CHRONIQUE 1973- 1980

 

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ROCK ANNÉES 70 par Piero

 

Gravé dans le Rock

L'ouvrage de Piero Kenroll en 17 chapitres

 

 

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GENESIS ET LA BELGIQUE

CONCERTS 1973- 1980

Lire Genesis en Belgique : Premiers concerts 1971 - 1972

 

CIRQUE ROYAL - 8 MAI 1973

 

Au cours de l'année 1973, Genesis ne se produisit qu'une seule fois en Belgique. Le groupe donna sa prestation au Cirque Royal. Dans le superbe Watcher Of The Skies, Peter Gabriel apparut sur scène affublé d'une paire d'ailes de chauve-souris. Un moment très fort du concert ! Le succès fut tel qu'à l'issue du spectacle, les spectateurs les applaudirent durant vingt-trois minutes.

 

 

Genesis © Guy De Maeght

 

Genesis © Guy De Maeght

 

 

LE RETOUR DU GÉANT GENESIS

(Piero Kenroll - Télémoustique N° 2470)

 

 

L'extra-terrestre est là. Il a une apparence vaguement humaine. Le corps est recouvert d'un justaucorps noir, la figure est blanche, mais les yeux sont fluorescents, ils semblent se déplacer seuls dans cet éclairage à l'ultra-violet.

 

L'extra-terrestre tourne lentement sa tête de gauche à droite. Le corps est raide. Les bras croisés sur la poitrine lui confèrent un certain caractère de noblesse. Le sommet du crâne est rasé et des ailes de chauve-souris couronnent ses cheveux longs. Une musique majestueuse l'accompagne. Elle va en s'amplifiant. Lui, apparemment impassible, continue à observer l'humanité qui se presse à ses pieds. Il est l'observateur venu des cieux. The Watcher Of The Skies...

 

 

Alors il prend la parole. Et il se fait que sa voix, peut-être un peu rauque, est mélodieuse. À vrai dire, la musique aidant, on dirait même une chanson.

 

Pourtant l'extra-terrestre a l'air inquiet. Il demande qu'on l'écoute. « Que faites-vous de votre planète ? Est-ce la fin de l'union de l'Homme et de la Terre ? » Il achève son discours en concluant qu'après tout notre destinée nous appartient, et il disparaît !

 

 

BONSOIR !

 

La scène est entourée de rideaux blancs, l'orgue est blanc, la batterie est blanche, le mellotron est blanc, les chaises sont blanches, les amplis sont blancs, même Tony Banks, Phil Collins et Mike Rutherford sont en blanc.

 

Seul Steve Hackett brise un peu cette uniformité en étant en rouge; mais comme il est à l'extrême gauche de la scène, ça ne change rien au tableau.

 

Au milieu, Peter Gabriel est en noir. L'extra-terrestre, c'était lui. Et comme les applaudissements saluant le premier morceau s'achèvent, son expression inquiétante fait place à un sourire lorsqu'il dit :

 

«Bonsoir !». Le public, qui apprécie le fait qu'il l'ait dit en français, lui répond à sa façon, par un rugissement. «Et maintenant... Un peu de franglais». continue Peter avec un fort accent britannique.. Et d'y aller de la première de ces petites histoires, parfois explicatives, parfois mystérieuses.

 

« Cette histoâwe... Le sujet est un petit gawçon qui s'appelle Henwi... Weurk ! Henri... Et une petite jeune fille qui s'appelle Cynthia... Un jouw, ils jouent au cwoquet, et la petite Cynthia fwappe Henwi sur la tête. Toc !

 

La tête tombe paw tewwe... Il est mowt... Il wéssusci... wevient quand la boîte à musique joue la chanson The Old King Cole. Ceci s'appelle « La Boîte À Musique » ou « The Musical Box. »

 

 

Peter Gabriel au Cirque Royal - photo de J.Guyaux

 

 

Cette chanson est déjà assez ancienne pour GENESlS, je me souviens que le groupe la jouait déjà la première fois qu'il est venu en Belgique. Mais c'est une des chansons préférées de ceux qui connaissent bien le groupe. C'est aussi d'après elle qu'a été réalisée la pochette de l'album : Nursery Cryme . À la base, elle a l'air d'une étrange histoire d'amour, teintée de surréalisme. Musicalement en tout cas, elle est peut-être une des plus représentatives du style du groupe. Bourrée de climats.

 

Ça commence en douceur, avec des guitares acoustiques et de la flûte, puis les instruments électriques entrent dans le jeu en cavalcade, retour au calme avec une ronde enfantine, puis une fin en crescendo avec la phrase : Pourquoi ne me touches-tu pas ? Maintenant Maintenant... Now ! Now ! Now ! C'est peut-être le morceau où les autres musiciens du groupe sont le plus en évidence ; Peter est relativement discret.

 

Seulement à la fin, il vient à l'avant de la scène comme pour provoquer les spectateurs, pendant qu'un projecteur lui envoie sous le menton une lumière sale qui lui donne un aspect cadavérique.

 

MÉTAMORPHOSES DE L'ARCHANGE DIABOLIQUE

 

Chanson suivante. Encore une petite histoire : Ceci pawle d'un pwopwiétaiwe qui a une place suw le contwole génétique. Alows il fait les gens deux fois plus petits. Ce qui fait que c'est possible d'avoiw deux fois plus de gens dans le même appawtement... Voici Take Them Out By Friday.

 

Ça commence avec un rythme saccadé. Pour chanter les déclarations du propriétaire, Peter se coiffe d'un vieux chapeau et prend un air autoritaire : « Je représente une firme de gens " bien " qui ont récemment acheté ce pâté de maisons... Dans l'intérêt de l'humanité, nous avons trouvé un meilleur endroit où vous pourrez aller. Allez Allez...».

 

Le chapeau tombe. Il devient tout humble. sa voix se fait plaintive : « Oh ! non, îe ne peux pas croire cela... Ils nous demandent de partir...

 

C'est à ce stade qu'on s'aperçoit à quel point, sur scène. Genesis est proche du théâtre. Peter interprète un rôle.

 

 

 

PETER, UN ACTEUR DE THÉÂTRE

 

Il est tour à tour, avec beaucoup de conviction, le proprio, une locataire. un P.D.G., un badaud... Ce n'est plus seulement un concert, c'est vraiment une représentation. Les chansons sont illustrées par les transformations du chanteur. Cela se produit aussi chez Alice Cooper, mais alors que chez ce dernier, il n'y a pour ainsi dire qu'un seul thème : ambiguïté sexuelle et violence, chez Genesis, il n'y a pas de limite. Le groupe peut aborder tous les sujets, on est immédiatement plongé dans l'ambiance. Autre point : le côté visuel complète la musique, la souligne, mais ne passe jamais avant elle.

 

Enlevez sa mise en scène à Cooper, et il devient un groupe comme il y en a beaucoup. Ce n'est pas le cas pour Genesis.

Peter Gabriel est un excellent acteur. Il va encore aller plus loin dans ses métamorphoses avec le morceau suivant. Cette fois. son histoire parle du vieil oncle Michael qui nourrit les oiseaux avec ses paroles. Il se met à chanter et en l'entendant les vers de terre sont tellement ravis qu'ils sortent de leurs trous pour mieux l'écouter. Ce qui fait que pour les oiseaux.., le souper est prêt. Supper's Ready !

 

CE morceau est véritablement le clou du concert. «C'est une sorte de conte de fées. Les personnages principaux sont deux amoureux qui traversent une série de situations. L'action évolue autour de « Willow Farm» (la ferme du saule), conçue selon la philosophie Zen ».

 

C'est aussi un tableau de l'humanité, où les puissances du Bien et du Mal livrent une lutte sans merci qui se termine en apocalypse.

 

Supper's Ready , commence en douceur. Il y a ce que Peter appelle les paroles d'une chanson naïve : « Hey Babe, with you gardian eyes so blue » pendant lesquels il fait quelques pas de danse, très meneur-de-revue-à-grand-spectacle, puis petit à petit, on s'aventure dans un monde d'allégorie et de symbolisme. Pour dénoncer le Mal, l'Antéchrist, Peter se coiffe d'une couronne d'épines. Il la jettera en l'air ensuite, comme on jette son chapeau pour manifester sa joie lorsqu'il raconte le premier affrontement entre les troupes des deux puissances...

 

Un light-show fort original, à la fois sobre et bien fait, complète ses expressions. À Willow Farm, il deviendra une fleur, qu'on verra sautiller sur la scène de façon clownesque.

 

Enfin un des déguisements les plus impressionnants est celui de l'apocalypse... Après avoir disparu quelques instants, il revient vêtu d'une grande cape noire, laquelle est surmontée d'un espèce de casque triangulaire qui tient à la fois de la tête de dragon et du poste de TV ultra-moderne... À nouveau. il y a cet éclairage ultra-violet qui fait ressortir son maquillage fluorescent autour des yeux.

 

Durant la finale, les paroles naïves du début sont reprises et le casque et la cape tombent pour révéler un costume blanc, un peu à la Elvis Presley.

 

Contrairement à la version enregistrée, le morceau se termine très doucement, ce qui déconcerte un peu le public, qui ensuite semble éclater.

 

Il n'y a pas de longue introduction parlée pour le dernier morceau The Return Of The Giant Hogweed, est violent. Effrayant. Il a, comme le dit Peter, une atmosphère de film d'horreur : la berce géante menace l'humanité.

 

Au moment où l'intensité atteint son paroxysme, une explosion de magnésium semble embraser la salle entière. Je l'avais déjà vu, et j'avais beau m'y attendre, j'ai tout de même fait un bond de trente centimètres dans mon fauteuil. Un jour, un type va en crever. C'est sûr.

 

Evidemment, il y a un rappel. The Knife lui aussi est d'une rare violence. Peter empoigne son pied de micro comme une lance et en menace le public, qui est debout et accompagne les passages plus rythmés en frappant dans les mains.

 

 

THE DREAM IS OVER

 

Et puis le rêve se temine. Que c'est dur de redescendre sur terre ! On se cramponne désespérément. On rappelle encore... On crie : GE-NE-SIS ! GE-NE­SIS ! Un copain a regardé sa montre, il me dit : 23 minutes ! la plus longue ovation de l'histoire du rock...

 

Malheureusement le groupe ne peut pas entendre. Les loges sont loin. Et les roadies ont l'air pressé de remballer leur truc, il y a sept tonnes de matériel. C'est pas encore autant qu'E.L.P., mais on le sent venir. PIERO.

 

 

LE CONCERT CHAHUTÉ DE GENESIS

FOREST NATIONAL - 26 JANVIER 1974

Genesis Forest National 1974

Genesis 1974 - Forest National

 

 

COMPTE-RENDU DU CONCERT

par Piero Kenroll

 

Comme l'année passée au Cirque Royal, ce sont les yeux fluorescents et les ailes de chauve-souris de Peter Gabriel chantant « Watcher Of The Skies » qui ouvrent le concert.

 

 

Mais cette fois il y a un double écran géant en forme d'ailes derrière le groupe. Des images y sont projetées, étranges, imposantes, splendides.

 

C'est immédiatement l'émerveillement des spectateurs dont beaucoup voient le groupe pour la première fois.Tous les morceaux de l'album « Selling England By The Pound » défilent. Grand maître de la cérémonie Peter, incarne, mimes ou costumes à l'appui, les personnages de ses chansons.

 

Il est chevalier, jardinier, colonial… Puis, surprise, voilà Phil Collins qui quitte sa batterie et, les mains dans les poches, accompagné par Mike Rutherford à la guitare acoustique, se promène en chantant « More Fool Me ».

 

Qu'est-ce qu'il chante bien ! Aussi bien que Peter, à défaut d'être, lui aussi, un showman. Showman, acteur, bête de scène ? Comment qualifier Peter Gabriel lorsqu'il devient un vieillard pour interpréter «  Musical Box  » ?

 

Il est à ce point convaincant que ça vous remue les tripes.

 

Peter Gabriel Belgium 1974Peter Gabriel 1974

Les diverses facettes de Peter Gabriel

 

 

 

Fin du morceau : la salle est en extase, les applaudissements n'en finissent plus, mais l'apothéose doit encore venir.

 

C'est « Supper's Ready ». La musique est magnifique, la mise en scène ne lui cède en rien. Transformé en Christ, en fleur, Peter devient finalement le dragon de l'Apocalypse et à ce moment… La scène entière semble prendre feu ! Projections d'images de flammes animées. Eblouissant. Musique et spectacle sont si parfaitement en accord que l'impact émotionnel est porté à l'extrême.

 

Près de moi, il y a un gars à genoux en train de pleurer et un autre qui se tape la tête par terre en criant  « C'est trop ! C'est trop !  ». Manifestement Genesis a emporté les spectateurs très haut. La redescente sur terre va être dure… Très dure… Trop !

 

Car, applaudit à tout rompre, salué par des hurlements, ovationné, adoré… Le groupe ne revient pas pour un rappel.

Les spectateurs n'en croient pas leurs yeux quand les lumières de la salle se rallument, signifiant que tout est fini. Pas de rappel ? Quel mépris ! Alors, c'est l'émeute…

 

Peter Gabriel Belgium 1974

Peter, un acteur extraordinaire

photo©Coerten

 

Des projectiles divers sont lancés vers la scène, certains s'en prennent aux fauteuils, des huées retentissent… Je cours vers les coulisses. Une bouteille de bière passe à dix centimètres de ma tête et éclate quelques mètres devant mes pieds.

 

Malgré mon laisser-passer, pas moyen d'accéder. Les roadies, qui ne me connaissent pas, semblent effrayés à l'idée qu'on pourrait s'en prendre aux musiciens. Faut pas exagérer tout de même !

 

Mais c'est la panique. Trois quart d'heures après la fin du spectacle, c'est finalement la police qui fait évacuer la salle.

 

 

SCANDALE ET INCOMPRÉHENSION TOTALE

(Télémoustique N°2506)

 

Sortie de scène chaotique

 

 

Ce qui aurait pu être un concert merveilleux s'est terminé de façon écœurante... Si bien que pour beaucoup, le souvenir de ce qui a suivi la prestation du groupe primera sur celle-ci même... C'est regrettable ! Pour ceux qui se sont déplacés de loin surtout. Pour tous les spectateurs. Pour le groupe aussi. Mais il n'y a pas à en sortir dans le cas de ce dernier : C'EST SA FAUTE !

 

Mais s'il est le principal fautif, il n'est pas le seul ...

 

Certes si la prestation fut de qualité et plus longue que prévue (commencée à 19 h. 45, elle s'acheva à 21 h. 20, et il n'y eut pas d'entracte !). Aucun reproche à faire de ce côté-là donc. Pour une lois, on allait pouvoir rentrer chez soi à son aise...

 

Hélas ! Il a fallu que le groupe n'accorde pas de rappel à un public qu'il avait porté au comble de l'enthousiasme. Les applaudissements se poursuivirent pendant une dizaine de minutes... Puis quelqu'un vint annoncer que le groupe ne reviendrait pas. Grosse déception, huées, protestations, le vacarme se poursuit... Il va continuer pendant trois quarts d'heure, et progressivement la déception va faire place à la colère. Des bouteilles commenceront à atterrir sur scène après vingt minutes, et à ce moment, même si le groupe avait voulu revenir, il aurait été dangereux pour lui de le faire... Alors chacun essaiera de rivaliser de stupidité.

 

Le groupe : mis au courant de ce qui se passait, se borna à déclarer : « Cela fait des mois que nous ne faisons plus de rappel », et fut incapable de prendre une décision sur ce qu'il convenait de faire...

 

Au lieu que ce soit quelqu'un de Gemco qui vienne annoncer que c'était terminé, il aurait suffi qu'un membre du groupe vienne simplement dire « merci » et expliquer son point de vue. Qui, je vous le signale, est le suivant : « Nous présentons notre show comme une pièce de théâtre, et on ne rejoue pas un acte d'une pièce de théâtre lorsqu'elle est finie.

 

De plus, les rappels ne veulent plus rien dire actuellement, puisque tout le monde est rappelé... ».

 

 

 

 

Quoique fort discutable, c'est une opinion qui pourrait se défendre. Mais alors, nom d'un chien, pourquoi ne pas l'avoir expliqué AVANT le spectacle ?

 

Peter Gabriel Belgium 1974

Forest National - 5.500 fans - 26 janvier 1974 @Coerten

 

Les organisateurs (Gemco) : incapables d'entamer un dialogue avec le public alors qu'il était encore temps.

 

Il aurait pourtant été simple d'expliquer la position du groupe... Un peu de diplomatie aurait été bienvenue...

 

« Forest-National » : ne trouvant d'autre solution que d'envoyer des policiers casqués pour faire sortir le public (encore heureux qu'il n'y eut pas d'accrochages).

Certaines personnes (assez nombreuses, d'ailleurs) dans le public : Si elles sont restées pour rappeler, c'est que ça leur a plu. Tout à fait d'accord pour les huées et les protestations quand on n'obtient pas satisfaction, mais s'en prendre aux roadies, au matériel et lancer des bouteilles et ainsi RISQUER DE TUER QUELQU'UN simplement parce qu'on estime qu'un groupe devrait jouer cinq minutes de plus... Ça ne va pas dans la tête, non ?

 

Les résultats de toute cette pagaille : Genesis accusé d'être devenu un groupe bourgeois, qui a attrapé la grosse tête et ne se soucie plus du public. Ses fans belges d'il y a trois ans, en particulier, se sentent frustrés... Il est certain que la popularité du groupe va en prendre un sérieux coup... Et ce sera mérité !

 

Il aurait voulu se « suicider », il n'aurait pas mieux fait... « Forest-National », de son côté, parle de nouveau de renoncer aux concerts rock.

 

PIERO

 

LES EXPLICATIONS DE PETER GABRIEL

 

EXTRAITS DE L'INTERVIEW RÉALISÉE APRES LE CONCERT.

 

 

À l'issue du concert le plus chahuté de l'histoire de la jeune salle de spectacle de Forest National, Piero Kenroll, journaliste et "ami" de Peter Gabriel (et de son groupe), s'est retrouvé dans sa chambre d'hôtel. L'ambiance ne fut pas aussi chaleureuse que d'habitude. Tous les deux arboraient des mines graves. Le premier de devoir poser des questions directes voire cinglantes, le second de déplorer la mine déconfite de son plus grand soutien belge.

 

 

 

Piero K. : Quel effet cela te fait d'être devenu un « gros cochon de capitaliste » ?

 

Peter Gabriel (souriant) : Eh bien, d'abord, j'en suis très heureux. bien sûr !

 

Piero K. : Ce n'est qu'une des remarques que j'ai entendues après le concert, une autre était du genre "Avant, Genesis était beaucoup plus soucieux de son public. Il n'hésitait pas à faire jusqu'à deux ou trois rappels... Mais maintenant le groupe est parvenu, alors il s'en bat l'œil".

 

Peter Gabriel : Tu crois que c'est vraiment ce que les gens pensent ?

 

Piero K. : Oui.

 

Peter Gabriel : Je crois que c'est un peu exagéré. Regarde ce soir : nous avons présenté un show de presque deux heures, ce que peu de groupes font, et je t'assure que nous y avons mis tout notre cœur, parce que la Belgique compte beaucoup pour nous...

 

Ce show est le résultat d'un travail incessant et dur, que nous poursuivons depuis des années et que nous améliorons chaque fois que nous en avons les moyens. Pour nous. c'est comme une pièce de théâtre, ou si tu préfères une comédie musicale. Lorsque c'est fini, c'est fini. Les acteurs d'une pièce ne reviennent pas jouer un acte de plus. Lorsque que notre show s'achève, nous avons dit tout que nous avons à dire... Et nous faisons cela le mieux que nous pouvons. Est-ce vraiment ne pas respecter notre public ? N'était-il pas content ? N'en a-t-il pas eu pour son argent ?

 

Piero K. : L'ennui, c'est qu'ici, en Belgique, le « rappel » est devenu une tradition et que vous êtes le premier groupe à ne pas la respecter.

 

Peter Gabriel : Mais c'est une tradition partout... À tel point que c'est ridicule. Tout le monde est rappelé... Alors quoi ? On fait une fausse sortie en sachant bien qu'on reviendra sur scène quelques instants plus tard. Nous étions au bout de notre show... Nous le terminons avec Supper's Ready parce que nous croyons que c'est le meilleur morceau que nous ayons fait. Tu sais que notre principe, c'est d'aller crescendo.

 

Or quel morceau pourrait suivre Supper's Ready ? Si nous jouions dans un club, où les gens pourraient encore se défouler en dansant, nous pourrions jouer The Knife ou à la rigueur Giant Hogweed mais ce n'est pas le cas ici, et de toute façon ce sont là des morceaux que nous jouons depuis des années et pour lesquels nous ne ressentons plus le même enthousiasme. Et pour en revenir à la question du « respect du public », je crois que nous lui devons cet enthousiasme...

 

Piero K. :   L'ennui, c'est qu'il n'était pas prévenu, ce public, et qu'il y avait beaucoup de vos fans de la première heure qui savent que la Belgique est le premier pays où vous avez été reconnus et qui s' attendaient à quelque chose de spécial pour eux.

 

Maintenant ils se sentent un peu trompés. Ils pensent que les rappels, c'était bon pour satisfaire le public lorsque vous n'étiez pas aussi connus qu'à présent.

 

Peter Gabriel @ Coerten

 

Peter Gabriel : Je vais te dire quelque chose : cela fait sept mois que nous n'avons plus fait aucun rappel. Pendant ce temps, nous avons été en Amérique, où notre réputation reste à faire... Et là non plus nous n'en n'avons pas fait.

 

Piero K. : Pour en revenir à la comparaison avec la pièce de théâtre. Lorsque les acteurs ont terminé, ils viennent saluer. Vous seriez revenus dire simplement « au revoir », je crois qu'il n'y aurait pas eu les incidents qui ont suivi.

 

Peter Gabriel : Nous ne nous attendions pas à ce que le public réagisse comme il l'a fait. Et moi. je serais volontiers revenu, mais il ne faut pas oublier que nous sommes cinq et que nous avons tous quelque chose à dire. Lorsque les gens ont commencé à huer, nous en avons discuté entre nous. Disons que nous étions deux à vouloir retourner et trois qui ne voulaient pas faire d' exception à la règle.

 

Nous discutions encore lorsque les premières bouteilles ont été lancées sur la scène. Dans ces conditions, il était dangereux de se montrer. Je regrette que cela se soit passé ainsi...

 

(extraits de l'interview paru dans le Télémoustique N° 2507)

 

Genesis 1974 - Forest National

 

*

THE LAMB LIES DOWN

FOREST NATIONAL - BXL - 12 AVRIL 1975

Charisma's new baby

Genesis à Forest-National 1975 © Paul Coerten

 

 

Peter Gabriel @ Coerten

 

Show à Forest National - 1975 @ Coerten

PALAIS DES SPORT - ANVERS - 8 MAI 1975

Genesis 1975 @ Coerten

 

Au terme de la tournée The lamb Lies Down On Broadway,

Peter Gabriel a quitté Genesis.

 

*

FOREST NATIONAL - BXL -21 -22 JUIN 1976

SANS PETER GABRIEL

Avec Steve Hackett, Phil Collins, Tony Banks, Michael Rutherford et Bill Bruford

 

 

 

GENESIS NE NOUS EN A PAS MIS PLEIN LA VUE

 

( Télémoustique N° 2632)

 

Rassembler neuf mille personnes pour deux concerts de Genesis en période d'examen peut être considéré comme un succès, et le fanatisme inconditionnel du public était assez délirant. La prestation du groupe fut exemplaire, et peu de gens furent déçus. Voilà pour les faits.

Maintenant de deux choses l'une : ou bien vous trouvez intéressantes les critiques de concerts et vous continuez à lire, ou bien vous les trouvez inutiles et vous vous contentez d'admirer les splendides photos réalisées par le grand Paul Coerten.

 

Si vous êtes dans le premier cas, soit vous les lisez pour vous assurer que l'avis du journaliste est conforme au vôtre, soit vous êtes intéressés de connaître l'opinion différente et personnelle d'un individu.

 

Car voici ce que je vous propose : mon compte rendu du concert. Je ne suis pas un guru, ni un surhomme, ni une encyclopédie vivante, et en principe mon avis n'a pas plus de poids que celui de n'importe quel fan de Genesis. En pratique, c'est peut-être différent en ce sens que j'ai l'occasion d'assister à plus de concerts que la plupart d'entre vous, grâce à des avantages professionnels (je n'en retire donc aucun mérite) et pour cela uniquement je suis peut-être plus qualifié pour critiquer des concerts.

 

Tout cela pour vous mettre en garde, pour vous expliquer que les propos parfois violents qui vont suivre — et que je ne tiens pas à atténuer — ne sont pas gratuits et que dès lors il n'est pas nécessaire de m'écrire que Genesis est le plus grand groupe du monde et que je n'y connais rien, point final. Vos lettres sont les bienvenues si elles sont empreintes de critiques constructives.

 

D'une part, j'ai été fan de Genesis. J'ai vu six fois le groupe sur scène. D'autre part, entre le 21 juin 75 et le 21 juin 76, j'ai vu plus de 150 groupes ou artistes sur scène. Sans doute pour ça, le concert de Genesis ne m'a pas impressionné. Je ne suis pas du tout blasé, j'ai encore été super-enthousiasmé par des tas de concerts (Patti Smith, Bob Marley, Nils Lofgren, Tom Waits, Bruce Springsteen, 10 C.C., Neil Young, Dr Feelgood, Beach Boys), mais aucun de ceux-là n'avaient besoin d'artifices scéniques pour me convaincre.

 

 

 

 

Genesis 21 juin 1976 @ Coerten

 

Phil Collins @ Coerten

 

Genesis 21 juin 1976 @ Coerten

Musicalement le groupe fut irréprochable, grâce surtout aux talents extraordinaires du batteur percussionniste Bill Bruford, mais scéniquement Phil Collins déçoit, car quoi qu'on en dise, on s'attendait quand même un peu à retrouver Peter Gabriel ; hélas ! Collins, s'il en a la voix, n'en a pas le charme et la personnalité.

 

Le seul reproche que j'adresserai à Genesis est leur emploi intensif d'effets visuels qui me semblent périmés.

Les diapositives et les films, le Jefferson Airplane et le Velvet Underground de Warhol les utilisaient en 67. Et la fumée (dry ice), le Floyd l'employait il y a cinq ans.

 

Non, la seule nouveauté sensée était l'utilisation intéressante du système laser. Cela dit, les concerts eurent leurs moments magiques (surtout le 22, où le public, moins nombreux, en principe flamand, était moins inconditionnel) : les parties où les deux batteries, celle du Bruford et celle de Collins, jouaient ensemble étaient vraiment inoubliables (« The Cinema Show »), et je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais quand cette association se produisait, il n'y avait aucun effet visuel, ni films, ni dias, comme pour souligner le fait que la musique se suffisait à elle-même.

 

Les membres du groupe, après le concert, parlaient d'abandonner les dias et la fumée : ce serait une excellente démarche, et ils devraient également se contenter de la musique constamment aussi émouvante et belle que leurs instrumentaux, garder Bruford, ajouter un saxophoniste-flûtiste (Mel Collins conviendrait) et limiter les parties vocales, puisque Phil Collins est finalement un performeur assez peu convaincant.

 

Genesis a suffisamment de qualités au sein de ses musiciens pour se passer de tous ces artifices : on attend avec impatience leur prochaine tournée — radicalement transformée, bien sûr.

 

Supper's Ready fut une agréable surprise, I Know What I Like était trop Gabriel, ceci était de l'usurpation ; très frustrante aussi l'absence d'intro à Firth of Fifth. Mais en rappel, un It magistral avec une esquisse de Watcher Of The Skies, et pour clôturer avec There's No Business Like Show-Business (d'après le film avec Marilyn Monroe en 54. Rien n'a changé).

 

Deux remarques pour terminer : quand donc le public belge cessera-t-il d'entonner le Woodstock Rain Chant ? Woodstock, c'était il y a sept ans : toute une génération !

 

Et le mot de la fin appartient à mon ami Pillick, aussi peu impressionné que moi, qui a dit: « C'était génial, mais c'était atroce ! ».

 

 


Bert BERTRAND.

 

 

 

Genesis 1976 @ Coerten

 

 

LES AUTRES CONCERTS

 

Genesis sans Peter Gabriel

 

28 Juin 1977

Mai 1978

Octobre 1981

 

Peter Gabriel sans Genesis

 

8 Sept 1977 + Nona Hendryx

12 septembre 1978 + Sham 69

Septembre 1980 + Simple Minds

 

Tous les concerts se sont déroulés à Forest-National

 

 

Peter Gabriel en solo -Forest-National - 1978 © Paul Coerten

 

Show à Forest National - 12 septembre 1978 @ Coerten

 

 

 

Lire Genesis en Belgique : Premiers concerts 1971 - 1972

 

Lire : Gravé dans le Rock : Les grands concerts 1974