JAZZ-BILZEN FESTIVAL
17 - 18 - 19 AOÛT 1973
NEUVIÈME ÉDITION
collection©Jazz Bilzen
CHANGEMENT DE SITE
Le propriétaire de la prairie qui avait accueilli, l'an passé, les "rockers" de la huitième édition du festival, avait entretemps introduit un permis d'urbanisme en vue le lotir son terrain.
Les organisateurs se mirent donc à la recherche d'un nouvel espace dans les régions de Leten, de Broekem et dans la Winterstraat. Ce n'est qu'au début du mois de juillet, soit à peine un mois et demi avant que la manifestation ait lieu, que la perle rare fut découverte.
Le Président Fons Coch et le responsable de l'infrastructure jetèrent leur dévolu sur une vaste prairie située sur la butte de Buissen. Mieux connue par les autochtones sous le nom de « Dell », celle-ci se présentait sous la forme d'un amphithéâtre naturel. Un espace bucolique de toute beauté !
Situé à peine à deux kilomètres du centre-ville, capable d'accueillir campings, sanitaires et parkings en même temps, l'emplacement était en outre suffisamment proche de la gare que pour pouvoir s'y rendre à pieds.
Dans la convention, qui fut signée le 7 juillet 1973, le locataire des lieux, Alfons Theunissen et le propriétaire Jules Nulens, s'engagèrent à ce que le festival puisse se dérouler durant cinq ans au même endroit.
Restait à trouver un moyen efficace de clôturer l'endroit. Afin de pallier aux critiques habituelles, le principe des fils de fer barbelés fut abandonné. Cela dit, le Demer, petite rivière et affluent de la Dyle, serpentait le long d'une bonne partie de la prairie.
Voilà qui risquait d'inciter les candidats resquilleurs à se faufiler par la voie d'eau, sans bourse délier.
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L'asbl Jazz Bilzen reçut donc l'autorisation de dresser à ses frais une enceinte constituée de plaques de béton. Cette mission fut confiée à l'entreprise Léon Slegers. Très vite, il apparut qu'elle ne pourrait la mener à bien surtout en si peu de temps. Quelques jours avant la tenue du festival, la partie détrempée qui longe le Démer n'était toujours pas achevée.
Fernand Nijssen, membre du comité Jazz-Bilzen lança alors l'idée de construire une digue en bois pour empêcher tout franchissement de l'enceinte. Mais, alertée par Louis Potargent, chef des ouvriers communaux, la police intervint aussitôt pour constater l'infraction. En dernière minute, il fallut démanteler l'ouvrage et poser en vitesse quelques mètres de barbelés.
Le Demer
Signalons à cet égard, que, le 5 mars 1974, le tribunal de police condamnera l'asbl Jazz-Bilzen pour avoir obstrué la rivière et entravé son écoulement, sans aucune demande officielle.
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"MARDEB" AND "THE LUDO BROTHERS"
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Afin de mettre un terme aux polémiques qui continuaient à subsister au sein de l'équipe des organisateurs, (erreurs du passé en matière d'organisation et de contacts avec les agences étrangères), Jan, le fils cadet de Fons Coch, proposa de faire appel à une agence de spectacles spécialisée. Voilà qui allait permettre d'apaiser les esprits.
En effet, lors de ses études de droit à la KUL à Louvain, Jan avait fait la connaissance de Ludo Marcelo, patron du café « De Appel » qui faisait venir régulièrement des groupes dans son établissement. Ludo, de son côté, entretenait des contacts avec Ludo Debruyn, promoteur de spectacles à Anvers. Finalement les deux Ludo avaient fini par s'associer sous le nom de Mardeb, contraction entre Mar(celo) et Deb(ruyn).
Début mars, lors d'une réunion, un préaccord fut établi stipulant que Mardeb bénéficierait de deux sièges au sein du comité de direction de Jazz-Bilzen. L'assemblée générale, qui s'ensuivit, entérina cet accord avec tacite reconduction.
De la sorte, la société Mardeb devenait responsable de la bonne tenue du festival ainsi que de la constitution du plateau des artistes pour la partie rock (journées de vendredi et de samedi). L'asbl Jazz-Bilzen se réservant uniquement la programmation jazz du dimanche.
En signant cette convention, Mardeb prenait également à sa charge le payement des acomptes à régler anticipativement aux artistes à engager. Une fameuse épine hors du pied pour l'équipe Coch !
Le budget total pour la neuvième édition du festival fut fixé à 2.245.000 francs belges. |
PROGRAMME DU FESTIVAL
Présentation : Paul Evrard
VENDREDI 17 AOÛT
15 Hr : POP-ROCK FESTIVAL
Et de 14 Hr à 02 Hr : Présentation de films
Centre ville - 21 H 30 - Festival International
pour les amateurs de jazz, folk, blues.
Solution & Kazimierz Lux
Long Tall Ernie & The Shakers
Spencer Davis Group
Man
Medecine Head
Barclay James Harvest
* COMPTE-RENDU DE PIERO KENROLL
(extrait de Gravé dans le Rock - Rock73 )
Piero : Le terrain est plus plat, et on voit mieux la scène. Tout est entouré de murs préfabriqués en béton. M'est avis que les resquilleurs ne l'auront pas rose.
Je risque une reconnaissance jusqu'à l‘entrée. Le premier visage connu, c'est celui de Ludo Marcello qui, avec Ludo Debruyn, fait partie d'un duo que j'ai surnommé Ludo Brothers. Ils sont donc patrons de Mardeb, l'agence qui a programmé le festival. Il a des poches de kangourous en dessous des yeux, le Marcello !
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En guise de bonjour, il me fait : Aïe-aïe-aïe-aïe... Potferdeke... Ouille... et bien des choses encore qui en disent long sur les nuits blanches qu'il a dû se payer ces derniers temps.
Je le laisse à sa douleur et me trouve nez a nez avec l'autre Ludo : Debruyn. Ou plutôt avec l'ombre de Ludo Debruyn. Il n'était déjà pas gros le gars.
Il semble avoir maigri de vingt kilos. Ce qui fait que je suis obligé de retenir ma respiration pour ne pas qu'il s'envole à cause du déplacement d'air.
L.D. : C'est le premier festival dont je m'occupe. Mais je crois bien que ce sera le dernier. J'ai déjà de quoi écrire un livre sur les ennuis que j'ai eus. Le dernier, c'est avec Status Quo.
II y a eu une erreur d'interprétation de la part des roadies.
Ce qui fait que le matériel, qui revenait de Finlande, est retourné en Angleterre au lieu de venir directement en Belgique.
Ils n'ont plus le temps d'attraper le dernier bateau possible. J'ai signé Medecine Head en catastrophe pour les remplacer.
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THE SPENCER DAVIS GROUP
Enfin…On sent les progrès dans l'organisation. II n'y a que vingt minutes de retard pour que le premier artiste se pointe sur le podium. Un folk-singer hollandais, Kazimierz Lux. Le premier groupe intéressant est le Spencer Davis Group. Il y va de ses gros succès de... 1966. « Keep On Running », « Give Me Some Loving », « I'm A Man » etc. Tous les vieux de la vieille sont là: Spencer, bien sûr, Pete York, Ray Fenwick, etc.. Ça me rappelle le festival de Sunbury en ‘68. Ils n'ont pas changé. Z'ont vieilli, c'est tout. Comme ils se sont séparés assez longtemps et qu'ils se retrouvent maintenant, ils ont à nouveau l'enthousiasme de leur jeunesse. Ajoutez ça une technique qui a eu le temps de mûrir...
The Spencer Davis Group©jeanschoubs
Les membres du Spencer Davis Group : Spencer Davis (guitare, chant) - Pete York (batterie)
-Ray Fenwick (guitare) - Eddy Hardin (orgue) - Charlie McCracken ancien bassiste de Taste).
Piero : Il ne faut plus qu'un bon solo de batterie bien démagogique pour déchaîner la foule, qui d'ailleurs en a marre d'être le cul dans le gazon depuis quatre heures, et hop, ça y est : ambiance! « Everybody clap your hands ! ». Tout le monde est heureux ! Un rappel, c'est sûr. Je parie que ce sera « Johnny B. Goode ». Jean-Luc, qui vient de me rejoindre, relève le gant et pronostique « Roll Over Beethoven ». Suspense... Et v'là ti pas qu'ils jouent « Jailhouse Rock » ces gusses ! J'vous jure : les traditions se perdent.
Le temps passe. Man aussi. Toujours aussi bon. Toujours aussi long. Sa musique semble couler de source, ça plane et ça swingue en même temps. Les longs solos succèdent aux longs solos. Un groupe à écouter en disque. Sur scène, je le trouve laborieux. Y'a rien à voir. C'est dommage, car Man a beaucoup de qualités.
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Seul le panache lui fait défaut, c'est pour ça qu'il ne sera jamais un tout grand nom.
Lorsqu'on annonce que Status Quo ne vient pas, quelques boites de Coca sont mises en orbite en direction de la scène. Pas de blessés. Pas de casse. Ça va. Un bon point pour le public, qui réagit quand il est frustré mais n'est pas trop méchant..
Comme le dit Paul Evrard (un collaborateur de l'émission King Kong de Marc Moulin) qui présente le festival « On sait qu'à Bilzen, ça arrive chaque année ... ». Hélas !
Autre chose qui ne marche pas, c'est l'écran vidéo promis. Ludo Debruyn se lamente : J'avais pourtant bien demandé au comité un voltage suffisant pour le circuit TV, mais nous ne l'avons pas. Tout le matériel est là. Il y en a pour plusieurs millions... Demain, j'espère que ça ira .
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BARCLAY JAMES HARVEST
Piero : La fatalité s'acharne sur les musiciens du Barclay James Harvest. Aujourd'hui encore. Ils sont tombés en panne à Gand. Leur matériel y est encore. Pour une fois qu'ils jouent à l'étranger, avouez que c'est raide. Heureusement le matériel arrive in extremis et, un peu après minuit, alors que tout le monde commence à s'en aller, le groupe monte sur scène.
Barclay James Harvest joue une musique majestueuse, que certains taxeront peut-être de grandiloquente, mais qui a déjà fait le succès de gens comme Procol Harum, Moody Blues, Yes, etc...
Barclay James Harvest©jeanschoubs
en remplacement de Status Quo |
- A eux quatre, ils valent un orchestre symphonique, annonce Paul Evrard. Et c'est bien vrai. Le public va petit à petit succomber au charme et à la beauté de leurs compositions.
Les voix sont pleines de sensibilité, le mellotron magnifique, les arrangements riches en relief rappellent parfois ceux d'un Genesis.
Le groupe n'a rien de visuel, mais, au milieu de la nuit, il bénéficie du plus beau spectacle de l'univers : le ciel d'été et ses millions d'étoiles.
Certaines paroles ont l'air composées spécialement pour le moment...
- The eyes of night march slowly by… Is it nothing left to do ?... After The Day ? (22).
Une onde magique semble émaner de la scène et emporte les spectateurs dans un rêve. S'il y a eu de bons groupes aujourd'hui, si certains ont eu plus de succès parce qu'il y avait plus de monde, Barclay James Harvest est le seul vraiment original, personnel et attachant.
II pourrait jouer toute la nuit. D'ailleurs malgré l'heure tardive, la fatigue accumulée et l'envie d'aller se coucher, il y a un rappel…à 3h du matin !
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SAMEDI 18 AOÛT
15 Hr : POP-ROCK FESTIVAL
Et de 10 Hr à 02 Hr : Présentation de films
Centre ville - 21 H 30 - Festival International pour
les amateurs de jazz, folk, blues.
Banzai
Johnny Mars & The
Sunflower Boogie Band
Golden Earring
Beggar's Opera
Argent
VVizzard
Procol Harum
Piero : Nous sommes samedi, et le ciel est un rien moins bleu, mais il fait toujours chaud. Pour hier, on estime qu'il y a eu un peu plus de 5.000 entrées. Aujourd'hui, ça dépassera 12.000. C'est dire que la foule arrive. On s'écrase devant l‘entrée. À cause du passage étroit, il y a une file de cinquante mètres sur toute la largeur de la rue. Certains piétinent plus d'une heure, mais l‘ambiance est plus relax que lorsqu'il y a foule à Forest National. |
Banzaï, seul groupe belge du programme, ouvre l'après-midi en déclarant que c'est dommage qu'il soit le seul groupe belge du programme et qu'il espère que l'année prochaine il ne sera plus le seul groupe belge du programme. Le gars qui dit ça a même une vision pour ‘74. II voit des tas de groupes belges et seulement quelques étrangers... Dans l'état actuel des choses, c'est quasiment une vision d'horreur !
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JOHNNY MARS
photo©jeanschoubs
GOLDEN EARRING
Golden Earring - collection©Jazz Bilzen
Golden Earring © De Maeght
En août 1970, lors de la sixième édition du festival, le groupe hollandais Golden Earring avait refusé de monter sur scène. En cause : son obligation de devoir jouer sur le matériel d'amplification de marque Davoli, mis à leur disposition.
Le manager du groupe avait invoqué que le groupe avait consacré des années à se façonner un son totalement perso et qu'il n'était donc pas question de jouer sur un matériel qu'il estimait de piètre qualité.
Mais les organisateurs avaient refusé. Le manager de Golden Earring s'empressa alors de se rendre auprès du caissier pour encaisser le cachet. Inattentif, ce dernier règla rubis sur l'ongle sans se rendre compte que le groupe n'avait pas rempli son contrat. Les musiciens, pendant ce temps, repassaient la frontière.
George Kooymans©Coerten
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En 1973, Golden Earring avait pris énormément d'importance. Il venait de sortir l'album Mountan qui montait dans les charts.
À l'initiative de Mardeb, Fons Coch reprit contact avec l'agence du groupe et lui mit le deal en mains : l'asbl Jazz-Bilzen retirait sa plainte et renonçait à récupérer l'argent indument versé en 1970 à la condition que le groupe revienne se produire sur la scène de Bilzen.
Ce qui se réalisa le samedi 18 août sous des tonnerres d'applaudissements. Huit jours plus tard, "Radar Love" entrait dans le Top 40 hollandais.
Piero : Ça faisait longtemps que les Hollandais volants n'étaient plus venus en Belgique, et c'est bien agréable de les revoir. Ils sont toujours excellents. Ils y vont de leur rituel habituel : la voix angoissée de Barry Hay, la sauvagerie de George Kooymans, les solos de basse délirants de Marinus Gerritsen. Cesar Zuidervijk se taillera aussi sa tranche de spectacle, déchaîné derrière sa batterie. Impossible de rester assis.
Golden Earring démontre qu'il est vraiment l'un des meilleurs groupes de hard rock du monde. La foule est de plus en plus excitée. Incident malheureux lors du rappel. Certains veulent rester assis, ils bombardent de boites de Coca les premiers rangs qui sont encore debout. Mais ceux-ci ripostent. Réaction en chaîne : les boites se mettent à voler dans tous les sens. Trente blessés légers à la tente de la Croix rouge. Ah la bêtise humaine ! Finalement tout le monde se lève pour le deuxième rappel : « Back Home ». La foule reprend en chœur. Un grand moment du festival.
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BEGGAR'S OPERA
Le groupe écossais Beggar's Opera, en remplacement
de Kevin Ayers, programmé et qui n'est pas venu. collection©Jazz Bilzen
WIZZARD
Wizzard©jeanschoubs
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Piero : Rien de mémorable avant le groupe de Roy Wood. Mais aussi génial que puisse être l'ex-Move et ex-Electric Light Orchestra lorsqu'il compose ou produit des disques, sur scène il n'est pas encore arrivé à faire de Wizzard ce qu'il devrait être.
Sa musique est si décousue, si inhabituelle qu'il est difficile de s'y accrocher. D'assez pénibles solos de batterie n'arrangeant pas les choses le public ne rappellera même pas Wood et ses gars.
Consolation : c'est pendant Wizzard que l'écran video (loin d'être géant) se met enfin a fonctionner après deux jours de chipotages. Mais ça vaut la peine. Ce système devrait être plus répandu.
Wizzard©Focus |
ARGENT
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Piero : Il est 23 heures 30 quand Argent monte sur scène. Excellente prestation malgré quelques ennuis techniques. Le groupe sera le seul à ne pas être trop long, et on l'appréciera d'autant plus que, par dessus le marché, il se pose un peu là côté compositions. Ça balance, sans être trop heavy. Côté vocal et côté instrumental sont parfaitement équilibrés. Tout cela est bien plaisant, même si ce n'est pas vraiment original. J'aimerais revoir ce groupe en salle, ça doit valoir la peine.
Rod Argent©jeanschoubs
À gauche : Russ Ballard©jeanschoubs
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PROCOL HARUM
Piero : Les Ludo brothers ne sont pas au bout de leurs peines. Procol Harum fait de son nez. Il est passé minuit, Monsieur. Notre contrat est pour le 18. Nous sommes le 19. Le piano est mal accordé. Etc.
Mais ça s'arrange. Le groupe monte sur scène et donne vite impression d'y être pour un bout de temps. II a le mérite de varier ses morceaux.
Ses ballades majestueuses alternent heureusement avec des trucs plus rythmés qui sont peut être moins son élément, mais qui évitent la monotonie.
Rappels, bien sûr. D'abord un classique de Fats Domino « I'm Ready », dont les paroles disent : Je suis prêt à chanter le rock toute la nuit. Ça m'inquiète un peu, vu que je commence à être vachement fatigué, qu'il est trois heures et quart et qu'il y a encore une journée demain.
Mais après un « Whiter Shade Of Pale » final (ce qui doit être exceptionnel, le groupe ayant juste déclaré à Jean-Luc qu'il ne jouerait plus son méga-hit sur scène), tout le monde va dodo. Ouf ! Voilà une journée bien remplie.
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FLICS, HERBE ET PROVOC
II y a tout de même des cornichons ! Des gars et des filles, pas tout jeunes d'ailleurs, ils doivent avoir dans la trentaine. Ils se sont installés en plein milieu du terrain.Ils sont habillés de façon à être certains de ne pas passer inaperçus. Ils commencent à se passer des joints gros comme des cigares, à se tortiller en prenant des poses langoureuses, à se faire des minous-minous...
Tout ça avec la discrétion d'un dromadaire dansant le charleston dans un tunnel de la petite ceinture à l'heure de pointe... Bref, cinq minutes plus tard, ils sont entourés de vingt photographes. Dix minutes plus tard, il y a trois cents curieux. Vingt minutes plus tard, la gendarmerie les embarque.
Quelque chose qui sonne faux la-dedans, non ? Car enfin… Ils devaient le savoir que ça grouillait de flics. Alors ? Qu'est-ce qu'on cherchait? Faut réfléchir. Et penser aux quotidiens à sensation. On y montrera des photos d'une demi-douzaine de « drogués-répugnants-madame » pour évoquer un festival rock, mais pas un seul musicien ni les milliers d'autres spectateurs qui préfèrent s'asseoir sur l'herbe que la fumer.
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DIMANCHE 19 AOÛT
15 Hr : POP-ROCK FESTIVAL
19 Hr : PROGRAMME DE JAZZ
Et de 10 Hr à 02 Hr : Présentation de films
21 H - Finale des groupes amateurs
Alquin Ralph Mc Tell
Colin Blunstone
The Troggs
Archie Shepp
Nic. Fisette
Joe Henderson
Cecil Taylor
Soft Machine*
LONG TALL ERNIE - RALPH Mc TELL
Long Tall Ernie©Jazz Bilzen
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Ralph Mc Tell ©jeanschoubs |
THE TROGGS
Reg Presley©jeanschoubs
Dimanche, et le plein soleil est revenu. Qu'est-ce qu'il fait chaud ! Sunny sunday afternoon…. Le beau temps sera pour beaucoup dans le succès du festival, qui semble se dérouler bien mieux cette année-ci que les précédentes. II y a bien encore quelques retards sur l'horaire, mais pas de gros.
Les Troggs, c'est, pour beaucoup, la nostalgie des sixties et un bon groupe anglais qui fut original. Hélas, il a mal vieilli.
Le beau Reg Presley, qui faisait s'évanouir les petites Anglaises en leur chantant « I Can't Control Myself » est devenu grassouillet. Triste prestation, malgré certains morceaux qui rappellent la grande épopée du beat ... |
ALQUIN
Alquin est vraiment barbant. Il joue presque deux heures et n'a rien à dire. Le plus malheureux, c'est qu'il y a là de très bons musiciens. Mais une fois de plus seule la technique semble les intéresser. Seigneur comme ils sont casse-pieds !
Et ils se font rappeler! Là, vraiment, ça me dépasse... Et ça m'inquiète. La technique finira-t-elle par l'emporter sur le feeling? Bientôt on mettra un ordinateur sur scène, et il se fera rappeler.
Enfin… C'est peut-être la chaleur de l'après-midi qui assoupit le public et le rend indulgent. Une belle aprèsmidi. Pour flâner. Pas tellement pour faire attention à ce qui se passe sur scène.
Alquin©jeanschoubs
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COLIN BLUNSTONE
Colin Blunstone©jeanschoubs
Piero : Je me demande déjà si l'ex-Zombie Colin Blunstone ne va pas achever d'endormir tout le monde. Je m'attends à une espèce de folk-singer s'accompagnant à la guitare acoustique, mais le gars monde sur scène avec un groupe. Et alors, mes amis ! Paf ! La récompense de toutes les fatigues endurées. « La » révélation du festival. L'inattendu. La claque. Le bazar. Le machin. La voix est éthérée, aérienne, le son est clair, net. Pas de débauche d'amplification. L'organiste n'a qu'un tout petit clavier, mais il en tire un maximum.
La musique ? Un country-rock très anglicisé. Une merveille d'équilibre et d'efficacité. Colin est un grand garçon sympathique, sobre et réservé, constamment le sourire aux lèvres.
Ses musiciens ont l'air de s'amuser beaucoup. Comme s'ils pensaient : On vous a bien eus, hein? Vous ne pensiez pas que ça allait être comme ça. Et c'est bien vrai. Le répertoire est tout en progression. D'abord quelques jolies choses assez douces où Colin joue de la guitare acoustique.
Ensuite ça devient de plus en plus accrocheur. Du relief, du mordant, sans être tapageur. Reprise des hits des Zombies, « Time Of The Seasons » et « She's Not There ». Tout le monde est debout. C'est de plus en plus rentre dedans. On se met à danser. Cette version du « Rave On » de Buddy Holly …Une perle ! C'est le triomphe...
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Colin Blunstone©jeanschoubs
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C'est aussi la fin de la journée. La partie rock de Bilzen ‘73 se termine en toute beauté. Soft Machine va assurer la transition vers le jazz de la soirée. La moyenne d'âge s'est élevée dans le public. On sent que ça va devenir très sérieux. Trop pour le poor lonesome rocker que je suis. Il jette un dernier regard sur la plaine colorée par la foule, enfourche sa vieille monture (une VW de 66) et disparaît du côté du soleil couchant.
En traversant Bilzen, il y a un sacré embouteillage... Mais pas un seul gendarme pour régler la circulation... Le comble !
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LES SUITES DU BÉTONNAGE DU DEMER
Le 5 mars 1974, Fernand Nijssen et l'asbl Jazz-Bilzen se retrouvèrent malgré tout devant le tribunal de police. C'est Maître Willy Zimmerman, cousin de Fons Coch et juriste attitré de l'asbl, qui assura leur défense.
Le motif des poursuites était ainsi énoncé : « avoir, en date du 14 août 1973 sans aucune demande officielle, placé des matériaux sur le Demer ayant entraîné le détournement de son cours naturel ».
Le 12 mars, le verdict tomba. L'asbl, civilement responsable, dut s'acquitter des frais de justice (cent quarante-six francs). Quant à Fernand Nijssen, il fut condamné à dix francs x 30 ; mais cette sanction ne lui fut pas appliquée.
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Réalisation et mise en page : Jean Jième
avec la collaboration de Jazz Bilzen et Bilisium
Extraits du livre Jazz Bilzen traduits par
Emeric Rezsöhazy
1965- 1981 (420 bladzijden)
Het boek over Jazz Bilzen is momenteel nog te koop bij de dienst Toerisme van de stad Bilzen in Alden Biesen, in het Stadhuis op de Markt in Bilzen en in cultuurcentrum de kimpel, eikenlaan 25 in Bilzen. De verkoopprijs is 39.50 euros. Het boek kan ook verstuurd worden.
Rekeningnummer 001-4574210-57
IBAN: BE 09 00145742 1057
T. 089 51 95 33 - 0478 57 21 10 - jeanpierre.poesen@bilzen.be |
Dossiers complémentaires :
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