L'éphémère Pop and Soul, situé rue au Beurre, à quelques dizaines de mètres de la Grand Place, en face du Brasseur et du Golf du Loup, s'ouvrit en janvier 1966 pour seulement quelques mois.

Le rez-de-chaussée était crade à souhait, les murs étaient complètement nus.  Aucun décor particulier, mis à part quelques sofas fatigués  sur lesquels s’affalait une clientèle de chevelus, à l’écoute d’une musique planante. C’était plus ou moins le repaire des groupes pop bruxellois, parmi lesquels les Ombres et le Sylvester’s Team. On se serait cru dans un garage.

Des  volutes de fumée  aux odeurs aromatiques laissaient supposer que  les jeunes ne fumaient pas que des St Michel ou des Peter Stuyvesant.

À cette époque Jean Jieme qui s’était lancé dans la mise en scène de cinéma, tournait avec des moyens de fortune le Mauvais Age, un long métrage en 16mm. Il avait fait appel aux musiciens des Ombres pour lui écrire le thème de son  générique.

John Christopher Lühr et Luc Gillet composèrent The Angry Age, qui sortit  en 45 tours. Plusieurs  scènes furent tournées dans les caves du Pop and Soul ainsi que sur la mezzanine qui surplombait la piste de danse.

Dany : "Notre participation s'est limitée à quelques prises de vue sur la Grand Place de Bruxelles et environs. Egalement, à une toute une série de plans des Ombres en train d'interpréter la musique du générique. Jean Jième nous avait installé sur un balconnet qui surplombait le cabaret-bistrot. La caméra était au sol et nous filmait en contre-plongée. Je me rappelle également de quelques plans insolites dans les sinistres caves de l'établissement."

Extrait du Mauvais âge : La piscine privée

The Angry Age- musique des Ombres

C'était également le lieu de rendez-vous de comédiens de théâtre et d'artistes les plus divers. L'installation sonore était performante pour l'époque. Les disques étaient diffusés sur une seule platine, ce qui laissait des blancs. Cela ne semblait déranger personne.

Les filles et les garçons qui fréquentaient le Pop and Soul venaient d'horizons très différents sans que cela pose le moindre problème. Aucun à priori, aucun snobisme. Fils ou filles de bourgeois, d'ouvriers ou d'artistes fricotaient ensemble allègrement.