LES GRANDS FESTIVALS POP EN BELGIQUE
JAZZ-BILZEN FESTIVAL
15 -16 -17 AOÛT 1980
SEIZIÈME ÉDITION
© jazz bilzen
Article repris dans le magazine Télémoustique N° 2848
Bilzen 1980 laisse une impression globale d'extrême tristesse, d'apathie, de désolation, et il serait étonnant que le plus traditionnel festival belge se déroule encore dans un an, du moins s'il conserve sa formule actuelle. Le programme du samedi, consacré au rock, a attiré un public étonnamment maigre : il y avait même moins de monde qu'au festival Rocking Europe organisé à Charleroi au mois d'avril. Là on expliquait la faible participation par l'amorphie du public wallon, mais ici elle est directement imputable aux organisateurs : leur programme ne justifiait en aucune façon un public plus massif.
On avait appris l'avant-veille que les Ramones, malades, ne pourraient se produire, mais à en juger par le nombre de T- shirts à l'effigie du "plus-grand-groupede-tous-les-temps", peu de festivaliers en étaient avertis.
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Parmi les huit groupes présentés, seuls les Stranglers (et peut-être les Dexy's Midnight Runners qui donnaient leur premier concert en Belgique) auraient attiré plus de 500 personnes s'ils s'étaient produits seuls quelque part.
Mais pourquoi infliger au public tous ces groupes que PERSONNE n'a envie de voir ?
Lorsqu'on a dit l'année passée que Wechter/Torhout constituait une formule plus agréable et moins éprouvante qu'un festival de trois jours, cela impliquait également que la programmation devait être à la hauteur.
A titre de comparaison, chacun des sept groupes qui ont joué à Torhout il y a un mois et demi avait déjà rempli des salles belges par son seul nom auparavant. Cela fait une sacrée différence dans la motivation du public à se déplacer, parce qu'on ne nous fera pas croire qu'il y a tellement de fans de rock qui se déplacent rien que pour les "bonnes vibrations" du festival de Bilzen.
Ce public était grosso modo divisible en deux clans qui ont — merci John Denver — cohabité de manière optimale pendant ces longues heures de festival : il y avait les punks folkloriques avec leur uniforme ba riolé, leurs badges, leurs inscriptions (UK Subs et Crass doivent figurer en bonne place dans ce Hit-parade) et — délicieuse nostalgie -- des épingles de sûreté (Q, et d'autre part il y avait les festivaliers chroniques, chevelus, habillés préférablement de mauve, qui avaient pensé à apporter leur sac de couchage et tout l'équipement du parfait campeur.
Mais qui, dans cette foule, a pu repartir en songeant que ça valait bien 450 F (allez, 370 en prévente) ?
Y aura-t-il un seul nouveau groupe qui laissera aux membres du public un souvenir impérissable ? En poursuivant ce raisonnement, de qui — parmi les huit groupes présentés — reparlera-t-on dans deux ans ?
Même si c'est pour maintenant que nous vivons et pas pour le futur, il n'y a pas eu plus de (remplissez les pointillés) groupes qui valaient le déplacement, le temps, l'énergie et l'argent.
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VENDREDI 15 AOÛT
• The Misters
• Womega
• TC Matic
• Raymond van het Groenewoud & The Centimeters
• Rick Tubbax & The Taxi's
Womega © jazz-bilzen
Une remarque générale (qui est également valable pour tous les concerts rock dans des salles), c'est que les groupes ont l'impression qu'il vaut mieux qu'ils jouent le plus longtemps possible. Or c'est justement l'inverse : plus une prestation est brève, plus son impact sera important. Surtout s'il s'agit d'un avant-programme, il vaut généralement mieux faire un set de vingt minutes qui laisse au public l'envie d'en voir davantage plutôt qu'un set d'une heure qui finit par ennuyer tout le monde.
Le problème est qu'une grande partie du public rock a l'impression de ne pas en avoir pour son argent si son groupe préféré ne joue que 3/4 d'heure au lieu de 2 h 30. Même si le public a toujours raison, fondamentalement, je crains bien que là il se trompe.
Je trouve moins insultant qu'Elvis Costello joue un bon concert qui dure quarante minutes que de voir Grateful Dead abuser de la patience des gens en restant quatre heures sur scène à jouer des solos de guitare.
Et lorsqu'on a huit groupes qui se suivent, on croirait qu'ils sont tous dévalorisés par ceux à qui ils succèdent et qu'ils auraient chacun (un peu) plus d'impact s'ils se produisaient en tête d'affiche dans un petit club. Mais c'est ça, les festivals... |
Raymond van het Groenewoud
© jazz bilzen
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SAMEDI 16 AOÛT
• Urban Heroes
• The Katchies
• Girlschool
• Lambrettas
• Dexy's Midnight Runners
• The Shirts - Annie Golden
• The Kids
• The Stranglers
URBAN HEROES
Et à Bilzen, "ça" a commencé avec URBAN HEROES.
Ce groupe hollandais s'est déjà produit chez nous, mais il serait extrêmement douteux que quiconque se soit déplacé rien que pour les voir. Ce qu'ils font est assez bruyant, banal, avec une sonorité assez moderne (du power-pop avec des claviers), mais avec aussi une absence totale d'originalité et de compositions accrocheuses. Leur simili-hymne Urban Heroes est calqué soit sur We Are The Champions soit sur School's Out, mais de toute manière, ils semblent se déplacer beaucoup sans aller nulle part.
THE KATCHIES
THE KATCHIES avaient assuré l'avant- programme de Rainbow, mais la musique de ce groupe originaire de Manchester (en Angleterre) pourrait être comparée à celle de Urban Heroes en ce sens qu'elle est en fait indescriptible, passe-partout, dure sans être vraiment hard, pop sans être vraiment commerciale, violente tout en restant inoffensive.
The Katchies © Coerten |
A leur actif, ils sont extrêmement sympathiques, enthousiastes, ils ont l'air d'y croire (ils sont d'ailleurs les seuls, car ils n'ont impressionné personne) et peut-être qu'un jour ils écriront un semi-hit à la Shape Of Things To Corne des Headboys, à qui ils pourraient presque être comparés.
GIRLSCHOOL
Girlschool © Coerten
GIRLSCHOOL fut infiniment moins épouvantable que ce que leur premier album pouvait laisser présager, et leur set fut même presque gai. C'est du heavy métal très rapide, très banal, très énergique, aussi bête et aussi infaillible que ce que font les très sous-estimés Status Quo, par exemple. Ils ont une très jolie guita riste, Kelly Johnson, qui ressemble à la fois à Rick Parfitt et à Farrah Fawcett-Majors, mais ce n'est pas la seule raison qui m'a gardé près de la scène durant toute leur prestation : même si on se demande comment elles font pour reconnaître leurs propres compositions, celles-ci sont dépourvues de prétention et idéales pour les headbangers. Avec une musique aussi démodée, mais aussi irrésistible, il est surprenant que Girlschool n'ait pas recueilli plus de succès.
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THE LAMBRETTAS
The Lambrettas © Coerten
THE LAMBRETTAS ont succédé à Girlschool, et il s'agit d'un autre groupe qui doit vraisemblablement être dépourvu d'ambition. Ils n'ont pas honte de se présenter comme un groupe mod façon sixties, avec une musique énergique, rapide et dansante, mais insipide et instantanément oubliable. Et puis leur image est très dérangeante, mod, mode et irréversiblement démodée.
DEXY'S MIDNIGHT RUNNERS
DEXY'S MIDNIGHT RUNNERS sont entrés en scène sans s'approprier les clichés pavloviens des groupes de rock traditionnels ("Bonsoir, Bilzen, ça va bien ? Vous voulez du rock and roll ?), ce qui est infaillible, mais puéril. Au contraire, ils sont d'abord restés deux minutes dans le silence complet pour voir la réaction du public, mais celui-ci, amorphe, n'a pas beaucoup réagi.
Cette absence de communication (Kevin Rowland dit "de condescendance'') envers le public peut être considérée comme du mépris, mais nous verrons très bientôt, grâce à une interview exclusive que le groupe nous a accordée, ce qu'il en est réellement.
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Kevin Rowland © jazz bilzen
Quant à leur musique, elle s'avéra encore plus communicative sur scène que sur leur excellent album, avec comme seul reproche éventuel la voix du chanteur à laquelle il est difficile de s'habituer. Ils ont obtenu un rappel, mais leur manque de démagogie a sûrement amoindri leur impact sur le public.
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THE SHIRTS
THE SHIRTS, par contre, ont été formidablement reçus, comparativement (mais ce n'était tout de même pas le délire). Leur chanteuse Annie Golden a une fort bonne voix et pas mal de présence scénique, mais seuls les hit-singles ressortent de leur répertoire, pour le reste, ce n'est que du néo-hard pop claviérisé (en français, ça signifie que leur musique est accessible, dure, rapide avec une sonorité moderne due à l'utilisation de l'électronique).
The Shirts © Coerten
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Annie Golden © jazz bilzen
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THE KIDS
Lorsque les KIDS ont démarré leur set, on avait bien l'impression que jusqu'à présent c'était eux qui avaient attiré le plus de monde.
Et tout au long de leur prestation (qui était, d'après eux, loin d'être ce qu'ils ont fait de mieux récemment), ils ont conservé un excellent contact avec la foule grâce à leur set varié, immédiat et puissant, qui constituait sans aucun doute le meilleur remplacement des Ramones.
Ce qu'ils font aujourd'hui se rapproche presque de la perfection musicale de Cheap Trick, c'est aussi bruyant, positif et "commercial" que ça, il ne leur manque presque plus qu'une cohérence accrue au niveau de l'image. Et peut-être que les choristes étaient déplacées, aussi.
The Kids © jazz bilzen
THE STRANGLERS
THE STRANGLERS, qui remplaçaient donc les Ramones, ont apparemment décidé de se racheter une réputation qui les avait profondément entachés ces derniers temps avec ces divers festivals qui tournaient en émeute un peu partout en Europe.
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A Bilzen, ils se sont montrés courtois, sympathiques avec le public, et il n'est pas impossible que la rumeur qui circule, selon laquelle Miles Copeland (The Police) serait leur nouveau manager, y soit pour quelque chose.
Toujours est-il que Jean-Jacques, Hugh, Dave et Jet ont donné une prestation beaucoup moins violente que la dernière fois à l'Ancienne Belgique et qu'ils ont laissé tous leurs fans monter sur scène sans que ça dégénère en bagarre.
Ils ont interprété plusieurs nouveaux morceaux et ils clôturèrent le festival sur une note un tout petit peu moins amère, anéantissant ainsi toutes les craintes qu'on pouvait avoir au sujet de leur prestation, mais sans effacer cependant celles qui subsistent au sujet de Bilzen 1981.
B.B.
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DIMANCHE 17 AOÛT
• The Retro Jazz Group
• Paraphernalia
• Tommy Tucker-Al Jones Blues Band
• Stu Goldberg
• Saxo 1000
• Philip Catherine & Didier Lockwood
• Jan Akkerman Band
Didier Lockwood © jeanschoubs
Réalisation et mise en page : Jean Jième
avec la collaboration de Jazz Bilzen et Bilisium
1965- 1981 (420 bladzijden)
Het boek over Jazz Bilzen is momenteel nog te koop bij de dienst Toerisme van de stad Bilzen in Alden Biesen, in het Stadhuis op de Markt in Bilzen en in cultuurcentrum de kimpel, eikenlaan 25 in Bilzen. De verkoopprijs is 39.50 euros. Het boek kan ook verstuurd worden.
Rekeningnummer 001-4574210-57
IBAN: BE 09 00145742 1057
T. 089 51 95 33 - 0478 57 21 10 - jeanpierre.poesen@bilzen.be
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