand amour avec le public venu en nombre.
Pourtant la fête a failli être gâchée par une bande de casseurs.
The Moody Blues sous chapiteau - 10 mai 1968 (photo J.Jième)
Constitué de brillants musiciens, les "Moody Blues" débutent en 1964 et deviennent rapidement l'un des meilleurs groupes de rythm'n blues d'Angleterre. Sous contrat au Marquee, club mythique où passent les meilleurs groupes, ils gagnent rapidement leur public. « Go Now » devient leur premier tube. La presse les compare aux "Animals" et à "Manfred Mann". Ils enchaînent plusieurs 45 tours ainsi qu'un album. On retiendra « From The Bottom Of My Heart » (1965), « Bye Bye Bird » (1966), où l'harmonica de Ray Thomas et la voix de Denny Laine rivalisent de dextérité.
Au cours de l'été 1966, Denny Laine quitte le groupe. Plus tard, il fondera les Wings avec Paul et Linda McCartney. Arrivent John Lodge (bassiste) et Justin Hayward (guitare + chant). Marqués par l'évolution des Beatles et des Rolling Stones, ils pressentent l'ère psychédélique qui s'annonce. Ils décident de rompre radicalement avec les règles du rythm'n blues. Ils s'enferment en studio pour diverses expériences musicales. Ils enregistrent « Days Of Future Passed », l'un des albums les plus importants de 1967 puisqu'il marque le début du rock progressif.
Dans ce quintet, chacun est désormais auteur, compositeur et interprète. Et chacun possède son style : John Lodge, influencé par la musique californienne, propose une sorte d'acid-rock souvent rafraîchissant (« Peak Hour ») ; Ray Thomas, flûtiste et multi-instrumentiste, excelle dans la pop guillerette et légère (« Another Morning ») ; Mike Pinder, organiste, se lance dans des recherches plus complexes et souvent plus confuses ; Graeme Edge récite des poèmes ; tandis que Justin Hayward met dans le mille grâce à une pop calme et basique, mi-anglaise, mi-américaine… Avec un de ses morceaux, « Nights In White Satin », les Moody Blues font un véritable carton. Slow de l'été, il inspire à Léo Ferré la chanson « C'est extra ».
Justin Hayward, guitare et chant - Graeme Edge à la batterie (photo J.Jième)
Témoignage de Christian Duponcheel, ex-organiste du Lagger Blues Machine :
De jeunes Mods (*), nostalgiques de la chaude ambiance de « casse »
vécue avec les Who, l'année précédente, ont voulu faire état de leur déception.
Non seulement, ils estimaient que les Moody Blues ne faisaient pas le poids,
mais en plus ils leur en voulaient d'avoir cédé au succès commercial avec Nights In White Satin.
Pour marquer leur désapprobation ils se sont mis à envoyer des bouteilles de coca
vides sur la scène. Devant une telle agressivité, les musiciens ont refusé
de jouer créant davantage de brouhaha parmi le public.
Mike Pinder fait mine de supplier le public de les laisser
poursuivre leur concert. (photo J.Jième)
Les organisateurs ont dû intervenir avec force pour rétablir le calme
et permettre au groupe de donner sa prestation avec pas mal de retard sur l'horaire.
En réalité, le public de Wolu-City était assez hétéroclite.
On retrouvait de bons pères de famille accompagnés de leurs gosses autant que de
vrais fans de musique anglaise et de « vrais puristes », plus branchés sur
un rock progressif ou underground.
L'EXFILTRATION
photo: Erik Machielsen
Fin du concert. Les musiciens se précipitent vers une roulotte stationnée à quelques mètres de là. Des jeunes leur courent derrière, leur barrent la route. Rien de bien méchant, seulement de la curiosité. Ils veulent les voir de près, les toucher. Mais les musiciens sont pressés de regagner leur hôtel. Ils s'engouffrent dans la caravane. Quelques dizaines d'excités (sans doute les mêmes qui les ont admonestés au début du spectacle) se mettent en devoir de la faire tanguer. Deux flics tentent d'endiguer le mouvement de foule, sans résultat. Je m'approche de la caravane en jouant des coudes, lorsque la porte s'ouvre et je vois émerger une tête qui se met à crier : A car, we need a car. J'ai aussitôt le réflexe de répondre : Follow me, I got a car.
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Croyant que je fais partie de l'organisation, le manager et son groupe sortent de leur bunker et me suivent. Je leur montre alors la Peugeot parquée à quelques dizaines de mètres. Ils s'engouffrent à quatre sur le siège arrière et deux à l'avant. Arrivé Place Rogier, Mc Cormick, le manager du groupe, m'invite à prendre un drink au bar du Sirius pour me remercier.
Le lendemain de cette rencontre fortuite et mémorable, je retourne à l'hôtel Sirius.
Je demande à Mc Cormick s'il m'autorise à prendre des clichés du groupe.
Il me dit qu'ils ont peu de temps car ils repartent sur-le-champ pour Londres.
Je les suis sur la route de l'aéroport. Et là, avec beaucoup de gentillesse et de fair-play, ils m'accordent quelques minutes pour se laisser photographier.
Je réalise que je suis sans doute le seul à avoir des photos exclusives.J'assiste au décollage de leur avion avec un petit pincement au cœur. Je me dis que je me verrais bien dans la profession de manager de groupes.
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Justin Hayward,Mike Pinder,Graeme Edge,Ray Thomas,John Lodge © J.Jieme