ROCK / ALBUM SOUVENIRS
THÉÂTRE 140
TRENTE SIX HEURES D'UNDERGROUND
Piero Kenroll - Télé Moustique N°2284
DU MARDI 21 AU MARDI 28 OCTOBRE 1969
Jo Dekmine, le dynamique directeur du Théâtre 140, après un séjour à Londres décide d'organiser une semaine entière de musique progressive. C'est un événement.
En effet, sa salle de spectacle est avant tout réservée au théâtre et à des récitals. Dès l'annonce de la venue de groupes anglais, il s'attire les foudres d'une partie de sa clientèle classique.
Mais Jo adore les défis et se frotte les mains face aux cris poussés par les contestataires. Il sait qu'en agissant de la sorte, il va s'attirer un public nouveau, désireux d'écouter ses groupes favoris dans d'excellentes conditions.
Le plateau est exceptionnel. Du jamais vu à Bruxelles : Ten Years After, The Nice et Yes, trois fleurons de la pop anglaise du moment.
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Le mardi 21 octobre, il ouvre toutes grandes ses portes aux jeunes de moins de vingt et un an, qui peuvent assister gratuitement à la double prestation du Baroque Jazz Trio et de Alan Jack Civilization.
Le mercredi c'est au tour du Tomahawk Blues band (pop underground) et du Burton Green Quintet (free jazz).
Le jeudi 23 octobre, c'est l'arrivée tant attendue du groupe d'Alvin Lee, Ten Years After. Un triomphe.
En avant-programme: Here and Now, les vainqueurs du concours du Rac Pop Festival.
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TEN YEARS AFTER
23 OCTOBRE 1969
Ten Years After - Leo Lyons © Jhdg
Jam avec Frank Zappa le 23 octobre 1969 au Théâtre 140 © jHdg
Il s'agit d'un des groupes les plus mystérieux du show-business. On ne sait pas très bien d'où il vient ni comment il s'est formé. Ce qui est certain, c'est qu'il a du succès. Mais même ce succès est un mystère. Car enfin, le Ten Years After a beau se composer de quatre musiciens de talent, on en parle relativement peu. Alvin Lee est la figure de proue du groupe, et souvent on a essayé de le comparer à Clapton.
Comme on le fait habituellement, d'ailleurs, dès qu'il s'agit d'un guitariste au-dessus de la moyenne. Mais Clapton est une légende.
Alvin Lee, lui, est simplement Ten Years After. Et c'est bien là que le problème se corse : les revues anglaises spécialisées sont avares de renseignements, même les biographies officielles sont étonnamment confuses.
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Alvin Lee © Jhdg
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JOHN C.GEE, DIRECTEUR DU MARQUEE CLUB :
Voici ce qu'en dit quelqu'un qui pourtant devrait s'y connaître, puisqu'il s'agit de John C. Gee, le directeur du « Marquee Club » (c'est dans ce club que la plupart des groupes actuels ont fait leurs premières armes) :
— Si vous écoutez un album du Ten Years After, il ne fait aucun doute que vous désirerez connaître le pourquoi, le qui et le comment du groupe. J'aimerais vous donner quelques renseignements à son sujet, mais tous mes efforts pour découvrir son passé musical se sont révélés inutiles. D'après une « rumeur », les membres de la formation se seraient rencontrés « dans-un-abri-d'arrêt-de-bus-dans-un patelin-du-nord-du-Pays-de-Galles. Ils ont découvert qu'ils jouaient chacun d'un instrument et ont décidé de former un groupe. Cette « rumeur » me parut pure fantaisie quand on me précisa que le quartet occupait cet arrêt de bus depuis un mois.
Chick Churchill - Leo Lyons
Je les ai rencontrés pour la première fois au « Marquee » à la fin du printemps 1967. Je travaillais dans mon bureau quand me parvinrent les échos d'une composition de Woody Herman : « Woodchopers Ball ». Intrigué, je descendis dans la salle du club et découvris quatre types sur scène, en train de se déchaîner.
- A ce jour, je n'ai toujours pas découvert comment ils étaient arrivés là, et je dois avouer que cela ne m'a jamais préoccupé outre mesure Tout ce que je sais, c'est que je les ai engagés pour se produire un soir, et que depuis je les ai vus plusieurs fois devant un public enthousiaste qui n'arrêtait pas d'en redemander.
ANCIEN « ROCKER » ?
La composition du Ten Years After est la suivante : chanteur, guitariste soliste et compositeur principal : Alvin Lee ; organiste et deuxième compositeur par l'importance de ses oeuvres sur les disques du groupe : Chick Churchill ; bassiste : Leo Lyons ; batteur : Ric Lee ; ces deux derniers composant aussi à l'occasion. Lee est un nom très répandu dans les pays anglo-saxons : il n'y a aucun lien de parenté entre Alvin et Ric. |
Tout ce que l'on sait d'Alvin est qu'il est originaire de Nottingham. Un ami musicien m'a prétendu qu'on retrouve dans le jeu d'Alvin Lee la technique des vieux « rockers » ; d'après lui, Alvin serait un ancien « rocker ». « Ten Years After » (dix ans après) voudrait dire en réalité : dix ans après les vrais débuts du rock and roll. Mon ami renforce son hypothèse par le fait que dans « I'm Going Home >, (extrait du deuxième album du groupe, intitulé « Undead »), un passage est emprunté à « Whole Lotta Shaking Goin' On », le plus grand succès de Jerry Lee Lewis. C'est une idée qui vaut ce qu'elle vaut.
Alvin Lee
QUATRE ALBUMS
Comme de nombreux groupes actuels, « Ten Years After » n'a jamais eu un seul disque dans un hit-parade normal ; il ne figure pas non plus en couverture des magazines spécialisés en vedette-plaisant-à-grand-maman. Ce qui ne l'empêche pas d'être très demandé et d'avoir une excellente réputation. D'où vient ce succès ? Essentiellement de ses prestations en public et de ses albums. À ce jour, il y en a quatre de parus chez Deram.
— Le premier date de fin 1967 et s'intitule tout simplement « Ten Years After ». Il comprend neuf morceaux, dont cinq sont des compositions d'Alvin Lee. Mais c'est surtout une composition du bluesman Sonny Boy Williamson qui retient l'attention, « Help Me ». Un titre qui, depuis, figure toujours au répertoire du groupe, sur scène.
Deuxième album, été 1968. Titre « Undead », enregistré en public dans un autre célèbre club londonien, le « Klooks Kleek ». Il comprend trois compositions d'Alvin et un formidable solo de batterie par Ric : Shantung Cabbage -.
Troisième : début 1969 : «Stonedhenge». Pour la première fois, le groupe emploie quelques « trucs » de studio. Sept compositions d'Alvin, une de Leo Lyons, une de Chick Churchill et un arrangement de Ric Lee. Enfin, le quatrième et dernier album paru (évidemment) : « SSSSSH... De nouveau sept compositions d'Alvin.
(Piero-TéléMoustique N°2289) |
Ric Lee |
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THE NICE
23 et 24 OCTOBRE
Il est rare, très rare de voir un groupe dont les qualités de présence sur scène frisent la virtuosité. C'est pourtant le cas du Nice, et plus particulièrement de Keith Emerson, organiste et leader du groupe. Non seulement Keith peut être considéré comme le meilleur organiste pop actuel, mais sur scène, il est vraiment étonnant.
Il dispose de deux orgues et d'un piano, et on peut dire qu'il en tire le maximum. Il n'emploie pas seulement les touches, mais se lance dans d'incroyables expériences au cours desquelles il déménage un de ses orgues sur toute la longueur de la scène... Il le soulève sur un coin, lui donne une certaine inclinaison par rapport à ses amplis, provoque l'effet Larsen, le module. Il passe derrière sa « victime », se sert du clavier à l'envers, finalement il pénètre dans une partie du mécanisme et il joue « de l'intérieur ». Parfois il utilise des poignards pour bloquer un accord, parfois il y met le feu...
À l'origine, le Nice se composait de quatre membres. Le guitariste soliste Dave O'List a maintenant quitté le groupe, et seuls demeurent Keith Emerson (orgue et piano), Lee Jackson (chant et basse) et Brion « Blinky » Davison (Batterie).
A l'époque (fin 1967), le groupe accompagnait la chanteuse P.P.Arnold, une découverte d'Andrew Oldham, qui fut le manager des Rolling Stones. En 1968, le groupe commence à faire cavalier seul et enregistre son premier simple : une adaptation d' « America », un extrait de « West Side Story ».
Ce premier simple était toute une aventure. D'abord parce qu'il était essentiellement instrumental et qu'il semblait y avoir des siècles qu'un morceau instrumental s'était assez bien vendu, ensuite parce que les compositeurs du morceau n'étaient pas contents du tout de l'arrangement qu'avait fait Keith de leur oeuvre et lui faisaient les pires difficultés, « America » fut un petit succès et attira l'attention sur le Nice. On commença même à beaucoup parler du groupe le jour où, sur scène, Keith sortit de son orgue un drapeau américain et y mit le feu.
Brian Davison © jHdg
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Lee Jackson © jHdg
Vint alors la premier album du Nice avec le fameux « Rondo », morceau qui figure toujours au répertoire du Nice, qui depuis n'a cessé de l'améliorer. C'est à cette époque, peu après la sortie de ce premier L.P., que le Nice fut définitivement lancé auprès des amateurs de musique très élaborée.
A chacune de ses prestations sur scène, Keith Emerson entrait un peu plus dans la légende. Un deuxième simple parut : une adaptation d'une oeuvre classique de Bach, le Concerto Brandebourgeois, « Brandenburger ».
En même temps venait le deuxième album : « Ars Longo Vito Brevis », qui était essentiellement construit autour de ce même « Brandenburger ». Ce fut un autre succès.
Mais à part pour quelques spécialistes, le Nice restait inconnu en Belgique. Il fallut attendre le mois de mai de cette année pour que sa première venue chez nous déchaîne les passions. Depuis lors, le Nice a encore été plus loin. Au festival du Plumpton , il a inauguré sur scène la combinaison orchestre symphonique-groupe pop. Son troisième album est paru.
(Piero - TéléMoustique N° 2284) |
YES
28 OCTOBRE 1969
Télémoustique N° 2284
Bill Bruford, Jon Anderson, Chris Squire © jHdg
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Bill Bruford © jHdg |
Chris Squire © jHdg |
Jon Anderson © jHdg |
Peter Banks © jHdg |
JOHN MAYALL
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John Mayall est venu en concert au Théâtre 140 dans le courant de 1969 juste après la sortie de l'album The Turning Point. Toutefois la date précise n'est pas connue.
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Line-up : John Mayall, Jon Mark, Johnny Almond, Alex Dmorchowsky.
Cette formule n'a fonctionné que la durée de quelques galas. © jHdg
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EMERSON, LAKE AND PALMER
THÉÂTRE 140 - BRUXELLES - 7 FÉVRIER 1971
Affichette pour le 140
Photo promotionnelle du groupe éditée à Londres
Keith Emerson © jHdg
Greg Lake © jHdg
Carl Palmer © jHdg
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