LES DÉBUTS DE JOHNNY HALLYDAY
VUS DE BELGIQUE - ANNÉES 1960 - 1963
Il a dix-sept, il est blond, il porte une veste de cuir. Il chante du rock en français en grattant sa guitare. On a bien entrevu quelques photos de lui dans l'un ou l'autre magazine, mais le grand public ne le connaît pas encore. Pourtant, très vite, il va défrayer la chronique. On dit de lui que quand il se produit sur scène, il se roule par terre en poussant des cris frénétiques.
Le 30 décembre 59, il a participé à l'émission radio Paris-Cocktail. A la suite de son passage, la firme Vogue l'engage immédiatement. En mars 60, il sort son premier disque T'aimer follement sous le nom exotique de Johnny Hallyday. En juin, il récidive avec Souvenirs Souvenirs, qui devient très vite un tube.
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En septembre, il se produit à l'Alhambra en première partie de l'humoriste Raymond Devos. Les critiques sont assez cyniques, partagées entre moqueries et mépris. La presse préfère évoquer ses déhanchements, jeux de jambes et contorsions, plutôt que de présenter un jeune homme à la fois moderne et romantique qui chante l'amour, l'amitié et la décontraction.
Mais la jeunesse ne se montre guère dupe et résiste à cette campagne dénigrante. Et puis si, depuis le milieu des années 50, les teenagers américains se reconnaissent en James Dean, Brando et Elvis, les jeunes français se cherchent à leur tour un leader charismatique. Ce sera Johnny qui l'incarnera. Novembre 60 , Johnny sort un premier 33 tours intitulé Hello ! Johnny.
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En février 61, à Paris, s'organise le premier Festival du rock, organisé par les disques Vogue. Johnny y fait un triomphe. Vers la mi-septembre, le chanteur entreprend un série de galas dans le but de rôder le spectacle qu'il donnera en vedette du 20 septembre au 9 octobre à l'Olympia. D'outre-Atlantique, arrive une nouvelle danse : le twist. Johnny en tire profit et sort chez Philips, en automne Viens danser le twist et Let's twist again.
Et voilà que, soudain, la venue de Johnny Hallyday est programmée le 18 octobre prochain à Bruxelles dans l'ancien vélodrome de Schaerbeek, rebaptisé Palais des Sports. La rumeur se transmet comme une traînée de poudre, grâce notamment aux médias belges qui, comme leurs confrères parisiens, commentent l'événement sur un ton plutôt alarmiste. Les agences de presse comme à leur habitude tentent de dramatiser.
Les fidèles lecteurs du Soir, de la Dernière Heure, de la Libre Belgique découvrent ainsi que les salles qui accueillent Johnny connaissent des déferlements de violence, que les jeunes cassent des fauteuils et s'en prennent aux flics qui tentent de les en empêcher. C'est plus qu'il n'en faut pour exciter les jeunes à courir voir le phénomène ou pour déclencher une poussée d'urticaire chez leurs parents. |
LES 18 ANS DE JOHNNY
Johnny fête ses 18 ans (Ciné Revue)
JOHNNY HALLYDAY - PREMIERS CONCERTS À L' OLYMPIA
Premier show à l'Olympia du 20 septembre au 9 octobre 1961 - (Ciné Revue)
AU PALAIS DES SPORTS DE SCHAERBEEK - BRUXELLES 18 OCTOBRE 1961
COMPTE-RENDU DU PREMIER SHOW DE
JOHNNY À BRUXELLES ( Jean Jieme)
Le jour J arrive. Accompagné de la bande des copains que je me suis faite à l'athénée, je me rends tout excité dans l'immense hémicycle, pouvant contenir plusieurs milliers de spectateurs. On s'était donc tous imaginé qu'on allait assister au plus grand rassemblement de jeunes que Bruxelles ait jamais connu. Que ça allait être une fête extraordinaire !
D'ailleurs les abords du vélodrome se présentaient plutôt tel un camp retranché. Il y avait des flics partout. Ils nous regardaient bizarrement, comme si nous étions des délinquants en puissance.
Sans doute, n'étaient-ils pas encore habitués à se retrouver en présence de plusieurs centaines de jeunes zazous, aux longs favoris ou aux tifs sur les oreilles. Nous, on faisait semblant de ne pas les voir mais on se sentait prêt à déclencher un gros chahut rien que pour les voir courir dans tous les sens.
Une fois à l'intérieur, on a compris que l'immense salle ne se remplirait jamais des milliers de spectateurs qu'elle accueillait généralement. Nous n'étions tout au plus que quatre ou cinq cent, soit à peine la vingtième partie du stade. Ensuite, à chaque traverse se tenaient en faction des flics, encore et encore. Une véritable provocation !
Nous n'avions même pas le choix des places. On nous parqua dans la même zone, à plusieurs dizaines de mètres du podium. On se serait cru au zoo ! Mais à quoi s'attendaient-ils ? A une émeute ?
Le bourgmestre de Schaerbeek avait dû prendre les ragots de presse un peu trop au sérieux.
Et puis, dans un tonnerre d'applaudissement, de sifflements et de tambourinements de pieds et de chaises métalliques, il est arrivé, ce chanteur si subversif au point d'avoir mobilisé autour de lui autant de forces de l'ordre….
Dans le brouhaha où se mêlaient les premières notes des guitares électriques de ses musiciens, Johnny a tout de suite réalisé l'invraisemblance de la situation. Il nous a fait signe d'approcher. Alors, on s'est tous précipité en courant vers le devant de la scène. Je devrais dire du ring. Car Johnny ce jour-là est plus apparu comme un boxeur que comme un chanteur. Les flics ont bien essayé de nous repousser, mais ils ont vite laissé tomber. Après tout on avait tous payé soixante balles d'entrée on méritait de profiter de notre spectacle.
Pour un complexe d'une telle dimension, l'installation micros, baffles, amplification était incroyablement insuffisante. On aurait voulu saboter la carrière naissante de ce jeune chanteur, un peu naïf d'accepter de prester dans des conditions aussi médiocres, qu'on ne s'y serait pas pris autrement.
Mais on peut supposer qu'aucun des directeurs de salles de spectacles des dix-neuf communes n'avait osé prendre le risque d'organiser un concert avec ce jeune rebelle.
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Durant une heure, Johnny a chanté et hurlé en des gestes déchainés et provocateurs. Il s'est roulé par terre avec sa guitare accrochée à son corps. Les cris et les clameurs des spectateurs étaient si intenses qu'on n'a jamais vraiment perçu une seule de ses chansons. C'était vachement frustrant. Aujourd'hui, avec le recul, je me rends compte que le public n'était pas uniquement venu pour écouter le chanteur mais aussi pour se défouler. Pour crier et hurler lui-même l'espérance en un monde plus libre et moins grisâtre : Salut les copains !
Quand on est ressorti du stade, les jeunes et les flics se sont mis à se provoquer. Il y avait de l'électricité dans l'air. Certains groupes plus audacieux se sont mis à secouer des voitures et à les faire tanguer. Lorsque j'ai vu que ça allait mal tourner, j'ai préféré quitter les lieux. Je n'étais pas venu pour me retrouver embarqué dans le panier à salade. Même si la rage y était d'en découdre.
http://www.sonuma.be/archive/johnny-hallyday-au-palais-des-sports
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Une des toutes premières télés - RTF (25.11.1961)- Ciné Revue;
SALUT LES COPAINS
Juke Box N° 73 (novembre 1972)
En décembre 1961, sort pour les fêtes de Noël, Salut les Copains, le nouvel album de la star naissante ( le premier édité par Philips). La voix puissante du chanteur, sa dégaine de rocker rebelle et ses textes de chansons qui s'adressent exclusivement aux jeunes atteignent leur cible. Le LP se classe immédiatement dans le top des ventes.
Johnny va électriser la jeunesse avec Twistin USA, Tu peux la prendre, Il faut saisir sa chance, Let's twist again etc…
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Moi, je fantasme surtout trois merveilleuses mélodies chantées avec cœur et conviction : Retiens la nuit - Paroles et musique : Charles Aznavour - Georges Garvarentz, Douce Violence- Paroles et musique : Clément Nicolas - Georges Garvarentz et Toi qui regrettes : Jil et Jan et Hallyday .
En janvier 62, le public parisien découvrira la nouvelle idole des jeunes dans un film à sketches intitulé Les Parisiennes. Il y charme l'adorable Catherine en lui chantant Retiens la nuit.
http://www.youtube.com/watch?v=xKGsU5t_Yt4
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LES PARISIENNES - JOHNNY AU CINÉMA
Johnny Hallyday et Catherine Deneuve (Les Parisiennes) - Ciné Revue novembre 1961
DATES DES CONCERTS DE JOHNNY EN BELGIQUE
Salle de l'Ancienne Belgique
1962
OCTOBRE
Du 6 au 13 octobre : à l'Ancienne Belgique – Bxl - ( 10 représentations)
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1963
OCTOBRE - Tournée d'automne
20 octobre : Théâtre Communal de La Louvière (matinée et soirée)
21 et 22 octobre : au Palace à Liège avec Sylvie Vartan,
Philippe Norman, Les Lionceaux, Pierre Vassiliu.
23 octobre : au Ciné Théâtre à Châtelet
Du 25 au 30 octobre : Ancienne Belgique avec Sylvie Vartan
(sept représentations)
31 octobre : à l'Eden à Mouscron -Belgique
1966
Du 22 au 27 avril : Ancienne Belgique - Bxl
(8 représentations)
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JOHNNY ET SYLVIE À L’ANCIENNE BELGIQUE
Du 25 au 30 novembre, Johnny et Sylvie sont à l’affiche de l’Ancienne Belgique. Depuis leurs débuts, le couple est devenu extrêmement populaire chez nous comme en France.
Le 27, je suis dans la salle. Le public est surtout constitué de filles. C’est fou le nombre de clones de Sylvie qui s’agitent dans les traverses !
Les garçons présents dans le public sont soit leurs frères, leurs copains ou leurs petits amis. Sont aussi de la fête les véritables fans de Johnny. On les reconnaît aisément par leur allure virile, leur blouson de cuir ou leur coiffure banane. Sylvie Vartan qui passe en avant-programme de son rocker de petit ami est ravissante dans sa petite robe Courrège.
Avec le temps, elle a acquis de la présence et sa voix s’est affermie. Si la plupart de ses chansons restent souvent simplistes et naïves, elles font toutefois le bonheur de l’assistance. Sans être particulièrement un de ses admirateurs, j’aime bien Sylvie parce qu’elle a du caractère et qu’elle affronte parfois un public qui ne lui est pas toujours acquis et une faune parisienne qui ne lui fait pas de cadeau, qui profite de sa jeunesse et de son inexpérience pour lui mener la vie dure.
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Il n’y a pas qu’en France d’ailleurs. Quelques jours plus tard, paraît dans l’Écho de la Bourse un article d’une injuste méchanceté qui atteste bien de la réticence d’une certaine intelligentsia à admettre les bouleversements d’une jeunesse en recherche de marques.
L’article s’intitule Sylvie Vartan à l’Ancienne Belgique.
« Elle a dix-huit ans, est d'origine bulgare et passe pour être la nouvelle idole aux crises d'hystérie des "twisteurs" à blousons noirs ! Pauvre gosse. On ne sait comment décrire ce récital érotique et vulgaire jeté en pâture comme on foule aux pieds un tas d'ordures. Quatre musiciens dont un batteriste (sic) digne de la camisole de force, une gamine à cheveux blonds tenant un micro devant la bouche tel un sucre d'orge, et des cris, des cris, encore des cris, scandés à la manière de sauvages hurlant de frayeur devant un réveille-matin !
On affirme qu'au travers ce micro, Sylvie Vartan chante ! Étant donné que sa voix est couverte par les hurlements de ses "accompagnateurs" et les roulements de tambour du loufoque de service, il ne nous a pas été permis de vérifier cette affirmation. Ce qu'on peut dire, toutefois, c'est que tout dans ses gestes, sa manière de lancer l'œillade, ses appels aux jeux de l'amour, font de cette soi-disant chanteuse une espèce de… respectueuse de trottoir en quête d'un client ivre.
On est gêné devant pareil spectacle. Gêné et inquiet de constater dans quel état d'abrutissement se vautre aujourd'hui une certaine jeunesse. Et qu'on ne vienne pas parler de défoulement inévitable ! Non, ici il n'y a plus que la grossièreté et l'imbécillité à l'état pur. C'est lamentable ! »
Lorsque Johnny déboule à son tour sur la scène de l’A.B., il met tout le monde d’accord. Sa puissance vocale, son énergie de pur-sang et les décibels produits par la sono et les amplis des musiciens font trembler les murs de la vieille salle qui n’a jamais enduré pareil traitement. Nous sortons du concert les oreilles bourdonnantes mais satisfaits d’avoir assisté à un show qu’on n’a guère l’habitude de voir.
(Jean Jième) |
Rencontre Hallyday et Vince Taylor (Juke Box N°72)
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