R.P : Quel est ton meilleur souvenir de tes débuts ?
Georges Bréval : Il y en a effectivement une qui me laisse un souvenir extraordinaire. Alors que nous étions en première partie de Johnny Hallyday au Grand Magasin de la Bourse, celui-ci, après le spectacle me dit : Nous avons bien travaillé, on pourrait aller faire une petite virée dans des boîtes de Bruxelles? Aussitôt dit, aussitôt fait. Il est parti chercher sa voiture, une grosse Américaine décapotable et il est revenu accompagné de deux filles superbes que je ne connaissais pas. A quatre, nous avons fait la tournée des dancings de la Porte de Namur tout en buvant quelques verres... Les filles se prénommmaient Catherine et Françoise et elles étaient soeurs. Peu de temps après, j'ai découvert dans la presse qu'il s'agissait de Catherine Deneuve et de Françoise Dorléac.
R.P. : Vous avez joué très régulièrement au Casino de Knokke?
Georges Bréval : Nous avons été pendant sept ans l'orchestre attitré du Casino où nous avons animé avec un égal bonheur les après-midis à la Réserve, puis la Grande Salle et à partir de 22 heures le night club Bagatelle avec mon ami Edouard Caillau. Nous avons ensuite succédé aux Chakachas, les créateurs du fameux Eso es el amor (#1 BEL, 1958).
Un jour Maurice Chevalier qui était la vedette du Casino est venu nous entendre à la Réserve après son spectacle et il a tenu à nous féliciter. Un moment inoubliable. Une autre fois, nous avons accompagné Englebert Humperdinck dont nous avons repris Am I That Easy To Forget (ad. G. Delécluse-B. Berck) sous le titre C'est si facile de dire "je t'aime" (v.o. et ad. en 1968).
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Les grands magasins de la Bourse réalisent
des poupées à leurs effigies.
R.P. : Durant la saison, vous avez également essaimé toutes les plages de la côte belge?
Georges Bréval : On a fait la tournée de toutes les stations balnéaires de la côte en se trimballant sur un podium mobile. Un jour à Wenduine, le temps était superbe. Nous jouions devant une véritable foule, l'ambiance était électrique.
Nous étions séparés par une barrière de protection plus que sommaire. A un moment donné, les spectateurs déchaînes se sont avancés vers nous. Ils ont poussé avec une telle force, qu'ils ont enfoncé la barrière, ainsi que le podium, qui a failli s'écrouler. Il a fallu l'intervention des forces de l'ordre pour que nous ne nous retrouvions pas en bas de la digue, c'est à dire dans la flotte.
R.P. : Quel était votre cadence de prestations et de galas annuels ?
Georges Bréval : Chaque début d'année, j'offrais aux membres du groupe un agenda avec quatre-vingt à cent dates déjà signées. Mais bien entendu, d'autres engagements s'ajoutaient au fil des mois. Une année, un soir de réveillon, on s'est produit à la salle Régina , ensuite dans le Grand Magasin de la Bourse et enfin dans une soirée à Braine-le-Comte. Une nuit très agitée et très fatiguante.
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