WOLU-CITY 1968
4° ÉDITION
10 - 11 - 12 MAI 1968


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BRIAN AUGER -JULIE DRISCOLL
LES MOODY BLUES

Les Moody Blues sous chapiteau - Wolu-City - 10 mai 1968 (photo J.Jième)
UN GROUPE MYTHIQUE
Constitué de brillants musiciens, les "Moody Blues" débutent en 1964 et deviennent rapidement l'un des meilleurs groupes de rythm'n blues d'Angleterre. Sous contrat au Marquee, club mythique où passent les meilleurs groupes, ils gagnent rapidement leur public. « Go Now » devient leur premier tube. La presse les compare aux "Animals" et à "Manfred Mann". Ils enchaînent plusieurs 45 tours ainsi qu'un album. On retiendra « From The Bottom Of My Heart » (1965), « Bye Bye Bird » (1966), où l'harmonica de Ray Thomas et la voix de Denny Laine rivalisent de dextérité.
Au cours de l'été 1966, Denny Laine quitte le groupe. Plus tard, il fondera les Wings avec Paul et Linda McCartney. Arrivent John Lodge (bassiste) et Justin Hayward (guitare + chant). Marqués par l'évolution des Beatles et des Rolling Stones, ils pressentent l'ère psychédélique qui s'annonce. Ils décident de rompre radicalement avec les règles du rythm'n blues. Ils s'enferment en studio pour diverses expériences musicales. Ils enregistrent « Days Of Future Passed », l'un des albums les plus importants de 1967 puisqu'il marque le début du rock progressif.
Dans ce quintet, chacun est désormais auteur, compositeur et interprète. Et chacun possède son style : John Lodge, influencé par la musique californienne, propose une sorte d'acid-rock souvent rafraîchissant (« Peak Hour ») ; Ray Thomas, flûtiste et multi-instrumentiste, excelle dans la pop guillerette et légère (« Another Morning ») ; Mike Pinder, organiste, se lance dans des recherches plus complexes et souvent plus confuses ; Graeme Edge récite des poèmes ; tandis que Justin Hayward met dans le mille grâce à une pop calme et basique, mi-anglaise, mi-américaine… Avec un de ses morceaux, « Nights In White Satin », les Moody Blues font un véritable carton. Slow de l'été, il inspire à Léo Ferré la chanson « C'est extra ». Lire la bio complète sur www.musique.ados.fr
Justin Hayward, guitare et chant - Graeme Edge à la batterie (photo J.Jième)
Jean Jième : Wolu-City 68 - nouvelle édition. Au programme le groupe Trinity constitué de Brian Auger et de Julie Driscoll avec en toute grande vedette les Moody Blues. Ceux-ci viennent de sortir un tube international Nights in white satin, un slow magnifique, teinté d'accords plaqués au mellotron. Succès, cris d'enthousiasme et applaudissements nourris ! C'est le grand amour avec le public venu en nombre. Pourtant la fête a failli être gâchée par une bande de casseurs.

Mike Pinder fait mine de supplier le public de les laisser jouer. (photo J.Jième) |
Témoignage de Christian Duponcheel, ex-organiste du Lagger Blues Machine, présent sur place :
De jeunes Mods (*), nostalgiques de la chaude ambiance de « casse » vécue avec les Who, l'année précédente, ont voulu faire état de leur déception. Non seulement, ils estimaient que les Moody Blues ne faisaient pas le poids mais en plus ils leur en voulaient d'avoir cédé au succès commercial avec Nights in white satin. Pour marquer leur désapprobation ils se sont mis à envoyer des bouteilles de coca vides sur la scène. Devant une telle agressivité, les musiciens ont refusé de jouer créant davantage de brouhaha parmi le public.
Les organisateurs ont dû intervenir avec force pour rétablir le calme et permettre au groupe de donner sa prestation avec pas mal de retard sur l'horaire. En réalité, le public de Wolu-City était assez hétéroclite. On retrouvait de bons pères de famille accompagnés de leurs gosses autant que de vrais fans de musique anglaise et de « vrais puristes », plus branchés sur un rock progressif ou underground.
(*) http://boomer-
cafe.net/version2/index.php/Modes-de-vie-des-annees-50/Mod-ou-Rocker.html |
Jean Jième : Les Moody Blues sont finalement montés sur scène, serrés les uns contre les autres, sur un podium sommaire, surplombé d'une bâche dressée au-dessus de leurs têtes. Heureusement, il ne pleut pas. L'éclairage est plus que sommaire. Mais les Moody Blues crèerent l'ambiance grâce à leurs mélodies de type rock symphonique.
J'assiste au spectacle avec ravissement. J'apprécie particulièrement la cohésion flûte, orgue de Ray Thomas et de Mike Pinder. Le chanteur Justin Hayward est beau comme un dieu grec et sa voix envoûte le chapiteau. Ovationnés à leur descente de scène, ils se précipitent vers une roulotte stationnée à quelques mètres de là. Les jeunes leur courent derrière, leur barrent la route. Rien de bien méchant, seulement de la curiosité. Les filles et les garçons veulent les voir de près, les toucher. Mais les musiciens sont pressés de rentrer à leur hôtel. Ils s'engouffrent dans la caravane. J'assiste alors à un spectacle désolant. Quelques dizaines d'excités (sans doute les mêmes qui les ont admonestés au début du spectacle) se mettent en devoir de la faire tanguer.
J'EMBARQUE LES MOODY BLUES DANS MA VOITURE
Je vois plusieurs flics courir pour tenter d'endiguer un mouvement de foule, mais aucun pour venir au secours des malheureux musiciens. Je m'approche péniblement de la caravane en jouant des coudes, lorsque la porte s'ouvre et je vois émerger une tête qui se met à crier : A car, we need a car. J'ai aussitôt le réflexe de répondre : Follow me, I got a car. Croyant que je fais partie de l'organisation, le manager du groupe s'extirpe de la foule et me suit. Je lui montre alors la Peugeot parquée à quelques dizaines de mètres. Le manager regagne la caravane, fait sortir les musiciens au bord de la crise de nerf. Ils se fraient un chemin dans la foule, se mettent à courir. Je suis déjà au volant. Ils s'engouffrent à quatre sur le siège arrière et deux à l'avant. Je démarre à grands coups de klaxon. J'ai peine à réaliser ce qui m'arrive. Arrivé Place Rogier le manager du groupe, un certain Mc Cormick, m'invite à prendre un drink au bar du Sirius pour me remercier. Je n'en reviens toujours pas de mon audace. Cette nuit-là, je rentre chez moi de plus en plus persuadé que j'ai trouvé le métier de ma vie.

Le lendemain de ce jour mémorable, je retourne à l'hôtel Sirius mundi de mon appareil photo.
Je demande à Mc Cormick s'il m'autorise à prendre des clichés du groupe.
Il me dit qu'ils ont peu de temps car ils repartent sur-le-champ pour Londres.
En sortant du Sirius, Erik Machielsen nous prend en photo.

Mike Pinder,Justin Hayward, Graeme Edge, ,John Lodge,Ray Thomas © J.Jieme
Je les suis sur la route de l'aéroport. Et là, avec beaucoup de gentillesse et de fair-play, ils m'accordent quelques minutes pour se laisser prendre en photo.
Je réalise que je suis sans doute le seul à avoir des photos exclusives.J'assiste au décollage de leur avion avec un petit pincement au cœur. Je me dis que je me verrais bien dans la profession de manager de groupes© J.Jième
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