BIBLIO ROCK

 

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Chapitre 3 : Summer 69

 

Chapitre 4 : 1969, l'année du siècle

 

Chapitre 5 : Dawn of the seventies

 

Chapitre 6 : Wight 70

 

Chapitre 7 : La Ferme!

 

Chapitre 8 : fin 1970 L'explosion

 

Chapitre 9 : Déglingue du rock belge

 

Chapitre 10 : Monstres Sacrés

 

Chapitre 11: Charisme

 

Chapitre 12: Glam Rock - Le Schisme.

 

Chapitre 13: Rock 73

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Chapitre 14: Rock 74

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Chapitre 15: Les grands concerts de 1974

 

Chapitre 16 : Rock et Journalisme

 

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LIVRES - AUTEURS - ROCK

FEEL LIKE GOING HOME    

Peter Guralnick  - Rivage Rouge
Feel like going home

Enfin une traduction française d'un classique de la littérature sur le rock et le blues. Trois parutions originales sont indiquées: 1971, 1989 et 1999. Mais il y en eut au moins une autre, en 2003. Quoi qu'il en soit, il s'agit du premier ouvrage vraiment marquant de ce très grand historien de la musique, un modèle de rigueur et de sérieux qui n'exclut absolument pas la passion et la justesse des analyses musicales, au-delà de la recherche des faits.

 

L'auteur nous entraîne sur la piste de quelques gloires de la musique populaire, avec des interviews diverses. Auparavant, il nous raconte sa vie de jeune fou de musique à Boston, dès les années cinquante. Au début, avant la découverte marquante de la musique noire: blues et rhythm and blues (James Brown en tête pour ce dernier genre, avant l'avènement du funk), Guralnick et ses copains ne jurent que par Elvis, Jerry Lee, Perkins, Chuck Berry, Fats Domino, Gene Vincent. Pas de Bill Haley (non mentionné) ni même d'Eddie Cochran !


Guralnick nous raconte quelques anecdotes révélatrices datant de sa jeunesse. Au Boston College, les fades et prétentieux folkeux Rooftop Singers, auréolés de leur hit Walk Right In (sur lequel...Claude François s'est précipité pour nous en infliger l'adaptation française, c'est tout dire), refusent de se produire dans le même show que ce vil rock and roller de Bo Diddley ! Au point d'obliger l'organisateur à changer la présentation, en annonçant DEUX shows au lieu d'un...On ajoutera que Walk Right In n'est qu'une reprise, un peu modifiée, d'un titre beaucoup plus ancien. Ce qui montre les préventions existant alors contre le rock and roll, comme chez beaucoup de jazzmen et de jazzophiles, qui vilipendent cette musique toujours montrée du doigt. Même la (vraie) grande Joan Baez a cru devoir écrire, dans son livre de souvenirs, que la mort d'Elvis ne l'a guère touchée...
Pour clore cette digression, rappelons, si nécessaire, que Dylan a toujours adoré le rock and roll et le rockabilly.

 

 

Après une histoire du blues très résumée, Guralnick rend compte de ses rencontres avec l'immense Muddy Waters; Johnny Shines; Skip James; Robert Pete Williams; Howlin' Wolf (à Cambridge); Jerry Lee Lewis; Charlie Rich et divers protagonistes des légendaires disques Chess.

 

Il faut dire que ces interviews et témoignages datent de la fin des années 60 et du tout début des années 70. Il faut donc les situer dans le contexte de l'époque. Jerry Lee est encore marié à Myra; Guralnick ajoute en post-scriptum seulement l'écho de Rolling Stone du 7 décembre 1970, annonçant le divorce (en mauvais termes) de Jerry et de celle qui a failli être la cause d'une fin très prématurée de sa carrière, à Londres en mai 1958. Cela lorsque la meute médiatique s'est déchaînée contre lui, à cause du trop jeune âge de son épouse-enfant (selon eux) Myra. 

 

Jerry Lee, lors de l'interview de Guralnick, se trouve au sommet de la vague country qui le relance à cette époque. Alors qu'aujourd'hui c'est bien son côté «pionnier essentiel du rock and roll» qui est son image première.


Pour le chapitre sur Charlie Rich, écrit après l'avoir vu dans un club quelconque et non situé géographiquement, le Vapors (probablement à Memphis), Guralnick se livre à son intelligent et sensible mélange des genres habituel. Son compte rendu du moment, en alternance avec l'histoire de l'artiste. Un procédé narratif particulièrement bien adapté à ce type de sujet.  Une description de cette soirée un peu routinière, sclérosée avec Charlie qui remplit son contrat, sans plus.

 

Quelqu'un au talent et au background musicaux particulièrement riches, fan de jazz à l'origine, contrairement à tous ces péquenots qui sont passés, comme lui, par les studios de Sam Phillips dans les années cinquante.
Un rocker de circonstance, non de coeur, d'esprit et de viscères. Mais un immense artiste, chanteur-pianiste sensible et créatif.

 

Un peu loser... La fin du chapitre Rich précise qu'il s'envole pour Nashville, le lendemain, pour enregistrer son nouvel album.

 

«Cette fois, espère-t-il, il va vraiment décrocher un hit.» On imagine l'ironie un peu amère qui sous-tend cette phrase, écrite en 1970. Tous ces artistes qui attendent Godot... L'inatteignable succès qui toujours se défile...


C'est en 1974 que l'on a pu entendre Rich du matin au soir, avec ses deux tubes immenses The Most Beautiful Girl (créé par un certain Norro Wilson) et, dans une moindre mesure, Behind Closed Doors. Comme quoi le cours des choses peut parfois prendre des tours inattendus ! Que Guralnick ne prévoit pas du tout en 1970 !

 

On suit avec grand intérêt la quête de détective pour trouver un grand bluesman oublié, Robert Pete Williams, dans sa ville de Rosedale en Louisiane.

 

On constate que le géant Muddy Waters vit simplement à Chicago: toutes les légendes du blues n'ont pas la mégalomanie d'un John Lee Hooker !

 

Howlin' Wolf est une force brute de la nature, un personnage primaire et génial, du genre «larger than life».

 

Des intervenants comme Phil Chess et son neveu Marshall (qui vient de prendre les rênes du pouvoir après la vente de Chess à GRT en 1969), ou le grand Willie Dixon et d'autres encore éclairent l'une ou l'autre facette de la richissime histoire de ce fabuleux label Chess Records. Bizarrement ou inévitablement (le personnage n'est pas facile), nul témoignage de Chuck Berry.


Johnny Shines raconte son histoire avec verve. Un bluesman plus «sophistiqué» que d'autres. Skip James, lui, a beau avoir été (re)découvert au festival de Newport en juin1964 (notamment par le futur Canned Heat Henry Vestine), il reste amer et se sent incompris et non apprécié à sa juste mesure. Ce qui est probablement vrai.

 

 

SUN ET UN «PARASOL» MALVENU


« Voilà ce que retient l'histoire, et tout cela paraît désormais curieusement démodé.»
Vous comprenez maintenant ce titre (allégorique) de paragraphe: cette restriction, cette réticence de Guralnick concerne... les légendaires enregistrements Sun d'Elvis, Jerry Lee, Carl Perkins, Jerry Lee Lewis et Rufus Thomas !  


Aujourd'hui l'éclat du label solaire brille plus fort que jamais et pour toujours dans l'histoire de la musique populaire..


Curieux de penser qu'il y a une quarantaine d'années, le regard d'un Guralnick sur une production aussi séminale que sensationnelle et inimitable ait pu être si décalé. Erroné même. Heureusement qu'il s'est magnifiquement rattrapé depuis, notamment avec sa biographie incomparable du King Elvis ! (Voir chronique sur le site.)

 

Il est à noter que Guralnick travaille depuis plusieurs années à la saga définitive de Sam Phillips, dont quelques propos sont restitués ici dans ce chapitre, assez laconique, consacré à Sun Records.

En épilogue de Feel Like Going Home,«note d'un fan» (au singulier) ajoute certains éléments intervenus depuis l'écriture du recueil, qui est émaillé de plusieurs photos de qualité parfois médiocre malheureusement.


Une discographie sélective complète cet ouvrage qui a fait date.


À noter qu'une magnifique série de sept documentaires sur divers aspects du blues a été réalisée par un cinéaste féru de musique, et notamment des Stones. On a pu la voir au cinéma en Belgique il y a quelques années. Elle fut d'abord diffusée en septembre 2003 sur une chaîne de TV américaine publique: PBS, tout simplement la meilleure du monde.


Et dont on se demande quand ses innombrables portraits d'artistes de légende seront visibles chez nous, en dehors de quelques sporadiques éditions en DVD...


Le nom de la saga du blues par Scorcese: Feel like Going Home !

 

 

LE COIN DU SPÉCIALISTE

 

En préambule, il faut préciser que les standards d'exigence des meilleurs auteurs ont fait des bonds vertigineux depuis quarante ans. On rappelle que Peter Guralnick est un modèle du genre. Les imprécisions et erreurs correspondent à une époque déjà lointaine, sans Internet, et lorsque les connaissances rassemblées et accessibles tenaient encore plus d'un monticule que de l'Everest actuel.
Donc, même nombreux, les commentaires ci-dessous n'enlèvent absolument rien à l'intérêt crucial de Feel Like Going Home, un rapport sur la musique ancré dans une certaine époque: le tournant de la fin des années soixante et du tout début des années 70. Mais la traduction bien actuelle présente l'une ou l'autre faiblesse.


P.24 Turn Me Loose ne veut pas dire «Lâche-moi», mais «Déchaîne-moi» ! Et l'autre succès de Fabian est Tiger, non «I'm A Tiger».

P.25 «Un single à trois dollars» est une traduction erronée de «A single $3 purchase»: un seul achat de disques, pour (un total) de trois dollars ! Ici le traducteur triple le prix des 45 tours américains des années cinquante.

P.29 Guralnick attribue le classique Kansas City à Jim Jackson (?), alors que l'original, intitulé KC Loving, a été créé par Little Willie Littlefield. Avant d'être rebaptisé Kansas City par Leiber and Stoller.
P.30 L'original du fameux Going Up The Country (Canned Heat), par Tommy Johnson en 1928, s'appelait au départ Bull Doze Blues.
P.31 Allusion à un célèbre importateur anglais de disques américains, Treasury of Jazz, établi en France. Et où maints amateurs firent leur miel, un peu comme chez Dobbels à Londres. Il s'agissait de Bert Bradfield, qui opérait en banlieue, à Chatillon sous Bagneux.
Guralnick est venu en France et en Angleterre, plusieurs fois lors des années soixante.
P.32 À ce propos, il mentionne un voyage Rock ! Jive ! Twist !, sur un bateau. C'est Rock Across The Channel, mais qui jamais n'a eu comme destination Bordeaux... Plutôt Boulogne-sur-mer en juin 1963 !

 

P.33  Mercy, mercy et non «Have Mercy», par Don Covay.
P.39  Brown-eyed Handsome Man par Chuck Berry ne date pas de 1957; enregistré le 16 avril 1956.
P.41 Love In Vain de Robert Johnson (repris par les Stones sur Let It Bleed); non «All My Love In Vain».
P.43 Erreur de traduction: «son» mentor Ma Rainey (sic)...Une grande chanteuse de blues.
P.77,167 et 240  Muddy Waters: pas au «Sylvio», mais au Silvio's à Chicago.
P.81 Jimmy Rogers, pas Roger.
P.92 Déclaration mal traduite, au pluriel, de Muddy Waters.
Pas «les blues sont toute ma vie»; mais «le blues est toute ma vie».
Pour les Anglo-Saxons, «the blues» (le blues pour nous) est un terme pluriel.
P.92 - 93: tournées anglaises de Muddy Waters en 1958 (la toute première) et 1963.
Plus précisément octobre 1958, et cinq ans après exactement en octobre 1963.
Cette dernière dans le cadre du fabuleux American Folk Blues Festival.
Muddy s'est même produit à Pleyel, à Paris à cette époque.
P.100 Terraplane Blues de Robert Johnson, non «Terraplane».
P.154 San Jose (Californie), non San José (capitale du Costa Rica) !
P.187 Sam Phillips n'a pas conservé Sun Records (il dirigea aussi Phillips International) seulement jusqu'au milieu des années 60: il a vendu son catalogue à Shelby Singleton le premier juillet 1969.
P.189 Hang Up My Rock'n'Roll Shoes «vers 1961», par Jerry Lee: enregistré en juin 1960.
P.201 Jerry Lee Lewis n'a pas écrit les deux faces de son premier disque Crazy Arms/ The End Of The Road, mais la face B seulement. High School Confidential coécrit avec Ron Hargrave, non par Lewis seul. 
P.214 June Christy, non June Christie.

 

CHRISTIAN NAUWELAERS (30/03/2010)