JIMMY MORGAN, CHANTEUR DES SIXTIES
"Jimmy" car j'adorais Jimmy Dean et " Morgan" pour ses yeux.
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Jacques Arnoldi, alias Jimmy Morgan, est né le 2 juillet 1944 à Bruxelles. En 1960, il a seize ans et se passionne plus que tout autre pour la chanson. Il participe à plusieurs concours amateurs et tente déjà de se distinguer. Lors d'une soirée crochet, il a l'occasion de chanter devant Johnny Starck, le premier manager de Johnny Hallyday. Starck, qui suit Johnny dans une tournée qui passe par la Belgique, invite le jeune Jimmy à rejoindre toute l'équipe au restaurant.
Celui-ci se demande ce qu'il lui arrive. Il se retrouve attablé face à l'idole des jeunes, lui-même en compagnie de la délicieuse Françoise Dorléac, sœur aînée de Catherine Deneuve. Lors du repas, Johnny Stark lui fait savoir qu'il a une voix intéressante et que, s'il le désire, il peut accompagner ses musiciens pour suivre la tournée de Johnny.
Il est trois heures du matin. A l'issue du repas, Jimmy se fait raccompagner jusque chez lui à Berchem-Ste-Agathe par le chauffeur de Johnny Stark. Mais une mauvaise surprise l'attend. Son père est sur le palier et l'attend. Il lui intime fermement de disparaître de sa vue et de gagner son lit. Jimmy a juste le temps de balbutier :
-Mais papa, le manager du chanteur français Johnny Hallyday m'attend en bas. Il me propose de m'emmener à Paris pour me faire passer une audition...
-Une audition ? Johnny Alidé ? Je vais t'en foutre moi des Johnny Alidé. Allez au lit.
Jimmy, qui avait très peur de son père, se rappelle l'avoir entendu descendre les escaliers et fermement remballer le chauffeur. La voiture a démarré sur chapeau de roue et le rêve de l'adolescent s'est brisé. Mais pas sa vocation. Car un an plus tard, il montait sur scène avec les Spiders.
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LES SPIDERS (1961-1962)
Jimmy Morgan : Je suis entré dans les Spiders un peu par hasard. J'ai remplacé leur chanteur Kris Dogan. Notre répertoire consistait essentiellement de standards de Dick Rivers, Eddy Mitchell, Johnny Hallyday et Cliff Richard. On se produisait régulièrement au magasin de la Bourse et on fréquentait le bistrot d'en face : le Relais Bourse, le repaire de tous les musiciens et les fans de rock.
Une date importante pour les Spiders c'est lorsque nous sommes passés à Gand à l'Ancienne Belgique dans le cadre du Gouden Micro.
De gauche à droite : Yves, Toto Poznantek, Jean-Claude, Francis Dewel et Jimmy Morgan |
GOUDEN MICRO
Les Spiders au Gouden Micro - Gand - Ancienne Belgique 6/6/1962
LES NIGHTBIRDS (1962-1963)
Paul Coerten (basse) - Jimmy Morgan (chanteur) - Bernard Coerten (guitare solo)
Jacques Coerten(batteur) - Dany De Vuyst (guitare rythmique) |
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Lorsque les Spiders se sont séparés, j'ai cherché à rejoindre un autre orchestre. Un jour, j'entends que les Nightbirds se cherchent un chanteur. Les Nightbirds étaient constitué des trois frères Coerten. J'arrive au rendez-vous que Jacques, le batteur, m'avait fixé et là je tombe nez à nez avec... Kris Dogan. Il me demande ce que je viens faire ?
Je lui répond un peu embêté que je viens passer une audition. Il me lance à juste titre : Tu ne vas tout de même pas me dire que tu viens me remplacer encore une fois ? Et pourtant c'est bien ce qui s'est produit.
A l'époque, n'importe quel chanteur ou musicien pouvait se faire virer du jour au lendemain. Cette fois-là, c'est Jacques Coerten qui s'est chargé de la pénible mission. Demain ce pouvait être mon tour.
Juin 1963.
Les Nightbirds décident de mettre fin à leur collaboration. A l'époque, la majorité des orchestres de bal ne tenait jamais plus d'un an ou deux. Les causes étaient toujours les mêmes : service militaire, arrivée d'un heureux événement, mariage ou besoin de nouer les deux bouts dans un travail stable.
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LES SYMPAS DE CIRCONSTANCE
Or les Nightbirds s'étaient plus ou moins engagés auprès d'un certain Johnny Paterson (impresario) à participer à un grand spectacle baptisé Grand Show Telstar qui devait se tenir sous chapiteau Place Rogier à Bruxelles. Avec en vedettes Ariane et ses copains, Robert Cogoi, Nicole Josy et l'orchestre rock du moment : les Nightbirds.
Paterson avait annoncé l'événement à grands renfort de folders distribués un peu partout. Mais voilà que les frères Coerten décident de ne pas y participer. Face à cette nouvelle, Paterson est désespéré. Il insiste, en vain ! Alors il a une idée, pourquoi ne pas fabriquer un groupe qui ne jouerait qu'une seule fois et qui remplacerait ainsi les Nightbirds défaillants. Comme je n'avais rien à perdre, j'ai accepté d'entrer dans le jeu. Avec un batteur prénommé Bob, Dany De Vuist, seul rescapé des anciens Nightbirds et Christ Lee, guitariste solo, et moi. On a ainsi créé l'orchestre Les Sympas.
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Si je relate cette anecdote c'est pour témoigner des méthodes peu orthodoxes en pratique à cette époque incroyable où les groupes poussaient comme des champignons, où les musiciens sortaient d'un orchestre pour entrer dans un autre. Ou les impresarii étaient souvent de fieffés amateurs de première. Et où les contrats comptaient souvent pour du beurre. Je ne me demande même si nous avons reçu un cachet ce jour là !
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A gauche de Dick Rivers, Jimmy Morgan. A droite de la photo Johnny Paterson.
LES OMBRES (1963-1966)
Les Ombres rencontrent Adamo
C'est sous un chapiteau d'été, que j'ai fait la connaissance de Francis De la Blancherie, le père de Dany qui jouait comme guitariste soliste dans les Ombres. L'orchestre comprenait quatre musiciens et jouait essentiellement le répertoire des Shadows.
A un moment donné, ils ont eu envie de changer de style, de chanter à plusieurs voix et de sortir de l'image du groupe instrumental. Il leur fallait un chanteur. De la Blancherie a trouvé que j'avais une voix qui convenait et il m'a demandé d'entrer dans les Ombres.
On a retravaillé le répertoire et des Shadows on a bifurqué vers Gene Vincent, Jerry Lee Lewis, Cliff Richard. Durant l'été 63, on s'est retrouvé sur la côte belge, à la Panne, dans un bistrot qui s'appelait Aux copains. La même année, Jième et les Enfants Terribles se produisaient au Clan. On a sympathisé et créé des liens.
Francis était un excellent manager. Il se démenait comme un beau diable pour nous dénicher des contrats. Il sillonnait toute la Belgique et même le Nord de la France jusqu'à Paris.
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Je garde des souvenirs inoubliables de tournées avec Gene Vincent, les Fantômes, Burt Blanca et les King Creoles, les Chats Sauvages avec Mike Shannon, Bob Asklof. On a joué à l'Alhambra Maurice Chevalier à Paris. On a fait le Casino des sables d'or en Bretagne, puis la Suisse.
Lorsque Johnny Hallyday est parti faire son service militaire, j'ai écrit les paroles et la musique d'un morceau qui s'appelait Bye, bye Johnny et qui est sorti en 45 tours. Avec en face B, La Voilà. Plus tard lorsque j'ai rencontré Jean-Claude Camus, le second impresario de Johnny, je lui ai donné un exemplaire en lui demandant de le faire écouter à Johnny. On peut toujours rêver !
Puis on a sorti un second 45 tours avec A little loving qui est devenu le générique de l'émission Les deux cent trente minutes de Jean-Claude Menessier, le dimanche après-midi. En face B, une reprise de Cliff Richard, On the beach.
Une de mes toutes dernières représentations avec les Ombres date de la fin de 63 à la Salle de la Madeleine. Mon style ne collait plus. Avec l'arrivée des Beatles, Kinks, Stones et Cie on a littéralement changé d'époque. Je suis parti chez les Anonymes.
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LES ANONYMES
Ensemble, on a gagné le Festival de la Guitare d'Or à Ciney en 1965. C'était une formidable bande de copains et d'excellents musiciens.
Les membres du jury à Ciney - 1965
Sur la photo à partir de la gauche : le présentateur Michel Lemaire. A ses côtés Roland Davell, pianiste et guitariste soliste qui a tenu le Mag Demo, rue des pierres. Raoul Morlet, batteur. Jempy, guitare rythmique. Au centre Pipol, bassiste. Et Jimmy Morgan.
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JIMMY MORGAN : TOUJOURS CHANTEUR AUJOURD'HUI
Jimmy Morgan, toujours aussi fringuant en 2009 |
Plus que jamais Jimmy reste dans le feu de l'action. Il se produit encore régulièrement sur scène, notamment lors d'anniversaires, de mariages, de concerts. A soixante-quatre ans, il garde le virus de la scène et du rock.
Toujours flanqué de ses anciens copains musiciens, ceux qu'il appelle "les vieux de la vieille", tombés comme lui dans la "marmite des golden sixties", Jimmy a transmis sa passion à ses deux fils : Serge, à la batterie et Michel au chant.
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Il garde un répertoire classique constitué de standards de Jerry Lee Lewis, Little Richard, Elvis, Cliff, Fats, Johnny, Dick, Eddy etc... Amoureux de la bonne chanson française, il affirme sa sensibilité au travers les plus belles chansons de Brel, Aznavour, Bécaud, Adamo. Et selon l'avis de Mich Brel, avec beaucoup de fougue et de talent.
Projets : fin 2009, un méga concert dédié aux "sixties" accompagnés par une dizaine de musiciens, choristes, danseuses au Centre Culturel de Cité Culture à Laeken.
Il espère également réunir un maximum de musiciens des anciens orchestres bruxellois des années 60 pour un grand concert de retrouvailles et de souvenirs sur un free podium. Qu'on se le dise ! |
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