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ROCK BELGE / ALBUM SOUVENIRS

THE SYLVESTER'S TEAM (1965-1968) - SUITE

Biographie officielle réalisée par Jean Jième à partir d'interviews avec Sylvain Vanholme
11 février 2009

 

Lire la l° partie de la bio du Sylvester's Team

Sylvester's Team 1967

Photo parue dans Salut Les Copains

 

 

"POUR MOI, LE SON ET LE TITRE D'UNE CHANSON PRIMENT SUR TOUT LE RESTE".

 

Jean Jième : Si nous parlions de toi sur le plan de tes compositions ? Au cours, de ta carrière, tu as écrit une centaine de chansons. Comment procèdes-tu ? As-tu une recette personnelle ?

 

Sylvain Vanholme : Lorsque je prends ma guitare pour essayer de trouver une idée, je m'intéresse essentiellement à la manière dont sonnera la future chanson. Je cherche des accords, un refrain, une ligne mélodique souvent classique et toujours basée sur un chorus d'au moins trois voix.

 

 

En ce qui concerne les textes, je n'ai aucun message à transmettre

 

ni aucune anecdote de ma vie personnelle à raconter. Je passe donc très peu de temps à l'écriture. Par contre, je suis capable de me creuser la tête des jours et des jours pour chercher le titre qui conviendra le mieux.

 

Composer une chanson, c'est beaucoup de chipotage. On s'en rend surtout compte quand on a l'occasion de la tester en live avec un public. C'est alors qu'on prend conscience qu'elle manque de rythme ou qu'elle est trop lente, trop ronde ou trop longue, selon les cas. Il faut alors rajuster, fignoler, c'est toute la problématique dans ce cycle de création.

 

IT REMINDS ME (LOUIS XVI) - LIES

Philippe Colinge : Musicalement, ce titre lorgne sans vergogne du côté des Kinks, mais déjà avec des harmonies vocales riches, qui ne manqueront pas de se développer au fil des enregistrements. C'est l'intro classique, jouée à la basse et à la guitare, qui donne au morceau son second titre Louis XVI.

 

Sur le label de la face A, déjà, le manque de souci du détail propres aux maisons de disques belges se manifeste. En effet, si le titre indiqué sur la pochette est bien correct : It reminds me ( Louis XVI), par contre sur le 45 tours, l'étiquette indique : I remind me (Louis XVI).

 

Avec LIES Sylvain nous livre une performance vocale de premier ordre sur un titre très intelligemment construit, toujours inspiré de ce que font les groupes pop Outre-manche, à la même époque. Une face B aussi bien inspirée que la face A de ce premier single.

 

 
Sylvester's Team 1967 It reminds me

Vanholme/Tubor -

Roover 11.002 1965/66

 

Jean Jième : Gardes-tu de cette première sortie discographique un souvenir particulier ?

 

Sylvain Vanholme : C'est Frans Romeyns, journaliste à Het Laatste Nieuws et qui avait été membre du jury du Gouden Micro, qui nous a conseillé de rencontrer un certain Dumitresco. Cet impresario-manager-producteur nous a fait enregistrer chez Roover Records.

 

Pour It reminds me, je suis parti d'accords classiques. Je voulais des violons. Mais comme Dumitresco, alias Monsieur 40%, ne voulait pas trop dépenser ses sous, il m'a refusé les cordes et m'a limité en heures de studio. Alors, j'ai voulu faire un pied de nez à la production en rebaptisant It Reminds me en Louis XVI. J'aurais aussi bien pu dire Louis XIV, XV ou XVII. C'était un trait d'humour ou de mauvaise humeur de ma part.

 

 

BEAUTIFUL DAY - HURT ME NO MORE

Beautiful Day Sylvester'sTeam

Musiciens de studio et danseuses aux côtés du Sylvester's Team

 

Philippe Colinge : La face A du second single du Sylvester's Team est en rupture directe avec le 45 t précédent. Sylvain et sa bande nous offrent une exquise balade acoustique sur laquelle, déjà, on sent poindre ce qui fera le succès du Wallace Collection, trois ans plus tard. Des chœurs soignés et, déjà, discrètes mais bien présentes : des cordes !

 

L'influence de Bob Dylan, de Donovan et des Byrds est sensible. C'est sans doute le titre le plus abouti du groupe, et le seul qui ait eu l'honneur d'être officiellement réédité en CD sur la compilation Wit-Lof From Belgium en 1990.

 

Le contraste avec la face A est absolument total. Au verso de la douce balade champêtre, Sylvester's Team nous propose un morceau soul directement inspiré de James Brown. Avec des cuivres, s'il vous plait. Une voix aiguë commence à se démarquer dans les chœurs : celle du batteur Freddy Nieuland.

 

Pendant le break instrumental, on découvre un riff que Sylvain réutilisera, bien des années plus tard, dans Copacabana, le premier tube de Two Man Sound sorti en 1971.

 

 

Jean Jième : Ainsi, as-tu récidivé chez Roover Records en sortant Beautiful day et Hurt me no more ?

 

Sylvain Vanholme : Hé, oui ! Pour Beautiful day, je voulais utiliser un violon de jazz comme dans les chansons de Dina Washington. Et y mêler du lyrique. Il me fallait un bon arrangeur. J'ai ainsi fait appel à Benny Couroyer qui était également un excellent saxophoniste. Et je dois dire qu'il a parfaitement rempli sa mission.

 

 

 

années 60 sylvester's team

Vanholme/Tubor -

Roover 11.003 - 1966)

 

 

D'ailleurs les radios ont beaucoup apprécié la chanson et l'ont programmées très souvent. J'aime beaucoup Beautiful Day. C'est vrai que lorsqu'on la réécoute, on pourrait penser quelle date de la période du Wallace.

 

La chanson Hurt me no more m'a été inspirée après notre passage au Golf Drouot. A Paris, c'était la "folie" James Brown. Les jeunes réclamaient des cuivres. J'avais envie de restituer une certaine impression de spleen, de désillusion qu'on commençait à ressentir.

 

Etait-ce une certaine peur existentielle due à l'époque ? Il y avait beaucoup de troubles et de menaces dans le monde. Pour traduire tout cela sur le plan musical, j'ai décidé de jouer à fond la carte James Brown et de faire appel à des cuivres tonitruants soutenus par un rythme très marqué.

Alors j'ai eu l'idée de combiner classique (violon-piano) avec sax et trompette, sans oublier une guitare à douze cordes qui rappelait le son des Byrds. Un savant mélange, plutôt détonnant.

 

Sur le plan vocal, Freddy et moi avons chanté à l'unisson, un peu comme les Everly Brothers. On a testé la formule lors des bals de week-ends.

 

Ca marchait du tonnerre. Alors on a engagé deux jeunes danseuses blondes en plus. Tout ça avait une gueule terrible et plaisait énormément au public. Pour résumer, Beautiful day, c'est nous !

 

Et Hurt me no more, c'est un produit purement commercial destiné à plaire au public du samedi soir.

 

LA PARENTHÈSE DU SERVICE MILITAIRE

Sylvesters' Team au Palais des Beaux-Arts. Coupe militaire pour Sylvain Vanholme.

Jean-Marc Destrebecq, Freddy Nieuland. Gégé Heymbeek (caché) - 1967 - © j.jième

 

 

Jean Jième : Sur ces entrefaites, tu reçois tes papiers militaires et te voilà incorporé pour douze mois dans les forces armées. Voilà qui a dû apporter un solide coup de frein à la poursuite de la carrière du Sylvester's Team ?

 

Sylvain Vanholme : Je me rappelle avoir passé le réveillon de Noël et de Nouvel An à faire la guindaille avec mes potes. Puis j'ai rejoint la caserne le 3 janvier 67. Après les trois mois classiques d'entraînement, les choses ont repris leur cours normal. La preuve, c'est que le groupe a résisté.

 

On a continué à jouer les week-ends. Plusieurs fois, j'ai été obligé de solliciter le chef de corps pour obtenir une perme spéciale. Mais c'était pour des contrats importants que Martin parvenait à nous obtenir. Comme par exemple le Bal du rat mort en février au Casino Kursaal à Ostende ou en juin au Grand Gala de Variétés pour le comité d'action pour Israël.

Une autre fois pour l'avant-première de Gilbert Bécaud à l'Ancienne Belgique.

 

Jean Jième : Mille neuf cent soixante-sept va être particulièrement prolifique en sortie de 45 tours. J'ai compté que vous en aviez produit pas moins de quatre ?

 

Sylvain Vanholme : C'était l'époque où Jean Martin voulait vraiment se lancer à fond dans la carrière de producteur. Il a essayé de promouvoir en même temps que nous plusieurs artistes débutants, notamment Georgina. C'est comme ça que sont sortis consécutivement For You, for You et Well, Well . Puis   J'en Suis Fou et Belles Belles. Suivis de Francis et de Hey Hey Hey . Et finalement Hello Suzannah et de Rose.

 

Beaux Arts Sylvesters Team

Concert du Sylvesters' Team dans la salle du

Palais des Beaux-Arts - 1967 © J.Jième

LE GROUPE ENGAGE ROLAND DESCHAMPS

Roland Deschamps rock 1967

Roland Deschamps, Freddy, Gégé, Jean-Marc, Sylvain

 

 

Jean Jième : Déjà en fin 1966, tu as fait appel au pianiste Roland Deschamps. Il semble que tu aies décidé de le garder. De quatre , vous vous êtes retrouvés à cinq.

 

Sylvain Vanholme : Je me rappelle avoir assisté au club des Aigles, animé par Piero Kenroll, à un concert des Moody Blues (2 juin). Et là, ce fut la révélation.

 

J'ai découvert une manière originale d'insérer le clavier dans une formation pop. Dès lors, j'ai de plus en plus dirigé les répétitions vers un style plus classique où le piano prenait une place essentielle.

 

Un jour qu'on était en manque de véhicule, Roland Deschamps a proposé de nous conduire jusqu'à Ostende.

Là, au Casino Kursaal, lors de la balance des micros et instruments, il s'est mis à pianoter sur plusieurs morceaux et entre autres sur Go Now des Moody Blues.

 

Le soir, il nous a rejoint sur scène et nous a accompagnés pendant les différents sets. C'est comme ça que Roland est entré dans le Sylvester's Team.

 

 

 

 

COMPTE RENDU DE PRESSE

 

Ils sont cinq jeunes gens de chez nous : Sylvester, Gégé, Jean-Marc et Freddy. Sylvester, vous l'avez deviné, est le  leader du groupe vocal et instrumental qu'ils composent. Un leader sûr de lui et qui s'impose sans le moindre artifice, calmement, sans jamais s'énerver. On jurerait qu'il est Britannique, tant son flegme est imperturbable. Et grands son tact et sa correction. A chacun de ses musiciens, il sait faire la remarque juste et précise, sans jamais le vexer.

 

Sylvester est aussi le cerveau  et l'âme du team, puisqu'il est le créateur de son style. Néanmoins ne réalise-t-il jamais rien sans le concours de toute son équipe. Il tient compte invariablement de l'avis de ses spécialistes pour les arrangements.

 

Sylvester's Team Belgium

"La classe" Sylvesters' Team

 

Chanteur et guitariste soliste, Sylvester, qui a vingt-trois ans, est universitaire et humaniste. Son rêve  : acquérir un jour une très vieille Rolls Royce.

 

Gégé est le bassiste du Sylvester's Team. Elève du  conservatoire, il y a étudié le  piano et la clarinette. Son jeu de basse est très calculé. Car, quoique d'un tempérament très nerveux, il a appris à contrôler ses impulsions. Au  reste, ses études musicales  ne l'ont pas empêché de passer brillamment l'épreuve du jury central. Tout ceci indique que Gégé sait ce qu'il veut. Comptable du groupe, il a été surnommé  : le requin   par ses amis.

 

Collectionneur d'instruments, Jean-Marc, dont la spécialité est l'harmonica, joue aussi bien de la guitare d'accompagnement que de la flûte  ou de la cithare. Pourtant, de son propre aveu, il lui est malaisé de s'appliquer. C'est le rêveur, le bohême et même le "je m'en fichiste du groupe". Si ses compagnons lui ont confié l'écriture des partitions, c'est tout simplement parce qu'il a effectué des études de dessin.

 

Jouant du fifre et de l'harmonica chromatique, Freddy n'en est pas moins le batteur attitré du   quintette. Il a d'ailleurs souvent accompagné de grandes vedettes du jazz à cet instrument. Un tantinet «  dingue »  en dehors du boulot, très bavard et les mains descriptives, à l'instar de celles des Italiens, il devient d'un sérieux extraordinaire, dès qu'il s'agit  de quelque roulement ou coups de baguettes. Il peut s'enfermer des heures durant, afin d'attraper le « truc ».

 

Ne tirez pas sur Roland ! C'est, en effet, le pianiste du Sylvester's Team. Encore qu'il improvise remarquablement à la guitare et joue de plusieurs autres instruments. Universitaire comme son   "patron",  il est fort doué, parait-il, pour l'électronique. Sa tendance à collectionner les vieux amplis n'est d'ailleurs pas sans provoquer les moqueries de ses camarades. Auxquels il est inférieur par la taille.

 

Formé de cinq garçons dont les personnalités sont, somme toute, fort différentes, le Sylvester's Team n'en est pas moins un groupe très uni. C'est que le jeu de chacun est destiné à mettre l'ensemble en valeur. L'effort est d'autant plus significatif qu'ils ont tous été la « vedette » de l'un ou l'autre orchestre ayant connu une vogue certaine : Les Croque-morts, les Seabirds, les Babs et les Babettes, les Enfants Terribles.

 

(origine de l'article et de son auteur : inconnue )

 

 

FOR YOU, FOR YOU - WELL, WELL

 

Jean Jième : Pour votre troisième 45 tours, vous quittez la firme Roover et signez chez Vogue. Cela a-t-il changé quelque chose pour vous ?

 

Sylvain Vanholme : Le moins qu'on puisse dire est que Roover Records n'était pas valablement implanté dans le show-bizz belge. C'était un suriname qui manigançait tout à partir de son apart. Pas très pro tout ça !

 

C'est alors que Jean Martin, qui entretenait de bonnes relations avec Roger Meylemans, nous a proposé de signer chez Vogue, qui avait davantage pignon sur rue.

Disons qu'on a pu bénéficier de davantage de passages radio et télé. Mais sans plus !


Jean Jième : Chaque chanson a son histoire. Parles-moi de For you, for you et de Well, Well, deux titres qu'on pourrait qualifier de loufoque, de space, d'avant-gardiste ? Un tout autre style que tes morceaux précédents.

 

Qu'est ce qui s'est passé ? Je te lis ce qu'en pense Philippe Colinge :

 

" Le premier morceau "loufoque" du Team, toujours enregistré avec une section de cordes. Mélodie atypique et totalement anti-commerciale, double-tracking des vocaux à côté de la plaque, ce titre ressemble à un pastiche des slows qui faisaient fureur dans les surboums de l'époque. Le morceau évolue vers une anarchie totale avant de connaître une fin "abrupte", à l'instar de celle du I Want You (She's So Heavy) des Beatles 2 ans plus tard. Avec le recul, ce titre donne l'impression d'avoir été une véritable tentative de suicide commercial pour le groupe".

 

Well, Well- For you For you

Vanholme/R. Gossens

Vogue VB 017-1967 

 

Sylvain Vanholme : Pour For you, for you, on a nagé dans l'incompréhension et la confusion. C'était une idée de Jean Martin. Il voulait que je travaille avec René Goldstein, un bassiste, qui était également arrangeur. C'était peut-être un type génial, mais à la condition qu'il puisse réaliser ses folies à lui. A l'écoute de mes compositions, il est aussitôt parti dans un trip dont il n'est plus jamais sorti. Il avait son idée, son concept. C'était un fou de Bartok.

 

Par exemple, il m'a fait écouter deux quatuors à cordes dans lesquels mélodie et chant étaient complètement discordants. C'est là qu'on s'est engagé dans un dialogue de sourds. Comme je voulais des cordes pour imprégner le morceau d'une base classique, il prétendait que ça allait de soi.

 

Quand je lui rappelais l'importance pour moi de garder une ligne mélodique, il abondait dans mon sens en me certifiant que c'était son sentiment également. Peu à peu, je me suis mis à céder du terrain au point de le lui laisser totale carte blanche. Ce qui a abouti à un véritable désastre.

 

A cette époque, il était courant de n'entendre le résultat d'une prise de son qu'une fois que le technicien l'avait enregistrée. On se retrouvait donc devant le fait accompli.

 

Philippe Colinge : Pour Well, Well, on est dans le Monty Python avant l'heure, mais cette fois, la sauce prend. Ce morceau, emmené au banjo, permet à Sylvain de se lâcher sur des fantaisies vocales qui vont crescendo. Avec même un petit clin d'œil à Louis "Satchmo" Armstrong au passage, et qui se fend par ailleurs, dans les paroles, d'un peu d'autopromotion ( …we came to see Sylvester's Team). Well Well démontre que le Sylvester's Team n'était décidément pas un groupe comme les autres. Une réussite totale. Bien des années plus tard, Sylvain reviendra à un style similaire avec "Politicians", issu des sessions du retour avorté de 1991.

 

Sylvain Vanholme : A l'époque, j'étais intéressé par toutes les formes de nouvelles sonorités. Lorsque j'entrais chez Parys-Flore, ou chez un concurrent, je testais la plupart des instruments de musique, surtout ceux que je ne connaissais pas.

 

Dans Well, Well, j'ai essayé d'introduire les effets phoniques les plus bizarres. C'est ainsi que, plus tard, dans Daydream, on m'entendra souffler dans un fifre que Freddy m'avait offert. Idem pour la cithare et l'ocarina que Raymond Vincent utilisera dans Peru. Quant au banjo utilisé dans Well, Well c'est Jean-Marc qui me l'a apporté. En l'utilisant, on s'est aperçu qu'il était accordé comme une guitare.

 

 

J'EN SUIS FOU - BELLES, BELLES

 

Philippe Colinge : Comme si le gag n'était pas suffisant, le Sylvester's Team a également enregistré une version française de For You, For You qui s'est intitulée J'en suis fou, où Sylvain déclare sa flamme à sa petite pussy girl.

 

Contrairement à sa version anglaise, J'en suis fou se termine par un fade out tout à fait normal. Ensuite Well Well sera repris en version française sous le nom de Belles, Belles.

 

Sylvain Vanholme : Oui tout ça n'est que la résultante de décisions de Jean Martin qui essayait de nous ouvrir le marché français, nettement plus dynamique que le marché belge.

 

discographie Sylvester's  Team

Vanholme/Miniarev/Gossens

Vogue VB 030 - 1967

 

 

FRANCIS - HEY HEY HEY

 

Philippe Colinge : De nouveau, un morceau totalement improbable et décalé, que ce "Francis" : une balade lugubre décrivant les funérailles d'un ami parti trop tôt. Du troisième degré, sans doute, car la mélodie n'est pas inintéressante.

 

discographie Sylvester's  Team

Gossens/Vanholme - Vogue VB 037 - 1967

 

 

Une fois encore, on note la présence d'un quatuor à cordes et d'un harmonica, instruments qui peu à peu deviennent la marque de fabrique du Sylvester's Team.

 

Comme pour "For You, For You", il faut reconnaître que ce titre, original certes, avait un potentiel commercial plus que limité.

Sylvain Vanholme : J'ai écrit ce morceau à la mémoire de Francis Jouaret avec lequel j'avais joué dans l'orchestre Les Enfants Terribles. Le pauvre gars est mort très jeune, empoisonné au CO2 dans sa baignoire. Tout le groupe et moi-même, l'estimions beaucoup. Il venait régulièrement nous soutenir au Brasseur.

 

Au moment de l'accident, il faisait partie des Dollars avec Paul Deneumoustier et John Lauwers. J'ai demandé à Jean Martin de sortir un disque pour honorer sa mémoire. Il a accepté, mais une fois de plus, je me suis retrouvé face aux délires de René Goldstein.

 

On est entré en studio et on a mis le morceau en boite en une après-midi. Mais après les arrangements de René, il a bien fallu se rendre compte qu'il avait purement et simplement supprimé toute la rythmique. Lui était convaincu du résultat. Nous beaucoup moins. On s'est donc retrouvé à nouveau face à un fait accompli.  

 

Philippe Colinge : Hey Hey Hey. Voilà un morceau coulé dans le même moule que le Move de Jess and James : un entraînant morceau soul aux cuivres rutilants, taillé sur mesure pour les boîtes. Pourquoi diable ce titre n'a-t-il été qu'une face B ? Mystère !

 

Sylvain Vanholme : Hey Hey Hey était également  destiné à faire danser les gens. On était en pleine période soul. Je fais référence à Julien (Julian's soul) du Golf du Loup. J'étais aussi un grand fan de Wilson Pickett (dont on reprenait Midnight Hour et d'Otis Redding (Try a little tenderness).

 

 

HELLO SUZANNAH - ROSE : UN NOUVEAU TOURNANT

 

Philippe Colinge : Hello Suzannah est un titre très abouti qui connaîtra une seconde carrière en 1969, lorsqu'il sera réenregistré par le Wallace Collection et deviendra la face B de leur troisième 45 tours, Dear Beloved Secretary. Présenté ici dans une version plus lente, cette histoire de marin qui retrouve sa belle laisse une large place aux chœurs de Freddy Nieuland, dont le falsetto gagne en assurance et n'est pas sans rappeler celle de Brian Wilson. Sur la pochette, ce titre est orthographié Hello Suzanha !

 

Rose. Encore une face B qui aurait tout à fait mérité d'être une face A, tant elle est brillante. Si le Sylvester's Team a flirté avec le psychédélisme, c'est vraiment sur ce titre, dont la partie vocale principale revient intégralement à Freddy. Sylvain étant cette fois relégué aux chœurs. A noter les voix accélérées qui donnent l'impression que Freddy a pris de l'acide ! Elles sont l'œuvre de Jean-Marc Destrebecq, qui a fait tourner manuellement et à vitesse très accélérée un titre des Byrds.

 

Jean Jième : Selon moi, Hello Suzannah reste le titre le plus mémorable du Sylvester's Team. C'est une magnifique mélodie qu'on retient facilement, les voix sont superbes. Le groupe paraît en pleine maturité, on pressent ce qui va suivre.

 

Sylvain Vanholme : Avec ce disque là, j'ai enfin retrouvé ma liberté de compositeur, ce qui m'a permis d'écrire mes propres arrangements.

Dans Hello Suzannah on retrouve une ligne mélodique assez pure avec de véritables accords harmoniques. Par contre pour Rose, c'est différent.

 

discographie Sylvester's  Team

Vanholme - Vogue VB 043

1967- Production Jean Martin

 

Comme Freddy et moi étions en permanence sur la même longueur d'onde sur le plan vocal, j'ai voulu réaliser un compromis entre ses goûts et les miens. Lui appréciait tout particulièrement Curtis Mayfield et les Impressions et moi plutôt les Beach Boys.

 

Freddy voulait absolument la chanter en voix de tête. Je l'ai laissé faire. Moi, je chante derrière lui. A cet égard, je voudrais dire qu'un de mes plus grands regrets, dans ma carrière en général, est de ne jamais avoir pu compter sur un second chanteur de sa trempe.

 

 

Jean Jième : A la sortie de ce 45 tours, en septembre 1967, un journaliste t'a demandé ce que tu pensais de la manière dont le public l'avait accueilli. Ta réponse était plutôt mitigée :

 

Sylvain Vanholme : Je lui avais répondu que :  c'était assez curieux de constater que les jeunes aimaient beaucoup ce que nous faisions sur scène et qu'il n'était pas rare en plus de voir des personnes d'une quarantaine d'années venir bavarder avec nous après le spectacle.

 

Mais aucun de nos disques n'a jamais fait le succès que nous espérions. On nous reprochait de faite des morceaux trop compliqués, trop recherchés.

 

Ce même journaliste poursuivait :  Sadi vous a écouté dernièrement en compagnie d'Henry Segers, et il a déclaré qu'il aimait énormément ce que vous faisiez, qu'il s'agissait du meilleur groupe sur le plan vocal et musical, Il n'a pas voulu croire que vous étiez Belges. Le fait que vous jouiez uniquement des compositions personnelles l'avait aussi étonné terriblement. Qu'en pensez-vous ? 

 

Sylvain Vanholme :  C'est indiscutablement pour nous un réconfort sans précédent. Cela nous redonne confiance et patience.

 

Nous travaillons d'ailleurs d'arrache-pied à perfectionner sans cesse notre travail. Ce qui nous intéresse le plus c'est de nous créer un public. Le seul hic c'est que nous avons travaillé avec un arrangeur qui n'avait ni le talent ni le feeling requis. Ca nous a beaucoup desservis.

 

 

 

LES ROLIN-STONE'S À LA CASERNE ROLLAIN

 

SYLVAIN RENCONTRE MARC HÉROUET

 

Jean-Marc Destrebecq :   J'ai été incorporé à la Caserne Rollain à Etterbeek dans le courant 67. Vers la fin de mon bail (avril-mai 68), à l'occasion de la fête du régiment, j'ai formé avec Marc Hérouet, Bob Dartsch et quelques autres un orchestre qu'on a baptisé Les Rollin' Stones (Rollin à prononcer comme Rollain). Il se fait que Sylvain est venu ce soir-là.

 

 

 

De g.à dr : Bob Dartsch - un bassiste - Jean-Marie Lauwers, un chanteur, Marc Hérouet, Jean-Marc Destrebecq, un milicien.

 

À un moment donné, il a pris une guitare et nous a rejoint sur scène pour interpréter Nobody Loves You When You're Down. C'est comme ça qu'il a fait la connaissance de Marc Hérouet.

 

Sylvain, dans la tourelle avec Freddy,

Jean-Marc, Gégé et Roland.

 

Marc Herouet

Marc Hérouet

 

Le courant est passé tout de suite. Marc a été séduit par la prestation de Sylvain et Sylvain par ses qualités de pianiste. Ce qui a provoqué l'inévitable disgrâce de Roland Deschamps. Il faut dire qu'il avait un satané caractère ! Sur le plan musical, Marc Hérouet correspondait beaucoup plus aux critères voulus par Sylvain. Il était capable de s'adapter à des tas de styles différents comme le blues ou le maple leaf rag, etc..

 

 

 

AU FEU ! AU FEU ! FREDDY, LE SAUVETEUR

 

Jean Jième : Pour toi l'aventure touche à sa fin, puisqu'après l'armée, tu vas renoncer provisoirement à ta carrière de musicien. À titre d'anecdote, quel est le meilleur ou le pire souvenir que tu gardes en mémoire de cette époque ?

 

Jean-Marc Destrebecq : On avait trois engagements à remplir, le même week-end, dans la région de Liège. C'était l'hiver. Il gelait à pierre fendre. Le vendredi, à Huy, tout se déroule normalement. Le samedi, à la fin de la prestation, on s'apprête à remballer le matériel, lorsqu'on se rend compte qu'il pleut et qu'il gèle en même temps.

 

Destrebeck au  Venus

Jean-Marc et Freddy

Un véritable miroir ! Impossible de reprendre la route. L'organisateur du spectacle nous propose de dormir dans son établissement sur les tables du bar attenant à la salle. Comme d'habitude, Freddy entretient la conversation à lui tout seul, si bien que tout le monde s'endort.

 

Ne s'en rend-il pas compte ou décide-t-il de se parler à lui-même, le fait est que tout à coup on l'entend crier Au feu, au feu. Tout le monde se réveille en sursaut. C'est alors qu'on réalise qu'un feu de cheminée s'est déclaré et que la baraque risque de cramer.

 

On sait que des gens dorment au-dessus avec leurs enfants. On enfonce une porte intérieure et on court les alerter. Nul doute que si Freddy n'avait pas été un être aussi fébrile et exalté, nous ne serions peut-être plus là aujourd'hui. Le patron a cru que nous étions la cause de cet incendie et n'a pas hésité à nous flanquer à la porte.

 

On s'est donc retrouvés dehors, en pleine nuit, avec un verglas toujours aussi persistant.

 

On décide d'aller boire un café à Liège. Pour avancer, nous devions casser la glace avec nos pieds de micro. On gagnait quelques mètres et on recommençait. Et comme la nationale était pentue, nous arrimions la camionnette via un câble aux poteaux qui bordaient la route, afin qu'elle ne redescende.

 

On a du mettre quatre à cinq heures pour parcourir les quinze à vingt kilomètres pour rejoindre Liège. Et même scénario pour enfin débarquer à Cheratte au Club des Serpents Noirs, où nous étions attendus le dimanche après-midi.

 

Ce qui est extraordinaire c'est que le dégel est intervenu une heure avant le début du spectacle et que la salle était remplie comme si de rien n'était ! Une invraisemblable aventure que je ne suis pas prêt d'oublier.

LA FIN DU SYLVESTER'S TEAM – LA TRANSITION

AVEC BIRD AND THE BEES

Jean Jième : Lorsque l'on s'en réfère à tes influences musicales, on constate que tu as écrit tes compositions en fonction de tes goûts personnels : Everly Brothers, puis Kinks, James Brown, Moody Blues etc… Tu n'évoques pas les Beatles. Et pourtant, leur influence est très nette sur l'album que tu sortiras plus tard avec les Wallace.

 

Sylvain Vanholme : Et pas un peu ! Lorsque Sergent Pepper est sorti, je peux dire que j'ai dormi avec. Je planais au dessus de mes pompes. J'étais fasciné par la richesse des sonorités, par leur prodigieuse inventivité. C'était un album en avance sur son temps et qui a influencé tous les musiciens du monde. Ceci dit, comme j'étais en recherche permanente d'un souffle créateur, j'ai été très impressionné également par Eric Burdon, qui avait introduit un violoncelle dans les Animals. Ca c'était du jamais vu. Beatles et Animals ont donc contribué à asseoir la suite de ma carrière.

 

Bird and the bees

Les "anciens" reconvertis en Bird and the Bees -séance de karting.

 

Jean Jième : On est début 1968, qu'est ce qui a motivé ta décision de mettre un terme à la carrière du Sylvester's Team ?

 

Sylvain Vanholme : Il existe plusieurs raisons. Tout d'abord, J'ai éprouvé le besoin de passer à autre chose, à changer de registre. Je voulais former un véritable groupe à cordes, produire un 45 tours plus commercial de manière à voir jusqu'où celui-ci pourrait nous mener. J'estimais qu'avec tous les changements de style que nous avions fait subir au Sylvester's Team, celui-ci était brûlé.

 

Jean Jième : D'où la sortie de deux nouveaux titres sous un nom d'emprunt : Les Bird and the Bees ?

Sylvain Vanholme : Bird and the Bees n'a existé que le temps d'un 45 tours. Certains penseront que Tiger Dance et Hold the line est le sixième single du Sylvesters' Team et ils n'ont pas tout à fait tort. Mais ça dépend de quel point de vue on se place.

 

Jean Jième : Le disque s'est réalisé avec le concours de ton équipe habituelle ?

 

Sylvain Vanholme : Jean-Marc, Freddy, Gégé, Marc et des musiciens de studio pour les cordes et les cuivres.

Jean Jième : Vous avez joué sur scène avec Bird and the Bees ?

 

Sylvain Vanholme : On a fait quelques concerts, notamment au Casino de Knokke, accompagné de deux danseuses. Au fond pour moi Bird and the Bees préfigure le grand changement d'orientation dans ma carrière. Car c'est dans la foulée de Hold the line que se profilent les futurs contours de ce qui deviendra le Wallace.

 

TIGER DANCE - HOLD THE LINE

Vanholme/Gossens - Vogue VB 067 - 1968-Production Jean Martin

Jean Jième : J'ai entendu dire que Tiger Dance avait été conçu pour satisfaire une commande de type publicitaire ?

 

Sylvain Vanholme : C'est une idée qui a émergé du Secrétariat des Artistes. Jean Martin était parvenu à persuader la section marketing de chez Esso, qui venait de lancer son slogan Put a tiger in your tank, de produire un 45 tours, qui serait distribué gratuitement dans toutes les stations du consortium. Jean m'a demandé de voir ce que je pourrais faire. J'ai gardé l'idée du tigre et j'ai écrit les paroles Put the tiger in my feet.

 

Comme je ne voulais pas que le Sylvester's Team tombe dans le piège de l'orchestre des Samoreds (associés aux chips) , j'ai brouillé les pistes en sortant le 45 tours sous un nom inconnu de tout le monde. Je ne me voyais pas vanter les mérites d'Esso au-delà d'un titre. Mais l'opération nous a plutôt bien réussi car grâce à notre nouveau nom, nous nous sommes ouverts des portes en Flandres. On a été repéré par le D.J. Mike Verdrengh, déjà très populaire, qui nous a trouvé divers engagements, notamment dans des boites à la mode comme au Corso à Louvain.

 

http://www.youtube.com/watch?v=T0hEhBVjjd4&feature=share

 

 

Sylvain Vanholme: Récemment, j'ai réécouté les deux plages du Bird and the bees. Dans Tiger Dance, j'ai été plutôt surpris par ma manière de chanter. J'avais oublié que j'avais joué simultanément sur deux types de tessitures; d'une part, la manière carrément rauque et puis tout de suite après les falsettos super aigus. On était bien dans la soul music à la sauce James Brown. On reconnait également la voix cristalline de Freddy.

 

Jean Jième : Hold the line marque un virage à 180°. On est sur une autre planète. On sent l'influence Beatles.

 

Philippe Colinge : Quand j'ai fait entendre Hold the line à des amis étrangers, ils m'ont dit qu'ils ne comprenaient pas qu'une telle merveille n'ait jamais été rééditée en CD quelque part. Pour moi, c'est le le chaînon manquant entre le Sylvester's Team et Laughing Cavalier.

 

Sylvain Vanholme : Sans doute ais-je toujours su m'adapter aux modes et aux styles musicaux des différentes périodes que j'ai traversées. Tiger Dance m'était dicté par la nécessité de faire danser le public lors de nos prestations scéniques. Tandis qu'avec Hold the line je pouvais vraiment sortir ce que j'avais dans la tête. Le côté soft, à la Beatles, annonce de toute évidence le son Wallace. J'aime aussi beaucoup cette chanson.

 

Doctor Henry Pop

Jean Jième : La discographie du Sylvester's Team ne serait pas complète si l'on ne mentionnait pas le 45 tours que tu as enregistré avec Pop, alias Lou Deprijk.

 

Sylvain Vanholme : Lou, qui est devenu par la suite mon compagnon dans Two Man Sound, m'a demandé de réaliser son disque Doctor Henry et Walk-Talk. J'ai aussitôt fait appel au Sylvester's Team. D'ailleurs, sur la pochette, tu verras la mention : Crazy aide of Sylvester's Team.

 

 

 

 

Doctor Henry - Walk-Talk (Deprijck) - Micro 13.031 - 1967

SIXTEENTH CENTURY... UN AVANT-GOÛT DU

WALLACE COLLECTION

Wallace Collection 1968

Photo prise au tout début de leur carrière © j.jième 

 

 

Jean Jième : Fin 1968. Le rideau s'abaisse lentement sur le Sylvester's Team. Un nouvel épisode de ta carrière musicale commence. Ce sera Sixteenth Century. Tu sembles poursuivi par une idée fixe : celle de t'orienter vers la pop classic ? D'où t'est venue cette influence irrépressible ?

 

Sylvain Vanholme : A ce sujet, Jean-Marc et moi restons partagés. Car lui et moi avons des souvenirs différents. Jean-Marc pense que l'élément déclencheur de s'adjoindre des cordes remonte au spectacle de Denny Laine and Electric String Band qu'il a vu au Théâtre 140 dans le courant de l'année 67.

Quant à moi je reste persuadé d'avoir entendu à la radio, la nuit, un concert live d'Eric Burdon à Paris avec un violoncelliste.

 

Ce fut le grand déclic pour moi. Pour tenter ma nouvelle expérience : combiner le jazz, la pop music et le classique en une formation unique, je me suis mis en tête de trouver des musiciens classiques belges qui accepteraient de se joindre à un groupe pop.

 

Je savais que le patron de l'Onyx club, Pol Clarck, éditait un fascicule qui reprenait les adresses des musiciens dans leurs diverses disciplines. Je me suis donc rendu dans son bistrot, situé en face du studio Des, muni d'un avis que j'ai accroché aux valves. J'en ai profité pour lui demander de me filer les adresses des violonistes et violoncellistes qui figuraient sur sa liste. A chacun, je leur ai envoyé un courrier stipulant mon souhait de les rencontrer.

 

Quelques jours plus tard, je suis contacté par Raymond Vincent. Au téléphone, il me dit qu'il est violoniste et premier prix du Conservatoire à l'orchestre National.

 

Il n'en est pas non plus à sa première expérience en matière de disque puisqu'il a déjà sorti un single semi pop-classique sous le nom de Stradivarius.

 

Stradivarius- Raymond Vincent

 

 

 

Rendez-vous est pris. Double surprise puisque, ce jour là, il arrive flanqué de Jacques Namotte, un copain du Conservatoire, violoncelliste. Aussitôt les répétitions reprennent à l'arrière du café Romain Maes près de la gare du Nord. On est six désormais.

 

Jean Jième : Si je te suis bien, vous avez donc continué à honorer vos galas, sous le nom du Sylvesters' Team mais avec Vincent et Namotte ?

 

Sylvain Vanholme : Exactement. On s'est produit encore quelques mois dans toute une série de salles de la région Liégeoise, notamment à Hermée, où on a pu tester en live notre future formule. On s'est mis à insérer de plus en plus de chansons avec instruments à cordes telles que For No one, A day in the life, Eleanor Rigby, des Beatles. Puis on a testé nos propres compositions Poor old Sammy, What's going on. Ce qui a permis à Vincent et à Namotte d'entrer dans la danse, si je puis m'exprimer ainsi. Tous ces essais nous ont permis de réaliser que le principal défi consistait à équilibrer le son des violons, guitares et pianos. Ce qui n'était pas une sinécure. On s'est donc progressivement attaqué à résoudre la problématique de l' électrification des instruments à cordes.

 

Jean Jième : Au cours de cette période de transition, as-tu cherché à nouer des contacts avec des firmes de disques ou des impresarii ?

 

Sylvain Vanholme : Bien sûr. Dans notre arrière-salle de bistrot, j'ai fait venir plusieurs managers de firmes de disques et quelques agents de spectacle. On leur montrait notre travail, une sorte de show-case avant la lettre. Mais moi je voulais enregistrer à Londres. Le seul a relever ce défi de taille fut Jean Martin. Il faut dire qu'il nous connaissait mieux que personne d'autre. Ca faisait des années qu'on travaillait ensemble tant sur le plan de la scène que des productions . Il n'a pas hésité à produire une maquette au studio Des qu'il a amenée plus tard chez EMI-Londres.

 

Jean Jième : Ne se posait plus que le problème du nom à trouver ?

 

Sylvain Vanholme : Les choses se sont précipitées lorsque le producteur australien David Mackay a débarqué aux Gémeaux pour nous auditionner. On a été obligé de se choisir un nom endéans les vingt-quatre heures. On a cherché un nom qui fasse référence à la musique classique. C'est alors que Marc Hérouet nous a fait remarquer que nos chemises à jabots et l'utilisation de violons suggéraient une époque proche de celle du Roi Soleil. En faisant référence à ce monarque et en respectant la chronologie historique, on aurait dû s'appeler les Seventeenth Century, puisque Louis XIV est né en 1638. Mais on n'en était pas à une erreur historique près. Bref, j'ai suivi mon instinct et me suis engouffré dans la brèche classi-rock qui nous a porté chance.

 

Marc Hérouet : Moi j'ai un autre souvenir. Je ne crois pas que ce soit dans la tête de l’un de nous six que cette curieuse idée ait surgi, mais bien plutôt dans celle de David May et consors. Personnellement, je n’ai jamais aimé ce nom – je ne voyais pas en quoi nous sonnions spécialement Renaissance alors que nos cordes étaient plutôt XVIII° ou XIX° siècles.


Jean Jième : Jean-Marc Destrebecq, le complice des années de vache maigre, ne participera pas à la nouvelle aventure ?

 

Sylvain Vanholme : Il est resté jusqu'à la toute dernière minutes puis il a été obligé de rentrer dans le rang. Quant à Gégé, il nous a dit qu'il n'avait pas l'ambition de passer professionnel. Il faut reconnaître que répéter sans cesse, courir les routes et partir à l'étranger ne constitue pas le meilleur moyen de jouir d'une vie de famille normale.

 

Jean Jième : Pourquoi n'as-tu pas continué à faire de la musique avec Sylvain et le suivre dans le Wallace Collection ?

 

Jean-Marc Destrebecq : En septembre 1968, le jour où je suis sorti de la caserne, j'ai reçu un télégramme de mon père qui me pressait de le rejoindre à Jemappes pour le seconder dans l'exploitation de ses commerces. (Il était propriétaire de plusieurs boutiques de fringues à Mons et dans le Hainaut). Une fois de retour à la maison, il me fait comprendre que le temps de la rigolade, c'est fini, qu'il est temps de laisser la musique de côté et de gagner ma vie.

Par la suite, j'ai continué à descendre sur Bruxelles pour rejoindre les copains qui avaient commencé à répéter dans une arrière salle de bistrot, située prés de la Gare du Nord. Puis sont arrivés, tour à tour, Raymond Vincent et Jacques Namotte. Vu les distances, je me suis rendu compte qu'il était devenu impossible pour moi de faire partie de l'équipe. Et puis, Marc au piano ne nécessitait plus vraiment la présence d'une guitare.

 

LE MOT DE LA FIN


Jean-Marc Destrebecq : Entre 1993 et 1997, j'ai organisé aux Etats-Unis des concerts de blues dans le cadre du Mississippi Blues Tour. Un soir la conversation tourne autour des groupes belges qui marquèrent les années 60. Et à ma grande surprise, l'un des participants au voyage, musicien et grand amateur de musique rock et blues nous déclare que pour lui le meilleur groupe belge des sixties était le Sylvester's Team ... bien avant le Wallace Collection... sans savoir que j'avais fait partie de l'aventure !!! Cette anecdote nous montre, si besoin était, l'importance que le Sylvester's Team avait déjà à l'époque sur la scène musicale de notre pays.

 

 

Dossier réalisé grâce à mes interviews avec Sylvain Vanholme. Mes contacts avec Jean-Marc Destrebecq. Les avis de Philippe Colinge et Stephan Koenig. Textes et photos sous copyright - Pour toute reproduction, en faire la demande. Dossier achevé le 25 mars 2009.

 

Sylvain Vanholme et Jean Jième - janvier 2009

 

Revenir à la l° partie de la bio du Sylvester's Team

 

Les débuts de Sylvain Vanholme dans les Seabirds.

 

Wallace Collection

 

 

 

Philippe Colinge est l'un des fans le plus fidèle de Sylvain Vanholme, du Sylvesters' Team et du Wallace Collection. Il suit sa carrière depuis ses origines et ce dans ses moindres détails. Avec le temps, il est devenu un spécialiste.

Il a notamment numérisé l'intégrale du Sylvester's Team, juste pour le plaisir et sans aucune visée commerciale. Je lui ai demandé de me rédiger en quelques lignes ce qu'il pensait de chacune des compositions de ce groupe phare entre 1965 et 1967.

 

 

COMPILATION DE LA DISCOGRAPHIE DU SYLVESTER'S TEAM

DÉSORMAIS SUR YOUTUBE

 

 

DISCOGRAPHIE.

 

1. IT REMINDS ME (LOUIS XVI) (Van Holmen/Tubor) Roover 11.002 A-side © 1966 00:00

2. LIES (Van Holmen/Tubor) Roover 11.002 B-side © 1966 02:17

3. BEAUTIFUL DAY (Van Holmen/Tubor) Roover 11.003 A-side © 1966 04:30

4. HURT ME NO MORE (Van Holmen/Tubor) Roover 11.003 A-side © 1966 08:01

5. FOR YOU, FOR YOU (Van Holmen/Gossens) Vogue VB 017 A-side © 1967 10:27

6. WELL WELL (Van Holmen/Gossens) Vogue VB 017 B-side © 1967 12:44

7. J'EN SUIS FOU (Van Holmen/Miniarev/Gossens) Vogue VB 030 A-side © 1967 15:05

8. BELLES BELLES (Van Holmen/Miniarev/Gossens) Vogue VB 030 B-side © 1967 17:14

9. FRANCIS (Gossens/Van Holmen) Vogue VB 037 A-side © 1967 19:32

10. HEY HEY HEY (Gossens/Van Holmen) Vogue VB 037 B-side © 1967 23:04

11. HELLO SUZANNAH (Van Holmen) Vogue VB 043 A-side © 1967 25:35

12. ROSE (Van Holmen) Vogue VB 0043 B-side © 1967 28:36 The band lineup consisted of: Sylveer Vanholme (guitar, banjo, vocals), Jean-Marc Destrebeck (guitar, harmonica) Freddy Nieuland (drums/vocals), José 'Gégé' Heymbeek (bass) and, for "Hello Suzannah" and "Rose", Roland Deschamps (keyboards). "Hello Suzannah" would be re-recorded by Wallace Collection in 1969, with a livelier arrangement and would become the non-album B-side of the "Dear Beloved Secretary" single.

13. TIGER DANCE (Van Holmen/Gossens) Vogue VB 067 A-side © 1968 30:40

14. HOLD THE LINE (Van Holmen/Gossens) Vogue VB 067 B-side © 1968 32:48 Tracks 13 & 14 performed by Sylvester's Team under the guise of Bird And The Bees, and this would be the only record ever released under that name. Shortly thereafter, the band would be morphing into a band called 16th Century, that would change its name to Wallace Collection when recording at EMI Studios in London in January 1969.

15. PARIS-LONDRES (Van Holmen/Miniarief/Gossens) Vogue VB 075 A-side © 1968 36:05

16. CIEL DE VACANCES (Miniarief/Gossens) Vogue VB 075 B-side © 1968 38:42

17. MONSIEUR LE CHEF D'ORCHESTRE (Van Holmen/Goossens/Miniarief) Vogue VB 091 A-side © 1968 41:14

18. DIS, CROIS-TU ? (Miniarief/Goossens/Miniarief) Vogue VB 075 B-side © 1968 43:30 Tracks 15 to 18 performed by Georgina, who later recorded as Cricha (sometimes spelled Crisha or Crischa), who was the girlfriend of the band's manager Jean Martin. Instrumental backing by Sylvester's Team

19. DOCTOR HENRY (Deprijck) Micro 13.031 A-side © 1967 46:00

20. WALK WALK (Deprijck) Micro 13.031 B-side © 1967 48:36 Tracks 19 & 20 are sung by Pop, who would later become known as Lou Deprijck and would become famous, along with Sylveer Vanholme and Yvon 'Pipou' Lacomblez as one third of Two Man Sound, then as lead singer of Lou & The Hollywood Bananas. He would also be the voice behind Plastic Bertrand's "Ça plane pour moi" worldwide hit and many other songs recorded by Plastic. Instrumental backing by Sylvester's Team

21. ROBIN IS COMING (Van Holmen – uncredited on record label) Roover 11.006 A-side © 1966 51:27

22. ROBIN BOY WONDER (Van Holmen – uncredited on record label] Roover 11.006 B-side © 1966 54:06 Little is known about this very odd single, that was released on the same label (Roover Records) as the first two Sylvester's Team singles, and even less is known about the singer on this record. Instrumental backing by Sylvester's Team.